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1 #326 12/04/2019 17h55
- Scipion8
- Membre (2017)
- Réputation : 2535
@Treffon :
1) Oui, le bid/ask spread pour l’EUR/USD sur IB est très étroit, 1 ou 2 pips (par exemple 1,1309-1,1310 ou 1,1309-1,1311), si je me souviens bien (ça fait quelque temps que je n’ai plus fait la conversion puisque j’investis mon salaire en USD en actions US), donc à peine plus large que celui pour les pros sur EBS ou autre plateforme pro.
A comparer avec un bid/ask spread de 2-3 figures (!) infligé par ma banque US (par exemple 1,10-1,16…). Ma banque US (une petite credit union) n’est sans doute pas dans le haut du panier mais enfin les banques se goinfrent vraiment sur ce genre de transaction, en cachant les frais (les frais fixes sont modestes, de l’ordre de 10$ pour convertir 20k$) derrière un bid/ask spread énorme.
Pour cette seule raison, à mon sens un compte IB (ou équivalent) est indispensable pour les expatriés qui doivent jongler entre 2 ou 3 devises.
2) Oui, un retrait gratuit par mois. Il y a une condition : quand je transfère mon salaire en USD de ma banque US chez IB, il reste bloqué quelques jours (3 jours ouvrables, si je me souviens bien) avant que je puisse faire un retrait (par exemple pour l’envoyer en France). (Mais la conversion et l’investissement sont possibles dès réception des fonds chez IB, évidemment.)
3) Pour le transfert de mon salaire en USD de ma banque US vers IB, seule ma banque US m’impose des frais (10$), pas de frais du côté d’IB. En heures d’ouverture US et européennes, le transfert est rapide (moins de 2 heures). Il faut juste faire une pré-notification du transfert chez IB et bien indiquer le numéro du compte IB dans l’ordre de transfert à la banque.
Pour un résident européen (ce que je suis, même si je travaille en Afrique), le compte est chez IB Royaume-Uni. Donc après la conversion de mes USD en EUR, le transfert chez ma banque française est un transfert SEPA, rapide et sans frais.
4) Je n’ai pas de carte de débit IB (je n’étais pas au courant).
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#327 15/04/2019 08h05
- Twanou
- Membre (2018)
- Réputation : 32
Hello Scipion,
Concernant les transactions dans les devises étrangères, il y a la banque "Revolut" qui est pratique.
Les transactions en devises étrangères se font au taux de change interbancaire. J’ai personnellement ouvert un petit compte (gratuit) lorsque je voyage à l’étranger pour éviter les frais énorme des banques classiques.
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#328 15/04/2019 08h17
- Surin
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Ce n’est pas si simple, cela dépend des devises et du type de transaction (2% de frais pour les retraits, 0,5 à 1% pour les achats le week-end etc…).
Il est à mon sens néfaste de généraliser ainsi en laissant penser que ces ou cette banque seraient la solution à tout. Il y a des frais, vraisemblablement cachés puisqu’ils ne vous sautent pas aux yeux.
On en parle davantage ici : (4/4) Banques en ligne : quelle est la meilleure banque en ligne ?
Dernière modification par kc44 (15/04/2019 09h12)
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#329 15/04/2019 09h49
- Twanou
- Membre (2018)
- Réputation : 32
Surin a écrit :
Il est à mon sens néfaste de généraliser ainsi en laissant penser que ces ou cette banque seraient la solution à tout. Il y a des frais, vraisemblablement cachés puisqu’ils ne vous sautent pas aux yeux.
On en parle davantage ici : (4/4) Banques en ligne : quelle est la meilleure banque en ligne ?
Je n’ai pas généralisé ni présenté cette banque comme une solution à tout :-)
Mais merci pour le lien.
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#330 15/04/2019 10h15
- Surin
- Membre (2015)
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Twanou a écrit :
Les transactions en devises étrangères se font au taux de change interbancaire.
Si ça ce n’est pas généraliser …
C’est simplement inexact, imprécis, il manque la petite étoile avec toutes les restrictions, sur ce forum on essaie d’aller un peu plus loin.
Je dis cela pour vous mais aussi pour tous ceux qui vantent ces banques sans rentrer dans le détail, à l’utilisation c’est différent.
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#331 15/04/2019 12h39
- Scipion8
- Membre (2017)
- Réputation : 2535
Merci Twanou pour cette suggestion. J’ai un compte bancaire américain et un compte bancaire français, donc pour toutes mes dépenses en USD et en EUR je n’ai pas de problème. J’ai récemment dû bloquer ma carte bancaire française après une fraude, et pour le moment je dois me contenter de ma carte VISA américaine.
A ma grande surprise, les frais imposés par ma banque américaine (une petite credit union) sur mes retraits en Afrique francophone sont bien moins élevés que ceux infligés par ma banque française : pour un retrait de 200 000 francs CFA (300€), je ne paie que 3$ de frais à ma banque US, contre 10€ à ma banque française !
Du coup, je suis en train de réfléchir à réorganiser l’utilisation de mes comptes bancaires (et plus généralement, de mon épargne) : désormais :
- je me sers de mon compte bancaire US (où je reçois mon salaire en USD) pour toutes mes dépenses courantes hors zone euro ;
- je ne me sers de mon compte bancaire français que pour mes dépenses courantes en France / zone euro. Pour cela, je l’alimente avec les dividendes versés sur mon CTO France chez EasyBourse (lié à ma banque = transfert instantané) : 300k€ à un rendement net moyen d’environ 3% : soit 9k€ / an = suffisant pour couvrir l’essentiel de mes frais fixes en France (factures EDF/Orange, abonnements presse, charges de copropriété, impôts…). Idéalement, je voudrais augmenter ces dividendes à 15k€ / an pour couvrir aussi mes frais annuels de vacances et déplacements en zone euro.
A terme mon objectif est de minimiser le besoin de conversion, (1) en couvrant toutes mes dépenses € par des distributions sur mon CTO €, alors que (2) mon compte $ servira à mes dépenses internationales, et que (3) mes enveloppes capitalisantes € (AV, PEA, PEA-PME) et mon CTO $ chez IB serviront à la capitalisation.
S’agissant de Revolut : c’est un projet qui m’intéresse et que je suis de près, surtout depuis que Revolut a obtenu une licence bancaire de la BCE et une licence pour les services de paiement électronique de la Banque de Lituanie. (Ma compagne est lituanienne et travaille dans ce secteur.)
Pour les Lituaniens, transformer Vilnius en capitale de la fintech européenne est une priorité stratégique, donc l’installation de Revolut chez eux est un grand succès.
Je n’ai pas d’infos confidentielles sur ce dossier, mais je peux facilement imaginer que mes collègues superviseurs à Francfort, Vilnius et Londres suivent ce dossier de très près :
- Ces dernières années, certaines banques baltes (et leurs parents scandinaves) ont été utilisées pour blanchir de l’argent russe, donc j’imagine que les superviseurs seront attentifs à ce que cela ne soit pas le cas avec Revolut. Le CFO de Revolut a récemment démissionné sur fond de suspicions sur des insuffisances de procédures anti-blanchiment.
- La couverture de la presse sur les pratiques RH et commerciales de Revolut n’est pas vraiment rassurante.
- L’origine russe des fondateurs de Revolut et le fait que Revolut a récemment levé 250 millions $ de l’oligarque russe Yuri Milner (DST Global) les placent naturellement sur le radar des autorités de surveillance. En janvier 2018 Yuri Milner a été placé par le Trésor US sur une liste de personnalités russes ciblées par des possibles sanctions US mais cette liste a été critiquée pour avoir mélangé des proches du Kremlin et des entrepreneurs russes honnêtes, apparemment en faisant un copier/coller du classement Forbes des grandes fortunes russes… Apparemment désormais Milner investit essentiellement dans la Silicon Valley et évite de s’associer aux proches du Kremlin… Je peux facilement imaginer que les superviseurs lituaniens examinent les liens Revolut / Russie de très près : compte tenu du sentiment national en Lituanie, toute suspicion que la licence bancaire sert à blanchir de l’argent russe aurait de graves conséquences pour les autorités de surveillance.
- Pour couronner le tout, Revolut facilite l’investissement en cryptos, au moment même où les autorités de surveillance renforcent les contraintes pour les banques qui s’aventureraient sur ce terrain (perso j’interprète ces contraintes comme une volonté de dissuader les banques de s’exposer aux cryptos).
Bref, Revolut est un projet fintech intéressant, mais avec pas mal de drapeaux "jaunes". Je ne sais pas trop qu’en penser pour le moment, donc perso je resterais prudent pour le moment.
