[suite des échanges avec Sergio8000, sur le thème "l’inflation est-elle sous-estimée", qui pourrait être séparée de cette discussion]
Je me méfie de ma mémoire, donc pour obtenir des éléments factuels sur votre 1er exemple , le prix de la baguette de pain, j’ai fait google "prix baguette pain", et suis tombé sur Connexion | Site d’administration de Django qui indique un prix de la baguette (en France) de 0.95€en 1975, 3.97 en 1997 pour un peu moins de 1€ maintenant. J’ai l’impression que votre "1 F au début des années 1990" n’est pas fiable, ou concernait un autre type de pain.. Il y a cependant eu une augmentation conséquente, et le site précise même que "L’essentiel de cette hausse de prix est imputable à la hausse considérable du prix du blé depuis 1960 en équivalent euros constants". Vous noterez aussi, qu’exprimé en minutes de travail au SMIC, le prix de la baguette semble cependant avoir régulièrement baissé, donc ce n’est pas un bon exemple de "pouvoir d’achat qui baisse" non plus.
J’ai cherché récemment des données pour l’essence, dont on sait tous que le prix "flambe", pour arriver sur une conclusion assez similaire.
Je vous laisse faire ces recherches pour vos autres exemples, et ne serait pas surpris que votre mémoire ait eu d’autres défaillances (ni qu’elle soit parfois très fidèle).
Je ne nie pas que certains biens ont vu leur prix augmenter, même sensiblement. C’est le propre d’un marché (relativement) libre. Mais de la à "flamber"…
Par ailleurs, quand le prix de certains biens ou services augmente, celui d’autres biens et services diminue. Mesurer l’inflation revient à faire une moyenne de ces évolutions. Selon ce que chacun achète, la moyenne effectuée par l’INSEE sera plus ou moins représentative, favorable ou défavorable. Le rôle de l’INSEE est de déterminer un chiffre unique, représentatif aussi bien que possible de l’inflation subie par tous.
Il est clair que l’alimentation a récemment plus augmenté que l’inflation (d’ailleurs les chiffres détaillées de l’INSEE le confirment !). Mais en France le poids de l’alimentation dans le budget de la plupart reste quand même assez limité (même s’il est plus important pour certaines catégories de population que pour d’autres), à 16.3% pour le calcul de l’inflation par l’INSEE.
Le tableau de Résultats de la recherche | Insee indique ainsi que depuis 1998 l’inflation a été de 27%, que celle sur l’alimentation hors produits frais a été de 30%, 32% sur les produits frais, 80% sur l’énergie, 2% sur transports et communication, 1% pour les produits manufacturés, et -17% sur les produits de santé. (il y a des liens sur la page vers des séries longues, par type de biens et services)
En ce qui concerne l’évolution comparée du SMIC et du salaires d’embauche des ingénieurs d’écoles de groupe 1, il semble représenter actuellement 2.2 SMIC. Dans les années 1980 on était plutôt vers 2.7 SMIC (mon 1er salaire en tout cas). L’évolution doit provenir d’une part du fait que le pouvoir d’achat du SMIC a augmenté (les fameux ‘’coups de pouce’’) et du jeu de l’offre et de la demande (les compétences du jeune ingénieur d’une telle école, fut-il brillant, sont moins différentes/éloignées de celles d’un autre travailleur moyen, sans doute mieux formé en moyenne qu’il y a 30 ans, et il y a pas mal de ces autres travailleurs qui cherchent du boulot).
Effectivement, on vit chacun dans un monde un peu particulier. Mais aucun ne peut prétendre représenter la totalité (ou la moyenne) de la réalité. Je préfère pour ma part faire confiance aux statistiques publiées par l’INSEE en toute transparence (avec explication détaillée des méthodes utilisées, et critique possible par tous les chercheurs) que me fier à ma petite impression.
PS : Je confirme être aussi un "enfant gaté" . J’essaie d’ailleurs de m’en souvenir au lieu de me plaindre ou de systématiquement critiquer nos élites qui y sont peut-être aussi pour quelque chose… Je crois moins au destin.