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2 #551 28/12/2019 18h45
- Scipion8
- Membre (2017)
- Réputation : 2535
@Bibike : Je qualifie Catana d’investissement spéculatif pour des raisons :
1) graphiques : l’action a pris +60% en un mois et demi. Cela signifie à mon sens qu’il y a une grande incertitude sur la valeur intrinsèque (= le prix de marché manifeste une distribution très étendue des estimations de valeurs intrinsèques).
2) sociologiques : le problème n’est pas tant que la hausse soit parabolique (cela m’arrive d’entrer sur une valeur dans ces conditions, en sous-dimensionnant ma position), que le fait qu’elle semble essentiellement alimentée par les petits porteurs. La suractivité du forum Boursorama, ainsi que la sociologie des participants et la tonalité des messages en sont une illustration anecdotique. Je serais beaucoup plus confiant si je voyais des fonds compétents à l’achat (je surveillerai les rapports de gestion).
J’ai vu les mêmes participants, avec les mêmes discours enthousiastes, les mêmes argumentaires grandiloquents, vanter Claranova, Budget Telecom, Pharnext, Poxel et bien des biotechs etc. (les valeurs les plus populaires sur les forums Boursorama) - avec des résultats très médiocres, sinon désastreux. Je me méfie de ces small caps avec un flottant important mais une capitalisation insuffisante pour les institutionnels, car leurs cours est essentiellement guidé par des petits porteurs souvent naïfs et grégaires, et pour certains manipulateurs (je ne suis pas un perdreau de l’année : je sais l’utilisation que certains font des forums).
J’ai appris de mes expériences personnelles, dont voici 3 exemples (des valeurs que j’ai regardées de près à un moment donné, la flèche indiquant le timing et le sens de ma décision), dans l’ordre chronologique :
Pour Catana, le cours me semble actuellement guidé par des petits porteurs surexcités (et sans doute par quelques manipulateurs), sur fond de nouvelles fondamentales (bien réelles !) sur l’entreprise. Donc je suis en phase d’observation :
En stock-picking comme dans la vie en général, ma philosophie est de faire beaucoup d’erreurs, et même toutes les erreurs - une seule fois.
3) sectorielles : j’ai bien noté l’amélioration des résultats de Catana et les perspectives d’activité pour 2020. Mais ce secteur reste extrêmement cyclique. C’est une fragilité fondamentale pour toutes les entreprises de ce secteur. Je suis actionnaire de Fountaine-Pajot et j’ai évité de peu l’achat de Beneteau, au moment où elle était à la mode, en 2017 :
Que les résultats et les perspectives à court terme pour Catana s’améliorent est clair. Que l’évolution récente du cours reflète la possibilité d’une conjoncture économique plus difficile est beaucoup plus contestable à mon sens. Et s’il y a une récession en 2020 ou 2021, Catana souffrira. Beaucoup - comme à chaque récession.
4) historiques : Catana a frôlé plusieurs fois la faillite, en 2003 avant sa reprise par Poncin, et en 2009 :
Cela reflète à mon sens (1) le caractère intrinsèquement difficile de ce secteur (très cyclique) et (2) la forte intensité concurrentielle dans ce secteur, Catana n’ayant pas forcément un avantage concurrentiel (en termes de qualité et de prix) incontestable.
Pour toutes ces raisons, je considère Catana, aux niveaux de prix actuels, comme un investissement spéculatif / risqué. Mais pas comme un mauvais investissement - si c’était le cas elle ne serait pas sur ma watchlist. Toute la complexité du dossier consiste à trouver le prix qui équilibre l’amélioration incontestable des fondamentaux de Catana avec les facteurs de risques mentionnés.
Je sais que je parle comme un hérétique, du point de vue d’un investisseur value, qui mesure le risque comme inversement proportionnel à la "marge de sécurité", mesurée par la différence entre le prix de marché et la "valeur intrinsèque" qu’il a estimée "objectivement". Perso je suis incapable d’estimer une valeur intrinsèque, ou plus exactement je suis capable d’estimer à peu près n’importe quelle valeur intrinsèque. J’ai beaucoup pratiqué la valorisation DCF comme analyste junior en M&A : après quelques mois de pratique, j’atteignais la valorisation voulue par mon chef avec une précision chirurgicale, sans même avoir à manipuler les projections de cash-flow (c’est assez inefficace, et surtout ça se voit trop). Il suffit de jouer sur les primes de risques dans le taux d’actualisation, c’est très efficace. Donc je préfère avoir une approche multi-dimensionnelle et objective du risque, dont les éléments mentionnés ci-dessus sont peut-être des indicateurs utiles (il y en a bien d’autres).
@Randomguy, FCP, Swingueur : je vous répondrai dans d’autres messages sur Visa, Unibail et Wavestone.
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1 #552 28/12/2019 21h01
- arracheur
- Exclu définitivement
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Bonsoir Scipion8,
Puis-je me permettre de vous demander combien de lignes vous avez en portefeuille ?
A vous lire, je comprends que vous faites un gros travail d’analyse, mais j’ai plus ou moins le sentiment que vous êtes un philatéliste plus qu’un boursicoteur tant vous diversifiez, cela au point de collectionner les titres.
Au fond, n’êtes-vous pas davantage intéressé par la détention que par la plus-value ?
Prenons le cas d’une ligne à 500€, même si vous multipliez votre mise par 10, ce qui n’arrive pas tous les jours quand même, au bout du compte vous n’aurez que 5000€.
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#553 28/12/2019 21h16
- Aigri
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Arracheur,
Je me permet de répondre à la place de Scipion.
Scipion a écrit :
mais ces 20 premières lignes ne représentent que 22% de mon portefeuille US (et environ 8% de mon portefeuille global), qui demeure extrêmement diversifié (environ 300 lignes aux USA, 600 lignes au total).
Pour vous guider, c’est 6 messages plus haut que le votre, c’est à dire le message #546.
Donne un cheval à celui qui dit la vérité, il en aura besoin pour s'enfuir.
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1 #554 28/12/2019 21h51
- bibike
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Bonjour Scipion,
Je vous remercie pour votre réponse de grande qualité.
Scipion8 a écrit :
Je sais que je parle comme un hérétique, du point de vue d’un investisseur value, qui mesure le risque comme inversement proportionnel à la "marge de sécurité", mesurée par la différence entre le prix de marché et la "valeur intrinsèque" qu’il a estimée "objectivement".
Et bien non, à vrai dire je n’ai pas grande contradiction à vous donner, je voulais surtout connaitre votre point de vue.
En fait je m’étonnais de votre qualificatif "spéculatif" mais mon avis est biaisé, j’ai achetée Catana fin novembre, sous 3 euros, car de nombreux indices laissaient penser que les résultats seraient excellents, et qu’elle devenait donc très bon marché.
Maintenant c’est clair que la hausse qui a suivi donne à réflexion, je n’ai pas encore fait les calculs pour savoir si c’est exagéré ou pas. Sur une micro-cap, une moindre variation d’activité/de profitabilité en absolu, peut avoir un impact important sur la valorisation…
Pas sûr qu’il y ait beaucoup d’institutionnels sur Catana vu la taille… Cela ferait des positions marginales pour les fonds.
Pour le côté cyclique, je ne connais pas assez bien la société ni le secteur, mais ils parlent beaucoup de leurs ventes auprès des loueurs … ce qui dynamise les ventes, même en cas de pression économique : rendre plus accessible les vacances de rêves sur leurs bateaux.
Pour la croissance à court terme, nous avons les infos sur le carnet de commandes, pour les marges, la réintégration de la menuiserie devrait aider, l’acquisition du chantier tunisien aussi.
Scipion8 a écrit :
je considère Catana, aux niveaux de prix actuels, comme un investissement spéculatif / risqué
Ok au prix actuel! Peut-être… à calculer
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1 4 #555 28/12/2019 23h02
- Scipion8
- Membre (2017)
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Bonsoir Arracheur,
Quelques statistiques sur mon portefeuille :
- France : 212 lignes (dont 1 non cotée, Novae Aerospace)
- Amérique Nord (essentiellement USA + nouveau portefeuille canadien) : 282 lignes
- Europe : 55 lignes (+17 la semaine prochaine)
- Emergents : 29 lignes
- Fonds & ETF : 13 lignes
Soit au total 591 lignes (608 la semaine prochaine). Je pense que le nombre de lignes se stabilisera autour de 700-750 lignes car je trouve de moins en moins d’entreprises respectant mes critères, donc diversifier davantage dégraderait la qualité moyenne du portefeuille (diworsification). La taille moyenne d’une ligne est actuellement de 1438€.
Je suis essentiellement buy & hold. Depuis le début du portefeuille fin 2016, je n’ai vendu que 10 lignes, sur OPA/OPR : Altran, Keyyo, Soft Computing, Millet Innovation, IGE+XAO, Direct Energie, Wessanen, Atrium European Real Estate, Oriflame Holding, Tableau Software. Une perte totale : Patisserie Valerie (fraude comptable).