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1 #332 15/04/2019 15h17
- Reflex
- Membre (2016)
- Réputation : 3
Bonjour Scipion8,
Tout d’abord, je tenais à souligner votre apport considérable à ce forum. C’est un plaisir de lire vos contributions tant elles se démarquent par leur qualité quantitative et qualitative.
Je me permettrais de faire quelques remarques quand aux critères que vous utilisez pour sélectionner vos titres :
Scipion8 a écrit :
1) la croissance : toujours le critère essentiel pour moi. Le critère retenu est la croissance prévue par le consensus des analystes pour le chiffre d’affaires entre 2017 et 2020.
2) le consensus de marché : je privilégie les entreprises bénéficiant d’un fort consensus de marché. Le critère retenu est la moyenne pondérée des recommandations des analystes (une recommandation "acheter" = 100, "renforcer" = 50, "conserver" = 0, "alléger" = -50, "vendre" = -100).
3) le momentum de long-terme : je privilégie les entreprises qui ont surperformé face à l’indice ces dernières années. Le critère retenu est la moyenne des total returns (évolution du cours + dividendes versés) à 3 et 5 ans.
Je note que vous avez ensuite apporté une précision
Scipion8 a écrit :
S’agissant des analystes, il faut bien voir qu’ils produisent 2 choses distinctes :
a) une prévision du chiffre d’affaires, EBITDA/EBIT et résultat net de l’entreprise, en général sur un horizon d’au moins 2-3 ans : sur cela, à mon sens le consensus des analystes donne une information relativement fiable (ces analystes ont de vraies connaissances sectorielles). C’est cette prévision (la croissance prévue du chiffre d’affaires) que j’utilise dans mon screener. Les firmes de M&A utilisent aussi ces prévisions "fondamentales" pour leurs valorisations.
b) une prévision du cours de l’action : les analystes fournissent ces prévisions de cours parce que le client final de la banque la demande, mais ils n’ont pas de compétence particulière (comme tout le monde !) pour faire des prévisions de cours. Donc ces prévisions de cours sont nécessairement de qualité très incertaine.
Donc la contestation habituelle du travail des analystes sur (b) ne doit pas faire oublier que pour bcp ils font un travail de qualité sur (a) - ce dont j’essaie de tirer avantage dans mon screener.
Je vais me concentrer sur la croissance anticipée par les analystes et le momentum de long-terme étant donné que vous avez déjà, à juste titre, remis en cause la fiabilité des objectifs de cours.
Pour commencer, il faut se méfier de la façon dont les objectifs de BPA sont reportés dans les bases de données financières : https://aaapubs.org/doi/full/10.2308/accr-50379.
Ensuite, les objectifs de BPA, comme de cours, sont largement erronés : https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm … d=2695216, https://www.jstor.org/stable/4478226?se … _contents, https://www.mckinsey.com/business-funct … o-bullish, https://insight.factset.com/2013/1/earn … ht_1.4.13.
La littérature est riche dans ce domaine mais ci-dessus, vous trouverez des papiers écrits par des chercheurs, des consultants et des opérateurs de données. La conclusion est toujours la même : les analystes sont trop ambitieux dans leurs prévisions.
En revanche, la dynamique des révisions des objectifs de BPA, est, elle, capable de donner un indice sur l’évolution des cours.
Concernant le momentum, je me permets de vous suggérer de prendre un intervalle plus court. En effet, sur un horizon de 3-5 ans, les cours ont tendance à revenir à la moyenne. Le momentum fonctionne sur un horizon de temps entre 6 et 12 mois :
https://www.researchaffiliates.com/docu … -Saved.pdf
http://cafr-sif.com/2011/paper/3-Fresh%20Momentum.pdf
Un papier d’un asset manager et un autre d’un chercheur.
Bien à vous
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#333 15/04/2019 19h50
Merci beaucoup de partager votre portefeuille et vos analyses tres poussees
J’aurai voulu un peu préciser vos propos
On voit en un coup d’oeil l’avantage du buy-and-hold et d’une discipline limitant les renforcements à la baisse sur les "couteaux qui tombent" :
- on laisse les positions gagnantes grossir et s’envoler
- les positions "en perdition" deviennent minuscules, donc sans gros impact sur la performance globale du portefeuille
D’apres ce que l’on lit sur le forum pour une stratégie dividende, J’ai compris qu’en buy and hold on choisit des sociétes que l’on estime viable et prospère dans le temps pour avoir une certaine sécurité du dividende.
- Cela veut donc dire que si le cous de la société baisse on en profite pour renforcer permettant ainsi une meilleur PRU et rendement. Cela s’oppose donc à votre vision de "couteaux qui tombent" ?
- La deuxieme opposition est que l’on ne va pas renforcer les valeurs en croissance car elle deviennent trop chere.
Votre stratégie ets donc elle opposé à la stratégie dividende ?
PARRAINAGE : IBKR, SAXO, DEGIRO, BOURSORAMA - MESSAGE
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2 #334 15/04/2019 22h45
- Miguel
- Exclu définitivement
- Réputation : 805
Scipion8 a écrit :
un compte IB (ou équivalent) est indispensable pour les expatriés qui doivent jongler entre 2 ou 3 devises.
…/…
le compte est chez IB Royaume-Uni. Donc après la conversion de mes USD en EUR, le transfert chez ma banque française est un transfert SEPA, rapide et sans frais.
…/…
Je n’ai pas de carte de débit IB (je n’étais pas au courant).
Bonsoir Scipion,
Etant résident au Mexique mon compte IB est aux USA.
Je suis bien d’accord avec vous lorsque vous dites: "compte IB est indispensable pour les expatriés qui doivent jongler entre 2 ou 3 devises.
Pour les virements c’est identique a ce que vous annoncez:
Virement d’une Banque Française vers IB gratuit car c’est un virement SEPA vers le compte IB chez Citi a Frankfurt.
L’inverse Virements "compte IB USA" vers "Banque française", c’est exactement pareil
car il s’agit d’un virement de IB USA vers Citi Franfurt et Sepa vers la banque française.
Ces virements sont sans frais.
J’alimente régulièrement mon compte mexicain par des virements de ma banque française.
Je procède à un virement de 3,000 euros : C’est très rapide les 3,000 euros sont chez IB dans les heures qui suivent, les jours ouvrés et gratuitement.
Ensuite conversion des Euros en Pesos Mexicains (MXN) à un cours que je choisi.
Lorsque le cours est atteint, un équivalent de USD $2.00 de frais est prélevé et je dois laisser reposer les pesos 3 jours sinon intérêts débiteurs en pesos 3 jours de valeur.
Mais après les trois jours, je fais le virement en pesos vers ma banque mexicaine le débit en Pesos passe et je suis crédité sur mon compte mexicain dans l’heure qui suit et sans frais dans la limite de 1 virement mensuel.
Pour l’instant, la carte de débit IB n’est possible que pour les clients IB USA qui résident aux USA et pas pour ceux qui vivent hors des USA.
'Experience is what you get when you leave the forum Devenir rentier
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1 #335 16/04/2019 12h07
- Scipion8
- Membre (2017)
- Réputation : 2535
@Reflex : Merci pour vos réflexions et pour toutes ces sources utiles.
1) S’agissant des prévisions des analystes, celle que j’utilise dans mon screener est la prévision de chiffre d’affaires. Il me semble qu’elle doit a priori être de bien meilleure qualité que celle du bénéfice par action, qui est effectivement bien difficile, puisqu’elle doit intégrer de nombreux paramètres comme l’évolution du coût de financement de la dette et la politique de rachats d’actions par l’entreprise.
De façon générale, je me concentre davantage sur "le haut" du compte de résultat que sur "le bas". Pour moi la croissance organique du chiffre d’affaires est le premier critère. Des travaux académiques, notamment par Robert Novy-Marx suggèrent qu’il est plus utile de regarder la profitabilité brute (la marge brute), plutôt que le résultat opérationnel ou le résultat net, pour juger de la performance des entreprises. En effet, cela permet de ne pas pénaliser des entreprises qui ont de grosses dépenses de R&D, qui sont déduites de la marge brute et qui sont empiriquement un bon prédicteur de la performance future.
2) Je vous rejoins sur le fait que les analystes tendent structurellement à être trop optimistes sur les performances des entreprises. Mais dans le cadre d’une sélection par screener, la vraie question est de savoir si ce biais d’optimisme est à peu près uniforme ou s’il affecte très différemment les diverses entreprises. En effet, par le screener je cherche à établir un classement des entreprises - donc si le biais d’optimisme des analystes est à peu près uniforme, leurs prévisions demeurent très utiles pour moi.
