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1    #476 12/09/2019 10h36

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Sauf votre respect mais je pense que le potentiel est plus dans la pénétration de nouveaux marchés que dans l’innovation, car celle-ci est surtout marketing.

Pour avoir eu des enfant à plus de 25 ans d’écart, je n’ai pas noté des améliorations fulgurantes (il faut dire que j’étais très habile dans cet exercice smile )

Plus sérieusement et en regardant toujours mes enfants, la Marque reste d’une importance primordiale.


"Il ne faut pas voir les héros de la coulisse. Quand ils coïncident un moment avec leur légende c'est déjà beaucoup."

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6    #477 12/09/2019 10h51

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Il y a beaucoup de brevets dans les couches-culottes. C’est un domaine très complexe qui a énormément évolué car : 1) plus de normes environnementales et paramédicales (produits très absorbants maintenant interdits => trouver un équivalent autorisé par la législation), 2) tout le domaine des couches pour adultes explose, 3) tout l’aspect fibre textile et fabrication est en constante évolution technique. Les barrières à l’entrée sont significatives à la fois techniquement et grâce à l’aura de la marque.

Il faut avoir eu des enfants et/ou creuser un peu le sujet pour le comprendre. Mais il suffit d’aller voir les bases de données de brevet aussi :
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et même si on restreint à Procter & Gamble :
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Je peux citer facilement des dizaines d’entreprises "high-tech" qui déposent moins de brevets que P&G uniquement dans le domaine couches-culottes pourtant. Les raisonnements  "de faux bon sens" et qui semblent "vrais au premier abord" ne le sont que rarement si on ne creuse pas le sujet.

Les faits et les sources.


Parrain pédago pour Bourso, Binck et Bourse Directe. Meduse Paris :)

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#478 12/09/2019 12h52

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En plus de l’innovation, j’ajouterais (d’un œil tout à fait extérieur et non professionnel du secteur), que dans le secteur des couches pour adultes, il est à peu près certain que l’influence de la marque (sans être inexistante pour certains cas très particuliers) est bien moindre que pour les couches pour enfants.

On parle plus de savoir-faire industriel et de capacité à remporter des marchés publics (par ex. les hôpitaux) ou privés (par ex. les maisons de retraite). Il s’agit de deux (grosses) barrières à l’entrée.

Et ça, les industriels le savent bien. A titre d’illustration, Ontex s’est fâché tout rouge il y a quelques années devant le débauchage apparemment massif de son personnel, essentiellement technique (dont l[i]e responsable de la fabrication des produits, les opérateurs-machines les plus aguerris et le directeur commercial, les deux secteurs clés de l’entreprise) par un petit nouveau français (le pdg n’étant pas nouveau lui). Source Doctrine Cour appel 2015.

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1    #479 12/09/2019 14h02

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Scipion, votre portefeuille déséquilibré laisse à penser que votre goût pour la croissance vous expose très fortement à une remontée des taux. Le lien que vous avez publié du site CNBC montre en effet une très forte corrélation inverse entre les taux et l’évolution des actions Growth
Vous vous y êtes penché ? Quelles parades avez-vous trouvées ?

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1    #480 12/09/2019 14h29

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Que de passions sur les couches-culottes ! La réalité économique de ce marché est très, très éloignée de celle d’un produit de croissance, supposé prodige de technologie ;-)

La réalité des chiffres (source : Statista) c’est celle-ci :

1) Les ventes globales de couches-culottes pour bébés évoluent à un rythme bien inférieur à celui du PIB dans les pays développés (taux annuel de croissance de 0,5% aux USA et de 1,0% en Allemagne entre 2019 et 2023), et à un rythme équivalent au PIB dans les pays en voie de développement (taux annuel de croissance de 7,1% en Chine entre 2019 et 2023). Un marché qui évolue moins vite que le PIB mondial ne peut certainement pas être pour moi qualifié de marché de croissance.

2) Le prix moyen des couches-culottes est d’une stabilité désespérante dans la plupart des pays. Par exemple en Chine et en Allemagne : les prix moyens en Chine sont inférieurs à ceux de 2010 ! Aux USA, les prix moyens augmentent mais ne compensent pas la baisse des volumes de ventes.

3) Dans les pays en voie développement, le budget moyen pour les couches-culottes pour bébés converge rapidement vers celui en Europe, suggérant que le potentiel de croissance sur ces marchés émergents pourraient bientôt s’épuiser. Budget moyen par habitant en 2019 : $5,72 en Chine, $8,80 en Allemagne, $18,80 aux USA.

4) La stabilité (voire le déclin, dans certains pays) des prix moyens des couches-culottes suggère une combinaison de pseudo innovation et/ou d’intensité concurrentielle accrue. Cela ne sert strictement à rien de déposer des brevets si le service au client n’en est pas amélioré. Le fait que le dépôt de brevets par les fabricants ne se traduise par une hausse des prix suggère qu’il n’y a pas vraiment d’amélioration au service aux clients. Exemple probable de pseudo innovation = "innovation" purement marketing.

Plus généralement, ce qui compte pour l’investisseur, ce n’est pas l’innovation en elle-même, c’est la capacité de l’entreprise de mettre à profit ses innovations pour augmenter ses marges et/ou conquérir des parts de marché. Cela ne sert strictement à rien de multiplier les brevets si cela ne se traduit pas par une amélioration des marges et/ou une conquête de parts de marché.

5) Or, Procter & Gamble perd des parts de marché sur le marché mondial des couches-culottes (18% en 2019). A nouveau, c’est un indice de pseudo innovation (ou d’innovation ratée, bien sûr).

Bref, le marché des couches-culottes pour bébés peut difficilement être décrit comme un marché de croissance dans ce contexte. Au contraire, c’est un marché mollasson (plus lent que le PIB mondial), avec des prix stables voire en baisse, et une forte intensité concurrentielle et/ou de la pseudo innovation insuffisante pour attirer le pigeon le client, qui veut manifestement maîtriser ce budget.

Le marché des couches-culottes pour adultes est plus dynamique (effectivement, Cikei), mais pas non plus folichon : le taux annuel de croissance du marché mondial (11,5 milliards $ de ventes contre environ 55 milliards $ pour les couches pour bébé) tourne autour de 7,5%.

Si on regarde l’ensemble des segments de Procter & Gamble, la croissance des ventes était de +1% en 2016, +2% en 2017, +1% en 2018 et +5% en 2019 : une croissance en moyenne nettement plus lente que le PIB mondial. Si ça c’est une valeur de croissance, alors on peut considérer que 80% de la cote est constituée de valeurs de croissance…

Perso, pour que je commence à considérer une valeur comme une valeur de croissance, il faut que le chiffre d’affaires augmente annuellement de plus de 10%. Je rappelle que le S&P500 tourne à +7-9% par an, donc si on veut le battre sur le long-terme (c’est mon objectif), cibler des entreprises à la croissance mollassonne (plus lente que le PIB) ne me semble pas la meilleure idée, à moins de trouver une "décote" substantielle (si tant est que ce concept ait un sens).

Or, P&G est historiquement chère. Vous avez raison Yosemite, les multiples que je citais semblent incorrects (pourtant j’avais recoupé Google avec MorningStar, habituellement fiable). Je change donc de source : PER 2020e 25, VE/EBITDA 2020e 18 (source : Binck). Pour une entreprise qui croît péniblement à 2% par an, c’est beaucoup trop cher. Le PEG ressort à plus de 10 si on prend comme référence la croissance des 4 derniers exercices, et de 5 si on choisit la croissance du (très bel) exercice 2019. Dans les 2 cas, c’est beaucoup trop cher pour une valeur mature.

Loin de moi l’idée que P&G est une mauvaise entreprise : c’est une entreprise correcte et un investissement envisageable, pour qui ne craint pas trop de sous-performer les indices (dans le genre, j’ai Johnson & Johnson en portefeuille, qui est néanmoins bien moins chère). En revanche, P&G ne me semble pas un investissement raisonnable aux niveaux de cours actuels.

