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#1 12/11/2018 20h21
- Caceray
- Membre (2017)
- Réputation : 85
Bonjour,
Je suis tombé sur ce schéma :
J’ai toujours pensé que les dépôts de particuliers (dépôts à vue) devaient être envoyés à la BCE en fin de journée pour être soumis au taux de la facilité de dépôt.
D’après ce schéma, cela ne semble pas du tout être le cas…
J’imagine que les réserves obligatoires servent de gage au moment de la création monétaire qui vient alimenter M3 (d’ailleurs on retrouve les 2% jusqu’en 2012) mais à quelle différence entre la facilité de dépôt et le dépôt à vue ?
Hors ligne
#2 12/11/2018 20h57
- Mewtow
- Membre (2016)
- Réputation : 22
Les facilités de dépôt correspondent aux comptes que les banques commerciales ont à la banque centrale. Elles servent quand les banques doivent s’échanger de l’argent, en raison des virements interbancaires.
Les dépôts à vue ne sont pas envoyés à la BCE en fin de journée, comme vous le pensiez, ce qui fait qu’ils n’ont pas de lien direct avec les facilités de dépôt. Par contre, les banques doivent conserver un certain pourcentage des dépôts à vue (entre autres) sur un compte à la banque centrale. Ce pourcentage conservé forme ce qu’on appelle les réserves obligatoires. Les banques peuvent aussi conserver un peu plus que ce pourcentage réglementaire, et avoir des réserves excédentaires, mais ce n’est pas une obligation (bien qu’actuellement, toutes les banques le fassent).
Pour le lien entre création monétaire et réserves, c’est compliqué. Mais si une banque crée de la monnaie lors d’un prêt, elle verse la somme sur un compte courant : le prêt devient du dépôt. Comme le dit l’adage, les crédits font les dépôts. Pour cela, elle doit avoir les réserves pour respecter le fameux pourcentage mentionné plus haut. Elle augmente ses dépôts et doit avoir les réserves réglementaires pour pouvoir le faire. Après la contrainte du pourcentage de réserve est vérifiée toutes les deux semaines/ tous les mois environ. Donc, difficile de savoir comment les banques gèrent réellement leurs réserves. Disons qu’elle s’arrangent pour en avoir suffisamment pour faire leur travail. Si elles en manquent, elles peuvent les emprunter à la banque centrale.
Hors ligne
1 #3 12/11/2018 23h29
- Scipion8
- Membre (2017)
- Réputation : 2535
@Caceray : si on réfléchit au bilan d’une banque :
- les dépôts de ses clients sont un passif
- sa liquidité excédentaire, qu’elle place en réserves excédentaires ou à la facilité de dépôt auprès de la banque centrale, est un actif
Donc il n’y a pas d’équivalence entre les 2. Les dépôts des clients ne sont qu’un passif parmi d’autres (avec les prêts interbancaires, les obligations émises, les opérations de refinancement de la banque centrale etc.). L’ensemble de ces passifs finance des actifs divers : immobilier, prêts, titres divers détenus en portefeuille. Le solde, c’est la position de liquidité de la banque : une portion sert à respecter les réserves obligatoires imposées par la banque centrale, le reste correspond à de la liquidité excédentaire, placée en réserves excédentaires ou à la facilité de dépôt auprès de la banque centrale.
La liquidité d’une banque peut être placée auprès de la banque centrale de 4 façons différentes :
1) les réserves obligatoires (calculées sur la base d’un pourcentage des dépôts, comme dit par Mewtow)
2) les opérations d’absorption de liquidité de la banque centrale : elles sont conduites si la banque centrale souhaite ponctionner la liquidité excédentaire dans le système bancaire, par la collection de dépôts à terme ou par l’émission de titres de banque centrale, les 2 étant habituellement rémunérées à un taux proche du taux directeur de la banque centrale ;
3) la facilité de dépôt est une facilité au jour le jour, ouverte chaque fin de journée par la banque centrale ;
4) les réserves excédentaires sont sur le compte courant de la banque à la banque centrale, elles correspondent à ce qui "dépasse" par rapport aux réserves obligatoires.
La BCE rémunère (3) et (4) de la même façon : actuellement à -0.40% (c’est-à-dire que les banques doivent actuellement payer pour avoir de la liquidité excédentaire auprès de l’Eurosystème).
Pour le mécanisme de création monétaire, je remets une image que j’avais utilisée dans une autre discussion.
Hors ligne
#4 13/11/2018 08h47
- Caceray
- Membre (2017)
- Réputation : 85
Bonjour Mewtow et Scipion et merci pour vos réponses.
1) Les réserves obligatoires représentent donc les 1% d’excédent de liquidité que les banques n’ont pas pu/souhaité investir ? Je pensais que ce taux correspondait seulement à la réserve obligatoire pour la création monétaire mais je me suis encore trompé visiblement.
2) Les opérations d’absorption constituent donc un placement « court/moyen terme » pour la banque, qui leur permet d’alléger leur excédent de liquidité qui serait placé à -0,4% ?
3) et 4) je ne comprends pas du tout la différence entre les deux ? Peut être que leur taux a été différent un jour ?
