Bonjour Swantonbomb,
Non, mes achats chaque mois en bourse sont exclusivement financés par mon épargne professionnelle (autour de 15k€ / mois). Depuis juillet 2018 tous ces flux vont à mon portefeuille IB (US + émergents), créé à ce moment-là. Je profite de vos questions pour faire un point sur ma stratégie patrimoniale.
Ma stratégie actuelle pour les différentes poches de mon patrimoine est la suivante :
- Immobilier (800k€, 42% du patrimoine brut/net, 1 RP, 2 RS, terrains) : aucun changement prévu si ce n’est des rénovations (autour de 20k€) prévues pour la RP, un appartement acheté l’an dernier à Montpellier. Les RS sont des maisons de campagne familiales que je garderai toujours. Ces biens servent aussi à mes parents. J’ai un terrain potentiellement constructible qui pourrait ainsi beaucoup s’apprécier. Ma prochaine opération immobilière serait l’acquisition d’une RP à Bruxelles avec ma compagne, mais ce n’est pas urgent car je viens d’aider ma compagne à emménager dans un grand appartement (suffisant pour une famille) en location à Bruxelles. Par ailleurs le patrimoine de ma compagne (non pris en compte ici) est très orienté immo (2 appartements locatifs) donc du point de vue du patrimoine global du couple nous avons déjà à mon sens une exposition immobilière largement suffisante.
- Fonds € (327k€, 17% du patrimoine) : ils m’ont servi à financer mon achat immo à Montpellier. Désormais je ne prévois aucun retrait, sauf achat de nouvelle RP en Belgique. Pour ce faire, je voudrais que cette poche augmente à 500k€, mais ce n’est pas une priorité immédiate.
- Actions (667k€, y compris un PEE de 21k€, 35% du patrimoine) : ma cible à moyen-terme (idéalement d’ici fin 2020) est un portefeuille boursier de 1M€, qui serait le socle de mon indépendance financière.
La répartition géographique actuelle est France 396k€ / 59%, Europe 91k€ / 14%, USA 158k€ / 24%, émergents 22k€ / 3%.
La répartition géographique pour le portefeuille cible est France 400k€ / 40%, Europe 100k€ / 10%, USA 400k€ / 40%, émergents 100k€ / 10%.
Composition géographique du portefeuille boursier (actuel et cible), en k€
Les différentes poches de ce portefeuille boursier ont donc chacune leur propre cible et usage, et ne "communiquent" pas :
- les dividendes de mon CTO France (283k€) me sert à financer mes frais fixes en France (environ 10-15k€ / an : impôts, abonnements EDF, rénovations immo légères etc.), le reste étant réinvesti en actions françaises ;
- le PEA (99k€) et PEA-PME (23k€) servent évidemment uniquement à capitaliser ;
- le CTO Europe (56k€) et le PEE en actions européennes (21k€) servent aussi uniquement à capitaliser ;
- mon portefeuille IB USA+émergents (185k€) sert uniquement à capitaliser et reçoit actuellement 100% de mes flux d’épargne professionnelle, puisqu’il est clair que pour atteindre ma répartition géographique cible je dois essentiellement acheter des actions US et émergentes (les cibles pour la France et l’Europe étant déjà quasiment atteintes).
Je finance mes dépenses courantes en Afrique (environ 15k€ / an) par mon compte bancaire US où m’est versé mon salaire (en $), car je me suis aperçu que les frais bancaires (retraits / paiements en francs CFA etc.) étaient moindres avec ce compte bancaire US qu’avec mon compte français.
- Liquidités de précaution (94k€, 5% du patrimoine) : elles sont quasiment déjà à leur niveau cible. Il s’agit essentiellement d’un PEL à 2,5%.
En termes de répartition du patrimoine actuel et cible (en k€, actuel en couleurs pleines, cible en rayures) :
Le patrimoine actuel est de 1,9M€, le patrimoine cible pour atteindre l’indépendance financière est de 2,4M€. Evidemment la définition de cette cible d’indépendance financière m’est personnelle : ce patrimoine permettrait à une famille de vivre confortablement (mais pas forcément bourgeoisement), sans autre source de revenus. En effet il génèrerait en tendance des revenus de :
- Immo : pas de revenus mais des coûts d’environ 10k€ / an en taxes locales et frais divers
- Fonds € : 500k€ * 1,5% = 7,5k€
- Actions : 1000k€ * 5% = 50k€ (je raisonne évidemment toujours en termes de total return, et non de dividendes)
- Liquidités : 100k€ * 2,5% = 2,5k€ (il s’agit essentiellement d’un vieux PEL)
Soit des revenus passifs de 60k€ / an, ou 50k€ après déduction des frais fixes liés à l’immobilier. Actuellement mon patrimoine financier, avec les mêmes hypothèses, génère des revenus passifs d’environ 41k€ / an en moyenne.