PS : Je développerai l’analyse quand j’aurai plus d’expertise sur les couches-culottes ; je manque effectivement d’expérience sur le sujet, malheureusement (pas encore d’enfants) et heureusement (pas encore besoin) ;-)

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#481 12/09/2019 17h09

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PoliticalAnimal a écrit :

Il y a beaucoup de brevets dans les couches-culottes. C’est un domaine très complexe qui a énormément évolué car : 1) plus de normes environnementales et paramédicales (produits très absorbants maintenant interdits => trouver un équivalent autorisé par la législation), 2) tout le domaine des couches pour adultes explose, 3) tout l’aspect fibre textile et fabrication est en constante évolution technique. Les barrières à l’entrée sont significatives à la fois techniquement et grâce à l’aura de la marque.

Il faut avoir eu des enfants et/ou creuser un peu le sujet pour le comprendre. Mais il suffit d’aller voir les bases de données de brevet aussi :
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et même si on restreint à Procter & Gamble :
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Je peux citer facilement des dizaines d’entreprises "high-tech" qui déposent moins de brevets que P&G uniquement dans le domaine couches-culottes pourtant. Les raisonnements  "de faux bon sens" et qui semblent "vrais au premier abord" ne le sont que rarement si on ne creuse pas le sujet.

Les faits et les sources.

Certes et bravo pour cette précision dans les faits et les sources. Il n’en demeure pas moins que malgré cela l’expérience des utilisateurs n’a guère changé.
Ce n’est bien sûr qu’une somme de petits faits (parfois malodorants) et de petites sources individuelles et anonymes, mais in fine face au choix du client un grand nombre de brevets ne pèse pas bien lourd. Si ce n’est (à condition de respecter un budget contenu pour le consommateur) de renforcer l’image de la marque.


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#482 12/09/2019 17h47

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Je suis d’accord que la communication sur le fait d’avoir des brevets ne pèsent pas lourd mais l’expérience client (et donc l’utilisation des brevets) dans ce segment me semble être primordial et fait toute la différence. La plupart des gens, avant d’avoir des enfants, ne sont pas confrontés au "sale". Les petits rien qui se font 5-6-7 fois par jour pendant 2-3-4 ans pour des produits pas pratiques, qui fuient, qui nécessitent une machine supplémentaire pour les bodys… C’est quand même des petits rien impactant.
De plus, une optimisation de coût risible par produit chez P&G peut conduire à des euros gagnés pour le consommateur ou des millions euros pour P&G.
A titre personnel, j’ai déjà arbitré des produits en optimisant la marge pour l’entreprise et pour le client. Des prix plus bas et un gain de marge plus important en euros. Je suis sur un segment plutôt de niche mais j’imagine bien ce que peut faire gagner à P&G.

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2    #483 12/09/2019 18h14

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Il me semble y avoir une erreur de raisonnement dans

Scipion8 a écrit :

Cela ne sert strictement à rien de déposer des brevets si le service au client n’en est pas amélioré. Le fait que le dépôt de brevets par les fabricants ne se traduise par une hausse des prix suggère qu’il n’y a pas vraiment d’amélioration au service aux clients.

En effet, si l’absence de R&D et de dépôt de brevet avait eu pour conséquence une perte de parts de marché (jusqu’à l’éviction complète des produits n’étant plus conformes aux normes environnementales devenues une peu plus sévères, comme l’acceptation par les clients d’éventuelles libertés prises avec elles), ou une diminution de la marge (encore plus forte que celle qui s’est éventuellement produite), alors il est clair que cette R&D et ces brevets ont une utilité (voire sont vitales)…


J'écris comme "membre" du forum, sauf mention contraire. (parrain Fortuneo: 12356125)

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#484 13/09/2019 01h07

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@Footeure : C’est vrai que mon portefeuille américain est très, très orienté croissance et s’est pris les effets de la récente "rotation" de plein fouet. J’attends que la fumée se dissipe pour apprécier l’étendue des dégâts : les effets du choc se sont un peu atténués ces 2 derniers jours, ma surperformance YTD face au S&P500 remontant à 10 points de pourcentage après avoir chuté de 15 à 8 points. Les précédentes périodes de sous-performance de ce portefeuille ont été brèves et compensées par un lent grignotage (reflétant à mon sens la solidité des fondamentaux de la plupart de ces entreprises) - j’espère que ce sera à nouveau le cas cette fois-ci.

Je n’ai pas de recette magique pour réduire le risque sur ce portefeuille, mais mon approche est la suivante :

1) Une bonne diversification du portefeuille global : Mon portefeuille US est très orienté croissance car (i) il n’y a pas beaucoup de belles valeurs de croissance en France / Europe, et (ii) je pense fiscalement rationnel (compte tenu des retenues à la source) de privilégier les valeurs de croissance à l’étranger (avec peu ou pas de dividendes) et les valeurs de rendement en France. Mais mon portefeuille global (dont mon portefeuille US ne représente que 34%) est bien plus diversifié en termes de secteurs et de profils des entreprises. Mon portefeuille français est notamment riche en valeurs de rendement (beaucoup de foncières, assurances, banques parmi mes premières lignes) et en small caps value "à la Higgons". Ainsi, les effets de la "rotation" sont beaucoup moins marqués sur mon portefeuille global que sur mon portefeuille US.

Pour l’illustrer, voici les 20 premières lignes de chacun de mes 3 portefeuilles (France, Europe, USA).

Note : les PV/MV sont hors tombées de dividendes.

2) Focus sur les fondamentaux : Pour mes prochains renforcements (USA et Europe), je pense continuer à privilégier les valeurs de croissance, mais (i) en étant plus exigeant sur la qualité des fondamentaux et (ii) en veillant à une bonne diversification sectorielle. Le focus sur la qualité des fondamentaux offre un certain confort psychologique : par exemple, Visa, ma première ligne US, a souffert de la "rotation", mais mon horizon est long et je suis très confiant sur la solidité de ses fondamentaux. En évitant les valeurs fragiles supposées "décotées" (CBL, pour prendre un exemple extrême) et les valeurs matures beaucoup trop valorisées (notamment dans les secteurs des utilities et des biens de consommation courante), et en privilégiant des entreprises qui démontrent trimestre après trimestre une forte croissance, je pense être du bon côté de l’histoire : Time is on your side when you own shares of superior companies (Lynch).

3) Eviter de parier sur des perspectives macros incertaines : Pour moi, ce serait une forme de market-timing de vouloir changer mon approche simplement parce qu’il y a une (petite) révision à la hausse des anticipations de taux de la Fed. Je partage l’opinion de Buffett que c’est une perte de temps, et que l’investisseur de long-terme doit plutôt se focaliser sur les fondamentaux des entreprises.

Par ailleurs, j’ai bien sûr une opinion sur les perspectives macros aux USA et en Europe : à mon sens, les forces déflationnistes sont très puissantes, car portées par des facteurs structurels (digitalisation, globalisation, vieillissement démographique) - je ne parierais certainement pas contre de telles tendances "lourdes". Il n’y a à mon sens aucun signe de risque inflationniste aux USA, et encore moins bien sûr en Europe (comme le suggère le package très dovish annoncé aujourd’hui par la BCE).

En outre, la situation politique n’est pas propice à une remontée des taux, ni aux USA ni en Europe. Aux USA, Trump fait pression sur la Fed pour baisser les taux (et le package dovish de la BCE devrait le conduire à augmenter la pression), alors que la primaire démocrate risque de se jouer à gauche, où les idées (absurdes) sur la MMT sont populaires. En Europe, outre la réalité de la menace déflationniste, la montée des partis populistes et eurosceptiques et l’endettement élevé de certains Etats crée un contexte politique propice à une politique monétaire accommodante.

