Bonsoir à tous,
@L1nvestisseur : Je ne partage pas votre analyse, bien que je comprenne votre raisonnement.
L1vestisseur a écrit :
On est 5 à 10% en dessous des sommets historiques sur la plupart des grands indices (S&P500, Nasdaq, CAC 40). Le P/E 2021 du CAC 40 est à 19,5x (vs 30 au pic de la bulle internet), et 22x sur le S&P500 (pic de 2000 à 26x). Les valorisations sont plus faibles qu’il y a un an.
En ce qui concerne l’analyse des P/E, je vous renvoie vers mon message #7119 de la file "Encore un krach sur le marché action". Les P/E que je vous recommande d’utiliser sont les P/E forwards, et non pas les P/E actuels (qui ne reflètent qu’assez peu ce que les marchés anticipent).
En ce qui concerne la méthode elle-même (déduire des points d’entrée ou de sortie par le P/E), je vous renvoie à l’excellent message de Corran dans la même file : #7139. Les fonds n’utilisent pas vraiment les P/E pour traiter sur les marchés, ou seulement parmi une multitude d’autres outils, et notamment depuis que les IFRS et équivalents ont facilité la manipulation du poste "Earning". Quand bien même vous maintiendriez votre position quant à la valorisation des marchés, gardez en mémoire que les P/E en 2008 n’étaient pas stratosphériques, ce qui n’a pas empêché un décrochage.
En ce sens et selon moi, vous avez raison de douter de l’argument de la valorisation seule : une valorisation élevée ne provoque pas, à elle seule, une crise. Dans ce cas, l’argument de la valorisation seule comme justification à vos propos ("5-10% décôtés" dans votre message plus haut dans cette file) ne résiste pas non plus au raisonnement.
L1vestisseur a écrit :
Dans l’hypothèse où cours devraient baisser en 2022 alors que les bénéfices vont de toute évidence progresser, nous nous dirigerions vers des valorisations en dessous des moyennes historiques à 10 ans, ce qui serait incohérent au vu des conditions macro-économiques que nous connaissons aujourd’hui (perspectives de croissance et taux d’intérêt bas).
Cette analyse ignore le principe d’anticipation des marchés. Nous pourrions soutenir que justement, la raison pour laquelle les P/E sont si haut, c’est parce que les marchés ont anticipé 2022 comme étant une excellente année en termes de résultats. Considérer que ce n’est pas déjà "pricé", c’est affirmer que l’on sait ce qui est pricé et ce qui ne l’est pas, or c’est là toute la gymnastique que les analystes, traders, fonds et autres acteurs essayent de réaliser quotidiennement. Cependant, je ne suis pas assez qualifié pour vous répondre que vous avez tort au sujet de ce qui est pricé ou non, et peut-être avez-vous d’autres arguments.
L1vestisseur a écrit :
C’est dans les périodes d’incertitude que l’on fait les meilleures affaires. Toutes ces liquidités retirées par les initiés ces dernières semaines retournera bien un jour ou l’autre sur les marchés.
Vous avez raison de pointer du doigt l’amas de liquidités, mais nous pourrions également pointer les inquiétudes vis-à-vis de l’inflation et les conséquences en termes de politique monétaire que celle-ci pourrait avoir dans les prochains mois ou années. En parallèle, il est vrai que les liquidités circulent et font des aller-retours d’une poche à l’autre, mais il se pourrait très bien que malgré leur profusion, celles-ci restent dans une autre poche en cas de sell-off. La profusion ne justifie pas, à elle seule encore une fois, le maintien des marchés à ce niveau pour toujours. A cela, je répondrai, dans votre sens, que si elles ne sont pas investies en actions, où le seront-elles ?
Néanmoins, je ne suis pas certain que nous soyons dans une période d’incertitude, comme vous l’affirmez. Et pour cause : nous sommes aujourd’hui à des niveaux de valorisation historiquement élevés, ce qui correspond également à un niveau de confiance élevé (bien que la relation ne soit pas purement linéaire ni facile à établir).
L1vestisseur a écrit :
Les marchés sont actuellement décotés de 5 à 10%, et le potentiel 2022 est important si l’on en croit la plupart des spécialistes.
Je ne pense pas que des forecasts de "spécialistes" soient particulièrement fiables. Peu de "spécialistes" ont prédit des crises, et lesdits "spécialistes" ont souvent plus à coeur de renforcer leur crédibilité auprès de leurs clients en publiant très régulièrement des analyses, voire de faire rentrer des capitaux sous gestion pour se rémunérer sur les commissions de gestion.
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@doubletrouble: Bravo pour votre approche pleine de recul et de sagesse. Courir après des chiffres ne doit pas nous faire oublier qu’ils servent avant tout un objectif. Merci de partager votre approche, c’est utile à tout le monde et c’est inspirant.
Amicalement,
Ursule