1 14 #801 02/01/2021 20h39
- Scipion8
- Membre (2017)
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Bonjour,
Dans ce message, je donne mon point de vue sur les perspectives boursières 2021, je publie mon portefeuille européen (Saxo) et je reviens sur les questions techniques (TRI vs. TWR et questions de Peakykarl).
1) Perspectives boursières 2021 : risques, scénarios et stratégie
D’un point de vue économique, les pays occidentaux traversent une récession violente, conséquence directe de la pandémie et des mesures pour limiter ses dégâts humains. Mais de mon point de vue, malgré la violence assez exceptionnelle de cette récession, elle ne devrait pas durer : c’est le cas, généralement, des récessions liées à des facteurs exogènes, par exemple une catastrophe naturelle. C’est ce qu’on observe généralement, pour des raisons diverses :
a) Un facteur exogène causant une crise économique est généralement plus facilement identifiable/compréhensible pour les agents économiques qu’un facteur endogène, et la confiance des agents économiques revient dès qu’il disparaît (et cette pandémie, d’une façon ou d’une autre, sera réglée à plus ou moins court-terme). Par exemple, il est plus facile pour une entreprise de planifier des investissements après une pandémie que d’évaluer la durée de l’apurement des bilans bancaires après une crise comme celle de 2008.
b) Les périodes post-guerre (par exemple après les 2 guerres mondiales) ou post-catastrophe naturelle (par exemple après le tsunami au Japon en 2011) sont généralement marquées par un fort rebond de l’activité en raison (i) d’un retour rapide de la confiance (soulagement, volonté redoublée de profiter de la vie) et (ii) d’une forte réponse budgétaire et monétaire par les autorités, que les conditions dramatiques vécues par la population incitent à maintenir durablement (à tel point qu’un risque inflationniste peut apparaître en conséquence d’un "surdosage" budgétaire et/ou monétaire).
c) Contrairement à la crise systémique de 2008 ou la crise de la dette souveraine de 2011-2012 dans la zone euro, la crise actuelle (comme celle de 2000) n’est pas la conséquence d’un endettement excessif. Les crises résultant d’une accumulation excessive de dette (par les États, les entreprises et/ou les ménages) nécessitent souvent un deleveraging très graduel et douloureux, qui explique pourquoi les crises endogènes sont souvent plus durables que les crises liées à des déclencheurs exogènes.
Aujourd’hui beaucoup d’États occidentaux ont un endettement important, mais aucun souci d’accès au marché obligataire. Les banques ont globalement des bilans relativement sains, conséquence d’un deleveraging massif et d’un resserrement considérable de la régulation bancaire depuis 2008. Les ménages américains et européens se sont globalement enrichis sur la dernière décennie - même si les inégalités créent des risques sociaux et politiques. L’endettement des entreprises peut éventuellement poser question mais (i) les entreprises technologiques désormais dominantes sont souvent cash-rich et (ii) il n’y a pas aujourd’hui de problème d’accès au marché obligataire pour les entreprises qui ont recours à l’endettement. Bref, tout n’est pas rose et nous verrons peut-être (et même sans doute) un jour une nouvelle crise résultant d’un excès de dette, mais de mon point de vue, ce n’est pas pour maintenant.
Dans ce contexte, quels sont donc aujourd’hui les principaux risques pour les marchés boursiers ?
Les réponses des investisseurs aux enquêtes donnent éventuellement une indication de ce qui est pricé :
Cette enquête menée par Deutsche Bank en décembre suggère que les principales inquiétudes des investisseurs restent liées à la pandémie : (a) le risque de mutations du virus rendant les vaccins inefficaces, (b) le risque que les vaccins aient des effets secondaires sérieusement néfastes, et (c) le risque qu’une proportion trop importante de la population refuse de se vacciner, prolongeant ainsi la pandémie. De ces 3 risques, on peut dire a priori que le marché, peu compétent en la matière, doit sans doute les pricer de façon assez aléatoire et imprécise.
De mon point de vue (et évidemment sans plus de compétence que l’investisseur lambda), cela me suggère que la dissipation (probable ?) de ces 3 risques pourrait continuer à soutenir les marchés boursiers pendant la phase finale de la pandémie.