Bref, compte tenu de ces 3 facteurs, je reste relativement confiant dans ma stratégie globale, même si je suis déçu d’avoir vu la performance relative de mon portefeuille "croissance / performance", mon portefeuille US, affectée à ce point par la "rotation" des institutionnels.
---------------------------------------------------------------------------------------------------------
@GoodbyLenine : Oui, c’est une hypothèse possible. En gros, P&G innove pour des raisons marketing et/ou sans améliorer le service au client et/ou pour limiter la baisse de sa part de marché (sans succès) ou de ses marges (donc dans un but défensif). Dans tous les cas, ce n’est pas folichon, et pour une supposée "valeur de croissance", on pourrait s’attendre à mieux ;-) Mon objectif était de démontrer que P&G n’est pas une valeur de croissance (et que les couches-culottes pour bébés ne sont pas un marché de croissance). Je pense que c’est fait, par les faits et les chiffres.

Dernière modification par Scipion8 (13/09/2019 01h53)

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#485 20/09/2019 18h01

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J’effectue ce jour mon renforcement mensuel. Finalement, je vais continuer à renforcer mon portefeuille américain, encore loin de sa cible d’allocation géographique (40% France, 10% Europe, 40% USA, 10% émergents). En effet le taux de change EUR/USD reste timidement au-dessus des 1,10. Mais il est probable que le mois prochain mon renforcement (plus gros que d’habitude pour des raisons professionnelles) soit dirigé vers l’Europe.

La fumée se dissipe un peu sur la Grande Rotation (débouclage général de stratégies long momentum / croissance, short value) qui a eu lieu la première moitié du mois de septembre.

Sur ce sujet, je conseille cet article SeekingAlpha, par The Heisenberg (même si je trouve que cet auteur dramatise souvent trop des mouvements de court-terme sur les marchés).

Il fait le lien entre la rotation sur les marchés actions et le rebond des rendements obligataires US, conséquence d’un repricing à la hausse des anticipations des taux de la Fed (moindre pessimisme qu’auparavant).

Selon certaines mesures (citées par l’article), c’était est le 2nd repricing journalier à la baisse du facteur momentum le plus violent depuis 1984 (le plus violent ayant eu lieu le 4 avril 2009).

La surperformance YTD de mon portefeuille Interactive Brokers (USA + émergents) se situe autour de 10 points face au S&P500 et de 14 points face à un ETF Monde, contre des plus hauts à 15 et 20 points respectivement, avant la Grande Rotation. Ce phénomène m’aura coûté 8k€ (en termes de performance relative face au S&P500) - à comparer avec une création de plus-values latentes de 106k€ pour mon portefeuille global cette année (dont 35k€ pour mon portefeuille IB).

Toute la question désormais étant de savoir si cette Grande Rotation n’était qu’un phénomène temporaire, une correction de courte durée dans une longue phase de surperformance des approches momentum et croissance, ou si elle annonce un retour durable à la mode des stratégies value. Mon portefeuille étant fortement orienté croissance, la réponse à cette question devrait déterminer sa performance sur le dernier trimestre 2019.

Selon mon habitude, face à ce type de dilemme, je coupe la poire en 2 pour mon renforcement mensuel :

1) j’en alloue la moitié à des valeurs de croissance à mon goût, selon la buylist que j’avais dressée, tout en veillant à une bonne diversification sectorielle (= pas trop de technos) : Synopsys, Kinsale Capital Group, Prologis, Cadence Design Systems, Terreno Realty, Nike, Dollar General, ManTech International, O’Reilly Automotive, Avalara

2) j’alloue (à contrecoeur) l’autre moitié à des approches différentes, pour couvrir (un peu) le risque que mon approche croissance "ne marche plus" :

a) du value (sans être trop sûr de ce que cela veut dire…) : Berkshire Hathaway

b) du deep value : Evolving Systems : mini-ligne sur une nano cap très spéculative, identifiée par un auteur deep value de SeekingAlpha, Inefficient Market, l’un des très (très) rares stock-pickers deep value que j’ai pu identifier avec un track-record positif ces dernières années. Il avait correctement identifié Paysign (anciennement 3Pea) comme une opportunité value, dès début 2018 (j’en suis actionnaire, en suivant Footeure).

c) du cyclique (ça me semble super bizarre de devoir acheter du cyclique à l’aube d’une possible récession US, mais parfois sur les marchés il ne faut pas chercher à comprendre) : Caterpillar

d) des valeurs plus fortement pondérées dans le S&P500 que dans mon portefeuille : il s’agit de réduire le risque relatif de mon portefeuille par rapport à l’indice, mais sans se "renier", en ciblant des grosses valeurs déjà en portefeuille : Apple, Alphabet, Amazon, Microsoft, Facebook

e) des holdings gérées par des pros (a priori plus compétents que moi) : Berkshire Hathaway, Brookfield Asset Management, Blackstone Group (aussi pour m’exposer au private equity)

Dernière modification par Scipion8 (20/09/2019 21h13)

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#486 01/10/2019 17h49

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Après un mois de septembre calamiteux pour les valeurs de croissance, j’essaie de faire contre mauvaise fortune bon coeur, en me disant qu’il est fondamentalement plus sain, sur le long-terme, de me positionner sur des valeurs de croissance dans ce contexte, plutôt qu’en période de surchauffe comme au premier semestre.

Je me suis donc positionné sur les valeurs suivantes peu après leur introduction en bourse, en sous-dimensionnant mes lignes (par exemple 500$, plutôt que 1k$ habituellement) pour tenir compte du risque important sur ces valeurs, et toujours dans l’optique de construire progressivement mes lignes, selon l’évolution des fondamentaux :
- Fastly (FSLY, capi 2,1 milliards $) : services cloud de sécurité informatique
- Datadog (DDOG, capi 9,6 milliards $) : une entreprise qui propose des services de monitoring et d’analyse de données pour des applications cloud ; fondée par 2 Français (bravo ! quel succès !)
- Ping Identity (PING, capi 1,3 milliard $) : solutions d’authentification et de sécurité informatique
- Crowdstrike (CRWD, capi 12,8 milliards $) : une boîte de cybersécurité, citée dans de nombreuses enquêtes sur les hackers russes (et dernièrement mentionnée par Trump sur ses activités en Ukraine)
- InMode (INMD, capi 0,7 milliard $) : une entreprise israélienne spécialisée dans la chirurgie esthétique non-invasive
- Peloton (PTON, capi 7,0 milliards $) : équipements de gym avec streaming de cours et de vidéos de motivation ; 1,4 million d’utilisateurs ! Parmi ces sociétés, c’est celle sur laquelle ma conviction est (de loin) la plus forte, donc je n’ai pas sous-dimensionné cette ligne.

Selon mon habitude, j’investis sur des thématiques portées (à mon avis) par des tendances structurelles de long terme, plutôt que sur des entreprises particulières. En l’occurrence ici : (i) le cloud, (ii) la sécurité informatique, (iii) le bien-être.

Ces valeurs s’ajoutent à d’autres que j’ai achetées cette année peu après leur introduction en bourse : Uber, Zoom, Slack et Pinterest. Pour l’instant la performance en bourse est très mitigée, voire carrément mauvaise, notamment sur Slack, sur laquelle j’ai (ou j’avais ?) une forte conviction, me conduisant à doubler la taille de ma ligne habituelle. J’en conclus que sur des IPOs (ou peu après une IPO), il vaut mieux sous-dimensionner les lignes par principe, même lorsqu’on a une conviction. L’incertitude sur la valorisation juste après l’IPO est en effet naturellement grande.