Il me reste donc 500k€ (exactement 512k€) à épargner pour atteindre cet objectif. Si je continue ma coopération avec mon employeur actuel sur les mêmes bases (salaire annuel toutes primes comprises de 250k$ soit 223k€ avec un taux de change €/$ à 1,12 - expatriation dans des pays difficiles et risqués, exemption d’impôts), avec le même taux d’épargne (très élevé : dépenses annuelles de 25-30k€ donc épargne de presque 200k€ / an, environ 16k€ / mois), et en supposant des marchés boursiers stables, il me faudrait 512 / 16 = 32 mois (2 ans et demi) pour atteindre mon objectif. Avec néanmoins beaucoup d’incertitudes : moindre rémunération dans les pays à moindres risques, taux de change €/$, et évidemment fluctuations de la bourse.
On vient de prolonger mon contrat (en Afrique centrale) jusqu’en octobre 2019 et de me proposer une nouvelle mission de 5 mois (jusqu’en mars 2020), à nouveau dans un pays africain à risques (en Afrique occidentale - je ne suis pas ravi, je voulais aller en Asie). Soit 10 mois de revenus "garantis".
Il me reste donc 22 mois de missions à obtenir de mon employeur actuel. Cela devrait être possible mais mon souci actuel est de trouver une solution acceptable pour ma compagne, qui souhaite que nous vivions ensemble en Europe. C’est aujourd’hui l’incertitude principale sur la poursuite de ma stratégie patrimoniale.
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J’ai utilisé une approche GARP (à ma façon) pour mon portefeuille France et je ne suis pas ravi des résultats : cela ne semble pas générer d’alpha, en tout cas sur la période d’observation (peut-être trop courte).
Cela m’a conduit à modifier mon approche pour mon portefeuille US : désormais je prends beaucoup moins en compte les ratios de valorisation pour mon premier achat d’une ligne (en général une "louche" de 1k€ ou 1k$), si je suis convaincu de la qualité de l’entreprise sur la base de 3 principaux critères : (1) forte croissance passée et prévue du chiffre d’affaires, (2) track-record de surperformance par rapport à l’indice (sur les 3-5 dernières années), (3) fort consensus de marché (analystes unanimes ou quasiment). Ma première louche est donc price-insensitive. Pour les renforcements, je tiendrai davantage compte des ratios de valorisation.
Mon impression sur la base de mon expérience et de ma lecture des forums, c’est que la prise en compte (a) des ratios de valorisation et (b) du niveau des dividendes détruit beaucoup plus de performance qu’elle n’en crée, en tout cas entre les mains d’investisseurs amateurs. L’utilisation de ces critères conduit à surpondérer des entreprises clopinantes et/ou matures, sans gros potentiel de croissance. Dans un marché en fin de cycle et avec une liquidité abondante post-QE, les entreprises de qualité sont nécessairement chères. J’investis sur le très long-terme et je ne souhaite avoir que des entreprises de qualité, avec un fort potentiel de croissance.
Je privilégie donc très nettement une approche croissance, avec prise en compte de la performance récente de l’action. Je prends évidemment le risque de surpayer des actions certes de qualité mais "consensuelles" et surachetées. Afin de limiter (un peu) ce risque, j’étudie la résilience des actions pendant les périodes de correction, comme au 4e trimestre 2018 ou en mai 2019.
Par ailleurs, je reste extrêmement prudent sur le dimensionnement de mes positions et sur la réduction du risque idiosyncratique par la diversification (dont je reconnais volontiers qu’elle est extrême dans mon cas, mais je tire les leçons des excellentes performances des ETF). Je constitue toutes mes lignes très progressivement, louche par louche.
Je combine donc une grande agressivité pour mes premières louches (grande insensibilité au niveau des prix), avec une grande prudence dans le dimensionnement des positions. C’est parce que mon portefeuille est diversifié à l’extrême que je peux me permettre d’acheter du Heico à des ratios de valo délirants, en me disant qu’une baisse de 30-40% est tout à fait possible, mais sera l’occasion d’un renforcement.
Dernière modification par Scipion8 (01/06/2019 13h06)