Je prévois d’effectuer ce lundi un renforcement de portefeuille de 16k€. Ce renforcement est différent des précédents, en ce sens qu’il marque une prise de risque plus importante, en ligne avec ma stratégie patrimoniale comme expliqué plus haut dans cette file (constitution d’un patrimoine par "couches" à risque/rendement croissants) :
a) je conserve mon portefeuille boursier (actuellement 467k€) essentiellement français (85%), très diversifié (250 lignes), passif et défensif (beta 0,7) : je renforcerai ce portefeuille au fil des corrections. Watch list (achats sur grosse correction) : Legrand, IDI, Infotel, Nedap… (pour renforcements) ; Dassault Aviation, Dassault Systèmes, Hermès, Robertet, Interparfums (pour nouvelles lignes). Cible de rendement annuel sur le long terme : 7%.
b) je commence un portefeuille plus offensif, plus international, plus concentré et géré plus activement. Cible de rendement annuel sur le long terme : 10%. Pour atteindre cette cible ambitieuse, il s’agit d’augmenter le risque.
Je considère qu’il y a 4 moyens essentiels pour augmenter le risque : (a) un profil des entreprises plus risqué, (b) la concentration, (c) la gestion active, (d) le levier. Pour cette enveloppe de 16k€, je décide de ne jouer que sur le premier moyen : je choisis donc des entreprises à profil plus risqué que mes choix habituels, mais en maintenant la diversification (1k€ par action pour une première prise de position, ma pratique habituelle).
Pour ce stock-picking, j’ai continué d’utiliser un screener (sur Binck), mais de façon beaucoup moins "automatique" que sur mon portefeuille principal : ce qui m’importe ce sont les perspectives à long terme des entreprises, plus que les fondamentaux comptables actuels. Donc une approche nettement orientée croissance, avec des choix sectoriels qui reflètent ma perception des évolutions à long terme de la société. Voici donc les entreprises sélectionnées, par ordre décroissant de conviction (1k€ sur chacune) :
1) Draper Esprit (capi 379M€) : une entreprise britannique de venture capital qui me plaît beaucoup, avec sa double orientation nouvelles technologies et Europe. Comme eux, je crois beaucoup au potentiel d’innovation en Europe, et j’apprécie de pouvoir m’y exposer sans avoir besoin d’un "ticket d’entrée" d’1M€… Dans leur portefeuille, on trouve Lifesum, Clue, Graze, Revolut, Push Doctor, etc… et Ledger : je ne crois pas trop aux cryptos et ne participe pas à la ruée vers l’or, ni ne vends de pioches, mais ça me plaît bien de prêter à un vendeur de pioches :-)
2) Moelis & Company (3 013M€) : j’ai connu professionnellement cette banque d’investissement US il y a des années, pendant la crise, quand elle n’était qu’une petite "boutique". Elle a bien grandi depuis, je suis tombé des nues en voyant qu’elle était cotée et pesait maintenant 3 milliards € ! Moelis fournit des services de conseil aux entreprises et autorités publiques (c’était à ce titre que je les avais rencontrés) - en gros ils sont sur le même créneau que Lazard et Rothschild. Profitabilité magnifique (ROE 58%) qui se paie cher (PER 24), mais offre un dividende sympa (5,5%) - même si je n’aime pas acheter en pleine hausse parabolique…
3) Blackstone Group (37 745M€) : un géant US bien connu du private equity (un de mes thèmes d’investissement favoris, même si mes amis travaillant dans ce secteur m’indiquent des signes de bullle). Belle rentabilité (ROE 39%) et dividende attractif (7%).
4) Atrium European Real Estate (1 476M€) : une foncière bien connue ici, spécialisée sur les centres commerciaux en Europe de l’Est, offrant un dividende attractif (8%). Bien sûr les centres commerciaux en Europe ne sont pas immunes au "risque Amazon", mais particulièrement en Europe de l’Est les centres commerciaux jouent un rôle important dans la vie sociale et les loisirs. Je parie donc sur leur résilience, et plus généralement je suis optimiste pour l’Europe centrale et orientale.
5) Marimekko (119M€) : du design coloré et fleuri finlandais, pour l’habillement et la maison. Croissance pépère mais régulière, bonne rentabilité (ROE 29%), dividende sympa (4,7%)… et tout ça ne se paie pas trop cher (malgré la belle hausse du cours ces derniers temps) : VE/EBITDA 6,8 et PER 11,8.