Une hypothèse clef dans mon stock-picking, c’est que les marchés sont macro-inefficients (périodes d’euphorie et de panique, myopie sur les risques etc.) mais à peu près micro-efficients (selon l’hypothèse de Samuelson, qui tend à être validée empiriquement).
C’est aussi ce que suggère mon expérience de praticien des marchés pendant la crise : sur le secteur bancaire, j’ai été frappé que le marché soit en même temps enclin à des épisodes de panique extrême, tout en priçant correctement le niveau relatif des risques selon les banques. (Les niveaux relatifs des Credit Default Swaps des banques, par exemple, rejoignaient très bien ma propre évaluation et celle de mes collègues superviseurs, alors que nous avions beaucoup d’informations confidentielles sur les banques.)
Je fais donc le pari que les analystes reflètent à peu près cette micro-efficience des marchés : ils peuvent se tromper complètement sur les perspectives générales du marché, mais ils doivent être à peu près compétents pour évaluer le niveau relatif des entreprises qu’ils analysent. Donc leurs avis sont utiles pour mon screener.
3) Après bcp d’hésitations, j’ai inclus un critère de momentum long (total return sur 3 et 5 ans) dans mon screener, mais je n’applique pas à strictement parler une stratégie momentum, qui suppose une rotation régulière des actions. Je rejette ce genre de stratégies, d’une part parce que je préfère garder une optique fondamentale et de long-terme, et d’autre part parce que le frottement fiscal (coût + complexité) me semble énorme. J’adhère totalement aux principes clefs de l’investissement passif.
Je souhaite donc simplement accompagner sur très longue durée des entreprises de qualité. Je me sers du total return sur longue période comme complément à une approche fondamentale (focalisée en premier lieu sur la croissance du chiffre d’affaires). Je considère en effet qu’une approche purement quantitative & fondamentale fondée sur le bilan et le compte de résultat risque de "louper" des risques non reflétés par la comptabilité (en tout cas les éléments comptables passés), par exemple des risques liés à la cyclicalité de l’activité. Il me semble qu’une approche purement quantitative & fondamentale, avec un filtre value, finit par ne sélectionner que des actions très cycliques. C’est largement le cas pour I&E, à mon avis - je souhaite éviter ce biais (même si je conserve mon admiration pour Higgons pour sa performance sur très longue durée).
Par ailleurs, j’apprécie le total return, qui permet d’avoir une vue exhaustive sur le retour aux actionnaires (dividendes + buybacks), et d’éviter le biais habituel de ne sélectionner que des entreprises matures ou en déclin, quand on se concentre trop sur les dividendes.
Le choix d’un horizon de 3-5 ans correspond à un compromis :
- si je regardais le momentum à 3-6 mois, je craindrais de ne sélectionner que des valeurs à la mode ou en recovery : peut-être pertinent à court-terme, mais sans doute beaucoup moins pour du buy & hold. Si je regarde les meilleures performances du SBF 120 depuis le 1er janvier, il y a très peu d’entreprises que je souhaiterais avoir en portefeuille pour du long-terme (SOITEC +61%, Altran +56%, DBV +52%, SEB +45%, CGG +45%, Spie +42%, Faurecia +40% : dans cette liste je suis actionnaire d’Altran, mais pas super confiant, de DBV à contre-coeur, et de Faurecia mais en sachant bien que c’est une valeur très cyclique).
- si je regardais le total return à 10 ans, je craindrais de sélectionner des valeurs qui ont peut-être eu leur heure de gloire il y a quelques années mais qui ne seront pas forcément aussi performantes à l’avenir. (Bon, et il y a aussi une raison pratique : reconstituer l’historique de dividendes pour 800 entreprises c’est déjà lourd sur 5 ans, alors sur 10 ans…)
Evidemment, cette approche est presque diamétralement opposée à celle d’un investisseur value, mais elle est cohérente avec mon hypothèse de micro-efficience des marchés.
Je n’exclus pas d’ajouter d’autres critères "techniques" à mon screener, comme le maximum drawdown sur les actions individuelles. La distinction entre momentum "frais" et momentum "tardif" illustrée dans les papiers que vous citez me semble aussi pertinente et pas trop compliquée à mettre en place dans un screener.
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#336 16/04/2019 13h58
- Serrure
- Membre (2016)
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Bonjour Scipion
J’aime comme beaucoup suivre vos idées et analyses .
Et peut être auriez vous un avis et une analyse , ou des pistes pour Two Harbors Investment corp. ?
C’est une mReit , qui a racheté la société CYS .
Que IH avait en portefeuille pendant de nombreuses années .
Et que beaucoup ou un certain nombre d’IH et dont moi même ont encore en portefeuille .
Qu’ils laissent probablement comme moi en Buy en Hold sans réel suivie !
Je connais quelques Investisseurs qui ont 7 mReits pour équilibrer le risque de défaillance … et encaisser les dividendes .
Les dividendes à 10 % ou 12 % sont très appréciables .
D’après mes infos , et comme je l’ai dit dans un autre message sur les mReits :
Tôt ou tard probablement les taux se stabiliseront , ou repartiront vers une période baissière .
On dirait aussi que s’il y a une réduction par période du Spread entre les 2-10 ans américains cela se traduit par une perte de rentabilité pour les mReits .
Mais il est probablement vrai qu’il est difficile de prévoir l’évolution des taux .
Et le Site MarketWatch , via les analystes l’estiment a : 14.53 $ .
Ils conseillent de la conserver .
Même si ce genre d’estimation est probablement toute relative .
TWO Analyst Estimates - Two Harbors Investment Corp. Analyst Estimates - MarketWatch
Malheureusement comme beaucoup je ne sais pas vraiment analyser une mReit .
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#337 16/04/2019 14h00
- kiwijuice
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Serrure: vous avez en portefeuille un titre très technique que vous ne comprenez pas.
Qu’attendez vous comme réponse si ce n’est "vendez"?
Dirige un cabinet de CGP - triple compétence France / Suisse / UK
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#338 16/04/2019 14h06
- Serrure
- Membre (2016)
Top 50 Dvpt perso. - Réputation : 118
J’ai pensé a vendre bien sure .
Mais comme beaucoup de membre , elle est dans mon portefeuille en moins value …
Et puis les taux US ne montent plus en cette période .
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#339 16/04/2019 22h28
- Franckielestore
- Membre (2014)
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Attention quand même à ce que vous appelez le momentum long.
La période que vous choisissez, 3 à 5 ans, correspond (de mémoire) à une période où l’effet momentum cesse et où le retour à la moyenne commence à jouer. Vous risquez donc d’avoir l’effet contraire de ce que vous cherchez.
Il serait plus prudent de choisir dans votre cas 12 ou 18 mois.
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3 #340 17/04/2019 03h17
- Scipion8
- Membre (2017)
- Réputation : 2535
Bonjour Serrure,
Je vous réponds en 3 points : (1) d’abord sur les mREITs en général, (2) puis sur Two Harbors Investment (TWO) en particulier, et (3) enfin sur des points généraux relatifs à la gestion de portefeuille.
Précision importante : je n’ai aucune compétence ou expérience particulière sur les mREITs, ma connaissance des marchés financiers étant celle d’un généraliste. Donc les points (1) et (2) sont à prendre avec une grosse pincée de sel, comme on dit en anglais, et le point (3) reflète ma vision personnelle de principes clefs de l’investissement boursier.
1) Sur les mREITs en général :
J’ai bien noté que les mREITs (foncières hypothécaires) étaient très à la mode sur ce forum en 2012-2013 - manifestement moins maintenant - en raison des dividend yields élevés.
Perso j’essaie d’identifier les personnes particulièrement expertes sur des sujets techniques comme celui-ci et je remonte systématiquement toutes leurs interventions. Donc si vous investissez dans les mREITs, vous devriez lire les interventions notamment de Crosby sur ce forum. Sous son alias REIT Analyst, il a en outre publié d’excellents articles pédagogiques sur les mREITs sur SeekingAlpha, notamment :
How To Analyze The Value In Agency Mortgage REITs
How To Analyze The Value In Hybrid Mortgage REITs - Part 1
How To Analyze The Value In Hybrid Mortgage REITs - Part 2
Si vous investissez sur les mREITs, vous devriez "faire vos devoirs" et lire ces excellents articles pédagogiques (je remarque d’ailleurs qu’ils ont été largement appréciés - Crosby / REIT Analyst a 1119 suiveurs sur SeekingAlpha avec seulement une douzaine d’articles : un excellent ratio !).
