Il est temps de se remettre au reporting ! Les vacances sont (en partie) faites pour ça. Tous les rendements s’entendent en valeur de part (brut et dividendes compris). Brut, c’est important pour se comparer. Bien sûr en net, cela varie énormément (entre des boîtes néerlandaises en PEA avec grosses PV et gros dividendes et une américaine en CTO avec des OST complexes souvent mal réalisées par les brokers -et donc où l’on gagne moins d’argent que prévu- il y a souvent un gouffre pour les espèces sonnantes et trébuchantes dans ma besace…).
Pas mal de bonnes nouvelles, je suis assez content, en 2016, ça pétille un peu plus. Contrairement à 2015 où j’étais en "sous-performance" (avec tous les guillemets d’usage pour ces comparaisons qui ont de nombreuses limites), je rattrape une partie du terrain. Faut dire qu’excepté le boulet SHLD, il y a eu un bel alignement des planètes pour certaines de mes grosses lignes historiquement en perte comme COACH ou Maurel & Prom. Soit à fin juillet 2016 :
- YTD : +6,5 % versus CAC40 GR -1 % et S&P500 +6,3 %
- depuis les débuts (déc. 2012) : +47,6 % soit 11,2 % annualisé vs CAC40 GR 42,6 % (10,2 % annualisé) et S&P500 53,5 % (12,4 % annualisé)
Je rattrape le retard donc et me situe dans un entre-deux déjà plus sympathique.
Les autres points dont je suis assez fier : à quelques exceptions près, mon style d’investissement change peu voire se consolide (décoté rentable et biais small caps, industrie et techno que je comprends mieux, etc.), j’ai enfin suivi ma méthode pour me ventes (se fixer une valorisation et ne pas croire que les arbres montent au firmament) et je commence à trouver un rapport temps/investissement adéquat (j’ai affiné mes screeners quantitatifs puis survole les rapports annuels mais je ne les lis plus intégralement pas le temps, pas forcément si utile. Je les ouvre et cherche une dizaine de points critiques : comment sont comptabilisés les frais de R&D, types de parts variables des directeurs, ton "bullshit" ou neutre de la lettre aux actionnaires, etc.). Je ne recommencerai pas mon laïus sur la vie de père de famille qui diminue très fortement le temps et l’énergie d’avant l’arrivée du petit bout mais cet aspect "temps/argent pas trop bêtement investi" est devenu pour moi un ratio clé et certains n’auront sans doute pas ce souci et pourront étudier plus les valeurs. Dans mon cas, lire intégralement un RA n’a plus d’utilité même si je l’ai beaucoup fait en 2013, 2014.
Il serait tentant de réaliser le calcul sans la galaxie Sears Holding (ah ! le fameux argument des spin-offs… sauf qu’avec les gadins de Lands End et de Sears Canada, c’est pire avec les spin-offs même en comptant des droits SRG bradés…) et le résultat serait en effet une belle sur-performance et non pas "comme le marché". Toutefois, cela n’a aucun sens : lorsqu’on retire sa pire ligne (ou univers de lignes), forcément c’est bien mieux ! Il serait encore plus tentant de ne regarder que le PEA. En effet, le PEA a (assez largement) franchi la barre des 6 chiffres pour une mise de départ avoisinant les 40 k€ soit bien plus que 100% en 3 ans et demi… Il va sans dire que la performance sur CTO n’est donc pas jo-jo. Mais pour encore quelques années, j’ai besoin de dollars car je soutiens un projet aux États-Unis et je préfère ne pas être tributaire du change. Je pourrais bien entendu prendre uniquement des dollars, ce que j’ai fait aussi mais ça me faisait rager de voir cet argent dormir… il s’avère jusqu’à maintenant qu’une hibernation aurait été plus profitable (note : ce beau projet est a priori surtout consommateur de cash et peut-être un jour miracle…). Une fois que ce sera fini, je ne suis pas du tout certain de conserver une telle allocation en USD : tellement de complications et manifestement je ne suis pas très bon pour choisir des boîtes non européennes.