D’autres risques dans cette liste m’inquiètent beaucoup moins que les investisseurs :
d) le risque que les banques centrales et les États retirent leur soutien à l’économie trop vite : pour le coup, je suis a priori un peu plus expert sur ce point, et je serais très surpris de voir les banques centrales manquer à leurs engagements de maintenir les taux ultra-bas et de continuer le QE tant que l’économie souffre ;
e) le risque d’un Brexit désordonné a enfin disparu (à peu près ?) depuis l’accord trouvé ces derniers jours ;
f) le risque d’une polarisation politique aux USA conduisant à de sérieux troubles sociaux me semble exagéré ; Biden est un centriste manifestement soucieux de réconcilier le peuple américain, le Parti Républicain va se débarrasser du clan Trump discrédité plus encore par sa défaite que par son comportement, et les extrémistes des 2 bords, s’ils sont vraiment décidés à causer du désordre, iront à la case prison ;
g) le risque que les Démocrates remportent la majorité au Sénat via un succès électoral en Géorgie est important (apparemment c’est du 50/50 pour le moment), mais cela ne m’inquiète guère : d’une part, cela placera l’aile droite du parti démocrate (au moins autant pro-business que les Républicains) en contrôle du Sénat, l’aile gauche restant marginalisée ; d’autre part, le système politique américain est bien fait et toute déviation excessive à gauche du pouvoir démocrate serait lourdement sanctionnée lors des mid-terms dans 2 ans, alors que les Démocrates auront de nombreux sièges dans la balance.
Bref, sur ces 7 des 9 risques principaux, je suis plutôt confiant - en tout cas bien plus que le marché.
Il reste 2 risques principaux, plus sérieux à mon sens :
h) le risque d’un rebond surprise de l’inflation, conséquence de la politique monétaire ultra-accommodante des banques centrales : je suis a priori très sceptique sur ce scénario, car je considère l’environnement mondial fondamentalement déflationniste (vieillissement démographique, mondialisation et digitalisation de l’économie, contrôle des processus démocratiques par la bourgeoisie). Je suis donc convaincu que les banques centrales vont (très) durablement maintenir des taux bas et des QE. Mais comme on dit vulgairement, inflation is a bitch, et une surprise inflationniste est toujours possible. Pour mon portefeuille orienté croissance (un style très favorisé par les taux bas et le QE), ce serait un contre-pied complet, avec des conséquences potentiellement dévastatrices. Je pourrais être aussi touché sur mon portefeuille français, moins orienté croissance, car un choc inflationniste obligerait la BCE à remonter ses taux d’intérêt et à arrêter son QE, avec comme conséquence probable une hausse brutale des coûts de refinancement de l’État français et une dégradation soudaine de l’équation de soutenabilité de la dette publique. Les actions françaises ne seraient sans doute pas immunes à de tels développements. En bref, ce risque est de mon point de vue à faible probabilité mais à très fort impact sur mon portefeuille.
i) le risque d’un éclatement de la (supposée) bulle sur les valeurs technologiques : de mon point de vue, il n’y a pas aujourd’hui de "bulle" à proprement parler, mais la "distance" à un tel scénario se réduit rapidement :
- la prime de risque du marché actions US (évaluée par exemple par Aswath Damodaran) est passée de quasiment 8% en mars 2020 (un niveau historiquement élevé) à 5% actuellement : cela reste au-dessus de la moyenne de long-terme (4,2%), mais si elle baisse sous les 4% (ce qui, à ce rythme, pourrait être le cas dans quelques mois), ce serait pour moi un clair signal d’alerte ;
- les comportements typiques de toutes les bulles se multiplient rapidement : discours sur de "nouveaux paradigmes" justifiant des valorisations absurdes, succès d’actifs à la valeur incertaine très douteuse (cryptos) ou au minimum incertaine (certaines entreprises des secteurs verts et SaaS sans perspective crédible de profitabilité), achat d’entreprises "à l’aveugle" (SPAC), rejet des approches habituelles de valorisation (alors que je pense que mes ancêtres gaulois utilisaient déjà le DCF pour valoriser les vaches sur le marché), trading massif sur les options à très court-terme, entrée massive d’amateurs inexpérimentés sur le marché boursier (à l’occasion du krach de février/mars 2020 et du confinement)…
Bref, de mon point de vue, la casserole ne déborde pas encore, mais elle commence à bouillonner sérieusement. Cela dit, elle peut encore bouillonner un bon moment - la fin de la partie dépendra d’un déclencheur aujourd’hui inconnu (mais en toute probabilité, ce ne sera pas les banques centrales, de mon point de vue).
