Avant la traditionnelle revue du S&P500, le non moins traditionnel update des résultats 1Q2023 des sociétés du S&P500.
Les résultats sont, globalement et à ce stade, toujours moins mauvais que je ne le craignais. Mieux même : les entreprises du S&P 500 enregistrent leur meilleure performance par rapport aux attentes des analystes depuis le quatrième trimestre 2021.
- A ce jour, 85% des sociétés ont publié leurs résultats pour le 1er trimestre 2023
- 79 % d’entre elles ont publié un résultat supérieur aux attentes (ce qui est légèrement supérieur aux moyennes historiques des 5 et 10 dernières années, respectivement 77 % et 73 %)
- Dans l’ensemble, les entreprises déclarent des bénéfices supérieurs de 7 % aux estimations, inférieurs à la moyenne sur 5 ans de 8,4 % et légèrement supérieurs à la moyenne sur 10 ans de 6,4 %
- La baisse mixte des bénéfices (combinant les résultats réels pour les entreprises qui ont communiqué et les résultats estimés pour les sociétés qui n’ont pas encore communiqué) pour le premier trimestre est de 2,2 % contre une baisse des bénéfices estimée de 6,7 % fin mars.
- Pour le deuxième trimestre 2023, les analystes prévoient une baisse des bénéfices de 5,7 %. Pour le troisième trimestre 2023 et le quatrième trimestre 2023, les analystes prévoient une croissance des bénéfices de 1,2 % et 8,5 %, respectivement. Pour l’ensemble de 2023, les analystes prévoient une croissance des bénéfices de 1,2 %.
Mouvements en portefeuille
Le week-end du 1er mai, j’ai passé énormément de temps à analyser une série de small/mid caps de la quote française. J’ai finalement trouvé 2 sociétés qui répondent à mes critères : Clasquin et Bastide. J’ai acheté une première position de ces deux sociétés.
J’ai également commencé la constitution d’un "portefeuille" de prêts en crowdfunding par l’intermédiaire de la plateforme Lookandfin. J’investis uniquement dans des prêts A+ ou A (ce qui signifie qu’outre la solidité de l’emprunteur, nous disposons soit de la couverture d’une assurance crédit (A+), soit d’une hypothèque en 1er rang (A) ) Pour le moment, j’ai effectué 3 investissements pour des rendements bruts variant entre 4,25 % à 7,50 % pour des durées variants de 2 à 3 ans.
REVUE DU S&P500 05/05/2023
PREAMBULE
Ce qui est exposé ci-après représente une "mise à plat" de mes réflexions concernant le marché boursier US. Je ne prétends absolument pas déterminer l’orientation du marché et, d’ailleurs, pour mes propres opérations boursières, je peux parfois prendre le contrepied de ce qui est présenté ci-dessous.
La principale utilité de ce travail est de poser des garde-fous qui m’éviteraient de prendre des décisions trop radicales en nuançant la vision que pourrait avoir l’indécrottable bull que je suis depuis toujours.
Enfin, je rappelle que je suis un investisseur "value" qui, s’il trouve des opportunités, les achètera quelles que soient les conditions de marché. Je ne peux plus pratiquer le DCA car l’épargne sur mes revenus professionnelles est devenue symbolique par rapport à la taille de mon patrimoine. Des investissements réguliers n’ont plus beaucoup d’impact pour permettre de "moyenner". De là découle mon obligation de tenter de "timer" un tant soit peu le marché.
CONTEXTE, STRATEGIE ET REFLEXION PERSONNELLE
Rien de nouveau à signaler. Je reste sur les mêmes postulats :
1. Les USA ne pourront mettre fin durablement à l’inflation élevée sans passer par une récession
2. Toutes les récessions entraînent des corrections boursières
RESUME DE LA REVUE DES INDICATEURS
Tendance de marché : bull
Récession : bearish
Marché de l’emploi : début de ralentissement
Valorisation du marché : très bearish
Sentiment du marché : légèrement bearish
Sentiment des analystes : légèrement bearish
Liquidités : légèrement bearish (anciennement "neutre")
Smart Money : légèrement bearish (anciennement "bearish")
I. TENDANCE DU MARCHE
1. le placement des moyennes mobiles à 50 et à 200 jours
Quand la MM50 se situe au-dessus de la MM200, nous sommes en marché haussier. Quand elle se situe en dessous, nous sommes en marché baissier. Ca ne signifie pas que j’achète ou je vends en fonction de ce critère, ça signifie juste qu’il faut éviter de prendre des positions franches contre la tendance. Ce qui n’empêche pas de se montrer raisonnablement contrarian comme en mars 2002 ou en novembre 2008.