Enfin je suis très content de ma nouvelle manière de rentrer sur une valeur : 1) j’ai abandonné l’idée d’un nombre de lignes maximales et j’ai de nouveau dépassé la vingtaine (ça n’a jamais été mon genre et de plus toute la littérature scientifique montre que la concentration est très risquée, je ne vois pas pourquoi je serais meilleur que la moyenne des investisseurs), 2) je me suis fixé une règle simple pour le sizing de mes lignes. C’est donc en fonction de mon salaire net (en comptant le 13ème mois mais sans participation/intéressements/part variable). J’avais des lignes avec toute sorte de montants (de départ) plus ou moins au pifomètre. Maintenant j’ai défini 4 cas uniquement et je m’y tiens. Le plus courant : 2 salaires nets lorsque je suis assez confiant, 1 salaire lorsque spéculatif et/ou passé très peu de temps à étudier, 3 salaires lorsque confiant ou blue chip, 4 salaires si très confiant. Jamais plus sur une ligne. En tout cas, psychologiquement je ne peux pas donc ça sert à rien de se forcer car dans ces cas là on vend au pire moment.
L’allocation actuelle des porte-feuilles a cette tête là :
J’ai continué à lire quelques publis scientifiques aussi (ça me parle beaucoup plus qu’un rapport annuel, on ne se refait pas !) dont la classique : http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1 … 806.x/full. En tant que petit porteur, ne pas se charger en small caps est quasiment un crime ! Et penser que l’on analyse mieux une big cap que le marché est proche de l’hubris et en général les Érinyes se chargent de nous le rappeler et de nous punir Je ne dis pas qu’il ne faut pas un peu de big caps pour équilibrer son portif ou avoir du bon papa de la smala en portif mais penser faire des affaires, c’est autre chose !
Comme je n’ai pas réalisé de mise à jour depuis un bail, forcément il y a beaucoup de mouvements. Et c’est vrai que ce printemps j’ai été de nouveau actif en lecture / choix donc de nombreux points à blablater, même si je ne pourrais pas détailler autant que je voudrais mes ventes ou achats sinon ce post serait trop long et illisible !
VENTES ou ALLÈGEMENTS
- BESI : intégralement vendu ! Rendement : +310 % . Cette fois, je ne suis pas tombé dans le piège (cf. plus haut lorsque j’ai laissé passer une fenêtre de tir alors que le titre était au-dessus de ma valorisation). Sans doute l’investissement dont je suis le plus fier : trouvé tout seul comme un grand, longuement analysé, dans mon cercle de compétences et dans mon style (décoté rentable) et surtout tout s’est déroulé comme je l’avais prévu (si, si, relisez ma file ). Équipementier pour la micro-électronique et les circuits imprimés très rentable et très décoté en 2013, 2014. À chaque (très) bons résultats opérationnels, le cours montait mais en fait la décote continuait à augmenter ! J’en ai d’ailleurs repris plusieurs fois même avec des PRU à +100% (le rendement sur mes 1ers achats est autour de +450%). Pourquoi finalement la décote s’est résorbée selon moi ? Deux facteurs concomitants : plusieurs (très) grosses augmentations de dividendes (qui ont attiré des zinzins et/ou des PP aimant les dividendes) et market cap qui a approché puis dépassé le milliard d’euros. Je n’ai pas trouvé d’étude sur cet ordre de grandeur mais j’ai noté plusieurs fois que les décotes se résorbaient très vite lorsqu’on atteignait le milliard. Je n’exclus pas de revenir sur le titre mais pour l’instant BESI est actuellement mieux valorisé même que certains équipementiers américains (ce qui est très rare dans ce sens). Dans les comparables, Kulicke and Soffa était un peu décoté au printemps mais pas assez à mon goût et depuis le titre a pris 15 %.
- ETAM . Rendement : +42%. Galéré à tout vendre tellement la liquidité est faible. Double raison : je ne vois plus de catalyseurs et j’étais dans l’incertitude quant à la fin du pacte d’actionnaires (23 juillet 2016) entre les Milchior et les Tarica donc je voulais avoir tout vendu avant.
- Sears Canada : tout vendu, ligne devenue ridicule et pas le temps d’étudier s’il y avait la moindre chance de résurrection. Rendement : -65 %. La valeur a encore significativement baissé depuis ma vente. Content d’avoir eu le courage d’arrêter les frais et de ne pas espérer la lune.