J’ai une bonne mémoire à la base, probablement affûtée quand il s’agit d’argent (je suis Aveyronnais). J’organisais des batailles avec des centaines de petits soldats quand j’étais enfant. Ado et jeune adulte (et même toujours encore un peu), je jouais à des jeux de stratégie impliquant de gérer des dizaines d’unités (Age of Empires, Total War, pour ceux qui connaissent). Dans mon boulot je dois gérer des réformes de grande ampleur, avec des dizaines de workflows en parallèle. Pour moi la gestion d’un portefeuille diversifié est dans la continuité de toutes ces activités. Je peux expliquer quand et pourquoi j’ai acheté chacune des actions de mon portefeuille, mais ma connaissance de beaucoup des entreprises de mon portefeuille est évidemment assez superficielle.
Quelques idées générales qui guident ma gestion de portefeuille :
1) Le "suivi" des actions en portefeuille n’est nécessaire que s’il est justifié par une action possible (renforcement, allègement ou vente). Sinon, il est superflu (voire contre-productif et anxiogène pour certains). Je ne fais pas de "suivi" pour LVMH. Je dors sur mes actions LVMH (le "sit-on-your-ass investing" de Munger). S’il y a une grosse correction, je regarde un peu ce qui se passe et si tout est normal pour LVMH au niveau fondamental, je renforce.
2) J’adhère à la philosophie de la gestion passive, avec 2 nuances importantes :
a) Je ne considère pas les marchés comme parfaitement efficients. L’efficience varie au cours du temps, selon la taille des entreprises, et selon les informations (par exemple macro vs. micro).
b) Je ne considère pas comme fondamentalement impossible de distinguer des bonnes entreprises des mauvaises entreprises. Au contraire, je pense que c’est assez facile. LVMH est une excellente entreprise, par exemple. Renault est une entreprise médiocre, par exemple. LVMH a des avantages concurrentiels pérennes, Renault non. (Ce qui ne signifie pas que LVMH est nécessairement un bon investissement et Renault un mauvais investissement, aux cours actuels respectifs.)
Ces 2 nuances me conduisent à un choix d’instruments différents : portefeuille ultra-diversifié de titres vifs au lieu d’ETF Monde pour les puristes de la gestion passive. Je suis aussi réticent à exposer mon portefeuille à une couche (même marginale) de risque systémique, indissociable des ETF.
3) Le degré de diversification doit refléter le niveau de compétence de l’investisseur :
a) Pour un débutant ou une personne pas intéressée par l’investissement, les ETF sont un instrument très efficace.
b) Pour un amateur avec un goût pour l’investissement, un portefeuille très diversifié de titres vifs est approprié. Je ne comprends pas pourquoi des amateurs sans compétence prouvée concentrent leur portefeuilles sur 10, 20 ou même 50 lignes : ils prennent un risque majeur de sous-performer significativement l’indice, et dans la pratique c’est ce qui leur arrive le plus souvent.
c) Pour un investisseur expérimenté avec une vraie compétence, un portefeuille concentré sur ses convictions est approprié.
Je me range dans la catégorie (b), j’espère un jour accéder à la catégorie (c) (cela prendra beaucoup de temps, je pense).
4) L’investissement est un exercice mathématique d’optimisation de la performance ajustée du risque : il faut maximiser la performance tout en minimisant le risque. Chaque fois que j’ajoute une ligne à mon portefeuille, je réduis son risque idiosyncratique : donc si l’espérance de performance de la ligne ajoutée n’est pas inférieure à celle du portefeuille global, la décision d’ajouter cette ligne est rationnelle.
Il n’y a pas de limite, ni théorique ni pratique, au nombre de lignes : rien ne justifie de limiter ex ante le nombre de lignes - sinon le risque de diworsification à un certain point.
La limitation du nombre de lignes se justifiait dans l’ancien monde, quand les banques ou courtiers imposaient des frais de garde par ligne. L’élimination de ces frais rend possibles des portefeuilles ultra diversifiés comme le mien, même pour des amateurs avec des moyens relativement limités.
5) Je raisonne en termes de performance globale (ajustée du risque) du portefeuille, et non ligne par ligne. Mon portefeuille se définit avant tout par une espérance de performance, un certain niveau de risque (beta, volatilité, concentration sectorielle etc.) - et non par l’identité des lignes qui le composent. Chaque décision que je prends (nouvelle ligne, renforcement, allègement, vente) ne vise qu’à améliorer les caractéristiques globales du portefeuille - améliorer l’espérance de performance et/ou réduire le risque. De ce point de vue, l’identité des entreprises, ou le nombre de lignes, sont des paramètres absolument secondaires. En d’autres termes, je ne cherche pas à devenir nécessairement co-propriétaire de l’entreprise X, je cherche simplement à améliorer les caractéristiques du portefeuille en achetant X.
Chez moi dans le Sud-Aveyron, on construisait des faïsses sur les collines escarpées, des petits murs de pierre permettant d’aplanir le terrain pour leur exploitation agricole. Construire un portefeuille est exactement comme construire une faïsse : ce qui m’importe c’est que la faïsse soit solide, pas que les pierres qui la composent soient identiques ou qu’il y ait un nombre maximum de pierres ! De telles préoccupations sont simplement irrationnelles.
6) Il faut être gagne-petit pour gagner régulièrement, et beaucoup à terme. Si j’ai investi 1k€ sur une action, je suis content si la performance en fin d’année est de 50€ : ça me paie un resto avec ma copine. (Il m’est même arrivé de montrer à ma copine la valeur qui a payé le resto au moment de l’addition, pour qu’elle comprenne pourquoi j’investis.) L’avidité, l’impatience, le souhait de faire de gros gains très vite, sont punis en bourse - et c’est une saine morale que cela soit le cas.
Un gros investissement ne se justifie que si l’investisseur a un avantage concurrentiel démontré (dans la compréhension d’une entreprise, par exemple). 99% des boursicoteurs amateurs n’ont à mon sens aucun avantage concurrentiel (sauf éventuellement dans leur domaine d’activité professionnelle).
7) La seule mesure pertinente de la performance de mon portefeuille (ou de tout portefeuille) est sa performance relative à l’indice. Je ne fais aucunement une "collection". Mon objectif est uniquement de battre l’indice. Je juge que mon approche ultra diversifiée est la plus à même d’y parvenir, car elle correspond à mon degré de compétence actuel. Quand je serai plus compétent, j’ajouterai à ce portefeuille quasi-indiciel une seconde couche plus concentrée.
Donc mon approche ne sera validée que si elle surperforme l’indice de façon régulière. Si ce n’est pas le cas, je la remettrai en cause, pour éventuellement utiliser des ETF, malgré l’aversion que j’ai pour l’idée d’exposer mon patrimoine (hors placements bancaires) à un risque systémique (même marginal).
Cette année, mon portefeuille Interactive Brokers (38% du portefeuille global) surperforme le S&P500 de 6,5 points et un ETF Monde de 11,3 points, et mes portefeuilles français et européen performent en ligne avec leurs benchmarks respectifs. Donc grosso modo, le choix d’un portefeuille de titres vifs ultra diversifié plutôt qu’un ETF Monde m’aura rapporté environ 25k€ cette année (c’est mon "salaire" d’analyste junior : 2k€ par mois). Comme quoi, la philatélie rapporte ;-)
Ceux qui font le choix du 100% ETF, à portefeuille de taille égale, ont le confort de l’investissement lazy, mais se privent de ces 25k€ / an (+ ou -, selon leur compétence), et prennent en outre un risque systémique qu’ils ne comprennent généralement pas. A mon sens c’est assez irrationnel ;-)
J’ai bon espoir que cette surperformance se confirme ces prochaines années, car (a priori) je deviens plus compétent en stock-picking. Cela dit, je ne pourrai tirer de conclusion fiable sur mon approche que sur la durée (minimum 5 ans, peut-être ?).
Dernière modification par Scipion8 (29/12/2019 09h26)
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1 #556 28/12/2019 23h32
- cricri77700
- Membre (2014)
- Réputation : 738
“ENTJ”
Bonjour scipion8 :
Cette année, mon portefeuille Interactive Brokers (38% du portefeuille global) surperforme le S&P500 de 6,5 points et un ETF Monde de 11,3 points, et mes portefeuilles français et européen performent en ligne avec leurs benchmarks respectifs. Donc grosso modo, le choix d’un portefeuille de titres vifs ultra diversifié plutôt qu’un ETF Monde m’aura rapporté environ 25k€ cette année (c’est mon "salaire" d’analyste junior : 2k€ par mois). Comme quoi, la philatélie rapporte ;-)
Ceux qui font le choix du 100% ETF, à portefeuille de taille égale, ont le confort de l’investissement lazy, mais se privent de ces 25k€ / an (+ ou -, selon leur compétence), et prennent en outre un risque systémique qu’ils ne comprennent généralement pas. A mon sens c’est assez irrationnel ;-)
J’ai bon espoir que cette surperformance se confirme ces prochaines années, car (a priori) je deviens plus compétent en stock-picking. Cela dit, je ne pourrai tirer de conclusion fiable sur mon approche que sur la durée (minimum 5 ans, peut-être ?).
