Bonjour Job,
Merci de recentrer la discussion. Le titre du topic a été légèrement modifié car avant c’était "Stratégie crise du prétrole 2014" ; Faut-il investir dans les pétrolières en ce moment, ou dans d’autres industries impactées par cette crise ?
Voilà un inventaire simpliste, mais la baisse du pétrole actuelle impacte :
- les producteurs de pétrole qui doivent stopper les extractions qui leur coutent plus que le prix du baril. Cela peut stopper net leur croissance (ou leur faire prendre des risques inconsidérés) si ils n’ont pas de solution pour extraire moins cher.
- les énergies alternatives qui basent une bonne partie de leur attractivité sur le "pétrole cher"
- les gros acheteurs de pétrole qui sont content tant qu’ils ne doivent pas répercuter la baisse sur leurs clients en aval: compagnies aérienne, chimie (a priori chimie "organique" d’après Secteurs - Union des Industries Chimiques )
- les clients finaux qui payent leur essence moins cher, leur chauffage au fioul moins cher, et leurs produits moins chers.
- les gens qui ont des actions chez les pétroliers, ou qui ont prêté de l’argent aux producteurs sur la base de projets trop chers.
Ces 5 segments présentent sans doute des opportunités dans la crise actuelle : alertes sur les dividendes, gel de la croissance pendant X années pour les producteurs, dividendes exceptionnels en T1 ou T2 2015 pour les consommateurs (compagnies aériennes qui n’ont pas modifié leurs tarifs)
Ce que je retiens des discussions à ce stade, c’est que tout le monde a l’air d’accord que le "peak oil" ce n’est finalement pas pour demain en raison des gros gisement de schiste et des progrès technologique en la matière (baisse des coûts d’extraction)
Donc si il n’y a plus de rareté, le prix du pétrole dépend d’un équilibre complexe entre :
- ceux qui produisent vraiment pas cher (le chiffre de 5$ a été mentionné pour l’arabie sahoudite) mais qui ne veulent pas forcément tout vendre et ainsi épuiser leurs réserves avant les autres
- ceux qui doivent encore être capable de produire pendant un moment au prix historique (disons 40$ net d’inflation)
- ceux qui commencent peut-être à savoir produire à 60-70$ d’après les articles en l’occurence certains gisement de schiste aux US
Jusqu’à maintenant l’OPEP a toujours donné le la sur les niveaux de production pour donner des signaux au marché.
Au sein de l’OPEP, l’arabie sahoudite a probablement beaucoup plus de réserves qu’on imagine. En tout cas, bluff ou pas, ils laissent entendre qu’ils ne sont pas inquiets, quel que soit le prix du baril. Ils constatent probablement que ce sont eux qui ont le coût de production le plus bas du marché.
La géopolitique a l’air de jouer un rôle non négligeable vu que les entreprises pétrolières sont en général des sociétés particulières dans leurs pays respectifs en terme de puissance (cf le cas Total en France). La question de la sauvegarde de ces sociétés va se poser si elles sont en difficultés (par les états ? en forçant les assureurs-vie à en prendre dans leur bilan comme de la dette nationale ?)
On sait déjà que certains pays font grise mine car leur recettes dépendent fortement du pétrole : Algérie (70%), Nigéria (70%), Iran (60%), Russie (52%). Le budget du Venezuela est établit avec baril à 162$, Nigeria 126$, Russie 100$.
Il y a enfin la position de Bullebier qui est de dire que tout cela, c’est du trading. Le prix va remonter dès que les opérateurs auront de marché auront réussi à racheter à vil prix les actions des pétrolières en créant la panique.
Il y a des opérateurs qui vont emprunter pour payer les dividendes (car les dividendes semblent en général relativement important dans cette industrie). D’autres vont les couper.
Une première conclusion que je tire de tout cela est que l’investissement actuellement dans les pétrolières doit être vu à long terme. Difficile de prédire le scénario qui va se dérouler. Personne ne semble vraiment croire que ce soient des "value traps" même si il faut aussi envisager ce scénario sur des petites structures ou si tout d’un coup une rupture technologique énergétique apparaît.
Une deuxième conclusion sur les pétrolières et qu’il faut probablement diversifier car les réactions de chacune vont être dictées par des agendas qui nous dépassent (arrêt des investissements, réduction de coûts, gel des dividendes, emprunts en croisant les doigts, ..).
Une troisième conclusion est qu’il faut probablement aussi investir dans l’aérien et la chimie organique simultanément. Si ces actions sont disponibles au prix de mai/juin 2014, cela peut être intéressant pour se protéger contre un pétrole qui resterait bas pendant longtemps.
qu’en pensez vous ?
note: j’ai des lignes sur bhp billiton, mpi, bp, et statoil.