- Coach. J’ai crapoussiné sans vergogne sur la valeur avec un +10 % en 3 ans soit à peu près comme un PEL annualisé. Tout ça pour ça ! Mon analyse n’était pas stupide (j’eus connu le monde de la mode) et j’avais d’ailleurs écrit dans ma file que l’embauche de Stuart Vevers était une très bonne nouvelle et un catalyseur typique donc preuve à l’appui mais je n’ai pas osé renforcer malgré de nombreuses hésitations. Résultat je n’ai pas profité de la grosse hausse et dès lors juste joué le petit porteur typique qui attend impatiemment son retour au PRU… un peu ridicule mais heureusement je fais ça de moins en moins.
- Et puis de nombreux allègements sur : Picanol, Toyota Caetano, TOTAL. Picanol je suis revenu à une exposition à "3 salaires nets" avec un bel allègement au plus haut (ça peut arriver après ETAM vendu au quasi plus bas). Allègement de Picanol tout de même car le marché a dépassé ma valorisation de plus de 15%, fallait agir un peu ! Mais pas vente de la ligne pour une raison simple : je ne pense pas que Picanol (contrairement à BESI) soit aussi exposé à la concurrence, je pense qu’ils ont même une petite moat. En fait par rapport à il y a 10 ans, ils ont moins de concurrents ! Les japonais sont moins en forme et tous les autres n’ont pas réussi à suivre la cadence de l’amélioration technologique en continu des métiers à tisser. Ce n’est pas Coca Cola et pourtant je vois Picanol comme du B&H parce que nous sommes dans une situation nouvelle d’oligopole. Alors oui, l’aspect cyclique existera toujours dans les métiers à tisser mais il est largement compensé par des marges et une part de marché plus importantes qu’il y a 10 ans. Et puis il y a Tessenderlo, ça amortit aussi (reste à savoir si les cycles ne seront pas synchrones…). Sur l’allègement, j’ai tout de même fait quasiment +300% (+291%).
Toyota Caetano : l’allègement est surtout pour des raisons administratives, la double taxation des dividendes me saoule (j’ai allégé avant le dividende à 1,3 € en moyenne) et pour l’instant je n’ai pas réussi à obtenir gain de cause. Si c’est finalement le cas, je renforcerai à nouveau Toyota Caetano sans hésiter. TOTAL : grosse ligne historique qui a été très fortement allégée.
ACHATS
Une flopée d’achat, en très grande majorité des small caps et souvent des small caps décotées rentables et peu endettées.
- Agfa : décoté rentable typique, j’aurais voulu en prendre plus mais elle a "flambé" et la marge de sécurité n’était plus suffisante pour moi. Ça crache du cash, ce n’est quasiment pas endetté, quasiment toutes les activités sont en redressement alors que Mr. Market avait enterré la boîte, j’adore ! Très déçu par la hausse depuis mai car je voulais charger plus.
- PSB Industries : idem décoté rentable typique. Pour une fois j’aime bien les acquisitions réalisées dernièrement. Un petit aspect spéculatif en sus : il y a une forte activité M&A dans le packaging au niveau mondial (deal Rexam / Ball Corporation, petite acquisition par MacFarlane, etc.), ça consolide sec.
- Laurent Perrier et encore une small cap ! En revanche, exception à la règle : elle n’est pas décotée à mon sens. Je l’ai achetée grâce au Brexit légèrement au-dessous de ce que j’estime sa valorisation mais j’ai dérogé à ma règle car une moat aussi magnifique que le champagne (AOC, territoire limité et petit, etc.) légèrement en dessous de sa valeur, je ne crache pas dessus !
- Cofidur j’ai profité d’une baisse. C’est vrai que l’on a l’impression que les catalyseurs ne se déclencheront jamais (suffit de lire l’historique de la société et de son parcours boursier depuis 2 ans) mais en attendant c’est typiquement du décoté rentable que j’aime avec un dividende largement couvert pour attendre.
- Linedata : que l’on ne présente plus. Acheté légèrement en dessous de 30 €. Je me tâte pour vendre.
- Vianini Industria : re-re-re small cap mais entre décoté rentable et deep value. Il y a une OST en cours malheureusement uniquement énoncée en italien et je ne suis pas sûr d’avoir bien compris. En tout cas je ne vends pas à ce prix !