Comme le message est long , je recopie exceptionnellement le texte ou je souhaite répondre ( désolé pour la modo )
C’est très bien cette sur-performance , cela doit vraiment vous motivez à continuer et voir sur du long terme ce que ça va donner.
Quand à la privation de "25000" euros il faut relativiser :
- la plupart des investisseurs amateurs n’ont pas votre niveau de connaissance.
- la plupart des investisseurs n’ont pas la valorisation de votre portefeuille.
Concernant le risque systémique et la compréhension, c’est moins dangereux un ETF monde pour le Pékin moyen que d’investir sur des entreprises en direct alors qu’il comprend généralement rien !
Si on prend en compte le bénéfice/risque !
Pas si irrationnel que ça !
Concernant les 5 ans ; je pense également que c’est une durée assez longue pour voir si vous êtes meilleurs que le marché !
Je vous le souhaite vraiment et vous remercie de partager votre expérience qui est fort intéressante.
Je suis avec attention votre parcours même si je comprends 20% de ce que vous dites ( trop complexe pour moi )
Utilise ta connaissance et ne te noie pas dedans!
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1 #557 29/12/2019 11h07
- Samuel222
- Membre (2016)
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Scipion8 a écrit :
La suractivité du forum Boursorama, ainsi que la sociologie des participants et la tonalité des messages en sont une illustration anecdotique. Je serais beaucoup plus confiant si je voyais des fonds compétents à l’achat (je surveillerai les rapports de gestion).
Bonjour Scipion8,
Avez-vous vu que le fonds INDÉPENDANCE ET EXPANSION - EUROPE SMALL était rentré sur le titre en octobre ? Son encours modeste le lui permet sans doute.
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1 #558 29/12/2019 17h07
- Scipion8
- Membre (2017)
- Réputation : 2535
bibike a écrit :
Pas sûr qu’il y ait beaucoup d’institutionnels sur Catana vu la taille… Cela ferait des positions marginales pour les fonds.
Je pensais comme vous, mais finalement il semble qu’il y ait pas mal d’institutionnels au capital de Catana. Selon Morningstar :
Au-delà du cas particulier de Catana, les institutionnels (à nouveau, contrairement à ce que je pensais intuitivement) sont assez présents sur pas mal de micro caps de la cote française (capi < 150 millions €), malgré la relative illiquidité de ces actions.
En utilisant les données de Morningstar sur un échantillon (non exhaustif) de 180 valeurs françaises avec une capitalisation < 300 millions € :
Si on différencie les valeurs de la cote principale d’Euronext des segments Euronext Growth (anciennement Alternext) et Euronext Access (anciennement Marché Libre) :
Il semble même qu’il n’y ait pas vraiment de taille minimale pour qu’un institutionnel intervienne au capital d’une microcap : par exemple, HMG Découvertes a 9,99% du capital d’Aquila (capi 10,9M€), Lazard Investissement Microcaps a 5,2% d’Orapi (15,5M€), Quadrige Rendement a 7,2% de Tivoly (24,2M€), Plucalva Initiatives PME a 4,3% de Prismaflex (9,8M€). Des boîtes beaucoup plus petites que Catana.
D’autres boîtes plus petites que Catana ont une présence importante des institutionnels au capital : Ateme (capi 119,6M€, 31,2% d’institutionnels), Installux (102,1M€, 11,1%), Lacroix (98,9M€, 15,9%), Visiativ (95,1M€, 12,8%), Hérige (85,6M€, 12,4%), Groupe Open (85,5M€, 25,5%), Global Bioénergies (24,6M€, 17,1%), Ymagis (13,5M€, 19,3%).
Mon impression est que certains fonds appliquent un seuil minimal de capi (et/ou de flottant, et/ou de liquidité) pour pouvoir prendre une participation au capital d’une entreprise, alors que d’autres (parfois spécialisés sur les microcaps ou les situations spéciales) n’ont pas vraiment ces contraintes (même si ce doit être coton pour eux de construire des positions significatives sur des microcaps illiquides).
Quelques précautions importantes dans l’interprétation de ces données :
- Les données de détention institutionnelle de Morningstar ne me semblent pas 100% fiables : possibilités de double comptage. Sur HF Co, il y a clairement une erreur (les institutionnels sont donnés à plus de 100% du capital).
- Il s’agit ici du pourcentage du capital détenu par les institutionnels. Une autre donnée intéressante serait de calculer le pourcentage du flottant (ou pour être plus précis, du capital détenu hors actionnaires majoritaires, familiaux, et auto-détention) détenu par les institutionnels.
- Dans certains cas, les institutionnels ont pris une participation au capital d’une entreprise alors qu’elle était beaucoup plus grosse en termes de capitalisation boursière… avant la catastrophe. Un exemple fameux est Ymagis, qui avait (et a toujours) un très beau tour de table institutionnel… ce qui ne l’a pas empêchée de se planter en beauté.
Je colle les données complètes ci-dessous pour ceux que ça intéresserait.
@Samuel222 : Merci beaucoup pour l’info, très utile pour moi dans ma réflexion sur Catana. ça m’avait échappé car je regarde surtout le fonds français d’I&E. Ce sera intéressant de voir si le fonds I&E France suit ou non le fonds I&E Europe : sur les principales convictions de W. Higgons, on observe souvent une double détention. Je me demande si le choix de Catana a été fait par W. Higgons ou par le fiston, qui me semblait avoir un rôle clef dans la constitution du fonds Europe…
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------
@Cricri : Merci pour vos encouragements. Je vous rejoins sur la nécessité de relativiser ma surperformance (assez modeste) de cette année : c’est au fil du temps qu’on pourra en juger. Et oui, cela aurait pu tout à fait être une sous-performance : tout stock-picking (même avec le meilleur travail d’analyse) implique ce risque de sous-performance.
Je faisais un peu de provocation hyperbolique (je suis du Sud) en disant que le 100% ETF était "irrationnel"… Ce qui serait irrationnel, ce serait qu’un investisseur ayant des capacités analytiques supérieures (et du temps, et de l’intérêt pour l’investissement etc.) n’ose aucun stock-picking et se range d’emblée au 100% ETF. Ce choix aurait peut-être un coût d’opportunité. Je n’ai aucune idée de mes capacités analytiques, et surtout de la possibilité ou non de les "monétiser" par du stock-picking, mais dans le doute je préfère me donner cette chance - sans prendre trop de risque, donc en diversifiant à l’extrême.
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#559 29/12/2019 17h20
- BulleBier
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100% d’accord sur Catana, c’est une cyclique de faible qualité pompée par le momentum comme beaucoup de small caps françaises, ca me rappelle mgi Coutier (akwel) ou la fin du rallie ne faisait plus sens. D’ailleurs dernierement les fondamentaux se degradent.
Il faut rester prudent sur les cycliques a part si l’on fait du trading. Ce genre d’entreprises est a acheter en 2010-2012 pas maintenant. Si l’on veut vraiment du cyclique le bas de cycle est sur certaines matières premieres en ce moment.
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#560 29/12/2019 19h19
- doubletrouble
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@BulleBier : ce qui ressort actuellement sur mes screeners, ce sont essentiellement des entreprises liées au secteur de la construction (acier, ciment, briques/céramique), de l’emballage et du papier/plastique (papier, cartonnerie, pulpe de bois, empaquetage), des boîtes turques, et les pétrolières. Est-ce que celà correspond aux secteurs auquels vous pensez ?
✯ Mangia bene, caca forte, e non aver paura della morte.
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#561 29/12/2019 19h54
- BulleBier
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Les screeners ne sont pas tres utiles sur les cycliques, il faut voir le prix sur profit normalisé du cycle. Un P/e de 8 mais suivi par des années de contraction finalement est cher.
L’automobile, la construction est en haut de cycle ou en milieu de cycle au pire (sauf si on attend une forte croissance en Europe et le plein emploi bientôt). Le para pétrolier est en bas de cycle c’est certain. La Turquie semble en bas de cycle mais je n’en suis pas spécialiste.
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#562 29/12/2019 21h38
- bibike
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@Scipion8 : merci pour cette compilation.
Cela signifie que contrairement à ce que l’on lit souvent, en tant que petits porteurs nous n’avons pas forcément un avantage lié à la taille par rapport aux institutionnels, avec des marchés qui seraient inexplorés par ces derniers et donc source d’inefficience. Même sur des micro-caps voir des nanos d’après vos données. Certes des fonds contenant le mot "Micro" dans leur nom comme Moneta Micro Entreprises, cela devrait nous mettre la puce à l’oreille, mais ces fonds détiennent également des actions du CAC40…
Ce qui a peut-être changé, par rapport aux livres historiques que nous aimons lire, est l’informatisation des ordres, on voit de plus en plus d’ordres "robots" sur les valeurs cotant au fixing, qui nous passent devant au dernier moment (alors qu’on passe déjà notre ordre au dernier moment mais manuellement..) et qui ramassent précisément le CO vendeur. Les ordres algorithmiques doivent être idéaux pour amasser sans trop remuer sur des titres peu liquides.