De mon point de vue, le risque d’un violent retour de bâton sur les valeurs technologiques, entraînant avec elles l’essentiel de la cote, est un risque à probabilité élevée et à impact modéré sur mon portefeuille : l’impact sur mon portefeuille devrait être important au moment du choc, mais il devrait graduellement se résorber, si mon analyse fondamentale quant à la qualité des entreprises se vérifie (ma calibration prudente des lignes les plus risquées devrait aider).
Outre ces risques identifiés par les participants de marché (les known unknown de Rumsfeld), il y a tous les risques aujourd’hui inconnus (les unknown unknown).
Globalement, je perçois donc 2021 comme une année boursière dangereuse, malgré les nuages macro qui se dissipent (pandémie, Trump etc.).
Quels scénarios boursiers pour 2021 ?
Sur la base de mon appréciation (personnelle) des risques, je définis différents scénarios typiques, avec des probabilités différentes pour chacun. Il ne s’agit pas de prévision mais d’une structuration de l’avenir possible pour ""stress-tester" le portefeuille et réfléchir à la stratégie :
- Scénario A : une bulle se forme, prolongeant les tendances des dernières années très favorables aux valeurs de croissance : un principe important de mon point de vue, autant dans le contexte de la pandémie (malheureusement) que pour la bourse, est la loi de Hofstadter :
It always takes longer than you expect, even when you take into account Hofstadter’s Law.
Il faut toujours plus de temps que prévu, même en tenant compte de la loi de Hofstadter.
Entre le moment où l’on commence à parler de bulle et le moment où elle éclate, l’attente peut être très, très longue (je m’en souviens distinctement en 1998-2000, quand j’étais élève ingénieur). La formation de la bulle pourrait être favorisée par la fin de la pandémie, le maintien (probable) de taux ultra-bas et des QE, en l’absence de toute surprise inflationniste. C’est un scénario clairement possible à mes yeux : probabilité 40%.
Dans ce scénario, on pourrait (et même devrait) voir des corrections de l’ordre de -10% à -20% (du type de la correction du 4e trimestre 2018), mais pas de nature à stopper la tendance haussière. Au contraire, chaque correction surmontée renforcerait la tendance des investisseurs à "acheter le creux" (buy the dip - une stratégie déjà gagnante en 2018 et 2020), accélérant la formation de la bulle. La prime de risque du marché actions US baisse à 3%, le VIX baisse sous les 15% et le S&P500 dépasse les 5000 points en 2021.
- Scénario B : une correction majeure met fin à la tendance haussière, initiant une période volatile: pour mettre fin à la mentalité "buy the dip" aujourd’hui très prévalente et "rincer" définitivement ceux qui surfent aujourd’hui sur les secteurs "bullesques" du marché (EV, énergies renouvelables, SPAC, SaaS, cryptos), il faudrait de mon point de vue une correction très sévère. Si elle ne l’est pas, la tendance haussière reprendra rapidement, comme on l’a vu depuis mars/avril 2020 (pourtant dans un contexte de pandémie !).
Toute la question est de savoir si une telle correction (de l’ordre de -30/-40%) est possible sans déclencheur spécifique. De mon point de vue, sans déclencheur "sérieux", une telle correction est improbable sur les niveaux actuels. Il faudrait (i) soit un déclencheur très sérieux (plus sérieux qu’une pandémie…) pour "casser" la mentalité haussière aujourd’hui très dominante, (ii) soit des niveaux de valorisation beaucoup plus élevés qu’aujourd’hui.
Par définition, je ne peux aujourd’hui imaginer un déclencheur sérieux (unknown unknown) pour une telle correction - car si je pouvais l’imaginer, alors sans doute d’autres investisseurs aussi et il serait partiellement pricé.
