Finalement, je décide de prendre la plume parce qu’il me semble qu’une partie de ma démarche patrimoniale n’est pas bien comprise.
Tout d’abord, je récapitule l’ensemble de notre patrimoine, hors habitation familiale et épargne de précaution.
I. Immobilier 44,7 % du patrimoine global
Appartements mis en location : 89,4 % du total de l’immobilier
Parcelles forestières : 10,6 % du total de l’immobilier
II. Mobilier 55,3 % du patrimoine total
Conglomérats et holdings : 28,1 % du total mobilier
Actions énergie : 4,2 %
Actions métaux précieux et autres matières premières : 8,0 %
Small Caps : 6,4 %
Actions value et deep value : 8,0 %
Obligations : 6,9 %
Cryptos : 2,8 %
Or et argent physique : 13,1 %
Liquidités destinées à être investies : 22,5 %
III. Dettes - 9,7 % du patrimoine total
Ma démarche me semble parfois incomprise avec des interrogations du style :
"vous êtes passé à côté du marché haussier post covid"
" vous annoncez une récession mais elle n’arrive pas"
"vous anticipez une récession, pourquoi ne pas tout vendre plutôt que de rester partiellement investi"
En réalité, nous sommes arrivés à un stade où, si nous n’avons pas commencé à consommer notre épargne, nous ne l’alimentons plus non plus. Il est donc nécessaire d’avoir un patrimoine le plus "tout terrain" possible puisqu’il ne nous est plus possible de compenser par des apports d’argent frais d’éventuelles pertes en capital.
Ce matin, j’ai donc collecté et compilé toute une série de données pour illustrer l’intérêt d’un patrimoine "tout terrain", du moins pour les épargnants qui n’ont plus une capacité d’épargne suffisamment forte pour compenser des pertes de marché.
Les sites US nous permettent d’obtenir une grande quantité de données sur des périodes suffisamment longues pour, me semble-t-il, pouvoir tirer quelques enseignements.
J’ai calculé les rendements obtenus par 7 classes d’actifs différentes sur la période 1970-2023 et j’ai découpé ces périodes en 4 cycles boursier (en USD et les indices sont dividendes inclus)
1. La stagflation 1970-1981
2. Le marché haussier 1982-2000
3. L’éclatement de la bulle internet et la crise des subprimes (2001-2008)
4. Le grand marché haussier 2009 – 2023 ( ?)
1. La stagflation 1970-1981
Inflation moyenne sur la période : 7,9 %
Rendement moyen des Fed Fund : 8,7 %
Rendement moyen des T-Bond 10 y : 4,9 %
Immobilier : 8,3 %
Or : 20,8 %
S&P500 dividendes inclus : 6,9 %
Small cap value : 15,5 %
Actions monde hors usa : 10,9 %
Seuls 5 supports sur 7 fournissent un rendement supérieur à l’inflation. En équipondérant les 6 supports, on aurait obtenu un rendement de 10,9 % (+ 3% par rapport à l’inflation). C’est l’or qui est la grande championne de la période.
2. Le marché haussier 1982-2000
Inflation moyenne sur la période : 3,2 %
Rendement moyen des Fed Fund : 6,2 %
Rendement moyen des T-Bond 10 y : 10,8 %
Immobilier : 4,3 %
Or : -2,0 %
S&P500 dividendes inclus : 16,7 %
Small cap value : 18,0 %
Actions monde hors usa : 13,0 %
Seul l’or, championne du cycle précédent, a procuré un rendement inférieur à l’inflation. Ce sont les actions, big caps (à la traine lors de la période précédente) et small cap value (seule classe dans le top sur les 2 périodes) qui tirent le rendement à la hausse mais les obligations se sont bien comportées aussi. En équipondérant les 7 classes d’actifs, on aurait obtenu un rendement de 9,6 % par an (+6,4 % par rapport à l’inflation).
3. Marché baissier 2001-2008
Inflation moyenne sur la période : 2,4 %
Rendement moyen des Fed Fund : 2,4 %
Rendement moyen des T-Bond 10 y : 7,3 %
Immobilier : 4,3 %
Or : 15,5 %
S&P500 dividendes inclus : - 2,9 %
Small cap value : + 7,5 %
Actions monde hors usa : + 0,6 %
4 supports sur 7 ont procuré un rendement supérieur à l’inflation. L’or fait son grand retour mais les small caps et les obligations ont aussi très bien tiré leur épingle du jeu. En équipondérant les 7 classes d’actifs, on aurait obtenu un rendement de 5,0 % (+2,6 % par rapport à l’inflation)
4. Le marché haussier 2009-2023
Inflation moyenne sur la période : 2,4 %
Rendement moyen des Fed Fund : 1,2 %
Rendement moyen des T-Bond 10 y : 1,3 %
Immobilier : 4,9 %
Or : 6,0 %
S&P500 dividendes inclus : 13,8 %
Small cap value : 14,3 %
Actions monde hors usa : + 7,5 %
5 supports sur 7 ont généré un rendement supérieur à l’inflation. Ce sont les actions US (big et small value) qui ont tiré la performance. En équipondérant les 7 classes d’actifs, on aurait obtenu un rendement de 7,0 % (+ 4,6 % par rapport à l’inflation)
De 1970 à 2023
Inflation moyenne sur la période : 4,0 %
Rendement moyen des Fed Fund : 4,9 %
Rendement moyen des T-Bond 10 y : 6,4 %
Immobilier : 5,4 %
Or : 7,7 %
S&P500 dividendes inclus : 10,8 %
Small cap value : 15,1 %
Actions monde hors usa : + 9,3 %
Au cours des 53 dernières années, ce sont les small cap value qui ont généré le plus haut rendement et tous les supports étudiés procurent un rendement supérieur à l’inflation.
Mais, outre le fait que personne ne peut prédire que les 53 années à venir vont ressembler aux 53 qui viennent de s’écouler, qui peut se permettre d’attendre 53 ans pour obtenir le meilleur rendement ?
Quand on parle d’horizon long terme, la plupart (moi inclus) envisagent des horizons entre 10 et 20 ans (sous 10 ans, ça ne me semble pas du long terme).
Or, l’analyse des 4 cycles nous montre que, par exemple, sur les 2 cycles défavorables aux actions (des durée de 7 et 12 ans, ce n’est pas rien dans la vie d’un investisseur), le S&P 500 procurait un rendement inférieur au taux d’inflation.
2 supports ont procuré un rendement supérieur à l’inflation dans chacun des 4 cycles : les small caps value et l’immobilier.
Par contre, les statistiques confirment ce que je pressentais déjà : l’immobilier ne procure pas un rendement très élevé mais il présente l’avantage de pouvoir facilement être couplé au levier de l’endettement, son intérêt se situe surtout là selon moi.
La diversification a aussi permis d’avoir un return toujours supérieur à l’inflation quel que soit la période étudiée (entre 2,6 et 6,4 %), un lissage de la volatilité aussi efficace que les meilleurs fonds long/short, du moins sur des périodes de plusieurs années.
Et donc, le fait d’être "passé à côté du marché haussier (du S&P500) post covid" ne m’inquiète pas outre mesure puisque je sais, par mon approche, que je vais toujours sous-performer une ou plusieurs classe d’actifs mais je sais aussi que je devrais au moins préserver le pouvoir d’achat de mon patrimoine.
Le fait que je me sois trompé sur le timing de la récession n’est pas bien grave non plus. Certes, si je n’avais pas anticipé de récession, j’aurais sans doute été un peu plus investi en actions et moins en obligations et en cash mais j’aurais, malgré tout, conservé une forte diversification sur les différents supports.