Après tout, nous même avons accès à des ordres conditionnels cumulant de plus en plus de facteurs.
Par contre, il y a quand même un avantage sur ces capitalisations, c’est le flux.
Quand les fonds spécialisés sur ces capitalisations subissent trop longtemps la décollecte, alors le manque de profondeur du CO de ces titres est créateur d’inefficience dont nous tentons de profiter.
Edit : ajout source MME
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1 #563 30/12/2019 02h06
- Scipion8
- Membre (2017)
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@Bibike : globalement d’accord avec vous ; je pense qu’il faut distinguer entre :
- les différents types de fonds small / micro-caps : je pense que la plupart ciblent des capitalisations > 100M€ (mais si le cours s’effondre, ils peuvent se retrouver actionnaires de nano caps). Et il y a d’autres fonds qui semblent délibérément cibler des situations spéciales avec un flottant limité (chances d’OPR) et n’ont pas peur de rentrer sur des nano caps avec une liquidité limitée : c’est manifestement le cas de HMG Découvertes, par exemple.
- les différents segments de la cote : effectivement, ces données suggèrent que le degré d’efficience du cours de certaines micro caps, voire nano caps, est peut-être plus important, du fait de la présence d’institutionnels, que ce qu’on pouvait communément supposer. Cela dit, il faut différencier (i) la cote Euronext principale, où la présence d’institutionnels au capital est quasiment la règle (les nano caps de ce segment sont souvent des entreprises ayant subi un effondrement du cours), (ii) Euronext Growth, où il semble y avoir une segmentation entre les entreprises où il y a des institutionnels au capital et les autres, et (iii) Euronext Access (ex Marché Libre), où l’on ne trouve quasiment jamais d’institutionnels au capital. Je pense que le fait qu’il s’agisse d’un marché non réglementé, avec des pratiques de communication très inégales des entreprises cotées sur ce segment, est un obstacle infranchissable à l’entrée de la plupart des institutionnels. Donc a priori, il doit rester de belles inefficiences de marché dans ce dernier segment, et d’ailleurs il me semble observer une migration (rationnelle) des investisseurs value vers ce segment. Cela dit, des "micro-institutionnels" du type family offices sont sans doute actifs sur certaines de ces valeurs d’Euronext Access.
Je vous rejoins sur l’idée que les flux de collecte / décollecte sont un facteur majeur influençant le cours des micro caps, créant sans doute des opportunités pour un investisseur value avec une perspective de long-terme.
-------------------------------------------------------------------------------------------------
C’est dans ce contexte que j’envisage des renforcements sur certaines valeurs massacrées (éventuellement "décotées", à vérifier) de mon portefeuille (des valeurs qui n’ont quasiment pas rebondi depuis la forte correction de 2018).
J’ai mis à jour mon fichier "Désastres", qui compile toutes mes lignes en moins-value latente de 50% ou pire (les dividendes versés ne sont pas pris en compte) : 39 lignes au total (soit 6,6% de mes lignes), pour une valeur totale actuelle de 14,3k€ (1,66% du portefeuille total) et une perte latente totale de 26,6k€ (ouille !). Pour chaque valeur, j’évalue s’il reste un espoir ou non :
J’estime qu’il n’y a plus ou que peu d’espoir pour environ la moitié de cette poche "Désastres", alors que pour l’autre moitié des renforcements plus ou moins spéculatifs pourraient être tentés (notamment sur des valeurs cycliques à mon sens un peu trop sous-évaluées).
La mise en rapport de ces désastres avec mes différents portefeuilles géographiques illustre :
a) un point d’entrée beaucoup plus défavorable sur les small caps françaises (2017) et sur les valeurs européennes (début 2018) que sur les valeurs US (fin 2018-2019)
b) la difficulté de faire du stock-picking sur les marchés émergents (qualité incertaine des comptes publiés, accès plus restreint à l’information, risques politiques etc.)
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#564 30/12/2019 06h03
- Carabistouilles
- Membre (2017)
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Scipion8 a écrit :
[b]
En stock-picking comme dans la vie en général, ma philosophie est de faire beaucoup d’erreurs, et même toutes les erreurs - une seule fois.
Pourriez-vous développer ce sujet ?
Appliquez-vous la notion de moat dans votre stratégie ?
Est ce qu’il y a des secteurs que vous sous-pondéré ? Le secteur technologique est au top sur les 10 dernières années, à l’inverse du secteur énergétique. Quid des 10 prochaines années ?
Mesurez-vous l’écart entre croissance de L’EPS vs PE Ratio ou le PEG ?
Merci par avance,
Carabistouilles
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2 #565 30/12/2019 10h36
- Scipion8
- Membre (2017)
- Réputation : 2535
@Carabistouilles :
1) Rien d’original : on apprend de ses erreurs beaucoup plus que de ses succès. L’important est d’identifier les raisons de ses erreurs et d’en tirer les enseignements.
Une approche de stock-picking très diversifiée comme la mienne permet de faire beaucoup d’erreurs en peu de temps, avec un impact faible / modéré sur la performance globale du portefeuille, donc d’accélérer le processus d’apprentissage, sans se décourager.
Je passe plus de temps sur mes valeurs en forte moins-value (d’où la mise à jour régulière de ce fichier "Désastres") que sur mes valeurs en nette plus-value, que je laisse travailler tranquillement. Cela me permet de réfléchir aux erreurs dans mon processus d’investissement (je me souviens des éléments déclencheurs de l’achat pour chacune de mes valeurs en portefeuille), et à ne pas les réitérer.
Quelques exemples de raisonnements erronés que j’ai eus dans le passé, conduisant à de fortes moins-values :
a) Biotechs : au début de la construction de mon portefeuille fin 2016, j’ai acheté un panier d’une dizaine de biotechs françaises (Poxel, Nanobiotix, Genfit, Gensight, Valneva, Cerenis, Cellectis, Innate, Erytech…), en complément de large caps françaises majoritairement de qualité. J’étais conscient des risques bien plus élevés sur les biotechs, mais mon raisonnement était qu’un portefeuille diversifié doit comprendre une poche de valeurs spéculatives, avec un risque plus important que le reste, dans les 2 sens. En prenant un panier de biotechs, je pensais diversifier le risque au sein de cette poche spéculative (l’idée étant qu’une ou 2 biotechs finiraient bien par percer, compensant les pertes sur les autres).
Ce raisonnement était erroné car en diversifiant sur un panier j’ai cru pouvoir me dispenser d’une analyse des risques sur chaque valeur, alors que je suis incompétent sur les biotechs et que ce sont clairement des paris très risqués du type "ticket de loto". Je ne suis pas devenu plus compétent sur les biotechs ; en revanche j’intègre désormais des éléments d’évaluation du risque, par exemple l’identification de la phase de recherche ou de commercialisation des médicaments, et des indicateurs de marché comme les positions short en pourcentage du flottant.
b) Ymagis : Comme expliqué ici, l’élément déclencheur de mon achat d’Ymagis a été son très beau tour de table, réunissant des fonds a priori compétents - alors que l’entreprise avait des fondamentaux très fragiles (ce qui apparaissait bien sur mon screener). Mon raisonnement était erroné : des stratégies "suivistes" sont rarement pertinentes si elles ne s’appuient pas sur une analyse fondamentale minimale. Désormais je suis très prudent dans la prise en compte de l’actionnariat : ce n’est jamais un facteur suffisant pour déclencher un achat. Mon analyse est toujours fondamentale et personnelle au départ.
c) Innelec : J’ai acheté Innelec quasiment au plus haut, lors d’une phase de hausse parabolique du cours. Les facteurs déclencheurs de mon achat ont été (i) la crainte de louper une belle opportunité et (ii) le fait que la valeur était "recommandée" par certains joueurs expérimentés au JeuTheBull. Alors que je me méfie naturellement du FOMO (Fear Of Missing Out), la conjonction des 2 facteurs m’a fait acheter Innelec au pire moment, sans calibrer ma position selon le risque.
Evidemment mon raisonnement était doublement erroné (FOMO + suivre sans réfléchir). Il m’arrive toujours d’acheter des valeurs lors de phases de hausse parabolique mais (i) sur la base d’une analyse personnelle, (ii) après avoir identifié les facteurs de risque (je regarde notamment les positions short en % du flottant), et surtout, (iii) en sous-dimensionnant ma position (500€ au lieu de 1k€, par exemple) pour tenir compte du risque élevé.
En multipliant les expériences de stock-picking et les erreurs de ce genre, puis en en tirant les enseignements, je dois peu à peu améliorer ma compétence de stock-picking (pas simplement sur la sélection des valeurs, mais aussi et surtout dans la gestion des risques).