J’ai tendance à voir une telle correction plutôt pour le 2e semestre, car pour le 1er semestre, la fin de la pandémie, les QE encore à plein régime, combinés à des niveaux de valorisation encore "raisonnables", ne me semble pas vraiment propice à une correction aussi violente.
De mon point de vue, le niveau de valorisation des marchés (par exemple la prime de risque) reflète le degré d’aridité de la forêt. Plus elle est aride, plus il devient probable que la moindre étincelle mette le feu à la forêt. Aujourd’hui, seuls quelques secteurs de la forêt sont très secs. Mais si la tendance actuelle continue, cela pourrait rapidement changer, et la forêt pourrait alors s’enflammer. Pour 2021, je donne à ce scénario une probabilité de 30%.
- Scénario C : les marchés boursiers ralentissent naturellement, via des "respirations" régulières : dans ce scénario les marchés "s’assagissent" après 2 très belles années pour les valeurs de croissance (2019-2020). On voit des corrections / respirations de l’ordre de -10/-15% (du type de celle du 4e trimestre 2018). Le VIX se maintient autour de 20%, reflétant la prudence des participants de marché sur les risques d’hiver. Les bulles "locales" (SaaS, EV, cryptos etc.) éclatent, mais sans entraîner vraiment l’ensemble de la cote. On voit une rotation sectorielle et une "normalisation", avec un retour du value et des valeurs de rendement, au détriment des valeurs de croissance.
Le S&P500 fait une performance annuelle 2021 entre -15% et +5%. L’année boursière 2021 ressemblerait ainsi à 2018 ou 2015.
Ce scénario, qui, sur le papier, semble le plus "raisonnable", me semble moins probable que les scénarios A et B, parce que les marchés ne savent généralement pas freiner "en douceur", surtout quand des comportements "bullesques" se multiplient. Je donne donc à ce scénario pourtant "raisonnable" une probabilité de 20%.
- Scénario D : un risque macro (choc inflationniste, repricing du risque souverain) cause un choc boursier majeur : ce serait une variante du scénario B, mais avec un déclencheur connu (known unknown), comme le risque d’un choc inflationniste (craint par certains investisseurs en raison des QE massifs) ou une crise de dette souveraine, "après-choc" de la pandémie, comme en 2011-2012 dans la zone euro.
Perso je suis moins inquiet sur l’inflation que sur le risque souverain, mais pour des raisons liées notamment à la politique monétaire de la Fed et de la BCE, ce genre de scénario me semble prématuré pour 2021. (A plus long-terme, c’est différent, comme expliqué dans mon message précédent sur le risque souverain en France.) Pour 2021, je ne donne donc à ce scénario qu’une probabilité de 10%.
Comment performerait mon portefeuille dans ces différents scénarios ? Des ajustements à ma stratégie sont-ils nécessaires ?
- Le scénario A serait très favorable à mon portefeuille IB, lourdement chargé en valeurs de croissance. Malgré mon jugement très défavorable sur l’avenir des cryptos "anarchiques" actuelles, j’ai même pris quelques positions indirectes sur cet univers (MicroStrategy, GBTC, Silvergate Capital) afin de me "couvrir" contre un risque de bulle. J’ai aussi pris quelques SPAC (avec des calibrations très prudentes). Pas besoin d’autres ajustements dans ce scénario, mon portefeuille devrait s’envoler s’il se concrétise.
- Le scénario B serait fortement défavorable pour mon portefeuille IB, alors que mes autres portefeuilles (France, Europe) résisteraient un peu mieux : afin de réduire un peu l’impact de ce scénario sur mon portefeuille, je pourrais limiter mes futurs investissements sur des valeurs d’ultra-croissance (risque important de surévaluation) et au contraire renforcer des investissements GARP + qualité, a priori plus résilients dans ce type de scénario, et value, plus décorrélés des indices.
Surtout, pour me préparer à ce scénario, il me faut baisser le levier sur mon portefeuille IB de 1,37 actuellement à 1,2-1,3. Je suis confiant dans ma capacité technique et psychologique à gérer une correction majeure avec un levier 1,2 (c’était le cas pour moi début février 2020) - beaucoup moins serein au-delà.
