2ème trimestre 2018 (1ère partie)
- Performance de la part H1’2018 : +5,7 %. CAC40 GR : +3,0 %, S&P 500 : +1,7 %.
- Performance de la part depuis le début (déc. 2012) : +120 % soit 15,2 % annualisé. CAC 40 GR : 82,1 % soit 11,9 % annualisé, S&P 500 : 93,1 % soit 12,7 % annualisé.
Depuis plusieurs trimestres ma performance est à 3 chiffres et je conserve la logique des 3 chiffres significatifs (i.e. je n’écris pas 120,2 %). À mon avis, utiliser 4 chiffres significatifs n’a que peu de sens lorsqu’on parle de performance de part pour un particulier. Je me demande même si 2 chiffres ne serait pas suffisant. Entre les dividendes pas toujours reçus au moment du bilan (je comptabilise que si j’ai bien reçu les dividendes), la façon de comptabiliser le cash (qui varie selon les IH), mes 6 comptes (avouons que mon suivi des entrées/sorties de cash sur mes 6 comptes n’est pas toujours professionnel), je pense que 2 chiffres significatifs serait suffisant… 3 est un juste milieu.
Malgré des choix peu heureux en 2018 (plusieurs non-achats à la limite d’être achetés dont plusieurs dont j’avais parlé ici), la diversification du porte-feuille et la solidité des entreprises permettent de continuer à modérément surperformer. Parlant de diversification, le dollar est bien remonté puisqu’il affiche +2,7 % en milieu d’année ce qui aide la partie US de mon portif. Les options apportent aussi de la performance… enfin tout dépend comment on les conçoit / comptabilise (encore une fois : de la limite des calculs de performance).
Je n’ai pas affiché le détail de mon portif depuis plusieurs semestres notamment parce que les PRU n’apportent que peu d’information voire sont contre-productifs. Mais comme je ne fais pas de photos de mon portif (mon suivi est de de plus en plus épisodique), c’est finalement pas mal de le réaliser sur IH tous les trimestres. La première fois sur ce forum date déjà de 6 an (!) ici : Portefeuille d’actions de PoliticalAnimal (2/17)
où l’on voit que seule Picanol a survécu, son PRU était de 18,8 €… peu de dire que j’ai renforcé à la hausse depuis 2012, à raison en l’occurrence
Voici donc une photographie du porte-feuille d’actions que je gère au 30 juin 2018 par ordre décroissant du poids de chaque ligne :
avant de détailler les opérations et quelques actualités sur mes chères entreprises, l’œil averti aura sans doute noté plusieurs éléments : GAIA n’est pas à 17,5 $… oui mais voilà j’ai vendu des calls couverts dont le strike est à 17,5 $ donc je "bloque" la valeur de ma ligne.
2 réflexions : 1) je pourrais être déçu de l’envolée du titre Gaia alors que je vais sans doute être exercé (enfin ça fait 2 mois que je devrais être exercé… je ne comprendrai jamais l’exercice des options, c’est la grande loterie, un collègue IH a lui été exercé) et 2) finalement la vente d’options me fait perdre de l’argent cette année. La réponse a ces deux réflexions est la même : ben non. Non parce que si je n’étais pas devenu un peu familier avec les options, j’aurais juste… vendu mes actions Gaia autour de 17,5 $. Là en vendant des calls lointains (légèrement hors de la monnaie), j’ai ajouté de la performance et gagné pas mal de biffetons (que je comptabilise dans la perf totale du portif, pas sur la ligne Gaia). J’ai tout de même un regret, c’est de ne pas avoir vendu mes calls dans la monnaie. Finalement lorsqu’on veut vendre des actions, il est (en moyenne, il y a des contre-exemples) mieux de vendre des calls couverts dans la monnaie, ça "rapporte" plus. Voir par exemple concernant mes vente de calls couverts et de puts : ici ou là.
In fine, je trouve la même performance globale de mon portif US que IB par exemple sauf qu’eux trouvent cette année (contrairement à l’année dernière et à Q1), une perf négative pour les options et un gain (très) positif pour les actions. Personnellement, je considère mes actions Gaia "vendues" à 17,5 $ et l’argent de la vente de calls couverts comme performance de la partie options. Je sais évidemment que IB a raison dans la lettre mais dans l’esprit, et comme je sais que j’aurais vendu Gaia, je pense que c’est mieux de comptabiliser ainsi (encore une fois, ça ne change pas la perf globale).