Je n’achète quand même pas tout ce qui est nouveau : parmi les introductions récentes, j’ai ainsi éliminé Beyond Meat (burgers vegan), Chewy (nourriture pour animaux), Lyft (concurrent d’Uber), Fiverr (place de marché pour freelancers), PagerDuty (services cloud d’alerte), Medallia (gestion de l’expérience client), Phreesia (logiciels de santé), Tradeweb (marchés électronique de gré à gré), Health Catalyst (analyse de données pour le secteur de la santé)… pour cause de business model peu convaincant et/ou de valorisation délirante.

Parmi les valeurs récemment introduites que je regarde avec intérêt, il ne reste que Cloudflare (sécurité des sites web), TransMedics (conservation des organes pour transplantation) et The RealReal (authentification d’articles de luxe de seconde main).

Parmi les valeurs pas encore introduites et qui m’intéressent : Palantir (big data, fondée par Peter Thiel, IPO apparemment repoussée aux calendes grecques), et à un moindre degré Robinhood (services financiers), AirBnb (je ne présente pas) et Postmates (services de livraison à la demande, l’IPO semble aussi incertaine depuis les déboires de WeWork).

Enfin, je commence à m’intéresser à SoftBank, qui permet de s’exposer d’un coup à une multitude de projets d’entreprises de croissance, notamment aux USA et en Chine. Les déboires récents de WeWork et le tumulte trumpien affectant les actions chinoises ont pesé sur le cours de SoftBank : peut-être une opportunité d’achat.

Dernière modification par Scipion8 (01/10/2019 18h46)

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1    #487 01/10/2019 18h05

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Bonjour Scipion,

Merci pour ce rapport détaillé.
Je partage votre avis sur l’ensemble de ces nouvelles acquisitions de septembre - particulièrement concernant Crowdstrike, Fastly, Ping et Datadog (Disclaimer: le dernier étant mon employeur).

Cependant, vous mentionnez une conviction forte sur Peloton malgré un début très compliqué et énormément de doutes concernant le véritable métier de la société qui gère à la fois le software, le hardware, la logistique et la création de contenus.

Pourriez vous donner quelques éléments quant à ce choix et la conviction derrière ?

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#488 01/10/2019 23h09

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J’ai aussi pris du DataDog et du Cloudfare. Peut être un peu vite mais j’ai un certain regret à ne pas être rentré sur Atlassian et Twilio par le passé alors que je connaissais ces entreprises.

Pour Peloton je suis très dubitatif et j’ai laissé passé. Les chiffres ont certes l’air superbes mais que ce passera-t-il lorsque les gens vont partir? D’autre part, je suis extrêmement précautionneux avec ces entreprises US qui inventent des métriques à leur sauce. Le pire étant WeWork et son "community-ajusted EBITDA".

Je vais m’intéresser un peu plus à ces entreprises de cybersécurité, bonnes idées.


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#489 02/10/2019 00h33

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En lisant votre dernier paragraphe Scipion8, je me disais "mais pourquoi n’achète t’il pas juste Softbank pour s’exposer à toutes ces entreprises avec un discount".
Dans le même genre il y a Baidu qui détient des participations dans des licornes et branches prometteuses.

C’est bien que vous suivez votre stratégie quelque soit les conditions de marché.

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#490 02/10/2019 07h31

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Vlrent a écrit :

Cependant, vous mentionnez une conviction forte sur Peloton malgré un début très compliqué et énormément de doutes concernant le véritable métier de la société qui gère à la fois le software, le hardware, la logistique et la création de contenus.

Pourriez vous donner quelques éléments quant à ce choix et la conviction derrière ?

Expérience personnel: je Zwift et je connais beaucoup d’autres utilisateurs. En revanche je ne connais personne sur Peloton. Pour le moment, Peloton est amha bien à la peine face à Zwift au niveau de l’expérience utilisateur. A noter: Zwift n’est pas coté.

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#491 02/10/2019 07h44

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Bonjour Scipion et les autres connaisseurs des entreprises de la tech!

Je me questionne sur Ping identity et sur Slack: qu’apportent de plus ces nouvelles sociétés par rapport aux solutions déjà existantes sur le marché ?

Je pose cette question car il y a déjà beaucoup d’acteurs sur ces marchés qui proposent des solutions qui fonctionnent bien donc si c’est juste améliorer l’ergonomie, j’ai du mal.


Employé, Assistant maternel, Commis de cuisine, Maraîcher, Investisseur

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1    #492 02/10/2019 09h29

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Je réponds sur Slack, que j’utilise.
Il n’y a pas d’équivalent pour les développeurs. Ils sont TOUS sur Slack. Toutes les startup, tous les développeurs.
Certaines boites vont imposer de passer sur Teams, d’autres sur google hangout, avec du Jira dans le mix (société Atlassian, là aussi un incontournable pour les product owner). Mais ils se plaindront et souhaiteront passer sur Slack.

Maintenant d’un point de vue financier, je ne me prononcerai pas, je n’ai pas regardé.

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2    #493 02/10/2019 20h56

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Merci Vlrent, Blackfalcon, Bullebier, Simplicitaire, Zeboulon et Chlorate pour vos commentaires et suggestions. J’apprécie particulièrement les points de vue de pros / utilisateurs de ces produits technologiques.

Je vais revenir sur 3 des valeurs discutées - Slack, Peloton et Ping Identity - mais tout d’abord, pour les situer relativement à d’autres valeurs de croissance, j’aime bien mettre en rapport un ratio de valorisation (ici la capitalisation / chiffre d’affaires, en ordonnées) avec le rythme annuel de croissance anticipé par le consensus des analystes (en abscisses) :

Note : La taille des bulles reflète la capitalisation. La droite de tendance n’est pas pondérée par les capitalisations. J’ai toutes ces valeurs de croissance en portefeuille, hormis Netflix.

Peloton se distingue par un potentiel de croissance assez extraordinaire, Slack par son prix élevé malgré la correction du cours depuis l’IPO, alors que Ping Identity, avec un potentiel de croissance plus modeste, ne semble pas particulièrement chère… par rapport à cet échantillon de valeurs de croissance ! (Evidemment, il y a toujours un risque que l’ensemble de ces valeurs soient surévaluées.)
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Mes impressions sur Slack (WORK, capi 12,4 milliards $) rejoignent celles de Chlorate. Ils sont en train de révolutionner les outils collaboratifs en entreprise, au détriment de l’email.

Je le vois même ici au coeur de l’Afrique : mes collègues préfèrent échanger via des groupes Whatsapp (évidemment moins adaptés / moins sécurisés que Slack pour des échanges professionnels), plutôt que par email. Je parie sur une large substitution de l’email par les chats pour la gestion de projets, la collaboration entre collègues en teleworking (une tendance à mon avis structurelle) etc.

L’adoption croissante de Slack et la rétention des clients est impressionnante. Le taux net $ de rétention des clients existants est de 136% (c’est-à-dire que Slack garde ses clients tout en les faisant payer davantage). Le chiffre d’affaires croît à un rythme annuel supérieur à 50%. Les données moyennes d’utilisation sont impressionnantes : l’utilisateur moyen reste connecté plus de 9 heures par jour (de travail), et utilise activement Slack plus de 90 minutes par jour. Slack bat régulièrement les attentes et ses orientations (guidance) sur le chiffre d’affaires et sur la réduction de la perte opérationnelle. Ils ont bien commencé à acquérir des clients à l’international (leur chiffre d’affaires est aux USA à 63%, à l’international à 37%).

Cela dit :

1) La valorisation de Slack demeure élevée malgré la forte baisse du cours depuis l’IPO : P/S 20,6.

2) Slack fait face à des concurrents de taille : Teams (Microsoft) et Workplace (Facebook).

3) Il y a de plus en plus de critiques sur le côté "addictif" de Slack, avec des conséquences potentielles négatives sur la productivité au travail et sur le bien-être au travail.

