Bonjour, je partage avec vous mes notes. Juste quelques réflexions (qui valent ce qu’elles valent), les calculs de marges/rentabilité/endettement étant de moi (pas de garanties de fiabilité donc), à partir des rapports financiers).
Les "plus" :
1) Ils savent manifestement ce qu’ils font en matière ’métier’ et le CA augmentait régulièrement depuis de nombreuses années. Cette croissance s’est fortement tassée en 2019/20, notamment en raison du gel puis des fortes chaleurs en Europe + des incendies en Australie.
2) L’activité était tirée par la croissance organique en 2017 et 2018, mais celle-ci devient sensiblement négative en 2020 (sans doute un à coup conjoncturel = Covid).
3) Une politique intelligente de diversification (produits œnologiques, cuves inox, Bourbon). Entre autres choses, ça permet de réduire la part du vin dans l’activité (et c’est bien parce qu’avec le vin, la demande dépend pour partie de l’évolution de la production mondiale, qui est par essence un peu erratique).
4) Une politique ambitieuse d’acquisitions, qui ont l’air bien senties (notamment, dans le Bourbon + intégration de fournisseurs pour sécuriser les approvisionnements). Les sociétés consolidées (52 si je compte bien) se répartissent dans les principaux pays de production de vin / bourbon (Australie, France, Etats-Unis, Afrique du Sud, Espagne, Irlande, Grande-Bretagne, Chine, Irlande, Nouvelle-Zélande + Hongrie). Curieusement, ils ne sont pas présents en Italie (gros producteur de vin…).
5) Raymond James Microcap s’est renforcé en novembre.
A surveiller :
1) Le bilan reste sain mais on parle quand même de pas mal de dettes financières contractées en 2019/20 (+90M€) : le gearing brut passe de 45% à 67% et le gearing net de 28% à 45%. Les charges financières triplent (de 0,9M€ à 2,7M€).
2) Je n’ai pas la moindre idée de comment le marché va évoluer (spiritueux et vin) l’an prochain.
Les "moins" :
1) Le niveau de profitabilité est en repli tendanciel : la marge d’Ebitda (mes estimations) est de 18,6% sur le dernier exercice vs 19.6%, 21.8% et 22.1% les trois années précédentes.
2) Je trouve un ROIC de 5,7% sur le dernier exercice, vs 7.1% et 7.8% pour les deux années précédentes. Il faut dire que la hausse de l’endettement n’a pas aidé…
3) Le flux de cash opérationnel est négatif, impacté par un BFR qui gonfle fort sur les deux derniers exercices (stockage de matières première). La CAF a pu éponger la hausse en 2018/19 mais n’y arrive plus en 2019/20. Le rapport annuel nous indique qu’un emprunt de 28M€ a été contracté pour financer le BFR.
La question qui se pose est la suivante : les stocks et donc le BFR vont-ils continuer de progresser à la même cadence ? Si oui, ce sera financé comment ? Par d’autres emprunts ?
Le rapport annuel 2018/19 nous indique que la constitution de stocks est un enjeu majeur pour assurer la continuité de l’approvisionnement auprès des clients (plan de continuité d’activité). Et le rapport annuel 2019/20 qu’il y a pour 3 ans de stocks de matières premières représentant 3 à 4 ans de production pour l’activité ‘vins’ et 1 an pour le Bourbon.
Sans plus d’infos que ça et à titre perso, je fait l’hypothèse d’une stabilisation de la politique d’investissement dans les stocks, donc d’une meilleure génération de cash en 2020/21.
Enfin, petit exercice de valorisation.
Je trouve:
Nb d’actions = 21 680k
Cours = 26,6€
Capi = 576,7M
Trésorerie = 82M€
Dettes financières = 243M€
Intérêts minoritaires = 4,6M€
EV = 742,2M€
EV/Ebitda = 14,3
PER = 21,5
Ce n’est pas excessivement cher mais pas donné non plus.
En résumé
Un dossier tout en nuances.
Une entreprise ambitieuse, qui veut se tailler la part du lion sur un marché de niche et qui s’en donne les moyens, au travers d’acquisition, y compris en matière de sécurisation des approvisionnements.
Sa croissance se fait au prix d’un repli tendanciel de sa profitabilité et de sa rentabilité. L’endettement augmente fort mais reste à des niveaux raisonnables.
On a des stocks de matières premières en forte hausse depuis deux ans, donc un BFR qui enfle au point que l’activité n’arrive plus à éponger cette hausse. Si la hausse des stocks se calme, cette question pourrait rapidement se ‘détendre’. Sinon, ça peut vouloir dire repasser par la case dette financière.
J’ai beaucoup hésité. Mais les ’plus’ et l’hypothèse d’investissements (acquisitions, stocks de matières premières) qui se calment (permettant une hausse des flux de cash) m’ont fait pencher en faveur d’un ’petit achat’.
Déontologie : je détiens une position acheteuse/vendeuse sur une ou plusieurs société(s) listée(s) dans ce message.