Bonjour L1vestisseur,
Je ne prétends pas savoir décrypter le marché à la perfection (sinon je serais milliardaire) mais en analysant les données auxquelles j’ai accès, j’ai quand même la forte impression qu’un sale coup se prépare. Et pourtant, j’ai tendance à être très optimiste : ceux qui me connaissent depuis longtemps savent que je suis parti all-in pendant le Covid, et j’ai "acheté le Brexit".
En dehors des éléments "moyen terme" qui ont déjà été discutés (la valorisation du marché à 20x les bénéfices avec un taux terminal à 5%, et la potentielle récession qui s’annonce pour 2023), si on analyse un peu la journée d’hier on se rend compte que :
- La veille, en fin de session, Bloomberg publie un article dont le titre est : "JPMorgan voit le S&P gagner jusqu’à 10% sur une publication d’inflation modérée" : quoi de mieux pour susciter la FOMO du retail ?
- Les futures sont en hausse pendant la nuit, puis 5 minutes AVANT la publication du CPI, décollage de la fusée, il s’agit de la première grosse barre verte :
![](/uploads/2389_capture_decran_2022-12-13_235342.jpg)
Soit il y a eu une fuite, soit les algos se sont mis en marche pour déclencher la FOMO, les stops acheteurs, ou que sais-je encore…
- S’en suit la deuxième bougie verte (en forme de marteau inversé, méfiance) puis le début de la folie acheteuse sur volume plus faible, que j’attribue à la FOMO du retail,
- A 9:30, ouverture du marché, et début de la débandade sur gros volume.
![](/uploads/2389_image_pasted_at_2022-12-13_08-28.png)
Sur cette étude d’accumulation, on voit bien que le courant est vendeur (ligne mauve), les algorithmes de vente sont actifs.
Alors bien sûr, c’est plus facile dans le rétroviseur, et j’avoue que je ne m’attendais pas à une hausse pré-ouverture d’une telle ampleur. CSur faibles volumes, tout est possible, et la journée d’hier a de nouveau l’air d’un squeeze massif, avec en tête de tableau les shitcos non-profitables. Je ne sais pas jusqu’où on peut monter mais ce qui m’a l’air évident, du moins de ma lecture de non-professionnel de la finance, c’est que ce ne sont pas les "gros" qui sont en train d’acheter…
Fondamentalement, je pense que l’inflation, c’est du passé. Il est d’ailleurs incroyable que le retail soit encore tellement concentré sur le CPI alors que le vrai risque selon moi, c’est la baisse des bénéfices des entreprises. Même si le pétrole remonte, je ne vois pas l’inflation repartir à la hausse de façon durable.
Vous posez deux questions en particulier, que je trouve intéressantes, je vais vous apporter mon point de vue :
Il est couramment admis que les marchés anticipent la situation économique à 6 / 9 mois, or si la récession se produit au H1 2023, la fin de la récession est prévue dans environ 6 mois.
Premièrement, nous ne sommes pas certains que la récession se produira au H1 2023, il est tout à fait concevable que la frénésie consumériste américaine fasse "tenir" les bénéfices jusqu’à H2. J’avais publié le taux d’épargne des particuliers qui est proche de son plus bas historique, et le niveau des crédits revolving qui est au plus haut. Si les destructions d’emploi ne poursuivent pas leur hausse, on peut sûrement encore tirer sur l’élastique…
D’autre part, pas non plus de certitude sur le fait que la récession durera 6 mois. Elle peut durer 9 mois, 1 an… qui sait ?
Pourquoi le marché ne pricerait pas encore la récession à venir selon vous ?
Là aussi ça n’engage que moi, mais j’ai l’impression :
- Que le marché n’est pas très liquide en ce moment, ce qui facilite les variations brutales orchestrées via les options (avec une prépondérance des 0dte, voir graphique 2 messages précédents), pour provoquer de la volatilité et déclencher des stops,
- Qu’il y a encore beaucoup trop de retail qui n’a connu que le bull-market des 10 dernières années, et qui cherche le point bas "à la 2020". Ce qui provoque FOMO, rug-pull, bottom picking, etc. Et ce sont ces acteurs du marché, qui font qu’à mon avis, les valorisations ne reflètent pas les perspectives.
Nous verrons aujourd’hui si le rallye et l’assouplissement des conditions financières est du goût de Mosieur Powell. La poursuite de la hausse de fin d’année serait désagréable pour beaucoup (moi-y compris). Si je devais faire un pronostic, ce serait un range 4000-4100 pour la fin de la semaine (expiration de 3,9 TRILLIARDS d’options ce vendredi), puis une semaine prochaine agitée (aucune idée dans quel sens). Au dernier pointage j’ai un equity put/call à 0,66 donc les acteurs semblent plutôt confiants pour le FOMC du jour.
Bref, je vois la période actuelle comme particulièrement chaotique et sans tendance, mais je pense qu’à moyen terme, les fondamentaux reprendront leurs droits et les valorisations s’ajusteront, à mon avis à la baisse. En attendant, dur d’être bear, dur d’être bull ; le seul qui semble faire son beurre dans ce marché, c’est Aladdin…