@IH et Surin:
Vous vous trompez complètement, et vous avez fait un choix financier très mauvais en ne cotisant pas à la CIPAV, qui procure une retraite future très élevée par rapport aux cotisations versées.
En un sens, c’est tant mieux pour les actuels cotisants et retraités de la CIPAV, dont le rendement servi très généreux repose sur des réserves élevées constituées jusqu’au début des années 2000 et qui représentent encore aujourd’hui 10 à 12 ans de service de rentes (contre, faut-il le rappeler à peine 6 à 9 mois - autrement dit quasiment zéro - de service de rente pour l’Agirc et Arrco, les caisses de retraite complémentaire des salariés).
Donc un afflux de cotisants est la dernière chose que la CIPAV souhaite car cela dilue ses réserves, exactement comme un afflux de nouveaux versements est très négatif pour un excellent fonds en euro d’une assurance-vie. La CIPAV n’a ainsi pas apprécié que l’Etat la désigne en 2009 comme la caisse de retraite des nouveaux autoentrepreneurs (appelé depuis 2016 les microentrepreneurs) libéraux.
Ce contexte n’incite pas la CIPAV à avoir un très bon "service client", puisqu’elle ne cherche pas à attirer des cotisants. En revanche, comme chez toute admnistration "fiscale", une fois que quelqu’un s’est affilié chez elle, la CIPAV fera du zèle pour recouvrer les cotisations de cet affilé s’il se montre "mauvais payeur".
Pour se rendre compte du caractère extraordinairement généreux de la CIPAV, son "rendement" (ratio de la valeur du point de rente sur coût d’achat de ce point) était de:
- 18% ! (cité de mémoire) pour les cotisations versées dans les années 1990 (autrement dit, en cinq ans et quelques mois de retraite, vous récupérez votre cotisation !)
- 12,4% (chiffre précis) pour les cotisations versées en 2005
- 10,0% (chiffre précis) pour les cotisations versées en 2009
- et encore 7,4% (chiffre précis) pour les cotisations versées en 2017, ce qui reste encore très élevé par rapport à l’Agric et l’Arroc et par rapport à ce que demanderait un assureur privé à qui vous vous adresseriez pour demander à convertir un capital en rente viagère.
En fait, la CIPAV a eu une politique délibérée de baisse forte et progressive de son rendement, car il était déraisonnablement élevé dans le passé (un peu comme c’était le cas à l’Agirc et l’Arrco dans les années 1950). Mais le rythme de la baisse s’est très fortement ralenti depuis 2014.
En tout cas, heureux sont ceux qui ont cotisé à la CIPAV entre 1980 et 2010, car ils ont obtenu des points retraite à vil prix!
Bref, la CIPAV est sur ce point l’Agirc et l’Arrco avec 35 ans de décalage. C’est donc encore un régime avantageux pour ceux qui prendront leur retraite d’ici 20-25 ans (sauf réforme française difficilement inimaginable, où on déciderait d’égaliser y compris rétroactivement le rendement de tous les régimes de retraite en France et donc on recalculerait rétractivement à la baisse le nombre de points d’un cotisant à la CIPAV).
En revanche, pour les cotisants ayant aujourd’hui moins de 35 ans, il est impossible de dire pour le moment s’ils feront une bonne affaire ou pas. Mais on est au moins sûr d’une chose pour lui: c’est beaucoup mieux que de cotiser en tant que salarié à l’Agirc et à l’Arrco.
Le TRI des cotisations CIPAV dépend de l’année de versement d’une cotisation et aussi de l’âge du cotisant cette année-là. Faisons un petit calcul *très simplifié* :
- Cotisation en 2005, cotisant de 60 ans devenant retraité quelques mois plus tard. Alors TRI = "rendement" de 2005, donc 12,4% extraordinairement élevé.
C’est même supérieur s’il est marié car son conjoint aura "gratuitement" une rente de réversion à 60% sans condition de ressources. Le TRI augmentera alors en fonction de l’écart d’âge des conjoints, le"jackpot" étant un cotisant de 60 ans ayant un conjoint beaucoup plus jeune. Dans cette configuration, l’assureur privé baissera beaucoup la rente viagère du cotisant qui voudrait faire bénéficier son conjoint bien plus jeune d’une réversion, alors que la CIPAV accorde tout cela gratuitement.
