Il me semble, Dubrovko, que vous allez un peu vite en besogne. Il n’y a rien d’illégal à ce qu’une banque, dans le cadre de l’octroi d’un prêt immobilier, sollicite la domiciliation des revenus.
Il y a eu pas mal de changements sur ce sujet, qu’on peut assez sommairement résumer ainsi :
- les banques avaient effectivement pris l’habitude d’inclure une clause imposant la domiciliation des revenus, avec comme sanction en cas de non-respect de cette condition la déchéance du prêt ;
- la Commission des clauses abusives a considéré que cette clause était abusive, dans l’hypothèse où elle ne faisait l’objet d’aucune contrepartie ;
- Ordonnance n° 2017-1090 du 1er juin 2017 est venue encadrer cette pratique, en précisant que la domiciliation des revenus pouvait effectivement être une condition de l’octroi du prêt, mais en pareille hypothèse (i) elle devait être la contrepartie d’un avantage individualisé consenti par le prêteur (un taux préférentiel, par exemple), et (ii) elle était limitée à dix ans ;
- et, enfin, la loi PACTE a supprimé les dispositions du Code de la consommation qui encadraient la domiciliation des revenus dans le contrat de prêt immobilier.
L’exposé des motifs de l’amendement précise l’objectif de celui-ci :
Le présent amendement supprime la ratification de l’ordonnance du 1er juin 2017 relative aux offres de prêt immobilier, ainsi que les dispositions introduites par cette dernière dans le code de la consommation.
Cette ordonnance a créé un cadre légal offrant la possibilité au prêteur de subordonner sous certaines conditions son offre de prêt à la domiciliation des revenus de l’emprunteur pour une durée de 10 ans. En première lecture à l’Assemblée Nationale, nous avions débattu ensemble de la pertinence de ces mesures. À la suite des débats parlementaires, le ministre de l’Économie et des Finances a demandé à la présidente du comité consultatif de la législation et de la réglementation financière (CCSF) d’établir un point d’étape sur cette clause de domiciliation des revenus.
Il s’agit aujourd’hui de tirer les conséquences des travaux d’évaluation menés par le CCSF. À la lecture du rapport, il apparaît que le dispositif prévu par l’ordonnance, bien que pour le moment peu appliqué, pourrait à l’avenir constituer un frein important à la mobilité bancaire. Le rapport du CCSF préconise la suppression de ce « texte contraignant et qui, dans la pratique n’a pas amélioré les choses, ni pour le client emprunteur, ni pour l’établissement prêteur ».
Rappelons que la mobilité bancaire constitue un axe essentiel pour renforcer le fonctionnement concurrentiel du marché, au bénéfice de l’ensemble des consommateurs. Partant, la domiciliation bancaire doit être intégrée à la négociation commerciale, et ne saurait devenir une clause récurrente et systématique. La protection des consommateurs s’en retrouve renforcée.
En quelque sorte, on revient au point de départ. La domiciliation des revenus n’est plus encadrée par une loi, elle doit seulement être négociée entre les parties. Toutefois, la position de la Commission des clauses abusives demeure, à savoir que sans contrepartie, la clause est léonine, et donc abusive.
Les banques se sont adaptées, et ont modifié leurs pratiques. Ce chiffres vaut ce qu’il vaut, mais il apparaît que seulement 30% des banques intègrent une clause de domiciliation des revenus à leurs contrats de prêts (source). Vous trouverez dans cet article une liste des banques qui intègrent ou non de telles clauses à leurs contrats.
Aussi, soit c’est prévu au contrat, et il y a une contrepartie précisément identifiée à cela, alors la domiciliation peut vous être imposée ; si ça n’est qu’un engagement oral de votre part, ou si c’est prévu au contrat mais sans contrepartie, alors vous n’y êtes juridiquement pas tenu. A vous de voir si vous souhaitez ou non faire faux-bond à votre banque, et à en assumer les conséquences vis à vis d’éventuelles futures opérations.
IDubrovko a écrit :
Normalement meme si j’ai signé un document autorisant le transfert de salaire légalement ils n’ont pas le droit d’y toucher.
Là encore, vous semblez aller un peu vite. Le document auquel vous semblez faire référence est un mandat de mobilité bancaire, dispositif issu de la loi Macron. C’est un mandat par lequel vous autorisez votre "nouvelle" banque a prendre attache avec votre "ancienne" banque, aux fins qu’elle lui transmette la liste des mandats de prélèvements valides et des virements récurrents réalisés au cours des 13 derniers mois, et qu’elle communique vos nouvelles coordonnées bancaires aux émetteurs de virements et prélèvements identifiés.
Libre à vous, ultérieurement, de modifier vos coordonnées bancaires auprès des émetteurs de virements et prélèvements.