L’œil averti notera aussi que les dividendes de Graines Voltz ne sont pas comptabilisés (et ils sont juteux !) car je ne les ai pas encore reçus. Enfin, on notera que j’avais une importante ligne AIG (dans le top 6) et en forte plus-value qui s’est transformée en petite ligne en moins-value. C’est que j’ai décidé d’alléger ma position AIG (j’ai aussi des warrants). J’ai allégé ma position de 2/3 mais et pour ce faire j’ai vendu toute ma ligne sur Bourse Directe pour racheter un tiers sur IB (ce qui me permet de vendre des calls couverts et de les racheter quand cela s’y prête…).
►VENTES
*Orchestra Premaman. Alléluia j’ai vendu ce trimestre KAZI. La principale raison fut ma réévaluation d’Abbey Plc qui me plaît de plus en plus Abbey Plc : un constructeur irlandais de maisons décoté et sans dettes
Je voulais renforcer Abbey et quoi de mieux que d’utiliser (le peu) d’argent qui me restait sur la ligne KAZI dans mon PEA. Pas de transfert d’argent et directement l’argent sur le PEA. Oh ! vu que la ligne ne représentait plus grand-chose, cela avait peu d’effet sur la perf globale du portif mais, maintenant que j’avais qch à acheter sur le même compte, et sauf à souffrir du biais des coûts irrécupérables, je n’avais plus aucune raison de conserver KAZI. KAZI devient mon pire investissement en pourcentage… -74 % vendu à un PVU moyen de 3,1 €. Mais, mais ouf cela ne bat pas le record de mon pire investissement en valeur absolue qui reste… Sears Holding ("seulement" -50 % pourtant)… où l’on voit que j’apprends tout de même un peu de mes erreurs puisque c’est suite à l’aventure Sears Holding que j’avais implémentées des règles strictes d’allocation maximale (en proportion du portif et en valeur absolue). Et je me suis tenu à ces règles !
En reprenant ce week-end, les lectures de nombreuses files en retard et en sortant de ma torpeur sur le sujet KAZI, je m’aperçois que l’action a été encore divisée par… deux depuis ma vente ! Je m’aperçois aussi en demandant autour de moi (massivement et de façon "semi-industrielle", j’ai dû envoyer des emails ou appeler une trentaine de copains/copines/connaissances/collègues) qu’Orchestra Premaman est largement moins bien vu qu’il y a 3 ans… bon de toute façon j’avais déjà vendu… mais j’aurais pu réaliser ce genre d’enquête "lynchienne" un peu plus tôt… hum hum…
Dans cette descente continue aux enfers d’un titre même après ma vente, j’ai une impression forte de déjà-vu avec… de nouveau Sears Holding (aka Tears Holding, trouvé par de facétieux lurons). J’avais vendu autour de 14 $ pour basculer sur BAC en 2016. L’action a encore perdu 80 % ! et l’action BAC doublé… espérons qu’il en soit ainsi pour Abbey !
Beaucoup d’encre a d’ailleurs coulé sur la rudesse du métier de la distribution. À commencer par l’ultra célèbre et un peu éculée phrase de Buffett et Munger datant déjà de 1977
Munger et Buffett" a écrit :
“retail is a very tough business. [Warren and I] realized that we were wrong. Practically every great chain-store operation that has been around long enough eventually gets in trouble and is hard to fix. The dominant retailer in one twenty-year period is not necessarily the dominant retailer in the next
En creusant un peu, j’ai trouvé des phrases plus récentes de Buffett et/ou Munger précisant que très souvent les actions retail paraissaient décotées et n’étaient pas en fait décotées. Mr. Market n’était pas si bête et reflétait bien l’extrême fragilité des business retail. J’ai trouvé de nombreux liens intéressants sur le sujet, un dernier : CNBC Transcript: Warren Buffett, Charlie Munger and Bill Gates
dans cet entretien, Buffett et Munger reconnaissent qu’ils ont eu besoin non pas d’une mais de très nombreuses expériences catastrophiques dans le retail pour se rendre compte à quel point les entreprises retail devaient être abordées avec une extrême précaution quoique les décotes puissent faire penser… faut croire qu’avec 2 mauvaises expériences dans le retail, je ne suis finalement (étonnamment) pas plus malins que Buffett et Munger
C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai rayée l’entreprise Passat de ma watchlist malgré des critères de décoté rentable avec plein de cash très alléchants (mais en forte décroissance). Et plusieurs autres entreprises plus classiquement lié au monde du "retail", je ne creuse même plus. Les tendances se retournent tellement vite en B2C par rapport au B2B lorsqu’il n’y a pas de moat. En B2B, même lorsqu’il n’y a pas de moat, il y a une inertie beaucoup plus importante (et je parle de l’intérieur d’une grosse boîte… je vois très bien le temps que cela prend de changer de fournisseurs, il faut vraiment de bonnes raisons de le faire ! Un particulier n’aura pas ce genre de problème… et en quelques mois les mêmes qui achetaient Orchestra vont acheter H&M Baby).