Je trouve très pertinent d’interpréter le portefeuille de MBS d’un mREIT comme équivalent à un panier d’obligations souveraines (risque de duration), auquel s’ajoute un risque de crédit pour les non-agency MBS, et de positions shorts sur des options (risque de remboursement anticipé). Pour bien analyser un mREIT, la base me semble déjà de bien comprendre ces 3 risques : (1) risque de duration, (2) risque de crédit, (3) risque de remboursement anticipé. Ensuite, il faut comprendre la politique de couverture de ces risques par le mREIT. Perso, je ne trouve pas ça évident pour un investisseur néophyte - disons qu’il faut sérieusement bosser le sujet.
Par exemple, l’effet des mouvements de la courbe des taux sur un mREIT n’est pas évident :
- une hausse des taux longs conduit à une dépréciation des MBS à taux fixe (dans la mesure où le risque de duration n’est pas couvert), mais aussi à un moindre risque de remboursement anticipé
- à l’inverse une baisse des taux longs conduit à un risque accru de remboursement anticipé (convexité négative)
- une hausse des taux courts renchérit le financement du mREIT
Perso, ma prévision à long-terme pour les taux obligataires, ce serait une courbe assez plate (pas avantageuse a priori pour les mREITs) et avec une volatilité réduite (a priori avantageuse pour les mREITs). Donc des effets incertains pour les mREITs, mais sans doute pas un environnement idéal (sans même parler de l’incertitude évidente sur cette prévision).
Par ailleurs, regarder la performance des mREITs sur longue durée peut permettre de mieux apprécier les risques de cette classe d’actifs.
On peut ainsi voir que les 3/4 des mREITs (en termes de capitalisation boursière) n’ont pas survécu à la dernière grande crise financière - certes exceptionnelle et centrée sur le marché immobilier US. Perso les mREITs ne me semble pas un investissement idéal en haut de cycle…
Sur longue période, on remarque que la performance totale (total return = variation du cours + dividendes) est assez médiocre pour les mREITs en comparaison avec les indices, et meilleure pour les agency mREITs que pour les non-agency mREITs. Néanmoins ce jugement est à nuancer compte tenu de l’impact exceptionnel de la dernière crise.
Bref, à mon sens, l’investissement dans les mREITs demande à l’investisseur amateur un certain travail pour bien comprendre les mécanismes et les risques… mais sans certitude que ce travail soit mieux rémunéré qu’un bête ETF.
Je pense que l’intérêt des mREITs pour un investisseur amateur dépend beaucoup de ses circonstances particulières, par exemple :
a) est-il en phase de consommation ? (= fort besoin de distribution / dividendes)
b) est-il expatrié / non-résident fiscal français ?
c) est-il anglophone ?
d) comprend-il les mécanismes de base des obligations et des options ?
e) comprend-il les articles pédagogiques sur les mREITs (comme ceux de Crosby / REIT Analyst) ?
Pour chaque réponse positive, comptez 1 (ou max 2) point(s). Le total vous donne le pourcentage maximal d’exposition aux mREITs dans votre portefeuille boursier… Si le total est 0, alors l’investisseur ne devrait à mon sens pas détenir de mREITs.
2) Sur Two Harbor Investments (TWO) :
Perso, pour une découverte rapide d’une entreprise, j’aime bien utiliser les présentations des entreprises aux investisseurs - plus accessibles et synthétiques qu’un austère rapport annuel. Celle-ci par TWO me semble pas mal.
Quelques points que je retiens :
a) Perte de 308 millions $ en 2018 (ce n’est pas clair pour moi dans quelle mesure cette perte s’explique ou non par l’intégration de CYS).
b) Levier de 5,8, assez élevé comparé à la moyenne des mREITs. Mais considérant la proportion importante d’agency MBS (typiquement plus leveragés que les non-agency MBS), ce niveau de levier me semble acceptable.
c) Portefeuille composé à 79% d’agency MBS, 14% de non-agency MBS et 7% de MSR (mortgage servicing rights). Si je comprends bien l’évolution de TWO ces dernières années, TWO est passée d’un portefeuille hybride avec une large part de non-agency MBS (notamment subprime) à un portefeuille désormais largement dominé par les agency MBS. Perso, cette évolution me semble pertinente dans le contexte d’un haut de cycle, car une récession sévère aux USA toucherait a priori davantage les non-agency MBS que les agency MBS. Par ailleurs, les MSR réduisent la vulnérabilité du portefeuille à une hausse des taux. Donc je trouve cette composition a priori plutôt pertinente (mais moins évidente à analyser qu’un pure player des agency ou des non-agency MBS).
d) La qualité du portefeuille de "legacy" non-agency MBS semble se dégrader : il s’agit à 76% de subprime (emprunteurs avec un mauvais historique de crédit), à 13% d’Alt-A (documentation incomplète) et 11% d’option adjustable rate mortgages (taux d’emprunt initialement bas). Ce n’est jamais un bon signe qu’une banque ou un REIT appelle un portefeuille "legacy" : cela signifie normalement que c’est une compilation d’erreurs du passé, dont il faudrait idéalement se débarrasser au plus vite… La stratégie de TWO est-elle de se concentrer désormais sur les agency MBS et les MSR ? (ce n’est pas clair dans la présentation)
e) Taux de remboursement anticipé stable à 6,8%, mais quid en cas de récession / anticipations de baisse des taux par la Fed et/ou reprise du QE ?
Bref, a priori j’apprécie le focus de TWO sur les agency MBS et la réduction du poids des "legacy" non-agency MBS, mais pour moi les pertes, un levier un peu plus élevé que la moyenne et la dégradation du portefeuille de non-agency MBS sont des points de préoccupation.
Ces risques justifient à mon sens une diversification de l’exposition aux mREITs. Par exemple, si le petit test défini plus haut m’indiquait que mon exposition maximale aux mREITs devrait être de 4%, j’essaierai de la diversifier sur au moins 4 mREITs, éventuellement en choisissant des profils différents pour éviter une trop forte corrélation et une "fausse diversification".
3) Quelques principles perso (au-delà du cas particulier des mREITs) :
a) Dividend yield élevé = risque élevé : il n’y a sur les marchés ni miracle ni free lunch. Si TWO a actuellement un dividend yield de 13,8%, c’est que le marché est incertain sur un maintien du dividende, et sur la performance de TWO à l’approche possible d’une récession aux USA. Si le marché considérait que les risques étaient réduits, il achèterait en masse les actions TWO et le dividend yield baisserait. La plupart des mREITs affichent des dividendes élevés parce que ce secteur a une mortalité très élevée (= perte totale) en cas de récession sévère aux USA (surtout sur le segment des non-agency MBS).
Ma règle perso, c’est de n’acheter des actions avec un dividende >6% que si je connais relativement bien les entreprises (par exemple des banques, dans mon secteur d’expertise). J’évite strictement des dividendes > 10%, et suis très sélectif entre 8-10% (dans cette zone j’ai Moelis, que je connais professionnellement, Ladder Capital, Starwoord Property et Apollo Commercial Real Estate).
b) Manque de compétence analytique sur un secteur = abstention ou diversification extrême : si je devais investir sur les mREITs, perso, compte tenu de ma relative incompétence sur le secteur, je le ferais sur une petite poche (max 2% de mon portefeuille) et de façon fortement diversifiée.
c) Action volatile = position calibrée prudemment : Je raisonne intuitivement en Value-at-Risk, c’est-à-dire en termes de perte possible compte tenu de la volatilité du cours. Si le cours est fortement volatile, j’aurai tendance à réduire la taille initiale de la ligne. Si votre position TWO vous tracasse, cela signifie peut-être qu’elle est mal dimensionnée. Par ailleurs, si vous regardez l’évolution de TWO sur longue période, le déclin du cours ces derniers trimestres n’a rien d’exceptionnel : c’est la volatilité normale de cette action.
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1 2 #341 17/04/2019 12h32
- Scipion8
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gandolfi a écrit :
D’apres ce que l’on lit sur le forum pour une stratégie dividende, J’ai compris qu’en buy and hold on choisit des sociétes que l’on estime viable et prospère dans le temps pour avoir une certaine sécurité du dividende.
- Cela veut donc dire que si le cous de la société baisse on en profite pour renforcer permettant ainsi une meilleur PRU et rendement. Cela s’oppose donc à votre vision de "couteaux qui tombent" ?