2) Oui, avec le temps, je suis de plus en plus convaincu que l’objectif de l’investisseur de long-terme doit être d’identifier des entreprises avec un avantage concurrentiel (moat) durable, comme le conseille Buffett. Il y a beaucoup d’entreprises, leaders dans leur domaine, avec des avantages concurrentiels. C’est beaucoup plus rare de trouver des entreprises avec des avantages concurrentiels durables. LVMH en est pour moi un bon exemple. Visa, Apple, Microsoft, Amazon, Google sont toutes d’excellentes entreprises avec de clairs avantages concurrentiels, mais elles ne sont pas à l’abri de disruptions technologiques, même à un horizon relativement court.
Evidemment, ça semble un peu subjectif de décréter que telle ou telle entreprise a un avantage concurrentiel ou pas. Mais on peut à mon sens en trouver des indications objectives :
a) un chiffre d’affaires croissant
b) une part de marché croissante
c) des marges importantes, régulières, voire en progression, signalant un bon pricing power, une qualité supérieure des produits, et/ou une clientèle captive (je regarde le ROE, mais le ROCE lui est peut-être supérieur)
d) une capacité à dominer un marché malgré un management peu brillant ou charismatique
Peter Lynch a écrit :
When somebody says, “Any idiot could run this joint,” that’s a plus as far as I’m concerned, because sooner or later any idiot probably is going to be running it.
3) Mon approche du stock-picking est top-down et part d’une perspective macro : je réfléchis à l’évolution de long-terme des différents secteurs dans le PIB mondial. Je surpondère les secteurs dont le poids dans la consommation mondiale devrait augmenter sur le long terme (technologie, loisirs, santé, finance hors banque, animaux de compagnie…). Je sous-pondère les secteurs dont le poids dans la consommation mondiale devrait continuer à diminuer sur le long terme (énergie, utilities, matières premières, télécoms…).
Evidemment, je peux complètement me tromper sur cette vision macro de long terme, mais il s’agit à mon sens d’une évolution de très long terme, irréversible :
- Nous sommes de plus en plus en plus consommateurs de biens et services immatériels, d’intelligence, de créativité, de conseils.
- Nous sommes de moins en moins consommateurs de biens purement matériels.
Ces tendances séculaires devraient s’accentuer avec l’intelligence artificielle et les préoccupations environnementales.
Ces tendances se voient aussi dans la valorisation des différents métiers : je suis ingénieur généraliste de formation, je connais les salaires pour les ingénieurs dans les différents secteurs, et je sais que mes compétences sont beaucoup mieux valorisées en finance (par exemple) que dans l’industrie traditionnelle.
Cela ne veut évidemment pas dire qu’un investissement dans la techno sera forcément pertinent, et qu’un investissement dans l’énergie sera forcément perdant sur le long-terme. Cela signifie simplement qu’en termes probabilistes, pour un investisseur de long-terme comme moi, il est préférable de surpondérer les secteurs structurellement croissants (et d’essayer de trouver, au sein de ces secteurs, les entreprises avec des avantages concurrentiels durables).
4) Parmi les ratios de valorisation, mes préférés sont ceux qui mettent en rapport la valorisation des résultats actuels (ou prévus sur l’exercice en cours) avec la croissance : PEG, VE/EBITDA/G, P/S/G. J’utilise souvent une représentation graphique croissance / valorisation, qui permet de visualiser ces ratios d’un coup d’oeil pour une sélection de valeurs.
Je suis prêt à payer des ratios de valorisation élevés, mais uniquement s’il y a un vrai potentiel de croissance (= une forte probabilité d’avantage concurrentiel).
Pour la croissance (G), j’utilise généralement la croissance du chiffre d’affaires (croissance annuelle moyenne passée sur les 3 derniers exercices et prévue par le consensus des analystes sur les 3 prochains exercices), et non la croissance des résultats ou de l’EPS. Pour plusieurs raisons :
- Une raison technique : les ratios de croissance des résultats ou de l’EPS ne sont pas pertinents pour des valeurs en ultra-croissance, souvent déficitaires car en phase d’investissements et de conquête de parts de marché.
- Une raison de gestion des risques : pour les valeurs de croissance, les entreprises et les analystes prévoient / promettent souvent à la fois une croissance du chiffre d’affaires et une amélioration des marges. Or, la seconde me semble plus difficile à prévoir car elle dépend notamment de l’environnement concurrentiel. En utilisant la croissance du chiffre d’affaires et non de l’EPS, j’utilise donc une estimation de la croissance souvent plus prudente. Toute amélioration des marges est dès lors du "bonus" pour moi.
Dernière modification par Scipion8 (30/12/2019 11h26)
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#566 30/12/2019 11h53
- JeromeLeivrek
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Scipion8 a écrit :
Mon raisonnement était erroné : des stratégies "suivistes" sont rarement pertinentes si elles ne s’appuient pas sur une analyse fondamentale minimale. Désormais je suis très prudent dans la prise en compte de l’actionnariat : ce n’est jamais un facteur suffisant pour déclencher un achat. Mon analyse est toujours fondamentale et personnelle au départ.
Tout à fait. Pour être suiviste, il faut être prêt à perdre de l’argent sans en comprendre la raison. C’est quasi impossible. Je déconseille aussi l’approche. Pareil pour l’actionnariat, un fonds au capital ne m’indique le plus souvent rien de bon : la hausse a déjà eu lieu, et il y a un potentiel de baisse si le fonds décide de liquider (exemple, Gaumont arrivé à 150 € : les fonds sont déjà entrés au capital, et il faut attendre un sacré paquet de temps avant que ceux qui décident de liquider aient fini de le faire…).
Scipion8 a écrit :
la crainte de louper une belle opportunité […] Alors que je me méfie naturellement du FOMO (Fear Of Missing Out)
Oui. C’est selon moi la pire erreur car c’est la plus difficile à éviter et celle qui nous fait perdre le plus d’argent. Une vraie plaie dont je n’ai pas encore réussi à me débarrasser.
Blog : Le projet Lynch.
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2 #567 30/12/2019 13h05
- Scipion8
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@JeromeLeivrek : 3 antidotes possibles contre le FOMO (je les utilise sur moi) :
a) Créer une file d’attente : c’est le remède le plus simple mais ça suppose d’avoir un portefeuille (très) diversifié, comme le mien. J’achète chaque mois les actions dont je suis le plus convaincu, et je mets celles qui restent sur une file d’attente dans laquelle je puiserai le mois prochain (en suivant mes convictions à ce moment-là). Evidemment, ça n’élimine pas les regrets (ce matin je viens d’acheter une action Givaudan 500 CHF plus cher que le cours indiqué lors de son ajout sur ma buylist…), mais si on regarde trop dans le rétroviseur on ne s’en sort plus.
b) Créer un portefeuille virtuel FOMO : c’est un moyen très simple de réaliser ses biais de perception : je crée sur une application (Investing, par exemple) un portefeuille virtuel "FOMO", avec les actions qui me font vraiment hésiter (envie + crainte), sans les acheter. Je regarde de temps en temps la performance globale du portefeuille FOMO par rapport au portefeuille réel : je me rends compte qu’il y a du bon et du mauvais dans ce portefeuille FOMO, et en tout cas pas de surperformance par rapport au portefeuille réel. Cela permet de comprendre le biais de perception à la racine du FOMO - le même biais de perception qui nous donne l’illusion que la file d’à côté avance toujours plus vite à la caisse du supermarché.
c) Céder au FOMO… un petit peu : je me suis rendu compte qu’à partir d’un certain montant (en gros 500€, dans mon cas personnel) investi sur une valeur, je ne ressentais plus de FOMO sur une valeur qui m’attirait (avec le mélange envie + crainte). Donc si vraiment une valeur m’encombre l’esprit, j’investis 500€ dessus et je n’y pense plus : je peux ensuite l’évaluer avec plus de lucidité. Si elle a bien performé, tant mieux (même si mon gain monétaire sera dérisoire) ; si elle s’avère mauvaise, ce n’est pas si grave, j’aurai bien calibré mon risque. Evidemment, cela suppose psychologiquement d’être à la fois "gagne-petit" (c’est mon cas) et de voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide (c’est mon cas aussi, je me focalise sur le gain monétaire, même modeste, plutôt que sur le coût d’opportunité de ne pas avoir investi davantage). Cette approche suppose de diversifier un peu le portefeuille, mais il s’agit d’une diversification optique (en nombre de lignes) bien plus que réelle : on peut avoir dans son portefeuille des grosses lignes de conviction et quelques lignes "FOMO" (que j’appelle souvent "spéculatives") de taille très modeste.