Malgré tout, je me suis positionné sur Slack dès après l’IPO, car je considère que c’est l’une des rares entreprises qui révolutionne vraiment le monde et l’univers du travail : il est clair pour moi qu’il y aura une demande fortement croissante pour de tels outils. Mais le moat ne semble pas incontestable : rien ne dit que Slack survivra à ses dangereux concurrents. Evidemment je suis en forte MV.
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Mon intérêt pour Peloton (PTON, capi 6,3 milliards $) s’appuie avant tout sur une tendance à mon sens structurelle : la volonté et le besoin croissants de prendre soin de son corps et de sa santé. A ce titre, je suis également actionnaire de Planet Fitness (PLNT, capi 5,3 milliards $).

A la mode du fitness, Peloton combine 2 autres tendances structurelles : (i) l’attrait pour les écrans (pour ne pas dire la dépendance aux écrans) et (ii) le caractère toujours plus casanier de nos contemporains (on veut travailler de chez soi, faire ses courses de chez soi etc.).

La croissance de Peloton est spectaculaire, avec 1,4 million d’utilisateurs.


Comme pour Slack, j’aime le côté manifestement "addictif" des produits de Peloton. Par exemple :
- Le taux de rétention des clients (95% sur 12 mois) semble élevé… surtout si on le compare à celui des clubs de gym !
- 92% des appareils vendus par Peloton (Connected Fitness Products = tapis roulants d’exercice et vélos stationnaires) ont toujours un abonnement. Il y a donc peu de tapis et vélos "en déshérence".
- Sur le dernier exercice annuel, les membres ont effectué au total 58 million d’exercices, soit 40 / an en moyenne.
- Surtout, ils semblent utiliser de plus en plus leurs appareils Peloton, et les données par cohortes de clients (les acheteurs 2019 vs. 2018 vs. 2017 etc.) suggèrent que les nouveaux client utilisent plus fréquemment leurs appareils Peloton.


La croissance du nombre d’abonnés et du chiffre d’affaires est spectaculaire. Peu d’entreprises peuvent se vanter d’une croissance annuelle de 100%, avec une visibilité assez bonne et un potentiel immense ! (voir mon graphique plus haut sur les valeurs de croissance)


Surtout, Peloton me semble être au tout début de son développement :
- Sur 577 000 appareils vendus, 564 000 (98%) l’ont été aux USA. Peloton commence à peine son développement à l’étranger (pour l’instant : Canada, Royaume-Uni, Allemagne).
- Le marché potentiel est immense : on estime qu’il y a 183 millions de membres de clubs de gym dans le monde, dont 62 millions aux USA. Dans les 4 pays actuellement ciblés par Peloton (USA, Canada, GB, Allemagne), il y a 75 millions de tapis roulants d’exercice et 27 millions de vélos stationnaires.

Note : TAM = Total Addressable Market (ciblé sur le long terme). SAM = Serviceable Addressable Market (accessible avec les produits actuels de Peloton).

- L’offre de Peloton me semble assez compétitive : d’une part, ses appareils, bien que chers, peuvent être amortis assez rapidement si l’on compare aux coûts des clubs de gym (1500€ / an pour ma copine à Bruxelles, par exemple) ; d’autre part, Peloton, outre ses appareils, propose un abonnement digital à moins de 20$ / mois.

Compte tenu de ce potentiel de croissance, un ratio P/S de 6,8 ne me semble pas excessif.

Cela dit, il y a un certain nombre de "drapeaux jaunes" (ou rouges ?) :

1) La perte opérationnelle se creuse : 71 millions $ en 2017, 48 millions $ en 2018, 196 millions $ en 2019. Cela est dû principalement au fait que les dépenses de vente et de marketing doublent chaque année (324 millions $ en 2019)… ce qui peut se justifier par la volonté de Peloton de capturer rapidement des parts de marché. Mais je garde aussi un oeil sur la forte hausse des dépenses générales et administratives (207 millions $ FY 2019).

2) Il y a des risques divers, notamment judiciaires s’agissant du paiement des droits pour la musique diffusée par les appareils Peloton.

3) Le moat ne semble pas infranchissable.

Perso, l’appareil dont je rêve comme consommateur serait un vélo stationnaire avec écran qui me permettrait de définir un chemin (par exemple sur Google Maps) et de faire ce chemin en vélo depuis chez moi, avec des conditions réalistes (notamment l’inclinaison de la route), et des niveaux de difficulté ajustables (niveau 1 = promenade, niveau 10 = réaliste). A ma connaissance ce produit n’existe pas encore, mais on ne doit pas en être très loin.

Simplicitaire, Zwift semble effectivement un produit intéressant, mais il ne permet pas encore ce dont je rêve, correct ? Si j’ai bien compris, Zwift permet de simuler des courses entre amis sur des trajets définis (mais je ne peux pas choisir le tour de mon village aveyronnais, correct ?).

S’agissant de la compétition potentielle entre Peloton et Zwift, si j’ai bien compris (voir cet article), ils s’adressent à 2 publics différents : le public adepte de fitness pour Peloton, les fanas de vélo pour Zwift. Mais on peut effectivement penser qu’à terme la concurrence devrait être plus frontale.
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Ping Identity (PING, capi 1,3 milliard $) propose une solution globale d’accès sécurisé de n’importe quel appareil vers n’importe quel service. L’une des principales valeurs ajoutées de leur solution (si j’ai bien compris) est l’analyse systématique du comportement des utilisateurs, qui permet des contrôles de sécurité renforcés si le système détecte une déviation des comportements habituels de chaque utilisateur.

Ping Identity, formulaire S-1 a écrit :

Ping is pioneering Intelligent Identity. We enable secure access to any service, application or API from any device. Our Intelligent Identity Platform can leverage artificial intelligence and machine learning to analyze device, network, application and user behavior data to make real-time authentication and security control decisions, enhancing the user experience. Our platform is designed to detect anomalies and automatically insert additional security measures, such as multi-factor authentication, only when necessary. We built our platform to meet the requirements of the most demanding enterprises. Our platform can be deployed across cloud, hybrid and on-premise infrastructures, offers a comprehensive suite of turnkey integrations and is able to scale to millions of identities and thousands of cloud and on-premise applications in a single deployment. As of June 30, 2019, our platform secures over two billion identities globally across our customer base.

Ping Identity a pour clients plus de la moitié des entreprises du Fortune 100 (par exemples les 12 plus grandes banques US, 7 des 10 plus grandes pharmas etc.). Le taux net $ de rétention des clients semble excellent, à 115%.

Le rythme d’acquisition de nouveaux clients semble avoir ralenti, mais le nombre de clients payant plus de 250k$ / an augmente de 40% par an. La croissance annuelle du chiffre d’affaire tourne autour de 25%.

Ping Identity est donc une entreprise de croissance, mais par d’hyper croissance comme Slack ou Peloton. En revanche, elle est plus avancée dans son chemin vers la rentabilité : elle a essuyé une perte en 2018 et au premier semestre 2019 mais le free cash-flow et le résultat opérationnel sont positifs.

Cela dit le marché de l’authentification (IAM = Identity and Access Management) est fortement compétitif. Les concurrents de Ping Identity sont à la fois (i) des firmes établies comme CA Technologies (achetée par Broadcom), IBM et Oracle), (ii) des spécialistes du cloud comme Okta et OneLogin, (iii) Microsoft (qui offre des services d’authentification dans le cadre d’Azure et Office365), et (iv) les solutions maison des entreprises.