* Autres ventes : CRCAM Toulouse et CRCAM Normandie Seine. Classiquement et pour la 3ème année, je vends peu de temps après les dates ex-dividende. Je conserve en revanche Brie Picardie et Languedoc pour deux raisons différentes. Brie Picardie car je la considère comme valeur de fond de portefeuille. Et Languedoc car c’est l’une des caisses possédant le plus faible pourcentage de CCI par rapport au capital total. Sur mes ventes Toulouse et Normandie Seine, je réalise resp. +7,0 % et +5,1 % en… quelques mois. Elle n’est pas belle la vie ? (vous pouvez voir ma file de l’année dernière, même histoire, idem il y a deux ans et Bifidus faisait ça depuis encore plus longtemps… anomalie de marché pour le coup… mais sur des très petites capitalisations, pas si étonnant).
►ALLÈGEMENTS
Comme déjà écrit, j’ai effectué un gros allègement d’AIG. +92 % sur la partie vendue.
J’ai aussi allégé Seritage Growth qui avait un poids trop important dans mon portif par rapport à la confiance que j’ai dans la thèse maintes fois débattue ici de redéploiement des espaces Sears à multiples de l’ancien loyer (Seritage se retrouve en "milieu" de mon portif par poids des lignes). -6 % sur la partie vendue.
►RENFORCEMENTS
Énormément de renforcements. Je ne pense pas tous les lister de façon "sérieuse" et exhaustive. Mais que ce soit à la hausse ou à la baisse (pas pour rattraper le couteau qui tombe mais après réexamen des chiffres et si les montants d’allocations max ne sont pas atteints); ce fut le trimestre des renforcements. Lorsqu’on a peu de temps pour étudier de nouveaux dossier et dans un marché finalement bien valorisé, il est plus facile de renforcer une entreprise que l’on connaît déjà. Suite à de bons résultats par exemple, et si je trouvais que Mr. Market n’était pas très optimiste, je renforçais, etc. etc.
Parmi les renforcements principaux :
Financière de l’Odet. A tout seigneur, tout honneur. Le gadin du trimestre ! Je me suis longtemps retenu de renforcer (tant mieux !)… mon renforcement reste "négatif" pour l’instant car effectué à 850 €. Mais Bolloré et Odet, c’est du très long terme pour moi. J’avoue que qch m’échappe chez Mr. Market… je doute un peu de temps en temps mais assez peu sur ce dossier ! Il se trouve que je connais professionnellement plusieurs filiales de Bolloré et que l’aspect holding de plus en plus diversifié me rassure. La vision long terme du groupe aussi. Que des ennuis judiciaires (dont l’issue est incertaine) puisse effacer autant de la capitalisation d’une immense holding me laisse perplexe ! On est à moins de 10 fois les profits et en termes de free cash flow c’est encore plus beau… Un lien tout de même pour ceux qui voudraient avoir une vision moins optimiste que moi : Affaire Bolloré : le président guinéen va porter plainte, le Togo se dit prêt à coopérer
Je le dis très peu souvent mais à ce prix là, ça me semble cadeau… le marché price sans doute la fin du modèle Bolloré (un petit mélange des genres certes) ? L’incertitude sur la passation de pouvoir avec ses enfants ? Parce que même dans le pire cas (annulation des contrats au Togo et en Guinée… qui de toute façon n’est absolument pas du ressort de la justice française), la dégringolade du titre cette année représente des dizaines de concessions portuaires et pas seulement le Togo et la Guinée ! Pire, quand le pétrole baissait, Bolloré baissait mais quand il montait fortement ce 1er semestre, Bolloré "stagnouillait" au mieux. Il y a une décote "d’incertitude" qui me semble largement exagérée même si je sais d’où elle vient. Je serais heureux d’avoir des avis d’autres IH sur la galaxie Bolloré ici dans ma file
Dernier point : Bolloré ne serait pas un "pote" pour sûr car j’apprécie peu certaines de ses méthodes (et ça lui fait une belle jambe ) mais pour équilibrer avec les reportages uniquement à charge que l’on peut voir, je sais de première main (i.e. des locaux me l’ont dit) que travailler à Bolloré fait partie du rêve de nombreux Togolais ou Guinéens… ils préfèrent ça mille fois aux barons locaux ou aux Chinois, l’entreprise Bolloré ne doit dès lors pas maltraiter tant que ça ses salariés locaux.