- La deuxieme opposition est que l’on ne va pas renforcer les valeurs en croissance car elle deviennent trop chere.
Votre stratégie ets donc elle opposé à la stratégie dividende ?
Bonjour Gandolfi,
On doit éviter de se laisser influencer par le PRU dans nos décisions d’achat ou de vente (même si c’est plus facile à dire qu’à faire). Ce qui doit déterminer nos décisions, c’est la situation de l’entreprise à l’instant t, qui évolue continuellement au fil de la publication des résultats de l’entreprise, des nouvelles, et des changements des ratios de valorisation.
Cela dit, pour nos plus fortes convictions (et seulement pour celles-là), c’est naturel de se fixer une cible de taille de la ligne, et de profiter des corrections de marché pour les renforcer - avec pour effet mécanique de faire baisser le PRU. C’est la stratégie que je suis pour mes principales convictions, comme LVMH, L’Oréal, Safran, Dassault Systèmes ou Vinci (j’ajouterais bien Air Liquide, mais c’est ma plus grosse position et je considère la ligne comme déjà "complète").
Perso je pense qu’il ne faut surtout pas se laisser guider par le PRU ou par des indicateurs du type minimum sur 52 semaines pour des valeurs qui ne sont pas de fortes convictions. Quand une valeur baisse, cela peut être une opportunité, mais le plus souvent c’est que le marché price des anticipations négatives sur l’entreprise, et les nier ne peut que conduire à de mauvaises décisions. Perso, j’essaie d’identifier si la baisse du cours de l’entreprise est "idiosyncratique" (isolée par rapport au reste de l’indice) ou générale (le cours baisse en même temps que l’indice). Dans le 1er cas, je suis très prudent avec tout renforcement à la baisse ; dans le 2nd cas j’hésite beaucoup moins à renforcer : je n’achète LVMH ou L’Oréal qu’à l’occasion de corrections de marché.
Si on ne renforce qu’à la baisse et jamais à la hausse, alors on se condamne à n’acheter que des valeurs moyennes ou fragiles, et jamais les champions de la cote, qui contribuent à l’essentiel de la performance de l’indice. On se condamne donc à sous-performer structurellement face à l’indice.
Je crois beaucoup à la typologie des actions définie par Peter Lynch, et je considère que nous devons adapter notre stratégie à chaque type d’actions :
- Pour des stalwarts (medium growers), des entreprises avec un long historique de bonnes performances et qui versent souvent des dividendes attractifs, mais sont souvent chères (Coca-Cola, par exemple), une approche de renforcements à la baisse (faisant baisser le PRU) semble pertinente.
- Pour des fast growers (par exemple Amazon jusqu’en 2018), vouloir ne renforcer qu’à la baisse conduit à ne jamais se placer sur l’action, et donc à complètement rater une belle opportunité. Pour ce genre d’actions, il faut renforcer à la hausse.
- Pour des turnarounds (des actions en convalescence, du type Latécoère), à moins d’avoir une expertise particulière, il est sans doute moins risqué de renforcer à la hausse, une fois que la recovery a commencé, qu’à la baisse.
- Pour des valeurs cycliques (par exemple le secteur automobile), il vaut sans doute mieux éviter de renforcer au début de la baisse (qui peut être très significative), et plutôt attendre que le potentiel de baisse s’exprime pleinement et se placer en sortie de récession (pas facile, évidemment).
Bref, à mon sens, il faut adapter la tactique à la nature de l’action, selon le diagnostic qu’on fait. Les investisseurs axés dividendes sur ce forum (par exemple IH) ciblent surtout des stalwarts (aristocrates du dividende, par exemple), donc dans ce cas particulier une approche de renforcements à la baisse avec des indicateurs comme le minimum sur 52 semaines peut être pertinente. Mais il ne faut pas se planter dans le diagnostic : il est aisé de confondre des stalwarts matures avec des entreprises qui commencent leur déclin - et dans ce dernier cas des renforcements à la baisse successifs sont catastrophiques.
Franckielestore a écrit :
Attention quand même à ce que vous appelez le momentum long.
La période que vous choisissez, 3 à 5 ans, correspond (de mémoire) à une période où l’effet momentum cesse et où le retour à la moyenne commence à jouer. Vous risquez donc d’avoir l’effet contraire de ce que vous cherchez.
Il serait plus prudent de choisir dans votre cas 12 ou 18 mois.
Bonjour Franckielestore, j’appelle ce facteur momentum long car c’est le même calcul, mais je ne cible pas du tout l’effet momentum psychologique (le biais des investisseurs en faveur des actions qui ont eu de bonnes performances sur la période récente). Je recherche plutôt des actions qui fondamentalement génèrent de meilleurs résultats que l’indice. En fait j’utilise le total return comme approximation pour la croissance du bénéfice par action.
Pour certaines des valeurs de ce type, il n’y a jamais de retour à la moyenne : LVMH bat le CAC 40 quasi systématiquement (en gros 9 années sur 10), et il n’y a pas de raison que cela change, parce que cette performance boursière traduit l’avantage concurrentiel de LVMH (sa position de leader mondial et son image de marque), qu’aucune autre entreprise du CAC 40 n’a.
Donc cet indicateur ne me sert que de "raccourci" pour identifier des firmes avec des avantages concurrentiels durables sur des marchés de niche en forte croissance (par exemple, aux USA, Align Technology, Abiomed, Waste Management etc.). Mon screener, et notamment, ce facteur de total return sur 3-5 ans, ne me sert qu’à identifier des entreprises avec ce profil.
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#342 17/04/2019 13h10
Merci pour votre explication détaillé.
Pour l’instant je me suis fixé sur des actions types stalwarts.
J’ai acheté (Air liquide, Total, Ipsos, Bouygues). Mais j’ai peu d’envie d’acheter la suite de ma sélection car je trouve les niveaux hauts (Michelin, L’Oreal, LVMH,Danone, Vinci). Cela ressemblerait donc à votre logique
Je surveille Sanofi qui a l’air de redescendre vers un support et qui à mon sens reste solide.
Mais il ne faut pas se planter dans le diagnostic : il est aisé de confondre des stalwarts matures avec des entreprises qui commencent leur déclin - et dans ce dernier cas des renforcements à la baisse successifs sont catastrophiques.
C’est là le principal problème je trouve, je me suis posé la question sur BIC par exemple et j’ai laissé tombé la valeur.
- Avez vous des indicateurs pour estimer si une action est en déclin ?
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#343 17/04/2019 15h18
- footeure
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Scipion8 a écrit :
…
a) une capacité d’innovation inégalée, portée par un système éducatif qui recrute des talents dans le monde entier et fonctionne en symbiose avec les entreprises (Silicon Valley etc.)
b) une captation du consommateur mondial par des firmes "pionnières" dans l’économie digitale (GAFAM), profitant (peut-être excessivement ?) d’effets de réseau
c) une domination culturelle sur la psychologie de la jeunesse mondiale (le soft power US)
d) une monnaie forte, défendue par une banque centrale crédible
e) le respect du droit de propriété (pas d’expropriations par l’Etat, très communes dans la plupart des autres régions du globe)
f) une régulation des marchés financiers punissant sévèrement les abus (SEC)
g) la présence d’une classe importante de consommateurs/actionnaires US, certes souvent plus cigales que fourmis mais incités culturellement et fiscalement (401k etc) à l’investissement en actions
h) une politique étrangère défendant agressivement et sans complexe les intérêts économiques US (pressions sur les Etats partenaires, sanctions judiciaires extra-territoriales contre les concurrents étrangers etc.)
Tous ces facteurs font des USA le marché préféré, de loin et pour longtemps, des investisseurs internationaux.
…
i) J’ai l’impression que vous prenez en compte les dizaines (centaines) de sociétés étrangères cotées aux US, qui gonflent la capitalisation globale et biaise votre argumentaire.
j) les entreprises et les cerveaux vont là où sont les capitaux. L’argent appelle l’argent.
Scipion8 a écrit :
Enfin, il y a quelques actions assez mal classées dans mon screener mais qui m’intéressent néanmoins, parce que je me laisse influencer par des investisseurs de référence (par exemple Buffett pour VeriSign) ou par des analyses que je trouve convaincantes a priori (Church & Dwight, Illinois Tool Works, voire AO Smith). Mais en règle générale j’évite de me faire influencer et j’essaie de me faire une opinion objective (ou en tout cas reflétant ma propre subjectivité et mes préférences), par le screener (même s’il faut bien noter que le screener lui-même a une dimension "suiviste", puisqu’il intègre les anticipations et recommandations des analystes).