Outre la concurrence intense, Ping Identity semble "captive" d’Amazon : en effet la fourniture de la solution de Ping Identity passe par l’infrastructure cloud d’AWS (Amazon Web Services). A mon sens, c’est le risque principal : que se passe-t-il si Amazon, pour une raison ou une autre, souhaite "débrancher" Ping ? Heureusement (ironie), AWS est contrainte par un délai de 30 jours s’ils souhaitent mettre fin à leur accord avec Ping. C’est encore un exemple de la position de force (abusive ?) que se taille Amazon (je devrais peut-être d’ailleurs renforcer encore ma ligne Amazon, au lieu d’essayer de dénicher du menu fretin…).
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Bref, les 3 valeurs, Slack, Peloton et Ping Identity, offrent un beau potentiel de croissance et proposent des produits reconnus par le marché. Mais il y a clairement de gros risques sur les 3. Cela justifie à mon sens mon approche : une très grande diversification et une construction très progressive des lignes sur ces petites valeurs de croissance.
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@Blackfalcon : Je suis rentré sur Atlassian et Twilio au 4e trimestre 2018, quand les valeurs de croissance ont pris une (grosse) respiration. Cela m’a été très profitable, même si une bonne partie de mes PV latentes se sont évaporées en septembre.

Si l’on regarde sur longue période l’évolution (spectaculaire) des cours des leaders de niche du SaaS, on voit de longues phases de croissance interrompues par des "respirations" plus ou moins sévères. A mon sens, nous voyons depuis août / septembre une nouvelle respiration. Je pense que les cours peuvent aller plus bas, mais s’ils reviennent sur les niveaux du 4e trimestre 2018, je serai à nouveau acheteur. A mon sens, ces phases permettent d’accumuler de l’information sur la résilience de ces valeurs de croissance : mon impression est qu’Atlassian, par exemple, est plutôt sur le haut du panier.

Cela dit, compte tenu des niveaux atteints par les capitalisations des leaders de niche du SaaS (30 milliards $ pour Atlassian, 15 milliards $ pour Twilio, par exemple), je ne pense pas qu’on reverra bientôt les rythmes de croissance comme ceux observés jusqu’à juillet 2019. C’est en partie ce qui motive mon effort de recherche pour de plus petites valeurs de croissance - avec un risque évident et assumé.
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@BulleBier : Effectivement, compte tenu de mon tropisme en faveur des valeurs de croissance, SoftBank aurait dû être pour moi un choix évident depuis longtemps. J’avais exclu (un peu bêtement) le marché japonais de mon univers d’investissement, par principe (et pessimisme sur les perspectives macro de long-terme du Japon). Mais effectivement SoftBank est un animal bien différent, idéal pour s’exposer d’un coup à tout un tas de valeurs de croissance. Bien sûr, il y a quelques échecs (comme WeWork), mais c’est le lot de tout investisseur sur des secteurs de croissance, et sur le long terme, le track record de Masayoshi Son me convainc. Je vais donc probablement bientôt me positionner sur SoftBank.

En Chine, je vais a priori continuer à me renforcer sur Tencent et Alibaba, qui investissent eux aussi sur des licornes, plutôt que de rentrer sur Baidu.

Dernière modification par Scipion8 (02/10/2019 21h24)

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1    #494 02/10/2019 21h44

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Scipion8 a écrit :

Zwift semble effectivement un produit intéressant, mais il ne permet pas encore ce dont je rêve, correct ? Si j’ai bien compris, Zwift permet de simuler des courses entre amis sur des trajets définis (mais je ne peux pas choisir le tour de mon village aveyronnais, correct ?).

C’est exact. Il y a Watopia, qui est un (vaste) monde virtuel dans Zwift. A cela s’ajoute quelques circuits qui modélisent en partie des parcours réels de courses cyclistes (par exemple le circuit d’Harrogate où a eu lieu le WE dernier les championnats du monde de vélo).

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#495 04/10/2019 21h57

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Bonjour Scipion

J’aurais besoin de votre avis sur l’entreprise Suez, dont le cours a bien baissé ces derniers temps. L’entreprise est un des leader dans son domaine et m’a l’air assez solide.
La gestion des déchets et de l’eau étant des thèmes "d’actualité" et sans doute d’avenir, est-ce, selon vous, un investissement intéressant sur long terme?

Merci!

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3    #496 04/10/2019 22h15

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Scipion8 a écrit :

Selon mon habitude, j’investis sur des thématiques portées (à mon avis) par des tendances structurelles de long terme, plutôt que sur des entreprises particulières.

Aleister a écrit :

J’aurais besoin de votre avis sur l’entreprise Suez, dont le cours a bien baissé ces derniers temps.
La gestion des déchets et de l’eau étant des thèmes "d’actualité" et sans doute d’avenir,

J’attire votre attention sur le fait suivant, que beaucoup d’investisseurs ignorent ou préfèrent ignorer, mais qu’il est bon de rappeler : ce n’est pas parce qu’une thématique est d’avenir ou florissante, qu’une entreprise de ce secteur va bien se porter, ou même que les entreprises de ce secteur vont bien se porter. Ce n’est même pas sûr qu’il y ait une corrélation entre les deux. Une thématique florissante peut, par exemple, attiser les convoitises et donner lieu à une concurrence féroce où les bénéfices sont inexistants.

Inversement, ce n’est pas parce qu’un secteur est en mauvaise santé, ou même structurellement déclinant, que toutes les entreprises du secteur sont à proscrire. Je n’ai jamais autant gagné dans les années 2012 qu’avec des sociétés de panneaux solaires : un secteur abominable à l’époque avec des centaines de faillites, mais certaines sociétés avaient des comptes en banques supérieurs à leur cours de bourse.

Rappelons-nous des mots de Peter Lynch :

Peter a écrit :

Une valeur à forte croissance ne doit pas forcément appartenir à un secteur à forte croissance. D’ailleurs, je préfère que cela ne soit pas le cas. Elle a seulement besoin de place pour se développer dans un secteur à faible croissance.

ou pendant la progression fulgurante de l’informatique :

Peter a écrit :

Plutôt que d’investir dans des fabricants d’ordinateurs qui luttent pour survivre à une interminable guerre des prix, pourquoi ne pas choisir une société qui bénéficie de cette guerre des prix, comme Automatic Data Processing ?” [qui traite neuf millions de feuilles de salaire hebdomadaires pour 180 000 PME. Ce fut l’une des aubaines du siècle.]  “Les prix des ordinateurs baissent, et Automatic Data Processing peut faire son travail à moindre coût et donc augmenter ses bénéfices.”

et enfin, lumineuse explication :

Peter a écrit :

Les gens préfèrent investir dans un secteur en forte croissance, là où il y a du bruit et du mouvement. Pas moi. Si je ne trouve pas de secteur à croissance zéro comme celui des pompes funèbres, je me rabats sur un secteur à faible croissance comme les couverts en plastique. On n’aura aucune sensation forte dans un secteur à forte croissance et à forte sensation, sauf à voir baisser les actions. Les moquettes dans les années cinquante, les électroniques dans les années soixante, puis les ordinateurs dans les années quatre-vingt furent tous des secteurs à forte croissance dans lesquels bon nombre de petites et grandes sociétés ne purent réussir à prospérer très longtemps. Tout simplement parce que pour chaque produit qui est dans un secteur à la mode, il y a une centaine de diplômés du MIT qui cherchent à produire le même à moindre coût à Taiwan. Aussitôt qu’une société informatique conçoit le meilleur traitement de texte au monde, dix concurrents dépensent 100 millions de dollars pour en fabriquer un plus performant qui sera sur le marché huit mois plus tard. Cela n’arrive jamais avec les capsules de bouteilles, les services de bons de réduction, le dégraissage, ou les chaînes de motel. SCI fut largement aidé par le fait que la croissance est infime dans le secteur des pompes funèbres. Elles se traîne aux alentours de 1 % par an, trop peu pour les pourchasseurs d’actions qui se sont tournés vers les ordinateurs. C’est pourtant une activité régulière avec la clientèle la plus fiable que vous rencontrerez jamais. Dans un secteur sans croissance, surtout s’il est sans intérêt et dérangeant, vous n’avez pas de problème de concurrence. Pas besoin de se protéger de tous côtés de rivaux potentiels car personne ne s’y intéresse. Vous avez le champ libre pour continuer à vous développer et à gagner des parts de marché comme l’a fait SCI. SCI possède déjà 5 % des maisons funéraires des Etats-Unis, et rien ne l’empêche d’en avoir 10 ou 15 %. La prochaine promotion du collège de Wharton n’ira pas défier SCI, et vous n’irez jamais raconter à vos amis qui travaillent dans les banques d’affaires que vous allez vous spécialiser dans le dégraissage des stations services.