- Le scénario C pénaliserait aussi mon portefeuille IB, mais profiterait à mes portefeuilles français, fortement pondérés sur des valeurs de rendement : je suis assez serein face à ce scénario, quelques renforcements vers des valeurs de rendement et du value devraient suffire. Mon portefeuille global est en effet bien plus équilibré que mon portefeuille IB (très offensif).
- Le scénario D serait le plus dévastateur pour mon portefeuille, car il me pénaliserait à la fois aux USA (valeurs de croissance) et en France (risque souverain) : face à ce risque à faible probabilité mais fort impact, il n’y a pas 36 couvertures possibles : je vais augmenter (raisonnablement) mon allocation or, sous diverses formes (ETF, minières - mais pas d’or physique, pour des raisons de sécurité).
En bref, ma stratégie pour 2021 consistera à diversifier mes renforcements, sans vendre aucune ligne existante : mon portefeuille gardera ainsi sa nette orientation croissance - car c’est justifié par l’environnement de taux ultra-bas - mais j’augmenterai le poids des valeurs GARP (Growth at Reasonable Price) et qualité, c’est-à-dire que je serai plus exigeant sur les fondamentaux et les valorisations. Je continuerai à investir sur des valeurs de croissance, mais avec plus de modération (en % de mes renforcements) et d’exigence (sur les fondamentaux). Je réduirai mon usage du levier. Enfin, je renforcerai mes petits "moteurs auxiliaires" value et or, au cas où les moteurs principaux de mon avion (croissance et qualité) s’éteignent.
Évidemment, la définition de la stratégie boursière sera différente pour chaque personne, selon son portefeuille de départ, sa tolérance au risque, et son appréciation des risques. Mais je pense opportun pour chacun de réfléchir en termes de scénarios et de tester sa résilience technique et psychologique aux scénarios les plus critiques.
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Je publie maintenant l’intégralité de mon portefeuille européen (Saxo).
Sa composition est assez originale, car il a été construit par "vagues" irrégulières : d’abord début 2018, avec une méthode de stock-picking assez originale (une sorte d’approche value + dividendes qui a donné des résultats assez mitigés, voire parfois désastreux), puis en 2020 avec une approche croissance qui a beaucoup mieux fonctionné. Globalement je suis satisfait de sa performance, surtout en 2020. Je ne vends jamais rien, donc toutes les lignes restent. Il faut donc vraiment se méfier si l’on veut y piocher des idées, car mon stock-picking début 2018 était assez olé-olé (j’espère avoir progressé depuis).
Ce portefeuille comprend aussi quelques OPCVM, avec des résultats très mitigés (le point d’entrée était certes très défavorable), qui justifient ma préférence pour faire le travail de stock-picking moi-même.
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@JeromeLeivrek : Merci, je ne savais pas que la performance de la "valeur de la part" et le TWR étaient la même chose, ça clarifie les choses. (Bon, je vais continuer à parler de TWR - time-weighted return, je trouve ça plus clair.)
@Carignan : Comme dit par JeromeLeivrek, les 2 mesures (MWR = TRI et TWR = valeur de la part) sont intéressantes, et complémentaires.
Je préfère le TWR sur une base infra-annuelle (et c’est l’indicateur que je rapporte sur ce forum en général). Car :
- sur une base infra-annuelle, les résultats de TRI.PAIEMENTS sont parfois un peu surprenants, je trouve
- beaucoup de gens calculent des TRI annualisés sur une base infra-annuelle et perso, je n’y comprends plus rien (alors que je suis censé maîtriser les bases mathématiques) : quand je vois des TRI annualisés (sur base infra-annuelle) stratosphériques, je me pose des questions existentielles sur la méthode d’annualisation utilisée…
Perso, je déteste ça (ça trouble toutes les comparaisons), et je n’utilise l’annualisation que sur des périodes pluri-annuelles.
Sur une base infra-annuelle, je préfère donc le TWR. Cette préférence pour le TWR est justifiée la plupart du temps pour moi, car je suis toujours 100% investi, généralement avec un rythme d’investissement régulier ("DCA"). Je n’ai pas de gros bonus à investir.
Mais les 2 sont utiles. Je trouve intéressant de comparer le TWR et le MWR (TRI) en fin d’année. Pour moi en 2020, le TRI est supérieur au TWR car j’ai beaucoup renforcé dans le creux en février/mars 2020, puis je n’ai plus pu renforcer en juin-octobre, quand les marchés étaient plus hauts, faute de revenus professionnels.