J’ai tendance à penser que les analystes ne suivent que les valeurs qui peuvent les intéresser, et analysent celles qu’ils pensent acheter a priori.
Je veux dire par là, que si un analyste est vendeur sur un secteur, il ne va pas analyser et suivre des actions de ce secteur, ou va placer un Price Target rédhibitoire. J’y vois donc un biais positif qui suit "la mode sectorielle" du marché.
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5 #344 18/04/2019 03h23
- Scipion8
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gandolfi a écrit :
Avez vous des indicateurs pour estimer si une action est en déclin ?
1) Mon indicateur favori c’est la croissance organique du chiffre d’affaires :
- Je regarde la croissance du chiffre d’affaires sur les derniers exercices, mais elle peut être trompeuse si l’entreprise a "artificiellement" gonflé son activité par des opérations de croissance externe : il faut alors effectuer des retraitements pour évaluer la croissance organique.
- Je regarde les prévisions du consensus des analystes pour l’évolution du chiffre d’affaires sur les 2-3 prochains exercices. Même s’il s’agit de prévisions par essence incertaines, cela a l’avantage de refléter directement la croissance organique prévue.
2) Je regarde aussi le dividend yield (dividende / cours de l’action), qui combine la générosité de la politique de distribution de l’entreprise et le degré de certitude du marché sur la continuité de cette politique. En effet, une entreprise distribuant des dividendes généreux et bénéficiant d’une forte confiance du marché sur la continuité de ce dividende devrait afficher un dividend yield modéré, puisque une telle action serait toujours "chère" : c’est bien le cas des meilleurs "aristocrates des dividendes" (particulièrement dans un contexte de QE compressant les rendements).
3) Enfin, un bon indicateur est la croissance du dividende sur les derniers exercices. A priori une entreprise en déclin peut continuer un moment à distribuer un dividende généreux, mais elle aura du mal à l’augmenter sur la durée. C’est donc a priori un bon facteur différenciant des entreprises en croissance et des entreprises matures / en déclin.
Je combine ces différentes dimensions dans mon screener pour identifier rapidement des candidats potentiels pour mon portefeuille, et pour écarter d’autres. Par exemple ce graphique présente la croissance prévue pour le chiffre d’affaires entre 2017 et 2020, en axe des abscisses, et le dividend yield, en axe des ordonnées, pour 1800 entreprises (majoritairement US, mais aussi avec une centaine de capitalisations françaises grandes ou moyennes).
Je vais avoir tendance à concentrer mes achats dans la zone verte (forte croissance, haute sécurité du dividende), plutôt que dans la zone rouge (faible croissance, faible sécurité du dividende). J’ai ajouté quelques noms d’actions françaises (en bleu) pour donner des points de repère.
[Evidemment, une dimension manquante est le prix / le niveau de valorisation. On peut l’ajouter au screener dans une approche GARP, ou bien considérer que les marchés étant micro-efficients, ils doivent a priori pricer correctement les niveaux relatifs de risques sur les différentes actions.]
@Footeure : Je pense plutôt que la couverture des analystes est déterminée avant tout par les demandes des clients (et non par leurs goûts personnels) - les clients acheteurs de ces analyses étant le plus souvent des investisseurs professionnels (fonds, family offices etc., qui suivent des stratégies long pour la plupart, mais aussi parfois short), et pour d’autres des pros avec un objectif analytique plutôt que d’investissement (notamment la M&A : j’étais un gros consommateur d’analyses quand j’étais stagiaire en M&A, je passais la journée à en acheter (à 100+€ pièce, ça finit par douiller en fin de journée), à les imprimer et à insérer les prévisions de résultats dans le fichier DCF - j’imagine que tout ça s’est bien modernisé depuis…).
Je ne pense donc pas que les banques qui emploient ces analystes leur laissent une grande autonomie sur le choix des firmes qu’ils couvrent. Souvent ces analystes ont une compétence sectorielle bien spécifique : ils sont embauchés pour couvrir le secteur des utilities, des banques, de la techno etc., avec pour mandat de publier des analyses sur les x boîtes de leur secteur à une fréquence déterminée.
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#345 20/04/2019 16h38
Merci scipion pour cette réponse très complète.
Je me base un peu sur les memes indices.
- Croissance ou au moins stabilité du FCF.
- FCF >0 et suivant le résultat net
- Dividende < 5%
- Croissance ou stabilité du dividende (Aristocrates)
- Payout ratio : Reversement des dividendes <0.6
Par contre :
- Je prend des entreprise avec au moins 2% de dividendes sinon je trouve que cela ne vaut pas le coup.
Pour savoir si une entreprise decote
PER : PER < 16 et élimine PER > 20.
P/B (Price to Book) : P/B <2.
coefficient entre la valeur de marché des capitaux propres (la capitalisation boursière) et leur valeur comptable. Concrètement, il permet de comparer la valorisation boursière à sa valorisation comptable.
- P/S (Price to Sales) P/S<2
- P/CF ( Price/Cash Flow) P/CF < 6
- EV/EBITDA EV/EBITDA <8.
Ce ratio est surtout utile pour comparer des entreprises de même secteur d’activité entre elles. Celles ayant le plus faible ratio EV/EBITDA seront considérées comme meilleur marché.
- PEG (Cours de l’action / Bénéfice Par action) / taux de Croissance annuel du bénéfice par action) <1
Le résultat exprime ce que coûte le prix d’une action par rapport à ses performances bénéficiaires.
- EV/Sales <2
Debt to equity : Dette/capitaux propre <1 voir <2
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#346 26/04/2019 10h58
- Scipion8
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Un point d’étape sur mon portefeuille IB, essentiellement centré sur les USA (80%) et les pays émergents (12%), et qui représente désormais un quart de mon portefeuille boursier total (toujours dominé par la France >60%).
- Renforcements : Pour mon renforcement mensuel (en début de mois) j’ai continué à renforcer le secteur technologique et notamment le SaaS et la sécurité informatique (CyberArk Software, Alarm.com, Appfolio, Upland Software, 2U, Keysight Technologies, Monolithic Power Systems), le secteur médical (Danaher, Masimo Corporation, IDEXX Laboratories, Invitae, Mesa Laboratories) et les services financiers (MSCI, SVB Financial Group, Euronet Worldwide, TransUnion, Q2 Holdings) - toujours avec une forte dimension technologique. Je diversifie toutefois un peu sectoriellement dans des secteurs que j’apprécie moins, avec des services aux collectivités (Waste Connections) et des produits de grande consommation (Ulta Beauty). Comme expliqué plus haut dans cette file, mon critère essentiel de sélection demeure une forte croissance passée et prévue du chiffre d’affaires.
Dans les pays émergents, j’ai renforcé le conglomérat sud-africain Naspers dans l’attente de nouveaux spin-offs, et j’ai pris position sur Globant (développement IT, basé en Amérique latine) et New Oriental Education (services éducatifs en Chine).
- Composition sectorielle : Le portefeuille reste largement dominé par le secteur technologique (près de 50%, selon la décomposition sectorielle d’IB).
- Performance : Après un premier trimestre 2019 exceptionnel, où le portefeuille a nettement battu chaque mois le S&P500 et les autres indices de référence, la 1ère moitié du mois d’avril a été compliquée, avec une perte de 3 des 10 points de pourcentage de surperformance, en raison de 2 facteurs :
1) des risques politiques accrus sur le secteur de la santé (auquel je suis fortement exposé) aux USA
2) une "respiration" bien normale sur le secteur technologique US. Je pense que mes technos ont aussi souffert de la concurrence nouvelle des IPOs récentes dans le secteur (Lyft, Pinterest, Zoom…), qui ont sans doute "détourné" des flux d’investissements significatifs des acteurs existants du secteur.
Mais une fois ces grosses IPOs passées, le secteur technologique a repris sa marche en avant, et mon portefeuille a rapidement récupéré les points de surperformance qui avaient été temporairement perdus : +27,0% depuis le début de l’année, soit +9,5 points de plus que le S&P500 et +11,5 points de plus que les indices Monde. Evidemment, il faudra voir comment le portefeuille résistera, par rapport aux indices, lorsque l’inévitable correction surviendra…
Cette surperformance est essentiellement due à de bons choix sectoriels, comme le montre ce diagramme : les "bons" quadrants sont occupés par mes choix sectoriels : celui en haut à droite (= j’ai surpondéré les secteurs qui ont mieux performé que le S&P500) et celui en bas à gauche (= j’ai sous-pondéré les secteurs qui ont moins bien performé que le S&P500).