Après la "golden cross" de janvier, la MM50 se maintient toujours vaillamment au dessus de la MM200 et augmente même son avance sur la MM200.
2. L’indicateur On Balance Volume
L’OBV reflète le volume des transactions et l’influence qu’exerce le volume sur les prix, à la hausse à la baisse. Il permet donc de vérifier si la tendance des cours est confirmée par des volumes ou non.
Je constate que la dernière jambe de hausse d’avril n’a pas été confirmée par les volumes.
II. RECESSION ?
1. et 2. Les courbes des taux 2 ans et 10 ans et 3 mois et 10 ans
Elles ont déjà été largement traitées. Le spread s’élargit toujours entre le 3 mois et le 10 ans (conséquence de la crise du plafond de la dette ?). Par contre, le spread entre le 2 ans et le 10 ans a commencé à se rétrécir depuis début mars. Je rappelle à toutes fins utiles que les 4 dernières récessions ont commencé APRES que les courbes se soient "désinversées".
3. Truck Tonnage Index :
Par le passé, cet indicateur était presque parfaitement corrélé avec le S&P500. Aujourd’hui, la divergence entre l’indice boursier et l’indice "camions" reste importante. Après avoir connu une hausse presqu’ininterrompue depuis août 2021, le "TTI" a entamé une tendance baissière depuis octobre et se décorrèle encore un peu plus du S&P500. Au mois de mars, on assiste à une chute importante de l’indice, d’un niveau plus vu depuis la mise à l’arrêt de l’économie en mars 2020.
4. ISM "New Orders" :
Il s’agit d’une des composantes du célèbre ISM Manufacturier. Si l’ISM manufacturier représente, en lui-même, un indicateur avancé de l’activité économique permettant, souvent, d’anticiper les récessions, l’ISM "new orders" est, quant à lui, un indicateur avancé … de l’indicateur avancé. Il permet d’anticiper la tendance de l’ISM Manufacturier.
Sur le graphique ci-dessous, j’ai repris la moyenne à 4 mois de l’ISM new orders (pour éviter les faux signaux qu’un indicateur passant brièvement sous les 50 pourrait envoyer).
Et c’est assez troublant : chaque fois que la moyenne à 4 mois est passée sous le seuil des 50, ce fut un bon timing pour vendre.
Stabilisation de la moyenne à 4 mois de l’indice pour le moment …
5. ISM Manufacturier
C’est l’indicateur avancé de la santé économique. Un ISM sous 50 traduit une contraction économique.
Léger rebond en avril de l’indice mais il reste largement sous le seuil de 50 et ce, pour le e rebond s’est poursuivi en mars Après le léger rebond de février, l’indice est à nouveau en baisse et sous le seuil des 50 pour le 6e mois consécutif.
6. Baltic Dry Index :
Il mesure le coût de transport par bateau dans le monde entier.
Après un rebond de quelques semaines, l’indice semble se stabiliser à un niveau historiquement plutôt faible.
7. Confiance du consommateur :
On constate que chaque récession a été précédée d’une perte de confiance du consommateur américain. Cet indicateur est en tendance baissière depuis la période "pré covid" (ce qui démontre, une fois de plus, le caractère "bullesque" de la hausse de 2021).
La tendance de fond reste baissière.
8. Case shiller index :
L’économie américaine est dépendante du consommateur mais aussi de son marché immobilier (lui aussi en situation bullesque en 2021).
Contre toute attente, l’indice a procédé à un léger rebond en avril …
9. Pouvoir d’achat immobilier des ménages américains :
… bien que le pouvoir d’achat immobilier des ménages se soit légèrement tassé …
III. MARCHE DE L’EMPLOI
1. La reprise dans le marché du travail intérimaire entamée depuis janvier s’est arrêtée en mars et la décrue s’est poursuivie en avril.
