@Cikei & Durun : Sur la Chine, je reconnais les risques pour l’investisseur (merci Cikei pour les liens !). C’est pour cela que je diversifie au maximum, comme j’en ai l’habitude. La très mauvaise année 2018 pour les actions chinoises me semble offrir un bon point d’entrée : sur le long-terme, je suis davantage confiant pour mon portefeuille chinois que sur mon portefeuille US !
En effet, je pense qu’en bourse on gagne principalement sur des paris "évidents" :
- il fallait parier sur l’économie online au début des années 2000 : ceux qui l’on fait ont construit des fortunes, ceux qui ont attendu que les risques disparaissent ou que les multiples de valorisation soient raisonnables attendent encore…
- pour moi, la Chine est un pari évident aujourd’hui : je n’ai aucune idée du niveau de l’action Alibaba ou Tencent dans 20 ans. En revanche j’ai un niveau de certitude assez élevé sur le fait que l’économie chinoise sera infiniment plus prospère dans 20 ans qu’aujourd’hui (même si la Chine doit passer par des krachs, des corrections et des récessions).
Je raisonne donc de façon macro et top-down, avec un horizon de très long-terme, une claire priorité à la croissance, et une diversification extrême pour réduire le risque idiosyncratique. (Je pourrais aussi faire cela avec un ETF Chine, mais je me priverais des effets d’apprentissage / d’expertise sur les entreprises individuelles.)
@Cikei : Sur TAL, mon pari est simplement que pour la classe moyenne / supérieure chinoise grandissante, dans un contexte de compétition croissante, le budget éducation des enfants ne cessera de grandir. Mes sources sont les rapports de fonds australiens, singapouriens ou de HK spécialisés sur l’Asie, croisés sur SeekingAlpha (je mettrai des références plus tard, SA ne fonctionne pas).
@Durun : Des études montrent que sur longue période, les investisseurs individuels US ont un total return de 2,5%, soit 5 points de pourcentage de moins que le S&P500. Il y a principalement 2 causes pour cette énorme sous-performance des investisseurs amateurs :
1) le besoin psychologique d’agir : le fait que les investisseurs amateurs se laissent souvent diriger par leurs émotions (ils achètent aveuglément en période d’euphorie, ils vendent sans discernement quand ils croient voir un krach). Aucun investisseur ne peut identifier un krach de façon certaine.
2) la liquidité conservée "au sec" dans l’attente d’un krach ou d’une correction : on peut parfois attendre très longtemps… Dans la réalité, cette liquidité oisive à 0% a un coup d’opportunité énorme et il vaut mieux être investi à 100%.
Il est hors de question que je tombe dans ces pièges évidents. On ne peut espérer battre le marché que si on a un avantage compétitif, et il évident pour moi que je n’en ai absolument aucun en termes de market timing. Ce serait un jeu structurellement perdant pour moi. Je rejoins totalement les principales idées des défenseurs de la gestion passive. La seule différence, c’est que je construis mon propre "ETF", car il y a dans les indices une bonne moitié de valeurs qui ne m’intéressent aucunement, car elles ne croissent pas / n’ont pas d’avenir, alors que j’investis sur un très long horizon.
@Cricri : Les 2 maisons (en Aveyron) sont des biens de famille que je souhaite a priori conserver ; je prévois de passer ma retraite dans l’une (mais c’est vrai que je pourrais vendre l’autre si besoin - je reconnais volontiers que mon patrimoine n’est pas optimisé). Je viens d’acheter la nue-propriété d’un appartement à Montpellier, qui me servirait de RP si je retournais un jour en France. Mes parents ont l’usufruit de tous ces biens, donc même si je les utilise peu personnellement, il y a une valeur d’usage pour ma famille. Si je devais perdre mon emploi, j’envisagerais une gestion plus active de ce patrimoine immobilier (location ou vente d’une maison et des terrains).
Autant j’adhère totalement à l’idée d’indépendance financière (hors de question que je revive la détresse totale ressentie après ma perte d’emploi), autant je ne me vois pas "rentier". Je n’adhère pas à cette philosophie. Pour moi le travail est une source de bonheur, s’il est une source (i) d’épanouissement intellectuel, (ii) d’utilité sociale, et (iii) d’enrichissement financier : c’est le cas avec mon job actuel (et je mesure bien que c’est un grand privilège), donc je n’envisage pas d’arrêter pour le moment. J’espère "travailler" (= m’améliorer, créer de la richesse pour moi et pour les autres), sous une forme ou sous une autre, jusqu’à mon dernier souffle.