6) Eolus Vind (81M€) : un spécialiste suédois de l’énergie éolienne. C’est évidemment un secteur très aléatoire et risqué, qui justifie des ratios de valorisation bas (VE/EBITDA 4,8, PER 6,2). De belles perspectives de croissance mais des risques élevés. Je considère que la dépréciation de la couronne suédoise face à l’euro offre un bon point d’entrée sur la Suède (d’où plusieurs valeurs suédoises dans cette sélection).
7) Vitrolife (1 402M€) : un spécialiste suédois de la fécondation in vitro. De belles perspectives de croissance qui justifient (peut-être !) des ratios de valorisation très, très élevés : VE/EBITDA 30,4, PER 47,5. Mais j’apprécie les entreprises de croissance qui savent être bénéficiaires tôt. Un pari sur l’avenir.
8) Swedish Orphan Biovitrum (Sobi) (4 870M€) : cette biopharma suédoise se spécialise sur les maladies génétiques "orphelines" (rares). Bénéficiaire depuis 2016, avec de belles perspectives de croissance.
9) Illumina (35 434M€) : une entreprise américaine qui vend des systèmes d’analyse génétique. Donc un potentiel a priori immense. Les ratios de valorisation font peur (VE/EBITDA 41, PER 63). Un pur pari sur l’avenir.
10) Arista Networks (17 406M€) : un spécialiste américain des solutions techniques pour le cloud computing, les superordinateurs, le trading haute fréquence… Belle rentabilité (ROE 27%) et magnifique croissance (passée et j’espère future). Cela justifie-t-il des ratios de valorisation aussi élevés ? (VE/EBITDA 24,4, PER 41,7)
11) BioGaia (639M€) : un spécialiste suédois (encore !) des produits probiotiques (encore un pari de long-terme sur les tendances nouvelles de consommation). Le chiffre d’affaires et la rentabilité croissent régulièrement. Comme toujours pour ces secteurs "à la mode", c’est cher (VE/EBITDA 23,2, PER 33,9).
12) Gem Diamonds (190M€) : un producteur de diamants basé à Londres, avec des mines au Botswana (un pays relativement sûr) et au Lesotho. Après une grosse perte en 2016, il est redevenu rentable en 2017. C’est donc un pari de type recovery. Malgré la hausse récente du titre, les ratios de valorisation restent attractifs (VE/EBITDA 2, PER 6), même si les perspectives de croissance sont évidemment très aléatoires.
13) Patisserie Holdings (566M€) : Patisserie Valerie (how French !) gère une chaîne de cafés au Royaume-Uni et propose des gâteaux de fêtes et mariages (des lovingly handmade cakes). Belle croissance et bonne rentabilité (ROE 17%), mais la hausse quasi parabolique du cours rend les ratios de valorisation élevés (VE/EBITDA 16,4, PER 26,5).
14) Hercules Capital (913M€) : un spécialiste américain du capital-risque (un thème d’investissement important pour moi, dans le cadre de ma stratégie de prise de risque). Très beau dividende (10%).
Et pour finir 2 entreprises bien présentées par des collègues :
15) Match Group (9 827M€) : le spécialiste américain des rencontres en ligne (Tinder, OKCupid, Match.com…). Superbe rentabilité (ROE 56%). Encore un thème d’évolution sociétale, même si on peut penser que la croissance de ce secteur est déjà largement pricée (VE/EBITDA 18,8, PER 32,0). Belle présentation par Charles ici.
16) Kitron (191M€) : un spécialiste norvégien de l’électronique, actif dans les domaines civils et militaires. Une des convictions de Doubletrouble. Malgré la hausse récente du cours, ça reste attractif en termes de valorisation (VE/EBITDA 8,4, PER 15,7) et de rendement (4%).
Donc en gros ce renforcement reflète ma vision d’une société future où on se rencontre online, on peut avoir besoin de la technologie pour faire des bébés, on se soigne par de la probiotique et des gâteaux, on s’éclaire à l’énergie éolienne, on investit toujours plus dans la génétique et les super-ordinateurs, tout en dépensant ses économies sur du design scandinave et des diamants ;-) Il ne reste plus que tout ça se matérialise :-)