Cela montre aussi que l’on peut significativement dévier de la performance de l’indice avec un portefeuille de 100-200 lignes (donc un risque idiosyncratique faible), si l’on fait des choix sectoriels marqués.
La "heat map" fournie par IB montre l’avantage d’une approche très diversifiée dans le secteur technologique : les quelques gros plantages (Eventbrite, Nutanix…) sont diluées par les belles performances des autres, avec quelques très grosses performances (The Trade Desk, SurveyMonkey, Zendesk, Shopify, Smartsheet, MongoDB, Square, Okta, Paycom…).
Pour mon portefeuille dans son ensemble, la performance depuis le début de l’année est moins bonne : +19,0%. Mon portefeuille Europe performe bien (+19,5%), mais mon portefeuille France (+16,0%) continue de tirer la langue par rapport aux indices en raison de la forte surpondération des small caps (vivement la revanche, 1 an et demi de sous-performance face au CAC 40 ça commence à bien faire !).
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1 #347 26/04/2019 11h15
- footeure
- Membre (2012)
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Bonjour Scipion,
Bravo pour votre perf.
Je voulais seulement faire remarquer que vous êtes absolument à l’abri du risque idiosyncratique, mais votre portefeuille n’est absolument pas diversifié pour autant. Votre concentration dans la techno est telle que votre performance peut s’envoler en 3 semaines. D’autant plus que vous êtes fortement investi dans des small caps, pas encore rentables, ce qui aggrave la donne.
Cela étant dit, je vous plussoie sur la concentration dans la techno, qui est un des rares secteurs dont on peut s’attendre à une croissance marquée à long terme, quelque soit le cycle économique d’ailleurs.
Vous ne sécuriseriez pas un peu votre portefeuille en pondérant plus les méga-caps, comme Microsoft ou Alphabet ? I.e. en restant dans la techno mais avec une grande sécurité sur les fondamentaux et une beta qui pourrait bien vous servir en cas de grosses secousses
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1 #348 26/04/2019 13h46
- Scipion8
- Membre (2017)
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Bonjour Footeure,
1) Bien d’accord avec vous. La surperformance et la prise de risque sont les 2 faces de la même pièce. Sous l’hypothèse des marchés efficients, on ne peut battre l’indice en termes de performance pure (non ajustée du risque) qu’en prenant des risques :
a) des risques idiosyncratiques, c’est-à-dire en concentrant le portefeuille sur quelques valeurs
et/ou
b) des risques sectoriels, c’est-à-dire en concentrant le portefeuille sur quelques secteurs
et/ou
c) des risques cycliques, c’est-à-dire en choisissant des valeurs à beta > 1
et/ou
d) du levier.
La surperformance n’est que la rémunération d’un ou plusieurs de ces risques. Dans mon cas, clairement le risque b) (forte concentration sur les technos), et sans doute le risque c), comme relevé plus haut sur cette file par Bibike. En revanche, je suis peu exposé au risque a) et pas du tout au risque d).
[Je précise bien que c’est un raisonnement valide sous l’hypothèse d’efficience des marchés. Si l’on considère les marchés comme inefficients, comme le font les investisseurs value, alors le risque perçu est proportionnel à la distance entre le prix et la valeur intrinsèque estimée, et la surperformance rémunère l’achat d’actions sous leur valeur intrinsèque estimée.]
2) Il faudra voir comme mes technos passent les prochaines corrections. Je les ai notamment choisies pour leur résilience pendant la correction du 4e trimestre 2018, et pour toutes le chiffre d’affaires augmente rapidement. Cela dit, c’est clair que les niveaux de valorisation actuels pricent des anticipations de croissance (et aussi de profitabilité) très favorables. Mais je me rassure quand je mets à jour mon screener : alors que la capitalisation s’envole, l’augmentation des multiples de valorisation est bcp plus modérée, car la croissance est bien là dans les résultats publiés.
Sur le long-terme, je pense que je ferai des pertes sur une majorité de mes technos, mais qu’il me suffirait d’avoir un pourcentage de valeurs en PV de 20-30% pour rivaliser avec l’indice, car certaines de ces valeurs deviendront des baggers (certaines le sont déjà, après 3-6 mois d’investissement !). Donc sur la "heat map", il y aura sans doute de nombreux petits rectangles "rouges" mais aussi quelques très gros rectangles très "verts". Ce risque est inhérent à l’investissement growth. D’où l’intérêt d’une grande diversification et d’une approche prudente des renforcements à la baisse.
3) Je trouve que les GAFAM sont des entreprises fantastiques et je les ai toutes en portefeuille (et je m’interroge bcp sur leur pas-si-petite soeur Netflix).
Mais leur valorisation actuelle price aussi des hypothèses de croissance très favorables, et elles ont des fragilités que mes petites technos n’ont pas :
- ringardisation : les modes passent, et les images de marque peuvent rapidement changer d’une génération à la suivante. C’est clairement un risque pour Facebook et Apple, à mon avis.
- risque politique : le capitalisme ne peut fonctionner en démocratie que si la libre concurrence fonctionne. Les Américains ont une saine tradition de casser les monopoles, et ce risque existe certainement au moins pour Amazon, Google et Facebook. Cela pourrait être un thème important de la prochaine élection présidentielle aux USA. Des réponses européennes ou chinoises aux abus extra-territoriaux de la justice US et aux anomalies fiscales des GAFAM sont aussi un risque.
- disruption technologique et croissance externe surpayée : la plupart de mes technos sont des leaders sur des marchés de niche et j’espère bien qu’elles vont tailler des croupières aux GAFAM. Les GAFAM, elles-même en concurrence entre elles sur les marchés émergents du SaaS, devraient réagir par des opérations de croissance externe, avec un risque de surenchère… dont je compte bien profiter.
4) Pour ces méga-caps, j’ai une approche originale pour déterminer la taille cible de mes lignes : je regarde le nombre total d’actions, je le répartis sur la population mondiale et je regarde combien d’actions il me faut pour me situer à un certain centile de la population mondiale.
Appliquons ce raisonnement sur l’or, le Bitcoin et Amazon. La question sous-jacente c’est : "Quel doit être le niveau de mon exposition pour "tenir ma place" dans un monde entièrement "aurifié" (si je puis dire), "bitcoinisé" ou "amazoné" ? (Car c’est bien l’ambition de ces méga-caps - devenir des entreprises-mondes.)
- Patrimoine : Le patrimoine moyen par adulte dans le monde est de 63k$ (à noter que le patrimoine médian par adulte n’est que de 4,2k$). En comptant 25% d’enfants dans le monde, cela représente un patrimoine moyen par humain dans le monde de 47k$. Mon patrimoine actuel représente environ 45x le patrimoine moyen mondial.
Donc si je veux "tenir ma place" dans le monde futur, il faudrait que je détienne 45x la détention moyenne mondiale d’or, de Bitcoin ou d’actions Amazon.
- Or : Il y a dans le monde environ 190 000 tonnes d’or (extraites depuis que l’homme creuse). Compte tenu du prix actuel de l’once d’or (1283$) et qu’une once = 31,1g, la "capitalisation globale" de tout cet or "au-dessus de la surface" est de (190 000 * 1 000 000 / 31,1) * 1283 = 7,84 trillions $.
Si je la répartis sur l’ensemble de la population mondiale (7,7 milliards de personnes), la détention moyenne d’or représente 1018$ par personne. Donc pour "tenir mon rang" dans un monde "aurifié", il faudrait que je détienne 45*1018 = 46k$ d’or (j’en suis loin, avec moins d’1k$ en ETF or).
- Bitcoin : Il y aura à terme 21 millions de Bitcoin, soit 0,00273 Bitcoin par humain. Au cours actuel du Bitcoin, cela représente 14$ par personne. Donc pour "tenir mon rang" dans un monde "bitcoinisé", il faudrait que je détienne 45*14 = 648$ de Bitcoin, soit 0,12 Bitcoin (là aussi j’en suis loin, hors de question que je m’expose à cette bêtise).
- Amazon : Il y a environ 500 millions actions Amazon, soit 0,065 action Amazon par humain. Au cours actuel de l’action Amazon, cela représente 124$ par personne. Donc pour "tenir mon rang" dans un monde "amazoné", il faudrait que je détienne 45*124 = 5580$ en actions Amazon, soit 2,93 (disons 3) actions Amazon. Il m’en faut 3, j’en ai déjà 1. Il suffit que j’en achète 2 et ma ligne Amazon sera complète.
