Je n’ai pas une lecture aussi optimiste que les collègues du forum sur ce dossier.
J’ai acquis ma ligne dans les semaines suivant l’introduction autour de 47€ et suis en moins-value de 25% à ce jour. Si l’on prend en compte les dividendes reçus ces 3 dernière années, de l’ordre de 10€ en tout, la perte est négligeable, mais je n’en suis pas moins très déçu sur ce dossier.
J’avais acheté ce titre dans mes derniers mois d’activité professionnelle, car je connaissais le professionnalisme des équipes de GTT, très impliquées dans la promotion de la filière GNL pour le transport maritime. 2014 était véritablement une année d’euphorie pour le GNL : ouverture de nouveaux terminaux portuaires méthaniers, perspectives attrayantes du GNL considéré comme un carburant d’avenir susceptible de remplacer à moyen-long terme le fuel pour la propulsion des navires. En d’autres termes, le GNL faisait rêver, voire fantasmer un peu les acteurs du milieu maritime, ce que les financiers de Suez ont bien compris en mettant GTT sur le marché pile poil au moment où le rêve GNL était à son zénith.
3 ans plus tard, on est retombé sur terre ou plutôt bien au fond de la darse : la propulsion au GNL est peut-être propre, mais elle reste marginale, les armateurs lui préférant et de loin la propulsion au fuel, peut-être sale, mais désormais très économique depuis le contre-choc pétrolier de fin 2014. D’ailleurs, on ne voir pas bien pourquoi les armateurs se mettraient à propulser au GNL s’ils n’en reçoivent pas l’obligation. Les normes antipollution édictées par l’OMI (normes MARPOL) sont certes plus sévères mais restent compatibles avec la propulsion au fuel.
Dans ce contexte, ce ne sont pas tant les difficultés coréennes qui plombent le cours, que la réduction du marché potentiel de GTT à la seule flotte des navires méthaniers. Le grand rêve de la "bunkerisation", où l’on imaginait que la majorité de la flotte adopterait le GNL comme carburant et serait contrainte d’utiliser les membranes de GTT, est en train de s’effondrer.
J’ai d’ailleurs le sentiment que la concurrence coréenne dont on nous rebat les oreilles ne donnera jamais lieu à un produit industrialisé : le marché des méthaniers est un marché de niche ne valant guère la peine de financer de gros investissements pour y rentrer. GTT a sans doute de bonnes chances de rester sans concurrents, mais sur un tout petit marché.
Une fois de plus, je constate m’être "planté" sur un dossier que je croyais bien connaître, alors que mes plus grosses PV sont obtenues sur des entreprises et des métiers où je ne comprends quasiment rien.