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#568 30/12/2019 13h31
- FrenchFlair
- Membre (2017)
- Réputation : 58
Bonjour Scipion,
Sur le sujet "Désastres" :
Scipion8 a écrit :
J’ai mis à jour mon fichier "Désastres", qui compile toutes mes lignes en moins-value latente de 50% ou pire (les dividendes versés ne sont pas pris en compte) : 39 lignes au total (soit 6,6% de mes lignes), pour une valeur totale actuelle de 14,3k€ (1,66% du portefeuille total) et une perte latente totale de 26,6k€ (ouille !). Pour chaque valeur, j’évalue s’il reste un espoir ou non :
J’estime qu’il n’y a plus ou que peu d’espoir pour environ la moitié de cette poche "Désastres", alors que pour l’autre moitié des renforcements plus ou moins spéculatifs pourraient être tentés (notamment sur des valeurs cycliques à mon sens un peu trop sous-évaluées).
Il me semble que le potentiel sur U10 est actuellement important. Le chiffre d’affaire, ainsi que les résultats sont enfin en hausse sur le dernier semestre et la société semble être sur une bonne dynamique commerciale.
Les importantes baisse de rentabilité sur les dernières années semblent avoir été provoqué par la perte de clients qui ont déposé le bilan. Le PDG semble avoir redressé la barre en trouvant de nouveaux relais de croissance (notamment à l’international) pour pallier à cela.
Je ne sais pas quel est votre niveau de connaissance du dossier, mais je vous invite amicalement à le creuser pour ne passer à côté d’une belle opportunité.
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#569 30/12/2019 20h42
- Este59014
- Membre (2014)
- Réputation : 77
Bonjour Scipion,
Concernant NIO, nous allons pouvoir reprendre espoir :
NIO EPS beats by $0.02, beats on revenue - NIO Limited (NYSE:NIO) | Seeking Alpha
Cordialement,
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5 #570 01/01/2020 22h49
- Scipion8
- Membre (2017)
- Réputation : 2535
Bilan 2019 de mon portefeuille boursier : en résumé : une année très correcte (TRI +28,9%), mais loin des espoirs que j’avais formés vers l’été. Néanmoins 2019 restera une année clef dans ma progression vers l’indépendance financière.
Pour chaque "poche" de mon portefeuille boursier, je fais un bilan de 2019, avant de définir les orientations pour 2020.
a) CTO France (303,5k€, +26,3%) :
- Bilan 2019 : il s’agit de la "couche" originelle de mon portefeuille boursier, construite essentiellement à partir de décembre 2016 sur la base d’une approche essentiellement GARP + dividendes (à ma sauce). Sa performance 2019 me semble correcte compte tenu du poids important des small caps françaises, pas à la fête jusqu’à l’automne. Il surperforme légèrement son benchmark. Surtout, ce portefeuille de rendement "a fait son job" en couvrant environ 56% de mes dépenses annuelles totales (19,4k€ de retraits), me permettant ainsi d’épargner l’essentiel de mes revenus professionnels (en $).
- Principales lignes : Comme toutes les poches de ce portefeuille, ce CTO est extrêmement diversifié. Ses premières lignes sont Air Liquide (28,9k€), 2 fonds LBPAM Actions France (25,9k€ et 20,2k€ - il faudrait que je regarde leur perf de plus près pour éventuellement les remplacer par des ETF…), LVMH (9,9k€), Icade (9,7k€), Covivio (8,1k€), Klépierre (7,8k€), L’Oréal (6,6k€), Unibail (5,1k€), Schneider Electric (5,0k€) et AXA (5,0k€).
- Orientations 2020 : Je ne prévois pas de renforcement majeur de ce portefeuille en 2020, pour 3 excellentes raisons : (i) je dois réduire le poids de la France dans le portefeuille global (cf. ci-dessous), (ii) je suis relativement confiant dans mon avenir professionnel au-delà du terme de mon contrat actuel (fin mai 2020) et je souhaite limiter le frottement fiscal des dividendes, et (iii) mes PEA sont loin d’être au plafond de versement. Je prévois néanmoins environ 10k€ de versements en 2020 pour reconstituer des lignes BNP Paribas et Total, que j’ai quasiment liquidées en octobre pour financer des dépenses importantes. Du coup, a priori je ne prévois pas de renforcements sur mes foncières françaises : ça tombe bien, je ne sais pas trop qu’en penser ;-)
b) PEA (France, 109,7k€, +23,0%) :
- Bilan 2019 : Allouant l’intégralité de mes flux d’épargne à mon portefeuille américain (et en toute fin d’année à mon portefeuille européen), je n’ai effectué aucun versement sur mon PEA, qui reste loin du plafond (versements cumulés de 107k€). La performance 2019 n’est pas terrible, il sous-performe son benchmark. Je n’ai fait aucun mouvement pendant l’année hors réinvestissement des dividendes.
- Principales lignes : Un facteur défavorable à la performance a longtemps été le fort poids de la Compagnie des Alpes, une grosse ligne que j’avais constitué d’un coup avec un timing malheureux, pour pouvoir immédiatement décrocher l’avantage du club actionnaires (forfait ski), pour mes proches. L’action a bien rebondi ces derniers temps. Outre la Compagnie des Alpes (11,9k€), les principales lignes sont Nexity (4,5k€), AXA (3,8k€), Scor (3,3k€), IDI (3,1k€), Vinci (3,0k€), Kaufman & Broad (2,8k€)… Bref, du solide (a priori) mais rien d’excitant.
- Orientations 2020 : Je prévois des renforcements (idéalement, jusqu’au plafond soit 43k€) sur des valeurs non éligibles au PEA-PME, avec une approche majoritairement orientée qualité (LVMH, Hermès, Kering, Dassault Systèmes, Safran, Sartorius Stedim, Eurofins, Teleperformance, Rubis…), éventuellement complémentée par quelques paris value (Stef, Odet, Manitou, Akwel, Pierre & Vacances, je regarderai Imerys mais a priori je n’aime pas).
c) PEA-PME (France, 23,3k€, +9,4%) :
- Bilan 2019 : à mon précédent point d’étape mi-novembre, ce portefeuille avait encore l’honneur discutable d’afficher une performance négative en cette excellente année boursière. Il a été constitué au pire moment, quasiment au point culminant de la bulle des small caps fin 2017. A l’image de beaucoup de portefeuilles "value" du forum, il a connu un joli mois de décembre, qui lui permet de faire (un peu) moins mauvaise figure, même s’il sous-performe toujours nettement son benchmark. Avec 28k€ de versements cumulés, ce PEA-PME est très loin de son plafond de versement. En 2019, aucun apport, aucun mouvement hors réinvestissement des dividendes.
- Principales lignes : Les Nouveaux Constructeurs (1,9k€), Moulinvest (1,6k€), Bigben Interactive (1,2k€), SII (1,2k€), Hitechpros (1,1k€), Thermador (1,1k€), Wavestone (1,0k€)…
- Orientations 2020 : Les principales lignes de ce PEA-PME me semblent pertinentes pour 2020 et j’envisage de les renforcer. D’autres candidats possibles à des renforcements sont, avec une optique qualité / croissance, Devoteam, Robertet, Esker, MGI Digital, IDI, Infotel, Gérard Perrier, Microwave Vision, et avec une approche plus value, NRJ, Hexaom, SFPI, Installux, Keyrus, Groupe Open. Je regarde Catana avec méfiance et je garde un oeil sur Partouche (mais a priori je n’aime pas). Au total, j’envisage environ 30k€ de versements sur ce PEA-PME en 2020, donc il me faudra faire des choix.
d) CTO Binck (Europe, 88,9k€, +25,1%) :
- Bilan 2019 : Ce portefeuille avait été initié aussi à un moment défavorable, au 1er semestre 2018, avec un cocktail pour le moins sous-optimal de cycliques allemandes et de valeurs italiennes (juste avant l’accession des populistes au pouvoir…). Il avait donc beaucoup souffert au 2e semestre 2018. Il a rebondi correctement en 2019, surperformant légèrement face à son benchmark. Quand je vois la liste des actions, je me dis que je faisais un peu n’importe quoi (c’était une approche hybride value + dividendes), mais au final j’ai quand même fait quelques belles prises. J’ai renforcé massivement ce portefeuille (versements de 26k€) en toute fin d’année, pour initier un portefeuille canadien et pour commencer à "apurer" ma buylist européenne, qui commençait à devenir longue au fil de mes lectures.
- Principales lignes : Eolus Vind (3,1k€), Givaudan (2,8k€ - 1 action…), DWS Aktien Strategie Deutschland (2,6k€), Marimekko (2,5k€), Nemetschek (2,1k€), Interroll (2,0k€), Sextant PEA (1,8k€, MV -11%), Quadrige Rendement (1,8k€, MV -25% : "Quand je m’examine, je m’inquiète. Quand je me compare, je me rassure" (Talleyrand)), Borussia Dortmund (1,7k€), Tinexta (1,7k€, PV +79%, merci W. Higgons), Lonza (1,6k€)…
- Orientations 2020 : Afin d’apurer ma buylist européenne, il me faudrait environ 30k€ de versements supplémentaires sur ce CTO européen en 2020. Je trouve maintenant pas mal d’opportunités de croissance en Europe, à des tarifs souvent moins élevés qu’aux USA (ce n’est pas difficile…).
e) CTO Interactive Brokers (USA + émergents, 308,3k€, +36,1%) :
- Bilan 2019 : J’ai commencé ce portefeuille de zéro en juillet 2018 et sa construction a été ma grande histoire de 2019. Il est désormais l’une des pierres angulaires de mon patrimoine financier, et, de moins de vue, le socle de ma future indépendance financière, car il s’agit d’un portefeuille de capitalisation avec de faibles dividendes mais un grand potentiel de croissance.
