Seldar a écrit :
Qu’est ce qui les en empêche ?
L’inertie des gros mastodontes, la peur du changement…
Ils parlent, ils parlent mais en attendant Tesla agit et acquière du savoir-faire.
Uber, d’une autre manière, ne se contente pas de blabla et avance très vite.
Je pense que sur le sujet des données et plus généralement de l’autonomie ou de l’utilisation d’un système d’exploitation "intelligent" dans les voitures électriques gérant les données de nombreux capteurs, on se retrouve devant une situation similaire à celle des téléphones mobiles lors de l’arrivée de l’iPhone en 2007 et des smartphones en général par la suite.
Nokia que l’on croyait indéboulonnable à l’époque et les autres fabricants historiques (Palm, Ericsson, RIM/Blackberry) ont été laminés en quelques années sans arriver à réagir, ou en essayant de réagir, mais sans avoir les bonnes armes pour un combat adoptant une forme nouvelle sur ce marché.
Le problème est très bien expliqué par la réaction de Palm à l’époque
Ed Colligan/PALM a écrit :
We’ve learned and struggled for a few years here figuring out how to make a decent phone. PC guys are not going to just figure this out. They’re not going to just walk in.
Le problème est que les acteurs historiques étaient des fabricants de hardware et pas de software et faire un téléphone mobile était alors essentiellement considéré comme un défi en terme de hardware. Mais le future de la téléphonie mobile se trouvait dans la maîtrise du logiciel et plus généralement des données (y compris des app mobiles et de l’écosystème) et pas dans celle du matériel.
Et les "fabricants de logiciel" (Apple en tête) ont appris très vite à faire (ou se procurer) le matériel ou fabriquer des millions de téléphones par semaine, l’inverse n’étant de toute évidence par vrai.
Force est de constater que les fabricants de matériel ont historiquement toujours été incapable de faire du logiciel de qualité. Par exemple, encore en 2017 et après avoir racheté un véritable OS (WebOS), les "smart TV" de LG sont toujours des catastrophes ergonomiques. Et en fait même Samsung qui fait tous les efforts possibles pour s’affranchir de Google en est incapable.
Faire du hardware, ça s’apprend. Faire du logiciel, c’est plus dans les gènes d’une entreprise: ça existe ou ça n’existe pas, mais ça ne s’apprend pas vraiment.
J’ai l’impression que c’est un peu la même chose dans le domaine de l’automobile: les fabricants historiques sont les maîtres du matériel et des chaînes de montage, mais il sont dépourvus ou maladroits dès qu’il s’agit d’intégrer du logiciel dans leur automobiles (et donc d’exploiter les données collectées). Et il sont aussi probablement tellement investi dans le passé, financièrement et psychologiquement, qu’ils auront du mal à être les leaders de l’automobile du futur je pense.
Le cas de Tesla est un bon exemple car la seule chose qui pourrait (va ?) arrêter Tesla et les empêcher de devenir les champions de l’automobile du futur c’est au final l’argent. Mais c’est un point critique dans le monde réel.
Parce que toutes les incertitudes sur les batteries ou les problèmes des chaines de production de la Model 3 ne sont de vrais problèmes que parce qu’ils font perdre ou coûtent de l’argent (R&D, délais).
Avec des fonds illimités, il y a peu de doute pour moi que Tesla deviendrait un géant de l’automobile parce qu’ils ont une approche moderne de ce que sera l’automobile demain en terme de fabrication et d’utilisation et parce qu’ils ne sont pas limités par des a priori ou par la lourdeur de leur histoire passée.
Tout ça pour dire que si je ne parierai pas sur Tesla parce que je ne suis pas du tout convaincu de leur capacité à faire face financièrement à leurs ambitions, je ne suis pas non plus convaincu que les fabricants historiques survivront sur le long terme.
Je pense que notre approche de l’automobile en tant que consommateur va évoluer de manière drastique dans les 20 prochaines années avec l’arrivée des voitures autonomes et que le futur se rapproche plus des ambitions d’Uber en effet (flottes de voitures autonomes "as a service").
Et on aura alors des entreprises (probablement chinoises) qui fabriqueront et assembleront des voitures comme elle le font pour les smartphones aujourd’hui, voitures qui seront ensuite pilotées par des OS (Apple, Google, autre?) en évoluant dans un écosystème spécifique (logiciel, données).
Et le pouvoir (et les bénéfices) iront surtout dans les poches de ceux qui contrôlent le logiciel et l’écosystème, le matériel devenant une commodité sur un marché ultra-compétifif tirant les coûts (et les bénéfices) vers le bas.
Sur le sujet, un excellent article (en anglais):
Carmageddon is Coming
Bon we!