Pour autant, je n’idéalise pas du tout le milieu du travail (j’ai vraiment vécu le pire de ce qui s’y fait). C’est pour ça que j’ai une démarche beaucoup plus "mercenaire" et "égoïste" que dans le passé : je travaille avant tout pour moi et la rémunération est pour moi un critère essentiel. Car pendant les 12 premières années, j’ai naïvement tout sacrifié à mon employeur (semaines de 70 heures, pas de vie privée etc.), pour finalement être traité comme de la m… Désormais je travaille simplement pour celui qui me paye le plus, et je ne crois plus aucune promesse.
Bien sûr, si je devais arriver à la vieillesse sans avoir pu construire une famille, je considèrerais ça comme un échec personnel tragique, car c’est mon plus grand souhait. Mais il faut être 2 pour ça, et je considère qu’une femme, si elle aime un homme, doit pouvoir l’accompagner partout (oui, je suis old-style). Sacrifier mon job à la demande d’une femme me semble le meilleur moyen de finir frustré et de condamner la relation.
@Doubletrouble : Oui, je partage cette crainte de "déclassement" social (ou plutôt de "reclassement", de "retour à la case départ"). Dans mon ambition scolaire, puis professionnelle, puis financière, il y a évidemment une large part de volonté d’ascension, voire de "revanche", sociale. Je viens d’un milieu plutôt modeste, et mes parents profs (des hussards de la République version baby-boomers) m’ont éduqué dans le culte du mérite et du travail.
Ainsi formaté, j’ai toujours été un gros bosseur (un workhorse, comme on m’appelait à la BCE, ou une "pougne" / un "polard", en école d’ingé), sans quoi je n’aurais pas réussi. J’ai toujours pris bien soin de "cocher les cases" du monde "d’en haut", non seulement en décrochant les diplômes qui vont bien, mais aussi les honneurs (les cum laude etc.), pour bien montrer que je pouvais appartenir à ce monde. Mais quelques échecs cinglants (l’oral de l’ENA, la perte d’un emploi auquel j’étais très attaché, dans des conditions terribles) m’ont remis "à ma place" (d’origine). Tout cela fait que ma plus grande angoisse, c’est en fait de devoir revenir en Aveyron sans rien d’autre à faire que de m’occuper d’un potager = la malédiction millénaire de ma famille (agriculture de subsistance).
Aujourd’hui, je me sens exilé / isolé d’une élite qui m’a rejeté alors que j’avais vraiment donné tous les gages professionnels et intellectuels, coché toutes les cases. Mon employeur actuel m’offre une belle revanche (mais toujours en exil). Ma perception actuelle c’est que l’argent est la seule valeur souveraine de ce monde (le travail y est méprisé, le mérite ignoré au profit du copinage), donc l’indépendance / la réussite financière passe au premier plan pour moi… alors que je n’ai évidemment pas besoin de tout cet argent.
Dans ce contexte, je suis bien d’accord sur la priorité à donner à la vie privée et familiale. Mais mon expérience fait que je suis très réticent à lui sacrifier mon travail. J’ai connu 2 "accidents de la vie" liés à des ex-s (des relations très sérieuses) : un burnout au travail de la 1e (j’étais loin d’elle), et un abus de pouvoir de la 2e (position très élevée dans l’institution où je travaillais = perte d’emploi). Ces 2 expériences font que je considère que les femmes (ou en tout cas les mères de famille) ne devraient pas travailler, et que la place d’une mère est auprès de son mari, où qu’il soit, et au foyer, auprès de ses enfants. Je sais bien que ça fait de moi un horrible macho rétrograde. Pour mon malheur, mes copines sont toujours des femmes intelligentes, avec des carrières prometteuses, qu’elles ne veulent pas sacrifier (c’est le cas aussi de ma copine actuelle). Tout cela explique que mes souhaits d’une famille restent des rêves, et malheureusement je suis assez pessimiste sur le sujet. Je ne suis pas sûr que mes choix de carrière y changeraient grand’ chose, alors je laisse faire le destin. God laughs about your plans, de toute façon.
Dernière modification par Scipion8 (18/11/2018 11h08)