Hors ligne
#5 13/11/2018 09h23
- Scipion8
- Membre (2017)
- Réputation : 2535
@Caceray :
1) Dans la zone euro, les banques sont absolument libres d’accorder des crédits = la création monétaire est à leur initiative, elle n’est pas "dirigée" par la banque centrale ou l’Etat.
Tout ce que les banques doivent faire, c’est respecter les ratios prudentiels et certaines obligations vis-à-vis de la banque centrale, en premier lieu les réserves obligatoires.
Les réserves obligatoires que toutes les banques de la zone euro doivent respecter sont calculées en pourcentage (actuellement 1%) de certains éléments de leur passif (pour simplifier, les dépôts).
Bien sûr, il y a un lien indirect entre la création monétaire et les réserves obligatoires : la création monétaire a lieu quand une banque accorde un nouveau crédit, qui se traduit par un nouveau dépôt, qui lui-même conduit à une augmentation de la réserve obligatoire de la banque où ce nouveau dépôt est apparu. Mais les réserves obligatoires ne sont pas un instrument de la banque centrale pour "diriger" la création monétaire.
L’objectif des réserves obligatoires (dans la zone euro), c’est d’augmenter le besoin de liquidité du système bancaire, de telle manière que les banques (en agrégé) sont "dépendantes" de la liquidité fournie par la BCE via ses opérations. La BCE déterminant le taux de ses opérations, cela permet de transmettre la politique monétaire (= le coût de la liquidité) aux banques, donc à l’économie réelle. C’est ainsi que la BCE peut influencer l’inflation, donc maintenir la stabilité des prix.
2) Oui, les opérations d’absorption de la banque centrale sont un placement à court terme de la liquidité excédentaire des banques. La banque centrale n’en conduit que s’il y a besoin de ponctionner la liquidité excédentaire.
Certains systèmes bancaires sont structurellement en déficit de liquidité, donc la banque centrale fournit de la liquidité : c’est le cas de la zone euro.
D’autres systèmes bancaires sont structurellement en surplus de liquidité, donc la banque centrale absorbe de la liquidité : c’est le cas de la plupart des pays émergents.
Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise situation. Toute banque centrale doit être capable de fournir ou d’absorber la liquidité, selon les conditions (c’est mon job de les y aider), l’objectif étant de transmettre la politique monétaire à l’économie réelle.
3) Dans la zone euro, les réserves excédentaires des banques ne sont normalement pas rémunérées.
Le taux de la facilité de dépôt de la BCE forme la borne basse du "corridor" pour les taux d’intérêt sur le marché monétaire. Les taux ne peuvent normalement pas baisser en dessous, car toute banque peut placer autant de liquidité qu’elle veut au taux de la facilité de dépôt, sans aucun risque puisque le risque de défaut d’une banque centrale est nul.
Le taux de la facilité de taux marginal de la BCE forme la borne haute du "corridor" pour les taux d’intérêt sur le marché monétaire. C’est le taux auquel toute banque peut recevoir de la liquidité au jour le jour de la BCE (sous réserve de présentation de collatéral éligible).
Le rôle du "corridor" formé par ces 2 facilités permanentes est de stabiliser les taux d’intérêt du marché monétaire (= le prix de la liquidité à court-terme pour les banques) autour du niveau que la banque centrale considère approprié (= le taux directeur). Il s’agit donc là aussi de bien transmettre la politique monétaire aux banques (puis à l’économie réelle).
En 2014, la BCE a observé que le marché monétaire continuait à être très fragmenté : les banques allemandes (par exemple), qui avaient beaucoup de liquidité excédentaire, refusaient toujours de la prêter aux banques espagnoles (par exemple), qui avaient un besoin de liquidité. Pour inciter à la défragmentation du marché monétaire, la BCE a abaissé le taux de la facilité de dépôt à -0,10% (actuellement -0,40%). Cela revient à pénaliser les banques qui ont des réserves excédentaires et refusent de les prêter.
Evidemment, une banque ayant de la liquidité excédentaire pourrait alors simplement la laisser sur son compte courant, comme réserves excédentaires (à 0%), au lieu de la placer à la facilité de dépôt (à -0,10%). C’est pour cela que la BCE a imposé le même taux négatif (-0,10% en 2014, -0,40% actuellement) aux réserves excédentaires et à la facilité de dépôt. Il n’y a donc actuellement pas de différence entre les 2, contrairement à la situation "normale" avant 2014.
Il faut voir la liquidité € comme un système en "vase clos", où tout l’excès de liquidité du système bancaire doit nécessairement revenir à la BCE en fin de journée. Dans le système bancaire, certaines banques sont en déficit de liquidité, d’autres en surplus de liquidité. La BCE se contente de gérer la position globale de liquidité du système bancaire (par ses opérations d’injection ou d’absorption), et d’encourager la circulation de la liquidité entre banques sur le marché monétaire.
Je conseille la section "La BCE expliquée à tous" sur le site internet de la BCE : elle est pédagogique, sans abus de termes techniques.
Dernière modification par Scipion8 (13/11/2018 09h57)
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