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#497 04/10/2019 22h54

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Aleister a écrit :

J’aurais besoin de votre avis sur l’entreprise Suez, dont le cours a bien baissé ces derniers temps.

Voir la discussion dédiée :
Actions » Suez Environnement : traitement des déchets et de l’eau

Les raisons pour lesquelles j’ai vendu il y a 15 jours :
Portefeuilles financiers et immobiliers » Portefeuille financier d’ArnvaldIngofson

Dans le secteur, VEOLIA se comporte mieux.


Dif tor heh smusma

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5    #498 28/10/2019 17h16

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Cette étude fait suite à ce post où je discutais de l’intérêt potentiel des données de Robintrack, un site qui permet de suivre le nombre d’utilisateurs de Robinhood (un courtier low cost orienté vers une clientèle majoritairement jeune, novice en bourse et assez casse-cou) détenant telle ou telle action. Merci beaucoup à Ameo / Casey, le créateur de Robintrack (un site gratuit, je le précise) pour son retour précieux sur ma 1ère analyse très superficielle.

Je vais maintenant conduire une analyse plus détaillée, combinant les données de Robintrack (nombre d’utilisateurs de Robinhood détenant telle ou telle action) avec le nombre de suiveurs (followers) de telle ou telle action sur Seeking Alpha.

Mon échantillon couvre 456 valeurs cotées sur le NYSE et le NASDAQ :
- les 100 premiers titres vifs les plus fréquemment détenues par les utilisateurs de Robinhood (le top 100 du leaderboard, en excluant les ETF)
- 356 titres US de capitalisation importante : mon échantillon est exhaustif pour les capitalisations > 20 milliards $, et a priori quasi exhaustif pour les capitalisations entre 15 et 20 milliards $

Bref, cet échantillon hétéroclite couvre la grosse majorité des valeurs du S&P500, plus des valeurs "chaudes" détenues par les jeunes utilisateurs de Robinhood.

1) Voici pour commencer la distribution des performances des actions de cet échantillon en 2019 (YTD). Il s’agit de la variation du cours de l’action, et non du total return (variation du cours + dividende) : cette remarque s’applique à toute cette analyse.

Note : l’axe des abscisses est relatif aux performances individuelles (variation YTD du cours de l’action), l’axe des ordonnées décrit le pourcentage de chaque segment de performance dans l’échantillon (le total est toujours 100%).

2) Regardons maintenant la distribution des performances pour les 300 plus grosses capitalisations de notre échantillon : la performance médiane et moyenne doit être très proche de celle de l’ensemble du S&P500, dont toutes ces valeurs sont membres. Nous pouvons donc utiliser ces +23,4% YTD (moyenne et médiane) comme notre référence (benchmark) pour juger des performances de différentes sélections dans notre échantillon global. (J’appellerai, un peu abusivement, cet échantillon équipondéré de 300 grosses valeurs "l’indice" dans le reste de l’analyse.)

3) La distribution des performances 2019 YTD des 100 valeurs de notre échantillon les plus détenues par les utilisateurs de Robinhood au 31 décembre 2018 est la suivante :

Suivre la "foule" des investisseurs amateurs de Robinhood a fait perdre environ 4 points de performance, jusqu’à présent en 2019, en termes de performance médiane par rapport à l’indice (notre benchmark des 300 plus grosses capitalisations). En revanche, si nous avions répliqué entièrement les 100 valeurs (dans notre échantillon) les plus détenues sur Robinhood nous aurions gagné 3 points de performance.

Cela suggère que les stratégies "suivistes" ne sont éventuellement efficaces qu’avec une diversification extrême (une réplication parfaite ou quasi-parfaite) : en concentrant, nous risquons d’éliminer les quelques valeurs ultra spéculatives gagnantes qui tirent vers le haut la performance moyenne.

En tout cas, on peut dire qu’une stratégie de réplication des utilisateurs de Robinhood est nettement plus risquée que l’indice : la dispersion des performances individuelles est beaucoup plus grande (kurtosis élevé) que l’indice. En termes de performance ajustée du risque, l’indice semble bien meilleur que suivre la foule (des amateurs).

4) Divisons maintenant le nombre de détenteurs de l’action sur Robinhood au 31 décembre 2018 par la capitalisation boursière, afin d’avoir une vision plus juste de l’intérêt des utilisateurs de Robinhood pour telle ou telle action. Sélectionnons ensuite les 100 valeurs de notre échantillon les plus attractives pour les utilisateurs de Robinhood, après cet ajustement par la capitalisation :

La performance médiane chute nettement : 8 points de moins (YTD) que l’indice ! C’est un bon indicateur du faible niveau des utilisateurs de Robinhood en matière de stock-picking.

La performance moyenne d’un investisseur qui aurait diversifié (avec équipondération) sur ces 100 valeurs reste bonne, mais bien inférieure à celle de l’indice en termes de performance ajustée du risque. (Note : la différence serait encore plus claire si nous mesurions le total return en intégrant les dividendes - en effet le dividend yield moyen des valeurs populaires sur Robinhood est très inférieur à celui de l’indice.)

5) Faisons le même travail avec le nombre de suiveurs (followers) sur Seeking Alpha. Les 100 valeurs les plus suivies sur Seeking Alpha ont une performance 2019 YTD très médiocre : 8-9 points de moins que l’indice selon que l’on regarde la moyenne ou la médiane.

Cela peut s’expliquer sans doute par le fait que les investisseurs exposés à de mauvaises valeurs, voire des actions en pleine déroute, sont plus attentifs à ces positions qu’aux autres : ils sont donc enclins à suivre l’actualité de ces valeurs en souffrance sur Seeking Alpha.

6) Pour une représentation plus juste de l’intérêt des utilisateurs de Seeking Alpha pour telle ou telle valeur, nous divisons le nombre de suiveurs sur Seeking Alpha par la capitalisation boursière.

La performance médiane des 100 valeurs (de notre échantillon) suivies avec le plus d’intensité sur Seeking Alpha (après ajustement par la capitalisation) chute à 15 points de moins que l’indice ! C’est donc un bon indicateur négatif sur les actions.

Jusqu’à présent, nous avons eu des confirmations que l’intérêt des investisseurs amateurs (détention sur Robinhood, suivi sur Seeking Alpha) semble un bon signal négatif sur la qualité des actions (bien sûr, il faudrait regarder la performance sur plus longue période).

7) Nous voulons maintenant utiliser ces données pour améliorer notre stock-picking. Nous allons donc regarder l’autre extrême de ces classements : les valeurs les moins détenues sur Robinhood, et les moins suivies sur Seeking Alpha.

Si nous sélectionnons les 100 valeurs (de notre échantillon) les moins fréquemment détenues sur Robinhood au 31 décembre 2018, la performance (médiane et moyenne) est supérieure à celle de l’indice de 1,5-2 points YTD : pas mal.


8) A nouveau, nous ajustons ces données de Robintrack par la capitalisation boursière, afin d’avoir une vue plus juste du manque d’intérêt des utilisateurs de Robinhood pour certaines actions.

La performance YTD du top 100 des valeurs les moins populaires sur Robinhood au 31 décembre 2018 est excellente : 3,2-3,7 points de mieux que l’indice !

Les données de Robintrack, après ajustement par la capitalisation, semblent donc encore plus utiles comme signal positif (les valeurs les moins détenues) que comme signal négatif (les valeurs les plus populaires) !