Pendant les 8 premiers mois de l’année, sa performance a été absolument remarquable - au-delà de toutes mes espérances. A un moment donné, ça m’a donné l’illusion que ce serait presque "facile" de battre les indices, avec une approche agressive orientée croissance et une grande discipline d’investissement. Le dernier tiers de l’année m’a fait malheureusement largement déchanter. La surperformance face au S&P 500 et à un ETF Monde, qui avait culminé à respectivement 15 et 20 points (!) de pourcentage fin août, a chuté massivement en septembre et octobre, et après un beau rebond en novembre, le mois de décembre a de nouveau été très compliqué. La surperformance reste appréciable : +4,6 points face au S&P 500 et +9,3 points face à un ETF Monde.
Tout peut aller très vite : fin novembre, j’étais à nouveau très satisfait de la superformance. Ces fluctuations importantes dans la performance relative à l’indice, pour un portefeuille ultra-diversifié (300 lignes !), me surprennent beaucoup. Je pensais à tort que le portefeuille "collerait" de plus en plus à l’indice avec un nombre croissant de lignes. En fait je sous-estimais la concentration sectorielle (techno) et "stylistique" (orientation croissance) qui rend la diversification par la simple addition de lignes assez illusoire. Bien sûr cette volatilité assez désagréable est le prix à payer pour la surperformance, mais j’espère trouver une voie vers un alpha plus régulier.
- Principales lignes : En toute fin d’année, j’ai considérablement renforcé mes positions sur Amazon et Alphabet pour en faire mes 2 premières lignes, à 18,5k$ et 13,4k$ respectivement. Visa, une autre forte conviction, suit à, devant Visa (10,7k$), Apple (4,1k$), Shopify (3,2k$), Roku (2,7k$), Microsoft (2,7k$), Facebook (2,5k$) et Realty Income (2,2k$). Robertet (3,7k€) et ABC Arbitrage (2,1k€) se trouvent aussi dans cette enveloppe (ne me demandez pas la logique…).
- Orientations 2020 : Même si le plus dur a été fait en 2019 (le rééquilibrage géographique du portefeuille global), j’ai beaucoup de chantiers pour ce portefeuille en 2020 :
- "apurer" ma buylist américaine (environ 40k€) : bon, ce n’est peut-être pas la priorité, car clairement j’épuise peu à peu la liste des entreprises qui vérifient mes critères, et je dois éviter une diworsification du portefeuille
- renforcer mes principales convictions US (environ 40k€) : beaucoup de candidates, des valeurs de qualité et de croissance que je voudrais bien renforcer (idéalement, à l’occasion de grosses corrections) : Salesforce, Adobe, Roper Technologies, Intuit, Veeva, Zoetis, IDEXX Laboratories, S&P Global, Paycom etc.
- renforcement ma poche marchés émergents (environ 20k€) : je suis nettement en retard dans la construction de mon portefeuille émergents, avec une taille actuelle de 25k€ contre une cible théorique de 100k€ pour fin 2020. Mais le stock-picking sur ces marchés est singulièrement risqué et compliqué. Quelques échecs sévères (Nio, Uxin) ont refroidi mon ardeur en Chine, même si c’est toujours ma cible principale. Je n’aime pas trop les ETF émergents, trop focalisés sur les secteurs énergie et matières premières, alors que ce qui m’attire sur ces marchés, c’est la consommation domestique croissance d’une classe moyenne / supérieure en émergence rapide. Je préfère donc faire du stock-picking, mais je me donnerai le temps d’étudier les dossiers, même si je manque ma cible très ambitieuse pour la fin de l’année.
f) Gestion déléguée : D’habitude, je ne l’inclut pas dans mon reporting, mais j’ai eu récemment des mises à jour sur les 3 enveloppes :
- Le petit PEE de mon premier employeur (en France) (23k€ investis entièrement en actions) semble performer assez médiocrement. Si j’étais dans une démarche d’optimisation, je pourrais voir si je peux en reprendre la gestion directe, mais ce n’est pas une priorité.
- En revanche, le fonds de pension de mon ancien employeur européen en Allemagne (277k€ investis à 55% en actions et à 45% en obligations - soit 153k€ en actions et 122k€ en obligations) semble correctement géré. Sa performance m’a agréablement surpris. J’ai le choix entre transférer cette somme en France ou la garder en l’état, éventuellement jusqu’à la retraite. Il faudrait que je regarde notamment l’impact fiscal : a priori le traitement fiscal avantageux et simple des revenus payés par les institutions européennes m’incite à garder les choses en l’état pour l’instant.
- Enfin, j’ai eu l’heureuse surprise de constater que mon employeur actuel américain, sans que je ne fasse aucune contribution, alimente un Voluntary Savings Plan avec un traitement fiscal avantageux (Roth 401(k), environ 11k€ pour le moment), à hauteur de 5% de mon salaire.
Je vois ces 3 enveloppes exposées aux actions sous gestion déléguée comme un "bonus" pour mes vieux jours, mon portefeuille sous gestion directe gardant la mission essentielle d’assurer mon indépendance financière qu’il pleuve ou qu’il vente.
Je maintiens donc mon objectif d’un portefeuille (sous gestion directe) de 1M€ d’ici fin 2020, qui sera la pierre angulaire de ma construction patrimoniale en complément d’environ 800k€ d’immobilier, 450k€ d’obligations / fonds € et 100k€ de liquidités / monétaire ("couches" déjà réalisées), pour être financièrement indépendant d’ici la fin de l’année avec un patrimoine net d’environ 2,5M€.
Si je cumule l’ensemble des versements prévus (ci-dessus), sur 2020, pour les différentes poches de mon portefeuille boursier, il faudrait que j’oriente environ 200k€ d’épargne cette année vers ce portefeuille. J’y suis parvenu en 2019 donc cela devrait être possible, les 2 principaux points d’interrogation étant (i) ma situation professionnelle au 2e semestre (mais je suis plutôt confiant) et (ii) évidemment, l’orientation de la bourse - une grosse correction pouvant retarder significativement l’atteinte de mon objectif d’indépendance financière (mais à mon sens, pas l’empêcher).
2019 aura été pour moi une année contrastée de grands espoirs suivis de déceptions, mais globalement une étape de plus vers mes objectifs patrimoniaux et de vie. Au niveau strictement boursier, elle aura permis un rééquilibrage géographique majeur du portefeuille et une avancée significative vers ma cible.
Dernière modification par Scipion8 (02/01/2020 14h57)
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#571 01/01/2020 23h29
- Fred2
- Membre (2019)
- Réputation : 6
Borussia Dortmund (1,7k€)
Étant plutôt bien renseigné sur le monde du foot, puis-je connaître votre idée derrière cet investissement ?
L’aléa sportif me laisse loin de ces stocks…
Pour le reste, votre portefeuille éveille la curiosité.
Concernant les émergents je comprends votre point de vue sur NIO. Sa volatilité est incroyable. Financièrement tendue d’autant que Tesla a produit et livré ses véhicules sur le marché chinois il y’a quelques jours…
Pour autant, il y’a des valeurs intéressantes comme Tencent, Alibaba, JD, China Mobile, Huawei, etc. Oui, beaucoup de tech par contre…
J’ai créé une petite discussion valeurs asiatiques au cas où…
Au plaisir.
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#572 02/01/2020 00h10
- cricri77700
- Membre (2014)
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“ENTJ”
Bonjour scipion , je ne comprends pas , vous disiez superformer le world / sp500 et sur ce reporting, vous êtes plutôt légèrement en dessous ?
Utilise ta connaissance et ne te noie pas dedans!
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#573 02/01/2020 01h06
- ArnvaldIngofson
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Scipion8 a écrit :
450k€ d’obligations / fonds € et 100k€ de liquidités / monétaire
Est-ce indispensable dans un contexte où ça ne rapporte pas grand chose (fonds €) voire rien (liquidités) voire moins que rien (monétaire à taux négatif), en brut auquel il faut soustraire les impôts et l’inflation ?
Vous êtes de plus pas trop dépensier si on se réfère aux "56% de mes dépenses annuelles totales (19,4k€ de retraits)".
OK pour un an de dépenses sur des livrets pour être tranquille.
En allouant 500 k€ au portefeuille actuel, avec un rendement moyen de 3 % il couvre largement les dépenses.
Dif tor heh smusma
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#574 02/01/2020 03h16
- Scipion8
- Membre (2017)
- Réputation : 2535
@Cricri :
1) Je ne suis pas sûr de la référence que vous utilisez pour l’ETF World. J’utilise celui que me propose Interactive Brokers, le Vanguard Total World Stock ETF (VT) : +26,8% en 2019. Mais peu importe.