Ce genre de calcul illustre le niveau de valorisation atteint par ces méga-caps : 124$ par humain dans le monde, pour Amazon, c’est absolument énorme. Cela reflète des anticipations qu’Amazon va étendre son emprise sur le commerce en ligne dans le monde, jusqu’à la fin des temps, malgré les risques sus-mentionnés. Amazon est une magnifique entreprise et je renforcerai ma ligne, mais sans exagérer sur la taille car ces anticipations sont manifestement optimistes (idem pour les autres GAFAM).
Perso je trouve moins risqué de parier sur des technos émergentes, où ce risque de pricing d’un monopole éternel n’existe pas, même si je suis bien d’accord pour dire que le pricing de tout le secteur affiche un biais d’optimisme.
Hors ligne
#349 03/05/2019 14h45
- Scipion8
- Membre (2017)
- Réputation : 2535
Mon renforcement mensuel concerne, exceptionnellement, mon CTO France et, comme d’habitude mon CTO IB, orienté USA et émergents.
Sur mon CTO France, je me suis fait « sortir » de Soft Computing avec une belle PV (+79%) : je n’avais pas apporté mes parts à Publicis (dont je suis aussi actionnaire), mais la belle histoire s’est finie par un retrait obligatoire.
J’ai réinvesti ces 2k€ sur 2 nouvelles lignes :
- Immobilière Dassault (capi 422 millions €) est une foncière avec des actifs de qualité à Paris et en petite couronne, un flottant faible (11,5%, le Groupe Dassault détient 59,7%) et un dividende rikiki de 1,9% après la forte hausse du cours ces dernières années. Elle cote (64€) au-dessus de l’ANR (57,3€ / action). Les revenus locatifs sont en forte progression (+48%) au 1er trimestre à la suite de l’achat de nouveaux biens parisiens fin 2018 (notamment le passage Jouffroy dans le 9e arrondissement). A périmètre constant, les revenus locatifs augmentent de 15%. Bref, c’est beau mais c’est cher. Je vois un peu ça comme un hedge (très partiel) pour mes plans immobiliers à long-terme à Paris.
- Neoen (capi 1,6 milliard €, introduite en bourse en octobre 2018) est un producteur indépendant d’énergie renouvelable, avec un chiffre d’affaires diversifié dans le solaire (40%), l’éolien (53%), la biomasse (5%) et les solutions de stockage d’énergie. Sa puissance installée est actuellement de 2 GW, avec un objectif de 5 GW d’ici 2021. Neoen est présente dans 9 pays en Europe, Afrique, Amérique Latine et Australie. Pour financer l’expansion de son parc, l’entreprise est fortement endettée, mais elle a toujours été profitable ces dernières années et elle bénéficie d’une belle visibilité (durée résiduelle moyenne des contrats de vente d’électricité de 15,5 ans). Je n’aime pas trop le secteur des utilities (un peu plus quand même celui des énergies renouvelables), mais je voulais surtout parier sur un capitaine d’industrie d’avenir, Jacques Veyrat (fondateur de Neuf Cegetel, ex futur successeur de Robert-Louis Dreyfus, et qui a fait un très joli coup sur Direct Energie avec une revente de sa part pour 630 millions €). Il pèse maintenant 1 milliard €, soit x5 depuis son éviction du Groupe Louis-Dreyfus en 2011 contre un package de 200M€ : un futur Bolloré ? Sa holding Impala détient 50,1% de Neoen, le flottant est de 28,8%.
Après ces 2 achats d’entreprises que j’observais depuis un bon moment, ma watchlist française est désormais réduite à la portion congrue : 2 « grosses cotes » illiquides, Compagnie du Cambodge (dans la galaxie Bolloré, 6900€ / action…) et la Société Fermière du Casino Municipal de Cannes (1700€ / action), et 3 nano caps d’Euronext Access (ex Marché Libre), que j’observe depuis des mois (ou des années…) mais que je n’arrive pas à acheter à cause de leur extrême illiquidité (donc je ne vais rajouter à la difficulté en les citant ici…).
Cela dit, je me méfie désormais de ces nano caps ultra-illiquides, après une expérience désagréable de radiation de la cote (Novae Aerospace) et après avoir été à 2 doigts de faire une grosse bêtise (achat raté du Laboratoire Les Trois Chênes une semaine avant l’arrestation de son fondateur dans une histoire de produits dopants pour le culturisme) - même si à cette heure rien ne prouve l’implication de la société. Cela dit, j’ai aussi de belles expériences dans le secteur, avec des valeurs connues des apprentis rentiers (parce qu’elles versent de beaux dividendes), comme Eaux de Royan, Neocom ou Imprimerie Chirat.
Je m’apprête maintenant à effectuer un renforcement de 15k$ sur mon CTO IB, avec un focus sur des capitalisations moyennes US (je descends petit à petit dans l’échelle des capitalisations avec mon screener) et une forte orientation croissance (comme d’habitude).
Hors ligne
#350 03/05/2019 20h29
- Scipion8
- Membre (2017)
- Réputation : 2535
J’ai terminé mon renforcement mensuel avec des achats d’actions américaines et émergentes. Encore un renforcement très offensif, car je continue de trouver des valeurs de croissance intéressantes (mais souvent chères) au fur et à mesure que je descends avec mon screener dans l’échelle des capitalisations (mon screener maison couvre maintenant 1100 valeurs, dont toutes les valeurs US de capitalisations > 4 milliards $ de façon exhaustive ; il me reste 600 valeurs dans le "pipeline" de mon screener, la plupart de capitalisations entre 500 milions $ et 4 milliards $).
Voici donc mes achats du mois :
Dans le secteur médical :
- Exact Sciences (EXAS, capi 13,4 milliards $) : inventeur du premier test ADN de selles pour la détection du cancer colorectal (berk mais super utile)
- PRA Health Sciences (PRAH, 6,1 milliards $) : une contract research organization (CRO) anciennement détenue par le fonds de private equity KKR
- CryoLife (CRY, 1,2 milliard $) : une firme spécialisée dans la conservation et la distribution d’organes humains pour transplantation, notamment des coeurs (à nouveau berk, à nouveau super utile)
- Repligen (RGEN, 3,1 milliards $) : un fournisseur des firmes pharmaceutiques pour la production de médicaments ; elle fournit notamment de la protéine A
Dans la technologie :
- Zoom (ZM, 20,3 milliards $) : un spécialiste de la communication vidéo via une plateforme cloud ; gros succès de l’IPO récente (d’habitude je préfère laisser "refroidir" plus longtemps les actions après une introduction en bourse)
- RingCentral (RNG, 9,7 milliards $) : plateforme cloud de communication / collaboration
- RealPage (RP, 6,0 milliards $) : logiciels pour la gestion immobilière
- Zebra Technologies (ZBRA, 11,1 milliards $) : équipements d’impression et de lecture d’étiquettes et codes-barres « intelligents »
- Chegg (CHGG, 4,4 milliards $) : services d’éducation en ligne – un thème important dans mon portefeuille (j’ai déjà des actions TAL Education et New Oriental Education en Chine, sur ce thème, et je regarde Strategic Education aux USA)
Dans les services financiers :
- Fidelity National Information Services (FIS, 38,0 milliards $) : logiciels et services de paiement pour le secteur bancaire ; acquisition en cours de Worldpay (qui m’intéressait fortement)
Dans les loisirs :
- Vail Resorts (MTN, 9,3 milliards $) : stations de ski aux USA, Canada et Australie – elle complète bien ma grosse ligne Compagnie des Alpes 😉
- World Wrestling Entertainment (WWE, 6,7 milliards $) : qu’on puisse s’intéresser à du catch me dépasse complètement, mais force est de constater que c’est un bon business (l’augmentation structurelle des dépenses de loisirs, débiles ou non, est un thème important de mon portefeuille)
- Sea Ltd (SE, 10,5 milliards $) : un producteur singapourien de jeux online (anciennement nommé Garena)
Plus old school :
- Ollie’s Bargain Outlet (OLLI, 6,1 milliards $) : un distributeur discount
- Rollins (ROL, 12,3 milliards $) : services de désinfection / élimination des nuisibles (rongeurs, termites, insectes)
Et finalement, en réfléchissant aux conséquences sociales et politiques du creusement des inégalités (bien réel aux USA, et ressenti, à tort ou à raison, en Europe) :
- Axon Enterprise (AAXN, 3,9 milliards $) : le fabricant du fameux Taser, et, de façon plus sympathique, de caméras portatives pour les forces de l’ordre ainsi que d’une plateforme cloud pour la gestion des preuves par la police
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