- Deux valeurs IF : deux small caps aussi. J’aurais bien mis les liens mais je ne suis plus abonné. IF1 : une française qui était déjà dans mes screeners mais je n’avais pas franchi le cap et par respect pour le travail d’Étienne, je ne la nommerai pas (on la trouve sur IH). Et IF2 une autre small cap mais américaine et que je n’aurais jamais trouvée. De la belle ouvrage et des belles analyses pour ces valeurs : le genre d’entreprises sur lesquelles nous devrions tous nous concentrer (small caps, situation spéciale etc.). A priori IF2 n’a rien à voir avec SHLD à commencer par : l’aspect small cap qui éloigne les zinzins (et peut donc justifier une décote et non pas une erreur d’analyse) et la quantité de cash dans les comptes !
- Financière de l’Odet : que notre cher Jeremy suit depuis longtemps. J’aime l’exposition à l’Afrique, j’aime la complexité de la structure qui embrouille le PP, j’aime la décote. J’aime moins la TTF (argh quand même !), j’aime beaucoup moins les solutions batteries / EV qui perdent un fric fou et où la concurrence va être (très) rude les prochaines années…
- Bank of America : j’aime toutes les bonnes nouvelles qui n’ont pourtant pas fait bouger le titre donc je suis rentré. Il y a un risque bien sûr de lent effondrement des business models traditionnels des banques couplés à une remontée hypothétique des taux couplée à un bilan très complexe… mais quand BAC ne montait même pas malgré de brillants résultats aux stress-tests (et toutes les banques n’ont pas eu de bonnes "notes" à ces tests : à commencer par BAC l’année dernière ou Deutsche Post, Santander qui se sont fait ramasser…). En plus de "rassurer", ces stress-tests permettent à BAC d’augmenter son dividende de 50% et d’annoncer de possibles buyback correspondant à… 3,7 % de la market cap ! Je n’ai pas résisté…
- Seritage Growth : je n’ai pas exercé mes droits à l’époque (pas assez de cash sur le CTO). J’ai décidé "d’hedger" Sears Holding, pour l’instant ça m’a plutôt bien réussi. Déjà +12% (dividendes compris bien sûr).
J’ai aussi étudié de nombreuses valeurs (bon quand je dis étudier ça va de 10 minutes à une journée entière passée sur la même valeur) dont j’entendais parler sur les forums ou sorties de mes lectures / screeners mais je les ai trouvées en général surcotées (ou très peu décotées) comme : Bonduelle, Jacques Bogart, Alès Group, Marie-Brizard, Sword, Neurones, Accell, Britvic, AG Barr, Tipiak, Fromageries Bel, Fleury Michon, etc. etc. Elles sont donc sorties de mes listes "à voir". Mais j’en ai encore beaucoup à étudier.
En résumé, cela donne (les PRU n’ont que peu d’intérêt) :
valeur / pondération / valorisation pas trop pifométrique
- AGFA / 1 salaire net / 3,8 € - 4,4 € (j’aurais voulu en prendre plus)
- AIG / 2 salaires / 70 $ - 85 $
- Alstria / 2 salaires / 13 €
- Bank of America / 3 salaires / 20 $ - 25 $ (et un dividende en augmentation…)
- Berkshire Hathaway / 3 salaires / 170 $ - 180 $
- Cofidur / 2 salaires / 3 € - 3,15 €
- Financière de l’Odet / 2 salaires / minimum 1 500 € (oui ! oui !)
- GSK / 1 salaire / ~12 £ mais… je conserve pour le dividende pérenne
- IF1 / 2 salaires / x €
- IF2 / 3 salaires / x $
- Intel / 3 salaires / 32 $ - 36 $
- Lands End / 1 salaire / 15 $ - 18 $
- Laurent Perrier / 1 salaire / 70 € - 75 €
- Linedata / 1 salaire / 48 € - 50 €
- Maurel Prom / 1 salaire / je ne sais pas, pas le temps de valoriser (historique de l’OPA, j’avais une valo pour MPI, je n’en ai pas pour MAU)
- Picanol / 3 salaires / ~60 €
- PSB Industries / 2 salaires / 65 € - 75 €
- Sears Holding / 3 salaires / si vous savez, envoyez-moi un MP svp
- Seritage Growth Properties / 2 salaires
- Toyota Caetano / 1 salaire / ~1,7 €
- Vianini / 1 salaire / 2,2 € - 3 €
- Villeroy & Boch / 1 salaire / 15 €
- WM Morrison / 1 salaire / ~ 2,2 £