2. Les inscriptions au chômage
Il semble qu’un début de tendance à la hausse tende à se dessiner. Sa lenteur pourrait-elle suggérer un "soft landing" ? Possible mais, comme on peut le voir ci-dessous, en 2007-2008, le début de la hausse s’est faite aussi tout en douceur … juste avant que la récession ne se déclare et que l’accélération à la hausse se fasse plus brutale.
3. Les temps partiels pour raison économique
Ils sont stabilisés à des niveaux équivalents à ceux du début de ce siècle
4. L’emploi chez les camionneurs
Après plusieurs mois de baisse, l’emploi chez les camionneurs s’est stabilisé en mars puis reparti à la hausse en avril.
IV. VALORISATION DU MARCHE AMERICAIN
1. Price to book : 4,04
Repères :
Moyenne 2000-2022 : 2,95
Plus bas crise covid (mars 2020) : 2,92
Plus bas crise de l’euro (août 2011) : 1,85
Plus bas crise des subprimes (mars 2009) : 1,78
Plus bas éclatement bulle internet (septembre 2002) : 2.43
2. PER de Shiller : 29,14
Repères :
Moyenne 2000-2022 : 26,99
Plus bas crise covid (mars 2020) : 24,82
Plus bas crise de l’euro (août 2011) : 19,70
Plus bas crise des subprimes (mars 2009) : 13,32
Plus bas éclatement bulle internet (septembre 2002) : 21,96
Plus bas 1ere guerre du golf (octobre 1990) : 14,82
Plus bas « choc Volker » (aout 1982): 6,64
Plus bas stagflation année 70 et choc pétrolier (décembre 1974) : 8,29
3. Prime de risque (per de Shiller inversé – taux des t-bond 10 y) : - 0,01 %
Repères :
Moyenne 2000-2022 : 0,70 %
Plus bas crise covid (mars 2020) : 3,20 %
Plus bas crise de l’euro (août 2011) : 2,12 %
Plus bas crise des subprimes (mars 2009) : 1,78 %
Plus bas éclatement bulle internet (septembre 2002) : 0,61 %
4. "Buffet Indicator corrigé"
(capitalisation boursière US - bilan Fed / PIB) : 121,7 %
Repères :
Plus bas crise covid (mars 2020) : 95.8 %
Plus bas crise de l’euro (août 2011) : 57.7 %
Plus bas crise des subprimes (mars 2009) : 37.5 %
Plus bas éclatement bulle internet (septembre 2002) : 64.5 %
Début du grand bull market 1982-2000 (août 1982) : 31,16 %
V. PSYCHOLOGIE DES INVESTISSEURS
1. Ratio S&P500/consummer staples (comparaison de l’évolution du S&P500 avec le secteur le plus défensif de la quote, le secteur des produits de consommation de base (parmi les poids lourds de ce secteur, on trouve Procter and Gamble, Coca Cola, Pepsico, Walmart, Costco, Philip Morris, …) : 5,35
Repères
Moyenne 1998-2022 : 4,78
Plus bas crise covid (mars 2020) : 5,06
Plus bas crise de l’euro (août 2011) : 4,03
Plus bas crise des subprimes (mars 2009) : 3,54
Plus bas éclatement bulle internet (septembre 2002) : 4,13
Plus bas marché baissier actuel (27/12/22) : 5,05
2. Ratio junk bonds/obligations sans risque (attrait du risque) : 0,846
Repères :
Moyenne 2007-2022 : 0,97
Plus bas crise covid (mars 2020) : 0,51
Plus bas crise de l’euro (août 2011) : 0,86
Plus bas crise des subprimes (mars 2009) : 0,75
Plus bas marché baissier actuel (04/03) : 0,73
3. EPCR 5 jours (mesure le rapport entre les options put et les options call) : 0,73
Plus haut atteint depuis le début de ce marché baissier (22/12) : 1,20
Un 4e"pic" a été atteint le 22/12 qui marque à nouveau un plus haut jamais atteint sur cet indicateur même aux pires moments de paniques de la crise de 2008-2009. Un tel niveau aurait dû indiquer une période de capitulation finale dans un marché baissier violent … ce qui, manifestement n’est pas le cas.
