Bonjour Bibike,
Je suis assez peu sélectif (en gros j’envisage de passer à l’achat sur 15-20% des entreprises que je regarde, sans premier tri), mais j’ai beaucoup de filtres négatifs quasi "automatiques", qui me permettent d’éliminer beaucoup d’entreprises (je donne quelques exemples concrets, notamment tirés des tables ci-dessus) :
1) Chiffre d’affaires stagnant ou en déclin : Elior, Vicat, Tarkett, Atos, Vodafone… Pour moi un chiffre d’affaires en progression est vraiment une condition sine qua non pour envisager un achat. Je ne m’intéresse pas aux entreprises stagnantes / déclinantes éventuellement "décotées", d’une part parce que je considère que les marchés sont largement micro-efficients (et donc que les supposées "décotes" se justifient le plus souvent), d’autre part parce que ça ne correspond tout simplement pas à ma psychologie et à mon style de gestion passif avec un horizon de très long-terme (je veux participer à la croissance).
2) Secteurs risqués et/ou stagnants, que je souhaite sous-pondérer (je vais donc être très sélectif sur ces secteurs) : constructeurs automobiles (j’ai Daimler, pas Renault / Peugeot), banques (mes principales positions sont BNP Paribas, HSBC, JPMorgan, Goldman Sachs), pétrole (j’ai Total et ONEOK, c’est tout), énergie (je n’ai que NextEra, et EDF en erreur du passé), télécoms (je n’ai qu’Orange, et j’aurais pu m’en passer), big pharmas (j’ai Sanofi, AbbVie et Abbott Laboratories, pas très intéressé par les autres), transport aérien (seulement Air France / KLM, de façon spéculative), sidérurgie (rien), mines (seulement Katanga, et ce n’est pas une pépite)…
3) Secteurs contraires à mon éthique : alcool (Anheuser-Busch, Pernod Ricard), exploitation animale (LDC, Charles River Laboratories), tabac, cannabis. Mais pas le secteur de la défense.
4) Entreprise étrangère pour laquelle je préfère un quasi équivalent en France, notamment pour des raisons fiscales : Allianz / Prudential (j’ai AXA), AstraZeneca (j’ai Sanofi), Santander / Standard Chartered (j’ai BNP Paribas), BP / Royal Dutch Shell / Exxon Mobil (j’ai Total), Vodafone / Telefonica (j’ai Orange, sans enthousiasme)… A performances quasi équivalentes, je vais préférer les entreprises françaises, notamment pour les valeurs de rendement en PEA. (Si je suis actionnaire de Daimler et non pas de Renault / Peugeot, c’est donc que je ne considère pas ces dernières au niveau.)
5) Entreprise pour laquelle je préfère un concurrent à mon sens meilleur dans le même secteur : Korian (je préfère Orpea), SocGen / Crédit Agricole (je préfère BNP Paribas), Bénéteau (j’ai Fountaine Pajot)… (cela dit j’ai Kering malgré ma préférence pour LVMH et Hermès, car c’est un secteur que j’aime beaucoup)
6) Endettement excessif, potentiels problèmes de liquidité : Altice, Casino/Rallye, ArcelorMittal (je suis malgré tout actionnaire de Tesla)
7) Entreprise soeur, fille ou parente d’une entreprise dont je suis actionnaire : Bolloré (je suis actionnaire d’Odet)
8) Management pénible : Iliad, Altice (malgré cela j’ai GL Events et Lagardère, sans enthousiasme)
9) Conglomérats complexes : General Electric, Siemens, ThyssenKrupp (j’ai malgré tout Danaher, United Technologies…)
10) Bonne entreprise mais à mon sens proche de son potentiel / apogée, et menacée par de nouveaux concurrents : SAP
11) Excellente entreprise mais cible d’une OPA : Worldpay (dans ces cas-là, j’achète parfois l’acheteur, comme je l’ai fait avec Fidelity National Information Services)
12) Risque pays trop important : actions grecques, entreprises dépendantes de la commande de l’Etat italien (Leonardo)…
13) Rôle excessif (et néfaste) de l’Etat : EDF (actionnaire malgré moi), Renault, Alstom
14) Secteur et/ou cours très volatil, pas idéal pour mon style de gestion très passif : biotechs, semiconducteurs (pas mal d’échecs sur ce secteur en appliquant aveuglément mon approche croissance, sans tenir compte du cycle sectoriel), SOITEC, ECA, Virbac (ce sont peut-être de bonnes entreprises mais je ne veux pas de drama queens dans mon portefeuille, ou en tout cas le moins possible)
15) Secteurs simplement pas assez "sexy" pour moi (= potentiel de croissance trop limité) : Essity, Unilever / Nestlé (j’ai tort jusqu’à présent, mais j’assume)
Avec tous ces filtres, j’élimine "automatiquement" une bonne moitié (voire les 2/3) de la cote, ce qui facilite mon stock-picking. Souvent une même entreprise est touchée par plusieurs filtres (par exemple les entreprises endettées ont souvent un cours très volatil).
L’entreprise idéale pour moi est un leader mondial profitable sur un marché en forte croissance, et un cours en croissance quasi-perpétuelle, avec une faible volatilité. Le niveau du dividende n’importe pas. LVMH, Visa, Mastercard, par exemple, vérifient ces conditions. Avant d’acheter une action, je me pose la question si mon épargne ne devrait pas plutôt aller à LVMH ou Visa… évidemment les entreprises mentionnées négativement plus haut ne passent pas ce test.
Oui, les fonds de cellule sont colorés manuellement. Je ne sais pas si on pourrait programmer un formatage conditionnel avec une fonction de recherche dans différentes listes (portefeuille, buylist, watch list, no-go list). En tout cas, c’est l’étape finale plutôt plaisante de ce travail, la corvée étant l’extraction des données des rapports mensuels des fonds.