Bonjour
tikou a écrit :
Ce serait effectivement intéressant d’avoir un rapport objectif sur les bonnes ou les mauvaises manières de l’état.
Je n’ai jamais dit qu’il n’existait aucune procédure abusive, aucun agent du fisc obtu et de mauvaise foi ni aucun controle fiscal difficile. J’ai juste rappelé ce que tout fiscaliste exercant vous confirmera : les controles et vérifications ne sont pas systématiquement un combat entre une fourmi et un char d’assaut.
L’Etat n’est pas tout blanc ou tout noir, les contribuables non plus.
Pour donner un exemple dans un autre domaine, sur un controle routier, un agent a voulu me verbaliser pour franchissement de ligne continue. J’ai contesté l’infraction immédiatement, sans m’énerver comme l’autre personne en cours de verbalisation. Nous sommes aller constater sur place si la ligne était identifiable ou non. Fin de la verbalisation
J’ai peut être tord de les considérer avant tout comme des personnes faisant leur travail, même s’il peut m’être désagréable ou si les règles en question me paraissent ubuesques.
tikou a écrit :
C’est en général pour çà que la hiérachie transige et cherche un accord amiable. Le fisc cherche à éviter l’éclosion de jurisprudence.
Ce n’est pas entièrement faux. Mais il faut aussi considérer :
- qu’on ne peut transiger seul, et que l’autre partie a nécessairement un intérêt dans cette transaction. - la notion d’efficacité : le fisc cherche à maximiser le rapport gain / durée du controle, il ne perdra pas 5 ans sur une procédure menant à un redressement minime. Tout agent préfèrera laisser tomber un dossier pour lequel l’engagement en temps rendra le gain potentiel dérisoire. (c’est d’ailleurs le principe de l’amnistie fiscale et de la dispense de pénalités : payez ce que vous auriez du payer au départ, on tire un trait sur le reste)
- que le fisc est aussi capable, dans un premier temps, de s’asseoir allègrement sur la jurisprudence. Cf à ce sujet les multiples décisions concernant l’imposition des pv immobilières des résidents suisses. Les dossiers frontaliers se règlent d’un simple courier, mais les ventes lointaies nécessitent un peu plus de travail (d’où les nombreuses décisions des tribunaux)
tikou a écrit :
Si le prélèvement mensuel n’a pas été généralisé, c’est probablement parce que l’état n’a pas le droit de le faire
C’eût été rendre obligatoire le compte bancaire, qui ne l’est actuellement pas, sans régler le problème des impayés, et sans apporter l’actualisation quasi immédiate du prélèvement en fonction des revenus du mois courant (ce qui est à mon avis le principal intérêt de ce mécanisme, la limitation des impayés ne venant qu’en second).
A ce compte autant ne rien changer.
tikou a écrit :
Il faudrait même plutôt demander que les entreprises ne soient plus chargées du paiement des charges salariales.
Donc vous remplacez quelques centaines de milliers de payeurs par des millions de payeurs, autant de déclarations à faire, de contestations, demandes d’explications (par des personnes comprenant encore moins que les comptables les subtilités de ces calculs), et autant de risque d’impayés avec les coûts liés ?
Poussons votre raisonnement, demandons à ce que le consommateur verse directement la TVA à l’Etat. C’est la meme logique, cela permettra au consommateur de voire ce qu’il verse via cette TVA.
Si votre idée est uniquement de faire comprendre ce qu’un salarié paye, il sera peut être tout aussi efficace de supprimer la notion de net fiscal et de net sur une fiche de paye. Après tout, le salaire, c’est ce qu’on trouve au début de la fiche de salaire. En regroupant les prélèvements par thème (impot, santé, prévoyance, retraite), comme dans les autres pays, on réduirait une fiche de paye à 8 lignesm 3 colonnes (assiette, taux, montant).
Certes, cela nécessiterait la mise en place de taux variables pour ces charges regroupées (cf précédemment) au lieu de ces multiples calculs par tranche, ainsi qu’une certaine fusion des déductions de charges, voire des organismes et même une disparition du sacro saint lien "physique" entre une dépense publique / sociale et la ligne de prélèvement correspondante.
Si vous mettez en gras le salaire brut, et en bas, toujours en gras : reste à payer après les prélèvements de l’Etat, il me semble que c’est tout aussi clair pour la personne qui lit sa fiche de paye qu’une fiche de paye donnant uniquement le salaire et laissant le salarié calculer et payer ses charges de son côté.
tikou a écrit :
On verrait ainsi un peu mieux cet impôt et plus de gens se demanderaient
Je ne suis pas convaincu. C’est l’argument sur l’IR que tous devraient payer, et pourtant, on voit bien que si les contribuables ralent pour le montant de leur IR, alors qu’il représente une part faible du mix fiscal, bien peu s’intéressent à ce qui est financé.
Alors que c’est le fond du problème : que doit faire l’Etat, et donc comment utilise-t-il et justifie-t-il ces impots et autres prélèvements.
Or l’éducation commence là, il me semble. En expliquant, mission par mission, les dépenses de l’Etat au sens large, et en permettant aux citoyens de choisir quelles sont les missions qui relèvent de l’Etat au sens large pour eux, et les conséquences en terme de dépenses et de financement.
Pour revenir sur l’IR à la source.
De mon point de vue, l’essentiel du conflit sur ce type d’imposition repose sur cette crainte de dévoiler ses revenus à son employeur, au motif que "son positionnement face à cet employé évoluera" en raison de cette information, et sur l’autre crainte francaise : l’individualisation de l’imposition.
Je ne crois pas, et je l’ai déjà dit, que les employeurs, dans leur majorité, prennent des décisions concernant leurs employés sur la base de leurs revenus extraprofessionnels. Et les employeurs qui le feraient … le font déjà, à mon sens. Simplement, au lieu d’utiliser un taux d’imposition pour estimer les revenus du foyer, ils utilisent des informations annexes : l’école privée des enfants (dont le coût est souvent fantasmé), un véhicule haut de gamme que l’employeur considére comme au delà des moyens de son employé, ou des vacances considérées comme trop onéreuses, etc …
La plupart des gens ont un niveau de vie apparent aligné sur leurs revenus réels. Du coup, un employeur assez idiot pour manager en fonction de ces critères peut tout à fait évaluer les revenus d’un employé sur la base de ce niveau de vie apparent, avec tous les biais d’une estimation de ce genre.
Et sur l’imposition individualisée … j’avoue que je ne suis pas choqué par un calcul séparé de l’imposition des membres du foyer. J’ai déjà donné ma position concernant la part du quotient familial lié au seul statut marié / pacsé. Cette imposition séparée règlerait aussi la question de l’employeur au courant des revenus annexes : le salarié serait imposé, au niveau de la société, sur la seule base de ses revenus salariés et de sa situation de famille qui est déjà déclarée.