Payton Planar Magnetics. Suite aux excellents résultats, j’ai renforcé. C’est dans ma liste à faire d’ouvrir enfin la file de cette entreprise dont je parle sur le forum depuis un an maintenant. Je ne connais pas d’autres entreprises européennes high-tech qui sont : en croissance forte tout en restant décotée, avec plein de cash et peu de dettes et un dividende juteux ! (très bien géré par Binck d’ailleurs le dividence). N’en jetez plus ! Curiosité amusante aussi : la holding cotant en Israël cote avec un… premium (ce qui est rare) soit un premium de mono-holding (Payton Planar Magnetics est la seule filiale de la maison-mère). Je n’exclus pas de renforcer encore.
ABC Arbitrage. Renforcé plusieurs fois à la hausse (et à raison). Toujours la même idée, très basique et simplette : dans un univers qui retrouve de la volatilité, surpondérer ABC.
Indépendance et Expansion. La réouverture était faite pour moi (en plus avec des frais de courtage gratuits actuellement, la petite cerise sur le gâteau), c’est d’autant plus vrai que mon portefeuille va "s’indicialiser" de plus en plus… moins de temps moins d’envie de chercher.
Graines Voltz. Renforcer à la hausse aussi. La thèse a été mille fois exposée et avec rigueur. Je rappelle le site : Actionnaires minoritaires de Graines Voltz – Défendons nous !
Et à la marge, pas mal des valeurs de mon portif.
En revanche je n’ai pas renforcé Crest Nicholson (en mode couteau qui tombe malgré des résultats bons… moins bons que prévus certes mais bons tout de même). Plusieurs raisons : pas si confiant dans mon analyse, problème des valeurs UK dans un PEA (si la ligne est grosse, ça va être encore plus emmerdant à gérant la vente/rachat, etc.). Je conserve tout de même. C’est une valeur vraiment décorrélée du reste de mon portif (je me suis amusé à regarder l’évolution de la valeur versus le reste de mon PEA : c’est quasiment toujours inversé, pas mal je trouve).
►AUTRES
Aucun achat ce trimestre même si j’ai été à deux doigts d’acheter du Dom Security (sniiif), du Apogee Entreprises et du Installux (que je suis depuis des années maintenant et que plusieurs IH historiques ont en portif : Portefeuille d’actions de PoliticalAnimal (16/17)).
Du presque achat pour Disney et Kulicke & Soffa. Je vends en effet des puts très près de la monnaie dans l’intention d’acheter à une valeur avec laquelle je suis confortable. Depuis un semestre, j’ai déjà réalisé plusieurs aller-retours (l’action est montée, j’ai racheté mes puts pas chers… l’action redescend légèrement, je revends des puts à bon prix, etc. je profite de la volatilité sur des actions que je voudrais). Je vise d’avoir des Disney à 100 $ et des Kulicke & Soffa à 24 $. Je n’exclus pas de vendre des puts dans la monnaie pour le prochain "round".
Dans la deuxième partie, je parlerai principalement du "hors actions" (ou actions mais gérées sur mes assurances-vies), de quelques autres entreprises étudiées mais pas achetées et de l’évolution de mon allocation (actions, obligations, pierre-papier, etc.).