2) Plus fondamentalement, la performance d’un portefeuille peut se décomposer en performance stratégique et performance tactique :
a) Le meilleur benchmark stratégique pour un portefeuille géographiquement diversifié comme le mien, c’est un ETF Monde. Je définis une allocation géographique de mon portefeuille, qui va créer de la performance ou en détruire, par rapport à un ETF Monde.
b) Ensuite, les différentes "poches" géographiques du portefeuille peuvent être évaluées par rapport à leurs benchmarks tactiques respectifs : par exemple le S&P 500 pour un portefeuille US, l’EuroStoxx 600 pour un portefeuille européen etc.
Sur la table en introduction de mon message, vous pouvez voir que :
- 3 des 5 poches géographiques, notamment les 2 plus importantes (le CTO France et le CTO IB USA+émergents) surperforment leurs benchmarks tactiques respectifs. De ce point de vue, si l’on considère qu’il n’y pas de prise de risque particulière par rapport à ces benchmarks (pas de levier, actions en moyenne de beta proche de 1, diversification idiosyncratique et sectorielle, pas d’options etc.), alors on peut assimiler la surperformance de ces portefeuilles par rapport à leurs benchmarks respectifs à de la vraie création de valeur, de "l’alpha".
Sous ces hypothèses (qui dans le cas de mon portefeuille me semblent correctes), alors l’alpha créé par la performance des différents portefeuilles est d’environ : +3k€ pour le CTO France, +14k€ pour le CTO IB USA+émergents, +2k€ pour le CTO Europe. En revanche l’alpha est négatif (= destruction de performance) pour les 2 autres poches : environ -2k€ pour le PEA et aussi -2k€ pour le PEA-PME.
Donc au total, l’alpha créé par mes décisions "tactiques", c’est-à-dire mes choix de stock-picking et ma façon de pondérer et de gérer les lignes, auront créé, en 2019, un alpha de 3+14+2-2-2 = 15k€ (c’est moins que l’estimation de 25k€ que je vous avais donnée). Ceci est ma performance "tactique" : elle reflète ma performance dans le choix des actions et leur gestion dans un univers donné (USA, Europe, France, valeurs éligibles au PEA, valeurs éligibles au PEA-PME).
- Ensuite, il faut évaluer la performance "stratégique", c’est-à-dire l’allocation géographique du portefeuille. Mon allocation géographique a-t-elle créé ou détruit de la valeur en 2019 ? Le fait, comme vous le notez, que la performance globale est proche de l’ETF World (un peu plus ou un peu moins, peu importe), indique que mon allocation géographique a détruit de la valeur en 2019.
C’est assez simple à comprendre : (i) mon portefeuille (surtout si l’on regarde la situation du début de l’année 2019) sous-pondérait (et sous-pondère) nettement toujours les USA, par rapport à un ETF Monde, alors que c’est aux USA que ma performance a été de loin la meilleure ; (ii) mon portefeuille surpondère la France et, plus spécifiquement, les small caps françaises alors que celles-ci ont nettement sous-performé en 2019.
Donc globalement on peut dire que mon allocation géographique déséquilibrée au début de 2018 (moins maintenant) a détruit (plus ou moins) l’alpha créé par un stock-picking et une gestion des lignes globalement pertinents. Mauvaise performance stratégique + bonne performance tactique = performance globalement en ligne avec le benchmark global (l’ETF Monde).
Il faut bien comprendre que mon allocation stratégique, même si j’en suis responsable, était assez contrainte. Par exemple est-il pertinent de comparer un PEA-PME avec un ETF Monde ? Avec l’augmentation de la taille du portefeuille, ces contraintes deviennent moins limitantes.
Mon plan, c’est de rapprocher l’allocation géographique du portefeuille de celle d’un ETF Monde, tout en continuant à surpondérer la France, pour des raisons à la fois fiscales et d’avantage concurrentiel (meilleur accès à l’information sur les entreprises).
3) Un point général pour rappeler qu’il faut comparer les performances des portefeuilles en termes de performance ajustée des risques :
a) Sélectionner des valeurs volatiles ou cycliques (avec un beta > 1, c’est-à-dire une tendance à suréagir par rapport à l’indice), c’est prendre un risque.
b) Utiliser des produits optionnels fortement volatils, c’est prendre un risque.
c) Utiliser du levier, c’est prendre un risque.
d) Concentrer un portefeuille sur un nombre réduit de lignes, c’est prendre un risque.
e) Ajouter au portefeuille une couche de risque bancaire / systémique, comme c’est le cas pour les ETF (particulièrement s’ils sont synthétiques ou physiques avec prêt de titres), c’est prendre un risque.
Mon portefeuille est entièrement plain vanilla : (a) pas du surpondération de valeurs volatiles (même si c’est sans doute moins vrai sur mon portefeuille US que sur les autres poches), (b) pas de produits optionnels, (c) pas de levier, (d) une extrême diversification, (e) pas (ou peu) de produits synthétiques avec exposition au système bancaire.
Donc globalement, c’est un portefeuille boursier avec un risque minimum, moindre que sur des portefeuilles 100% ETF et moindre que sur la plupart des portefeuilles en titres vifs (concentrés, avec levier, options etc.). Donc globalement la performance 2019 ajustée du risque me semble OK, y compris par rapport à un portefeuille 100% ETF. Il faut voir maintenant si je peux durablement augmenter l’alpha avec une meilleure allocation géographique et un meilleur stock-picking (j’apprends).
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@ArnvaldIngofson :
1) Je ne peux pas vraiment extrapoler mes dépenses annuelles actuelles avec la vie que j’entends mener à l’avenir. Je vis seul la plupart du temps, et je n’ai pas d’enfants. Je souhaite que cela change, et avoir bientôt une vie familiale normale, ce que souhaite aussi ma compagne. Cela conduira probablement à une augmentation des dépenses, même si d’autres dépenses devraient baisser (mes dépenses de mission, un loyer s’ajoutant à celui de ma compagne en Europe, mes voyages depuis l’Afrique etc.). En gros je table sur des dépenses annuelles d’environ 50k€ / an, en vivant (confortablement mais pas trop bourgeoisement) en couple en Europe avec 2 enfants. Evidemment, ma compagne y contribuera sans doute, mais je souhaite lui offrir la possibilité de rester à la maison et/ou de tout plaquer si elle le souhaite (il est probable que je continue à avoir des offres de postes dans des destinations lointaines ces prochaines années), donc je veux être sûr de pouvoir assumer ce rythme de vie tout seul si nécessaire.
[Le patrimoine présenté ici ne comprend pas celui de ma compagne, qui est plus jeune que moi mais se débrouille fort bien. Je pensais lui donner une leçon de gestion de patrimoine, mais quand on a comparé les rendements respectifs de nos patrimoines globaux, elle n’était pas loin du mien, notamment grâce à de judicieux investissements locatifs. Je la forme actuellement à l’investissement en ETF.]
2) Les 100k€ de "monétaire" c’est essentiellement un PEL à 2,5%, donc un rendement pas si ridicule que ça.
Les 450-460k€ (environ) de fonds € / obligations, c’est essentiellement le cumul de 330k€ d’AV (fonds € à environ 1,6%) et de la partie obligations d’un fonds de pension (125k€). A priori seuls 330k€ seraient exploitables rapidement en cas de besoin.
Cela ne me semble pas excessif : pour moi mon patrimoine sert à être libre, à pouvoir tout changer rapidement : si demain je souhaite acheter une maison ou accomplir un autre grand projet, je voudrais pouvoir le faire sans toucher à mon portefeuille boursier qui a une fonction essentielle de capitalisation.
Par ailleurs nous sommes en haut de cycle, une exposition aux marchés actions d’environ 45% me semble déjà assez agressive. Je prévois de l’augmenter encore, mais je préfère garder un montant suffisant de capital garanti.
En cas de krach ou forte correction, je ne prévois pas de puiser dans mes fonds €, ce n’est pas leur objet. En revanche, je n’exclus pas l’utilisation de la marge (sur IB) en cas de besoin. L’extrême diversification de mon portefeuille IB me donne une puissance de feu considérable : actuellement mon "pouvoir d’achat" sur IB est de 818k€. Cela dit, dans un scénario de krach, ce pouvoir d’achat devrait baisser considérablement.
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@Fred, Este, FrenchFlair : Je vous reviendrai plus tard sur Borussia Dortmund, Nio et U10. Je n’ai pas oublié non plus les questions sur Unibail, Visa et Wavestone.
Dernière modification par Scipion8 (02/01/2020 08h54)
Hors ligne
#575 02/01/2020 06h22
- cricri77700
- Membre (2014)
- Réputation : 738
“ENTJ”
J’utilise le CW8 avec une perf de 28.34% pour 2019.
AMUNDI ETF MSCI WR - EUR, Cours Tracker CW8, Cotation Bourse Euronext Paris - Boursorama
Bonne continuation
Utilise ta connaissance et ne te noie pas dedans!
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