Aujourd’hui, cet indicateur …n’indique plus rien du tout. Je continue à le suivre malgré tout pour tenter de trouver des points d’entrée notamment lorsqu’un ratio élevé coïncidera avec un vix élevé (ce qui n’est pas le cas pour le moment)
Repères :
Plus haut crise de l’euro : 0.93
Plus haut crise du covid : 1.48
Marché baissier 2008-2009 :
Pic le 22/01/08 : 0,93
Pic 17/03/09 : 1.01
Pic 16/07/08 : 0.91
Pic 17/09/08 : 0.97
Pic 10/10/08 : 0.98
Pic 21/11/08 : 1.01
Pic 16/01/09 : 0.95
Pic 23/02/09 : 0.88
Pic 06/03/09 : 0.84
4. VIX : 17,19
Plus haut atteint depuis le début de ce marché baissier (07/03) : 36,45
Le marché se maintien en zone "zen" …
Repères :
Plus haut crise covid (mars 2020) : 66,04
Plus haut crise de l’euro (août 2011) : 43,05
Plus haut crise des subprimes (novembre 2008) : 79,13
Plus haut éclatement bulle internet (septembre 2002) : 42,66
5. VIX1D
Comme je l’ai expliqué plus haut dans cette file, les 2 indicateurs de sentiments traditionnels ci-dessus (le Vix et l’EPCR) ne "fonctionnent" pas depuis le début de ce marché baissier. La raison de cette "non efficacité" est due à l’utilisation croissantes des options dites "à expiration zéro". Le Vix étant basé sur les options à 30 jours, le poids croissants des options "0 jour" sur le marché l’a rendu plus obsolète en termes d’indicateur.
Les options "0 jour" initient une position en début de séance et la clôture en fin de séance. Aujourd’hui, elles représenteraient 40 % du total du marché d’options.
Le CBOE (marché des options de Chicago, "inventeur du Vix") vient de lancer un nouvel indicateur basé sur la volatilité des options "0 jour", le CBOE 1-Day Volatility Index (VIX1D).
En voici le graphique ci-dessous depuis sa création. On constate que 3 des 4 "pics" de l’indicateur ont coïncidé avec un "creux" de marché qui s’est avéré être une opportunité de trade à moyen terme. A contrario, les 2 "creux" ont coïncidé ou presque, avec des "pics" de marché. Un nouvel indicateur à suivre selon moi que j’intègre dans ma liste d’outils d’aide à la décision.
6. Pourcentage d’actions dont le cours se situe au-dessus de sa moyenne mobile à 200 jours : 39,68 %
Plus bas atteint au cours de ce marché baissier : 15,57 % (le 16/06 et le 29/09)
Repères :
Plus bas crise du covid : 10,2 %
Plus bas crise de l’euro : 14,9 %
Plus bas crise des subprimes : 7,1 %
Plus bas éclatement bulle internet : 25,2 %
Plus bas atteint depuis le début de ce marché baissier : 18 %
VI. Optimisme des analystes et normalité des résultats des entreprises
1. Prévision des bénéfices (yardeni.com)
Les anticipations de Yardenin n’ont pas été mises à jour depuis janvier.
2. Bénéfices prévus et réalisés, écart par rapport à la moyenne
Les bénéfices du S&P500 réalisés jusque 2021 et prévus en 2022, 2023 et 2024. Depuis 2021, ils se situent largement au-dessus de leur moyenne + 31 %. Par le passé, on peut constater que cette situation ne dure jamais longtemps. Depuis plusieurs mois, le consensus des prévisions (ainsi que le réalisé 2022) baissent de quelques "pouillèmes" à chaque point mensuel. Cependant, pour le moment, malgré ces révisions à la baisse, les bénéfices attendus 2023 et 2024 restent "hors norme".
VII. LIQUIDITES
Après avoir assuré la liquidité des banques qui le demandaient, la Fed continue à retirer, méthodiquement, des liquidités du marché …
VIII. SMART MONEY
Les insiders (CEO, CFO et actionnaires de + de 10 % de sociétés cotées) sont réputés anticiper les cycles boursiers. Ils sont passés à l’achat (ligne bleue) lors des crises de 2008-2009, lors de la crise de l’euro et lors de la crise du covid mais aujourd’hui, ils sont toujours nettement vendeurs.