Etant sous-traitant de l’industrie pétrolière sur un secteur de niche (environ 70% de mon CA sur l’oil&gas), permettez-moi un commentaire vu de l’intérieur.
Désolé, ce n’est que qualitatif, mais cela vous donnera un aperçu de l’ambiance dans le secteur.
Au niveau des majors occidentales, mais aussi des étatiques du moyen-orient, les coupes tant capex qu’opex liées à la baisse des cours du brut sont impressionnantes de par leur brutalité et leur rapidité, à un niveau que peu de personnes dans l’industrie avaient envisagé ou déjà vécu. Cela correspond en plus à une fin de trend sur les nouveaux projets (les investissements en nouveaux projets sont assez cycliques dans le secteur, avec une périodicité de quelques années relativement commune à toutes les majors), qui va être catastrophique pour les parapétrolières. Ma société était par exemple positionnée comme sous-sous-traitant sur un projet downstream de US$ 7md au Qatar, tout simplement abandonné par le client final. Toutes les études pour les quotations par les différents bidders passées par pertes & profits, des mois de boulot sans aucun gagnant. Sur les projets existants, certains ne s’en tirent pas trop mal (gaz, avec des contrats long terme, quoique souvent rentables uniquement par les condensats associés), pour d’autres (ud offshore, cela risque de faire très mal, avec un effet ciseau entre les demandes du management de prolonger la durée de vie des installations encore plus longtemps que ce qui était prévu, alors que les opex fondent).
Par ailleurs, l’impact global sur l’ensemble de l’industrie (hors o&g) me semble mal appréhendé. Par ses investissements colossaux, le secteur de l’oil & gas rayonne de manière très importante sur des pans entiers de l’industrie lourde, et sur la chaîne de sous-traitance associée. Même le transport aérien me semble dépendant du secteur, le voyageur pétrolier représentant une manne importante avec un revenu/voyage des plus élevés (cela reste un des seuls secteurs où les déplacements en business sont largement acceptés) vers des destinations à marges élevées, par exemple l’afrique pour AF. Idem pour les ingénieries et constructeurs d’infrastructures BTP ; une clientèle très bonne depuis plusieurs années est celle des pétrodollars (métro d’AD etc). Ces débouchés risquent de se tarir, pour plutôt aller dans la consolidation de l’existant.
Sur l’industrie lourde, une bonne partie des paiements ne se fait au FOB des machines. L’impact CA ne se fera donc bien sentir que dans quelques trimestres, le temps d’écouler les projets en cours. Sur les ingénieries, cela devrait être plus rapide, avec un carnet de commandes qui va aller en se tassant pendant encore des trimestres.
En définitive, si je devais m’exposer de nouveau au secteur, ce ne serait clairement pas avant encore plusieurs trimestres, sauf à savoir jouer le zig-zag des cours qui me semble le scénario le plus probable dans les mois à venir.
lct