9) Je recalcule donc mon "indice Robintrack" (nombre de détenteurs sur Robinhood divisé par la capitalisation boursière) à la date d’aujourd’hui, pour améliorer mon stock-picking à venir. Je sélectionne les valeurs avec l’indice Robintrack le plus faible. Voici ce que donne le top 30 : beaucoup de belles valeurs injustement ignorées à mon sens (mais pas par moi, je suis actionnaire d’un bon nombre, sur la base d’un screening fondamental orienté croissance) :

Note : Robin = nombre de détenteurs sur Robinhood, d(Robin) = changement du nombre de détenteurs sur Robinhood entre les 2 dates, ind(Robin) = Robin / capitalisation, SA = nombre de suiveurs sur Seeking Alpha, ind(SA) = SA / capitalisation, mkt cap = capitalisation boursière, price = cours de l’action, d(price) = variation du cours entre les 2 dates.

10) Regardons maintenant les valeurs de notre échantillon les moins suivies sur Seeking Alpha (après ajustement par la capitalisation) : la performance YTD est encore meilleure ! 6-8 points de mieux que l’indice ! Les belles valeurs se font discrètes sur Seeking Alpha… (on pourrait faire la même remarque pour l’essentiel des forums)

11) Pour améliorer mon stock-picking à venir, je regarde donc les valeurs avec un "indice Seeking Alpha" (nombre de suiveurs divisé par capitalisation) faible. Voici ce que donne le top 30 : à nouveau beaucoup de belles valeurs, notamment des leaders de niches (plus ou moins) oubliées qui plairaient sans doute à Peter Lynch :


12) Combinons maintenant nos 2 signaux, l’indice Robintrack (au 31 décembre 2018) et l’indice Seeking Alpha, en un seul indice de "discrétion" (ou à l’inverse de bruit / popularité parmi les amateurs) : notre indice de discrétion est simplement la somme de l’indice Robintrack et de l’indice Seeking Alpha. Nous sélectionnons les 100 valeurs les plus discrètes :

La performance YTD est encore meilleure ! 6,5-9 points de mieux que l’indice ! Combiner les 2 signaux (déjà individuellement utiles) semble avoir encore amélioré notre stock-picking.

13) En recalculant l’indice Robintrack sur la base des détenteurs actuels sur Robinhood, je peux sélectionner les 30 valeurs de mon échantillon actuellement les plus discrètes :

Bon, ce message rendra peut-être ces belles valeurs injustement ignorées (un tout petit peu) moins discrètes ;-)

14) Juste par curiosité, voici la distribution des performances des 100 valeurs les moins discrètes (au 31 décembre 2018) de notre échantillon :


15) Et enfin le top 30 des valeurs actuellement les moins discrètes :

On voit que beaucoup d’entre elles ont déjà beaucoup souffert cette année, et à mon avis ce n’est pas fini…

On pourrait éventuellement envisager des stratégies short sur les valeurs les moins discrètes, mais c’est très casse-figure, car dans l’échantillon il peut y avoir une poignée de valeurs qui vont exploser. Bref, pour des stratégies short, il vaut mieux associer ces indicateurs de surchauffe des amateurs avec une analyse fondamentale poussée.

En revanche, les stratégies long fondées sur la sélection des valeurs discrètes me semblent très intéressantes.

Conclusion : De même qu’un investisseur peut tirer parti de l’intelligence collective, il peut utiliser à son avantage la bêtise (ou l’incompétence) collective. Il s’agit de sélectionner un échantillon de participants de marché plus incompétent, en moyenne, que le marché (dominé par les flux des professionnels). Sans vouloir les offenser, il semble clair que les utilisateurs de Robinhood et les suiveurs de Seeking Alpha (dont je fais partie) sont en moyenne moins compétents que le marché : la sous-performance structurelle des investisseurs amateurs est bien établie. On peut donc utiliser ces données pour essayer de battre l’indice, sans même faire d’analyse fondamentale. (Perso je préfère combiner ces indicateurs de foule avec une analyse fondamentale, mais il est possible que ce faisant, j’importe dans mon stock-picking ma propre incompétence…)

Evidemment, si tous les amateurs (y compris les utilisateurs de Robinhood) se mettaient à utiliser ces données de cette façon, cette approche fonctionnerait beaucoup moins bien. Mais Robinhood étant en plein essor et très populaire parmi les novices (qui, génération après génération, font les mêmes erreurs), ces données me semblent pour le moment très pertinentes.

La mise en place de ces stratégies pourrait idéalement être facilitée par des ETF "betting against the crowd" (et non contrarian au sens strict), avec mise à jour régulière des indicateurs de popularité / discrétion.

De façon plus générale, je pense que l’utilisation des meta données internet et des données confidentielles sur les flux de portefeuilles apporte une information très riche, et je suis convaincu qu’elles sont très utilisées par les participants de marché sophistiqués. Cette étude suggère qu’un investisseur amateur peut aussi mettre en place de telles stratégies, "à la main" ou en utilisant des sites comme Robintrack.

Dernière modification par Scipion8 (28/10/2019 18h06)

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#499 28/10/2019 19h30

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Pour faire plus court : comme les actions des entreprises petites et moyennes ont significativement sous-performé les grosses capi en 2019, et que ces valeurs sont largement sur-pondérées au niveau du nombre de messages qui les concernent sur des forums (ceci, quasiment sur tous les forums), ou dans les portefeuilles des personnes très actifs sur ces forums, on arriverait à la même conclusion (sans toutes ces analyses).

Sur d’autres années (2016 ou 2017 par ex), la conclusion serait sans doute différente (vous allez peut-être bientôt publier des analyses détaillées sur ces autres années), et mieux vaudrait suivre les idées des forums ou/et investir sur de plus petites capitalisations.


J'écris comme "membre" du forum, sauf mention contraire. (parrain Fortuneo: 12356125)

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#500 28/10/2019 20h03

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@GBL : Pas vraiment d’accord avec vous :

- OK pour dire que les valeurs les moins "discrètes" (= les plus détenues sur Robinhood et les plus suivies sur Seeking Alpha, après ajustement par la capitalisation boursière, ou encore les plus discutées sur les forums, après le même ajustement) sont souvent des small / mid caps (avec néanmoins des exceptions comme Ford, Twitter, Nokia, Snap, Tesla, AMD, GE - toutes large caps qui ressortent dans le décile le plus "bruyant" selon mon indice de "discrétion").

- Mais dans mon message je compare essentiellement (notamment aux points 7 à 13) des large caps avec d’autres large caps (l’échantillon des 300 plus grosses capitalisations décrit au point 2) : il ne doit pas y avoir d’effet de taille dans cette analyse.

Il faudrait que j’élargisse l’échantillon pour faire des comparaisons small caps vs. small caps. Mon intuition est que la conclusion serait similaire : il vaut mieux éviter le bruit (ce que disait Lynch, bien sûr).

S’agissant du nombre de suiveurs sur Seeking Alpha (ou du nombre de pages d’une file de discussion sur une action sur ce forum), je pense qu’il y a un effet "historique" : ce nombre reflète en partie les accidents passés, la volatilité historique. En gros l’inverse d’un facteur LowVol (a priori favorable à la performance).

Le marché serait un principe d’allocation très sous-optimal s’il récompensait l’incompétence et ne valorisait pas la compétence. Je pense que c’est tout le contraire, en tout cas sur un nombre suffisant d’observations.

Un incompétent tout seul peut réussir par chance, sur un intervalle de temps assez court. Mais une masse d’incompétents, sur un intervalle de temps assez long (suffisamment long pour faire éclater une bulle par exemple), doit nécessairement échouer. Je ne pense pas qu’il y ait d’exception. L’approche que je propose vise à identifier une masse observable d’incompétents, et de faire le contraire de ce qu’ils font, ou, moins risqué, d’exclure leur sélection d’une approche indicielle ou quasi-indicielle.

Dernière modification par Scipion8 (29/10/2019 09h48)

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