Cette comparaison TWR/TRI est encore plus pertinente pour ceux qui gardent des liquidités et les gèrent de façon dynamique.
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@Peakykarl : 1) Je n’ai pas trouvé le fonds JPMorgan que vous mentionnez sur le site que j’utilise pour comparer les performances des fonds. Je l’ai remplacé par un fonds Goldman Sachs a priori comparable :
En 2020, mon portefeuille IB (+70%) bat nettement les 2 fonds (Morgan Stanley +55% et Goldman Sachs +46%), mais c’est largement dû à l’utilisation de levier.
Si j’applique le beta moyen en 2020 sur mon portefeuille IB (1,36 - qui correspond peu ou prou au levier moyen) à la performance du S&P500 en 2020, cela me donne (à la grosse louche) la décomposition suivante de ma performance annuelle (+70%) : +25% pour la performance indicielle amplifiée par le beta, et +45% pour l’alpha. (L’alpha par rapport au NASDAQ serait évidemment bien moindre.)
Cela dit, mon portefeuille IB est en EUR, alors que le S&P500 et les 2 fonds sont en USD. L’effet de change a été très négatif pour moi en 2020 (environ -9%), ce qui compense en partie l’impact du levier.
Donc globalement, je dirais qu’il y a eu match en 2020 entre mon portefeuille IB et ces 2 fonds, mais (après compensation des effets du levier et du change) je pense être devant. Les mesures de risque (maximum drawdown) et de performance ajustée du risque (ratios Sharpe et Shapiro) ne sont pas vraiment comparables, car celles que me donnent IB sont sur la base de données journalières, alors que celles données par le site de comparaison de fonds sont sur la base de données mensuelles, ce qui atténue significativement la violence du krach de février/mars 2020.
2) Je dois passer en moyenne 1 heure par jour sur la "recherche" boursière, mais ce n’est pas de la recherche à proprement parler, mais plutôt la consultation aléatoire de différentes sources (presse financières, forums, Seeking Alpha etc.), qui me permet de mettre à jour un fichier Excel de stock-picking, sur lequel j’ai une simple liste d’environ 3000 actions américaines et quelques centaines d’actions européennes.
Si je lis quelque chose d’intéressant sur une valeur (par exemple un article très positif, de bons résultats publiés, ou un investisseur de référence qui l’a achetée), je l’indique par un code couleur : par exemple une valeur passe de "blanche" (neutre) à "jaune" (intéressant). Si une autre nouvelle positive survient plus tard, je la passe de jaune à orange. Puis de orange à rouge. En revanche, si un signal négatif à mes yeux survient, la valeur passe de jaune à beige, puis à blanc (= elle ne m’intéresse plus).
Quand je dois faire un renforcement (chaque mois), je regarde ma liste de valeurs "rouges". Pour chacune, je regarde rapidement les fondamentaux, l’évolution du cours, les dernières nouvelles, et je prends une décision rapidement, avec une calibration plus ou moins prudente selon mon degré de conviction. ça me prend 10 minutes par action, en moyenne.
Mais j’ai désormais bien quadrillé la cote américaine. Sur 3000 valeurs, j’en ai éliminé plus de 2000 et celles-là, sauf très rares exceptions, je ne m’y intéresserai plus, elles ne correspondent pas à ce que je recherche. J’ai 500 valeurs américaines en portefeuille, que je ne suis pas vraiment, sauf quand le cours décroche brutalement dans un sens ou dans l’autre. Mon attention se porte principalement sur la "watchlist" de valeurs jaunes/oranges/rouges dans mon fichier Excel : "seulement" 150 aux USA et 200 en Europe, donc un champ très réduit par rapport à mon univers initial d’investissement.
A côté de ce monitoring quotidien (mais assez aléatoire), je conduis annuellement (ou au maximum 2 fois par an) un exercice de screening, qui me prend plus de temps, mais connaissant désormais mieux la cote, je pense que l’utilité marginale de nouveaux screenings se réduit au fil du temps.
Dernière modification par Scipion8 (07/03/2021 03h56)
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