Tout comme elle donne gratuitement des majorations de rente pour enfants encore à charge ou pour 3 enfants ou plus précédemment élevés, ce qui dope encore le TRI dans ces cas.
- Cotisation en 2017 et cotisant de 50 ans, à 13 ans de la retraite à taux plein supposée obtenue dans son cas à 63 ans.
Là le TRI sera 7,4% (rendement de 2017) / (1+ taux d’actualisation d’environ 3%) à la puissance 13, soit 5,05%, pas mal du tout par ces temps de taux faibles. (A titre de comparaison, un assureur privé à qui on demande la conversion d’un capital en rente viagère servie à partir de 63 ans vous donne aujourd’hui un TRI de l’ordre de 3% au mieux).
Et ce TRI sera en pratique plus élevé que cela, quand on prend en compte la réversion conjoint et la majoration pour enfants, accordés gratuitement par la CIPAV et non par l’assureur privé.
Autres avantages de la CIPAV:
- fiscalité: si IH par exemple avait cotisé pendant qu’il avait des revenus professionnels élevés et donc je suppose un TMI à 30% minimum, et plus probablement 40% ou plus, il aurait fait des économies fiscales substantielles, puisque les cotisations CIPAV sont fiscalement déductibles. Cet avantage sera bien sûr compensé à la retraite lors du versement des rentes CIPAV, qui sont imposables, mais seulement partiellement car le TMI d’IH sera alors sans doute plus faible.
- sa mauvaise gestion administrative (de nombreuses erreurs dans le calcul des cotisations, standard qui répond peu et mal) est parfois un plus, car la CIPAV majore parfois les cotisations (mais heureusement aussi le nombre de points obtenus en contrepartie), ce qui est un avantage. Car avec un rendement aussi élevé, il est avantageux de surcotiser ainsi (sauf si on a des problèmes de trésorerie!) et d’avoir en contrepartie une rente future plus élevée.
Par ailleurs, il est aisé de rectifier tout problème en se déplaçant sur place, si on est parisien ou habitant d’une grande ville où la CIPAV a des bureaux et à condition qu’on se documente un peu pour maitriser comment se calculent les cotisations et les rentes de la CIPAV.
Les gens "désespérés" qui se confient sur internet ou dans la presse sont souvent des personnes qui se sont contentées d’envoyer courrier sur courrier ou de contacter la plateforme téléphonique.
C’est moins efficace que se déplacer sur place, ce qui m’est arrivé seulement 2 fois en plus de 12 ans de cotisations. A chaque fois, le problème, en apparence compliqué et insoluble, était réglé en une demi-heure, et dans les deux cas à mon avantage, dont l’un où je me suis retrouvé avec des points de retraite supplémentaires auxquels je n’avais pas droit! L’incompétence et/ou la négligence de certains agents de la CIPAV a parfois du bon!
- couverture invalidité-décès: la CIPAV assure en classe C (mais tout le monde peut librement opter pour cette classe) une protection invalidité décès très bonne (a fortiori si on n’est pas célibataire, mais père ou mère de famille avec enfants à charge) moyennant une cotisation modique, et qui n’augmente pas avec l’âge.
Donc pour les quadras et plus encore pour les quinquas (et a fortiori pour les actifs de plus de 60 ans) c’est un deal extraodinairement bon, puisqu’un assureur privé demanderait alors à ces cotisants "âgés" jusqu’à 10 fois plus de cotisations pour accorder la même protection.
Et je ne parle même pas d’un cotisant assez âgé et avec des antécédants médicaux à qui aucun assureur privé n’acorderait une assurance invalidité-décès et qui aurait alors intérêt à s’affilier à la CIPAV en classe C pour bénéficer d’une protection qu’il ne pourrait obtenir nulle part ailleurs, vu ses antécédents médicaux, et pour un coût modique. (n’ébruitez pas trop cela, sinon la CIPAV finirait par se réveiller …)
Et si on est très jeune et célibataire et qu’on ne veut rien de tout cela (encore que la rente invalidité sera utile, même à un célibataire), rien n’empêche de cotiser à l’invalidité-décès en classe A, pour une protection bien plus réduite, mais avec une cotisation modique d’environ 75€/an.
Dernière modification par parisien (23/07/2017 10h51)