@Chlorate : La devise de référence de mon portefeuille IB est l’euro.
Cette table montre les principaux contributeurs à la performance de ce portefeuille jusqu’ici en 2020 :
Les mêmes données sous forme de "heat map" sectorielle (les pourcentages représentent la contribution de chaque valeur à la performance totale du portefeuille en 2020 : 8% YTD) :
Les 25 premiers contributeurs en 2020 sont, par ordre décroissant : Alphabet (+0,44%, grosse position renforcée significativement fin décembre 2019), Visa (+0,30%, une de mes fortes convictions), Shopify (+0,14%, une position qui est devenue grosse "toute seule"), Alteryx (+0,12%), Apple (+0,11%), Amazon (+0,11%), Virgin Galatic, Paycom, Zscaler, Paylocity, RingCentral, MongoDB, NetEase, Facebook, Tal Education, Blackline, Twilio, JD, MercadoLibre, Cyberark, Match Group, Trade Desk, AMD, Tesla et Wix (+0,06%).
Ces 25 premiers contributeurs représentent une contribution cumulée à la performance de +2,5%, soit seulement 31% de la performance totale ! Intuitivement, j’aurais dit beaucoup plus, et j’ai dû vérifier : c’est bien ça. Cela montre bien la forte dilution du risque idiosyncratique : le portefeuille ne performe pas en raison de telle ou telle valeur, mais par ses orientations sectorielles (surpondération des technos) et factorielles (surpondération du facteur croissance).
En gros, on peut dire que la performance est le résultat (i) de géants technos qui continuent à progresser, (ii) d’un rebond dans le secteur du SaaS, qui avait bien souffert fin 2019, et (iii) d’un rebond des valeurs chinoises, qui avaient aussi souffert en 2019. Mon portefeuille est très bien exposé à toutes ces tendances. Pour le reste de l’année, je suis plus confiant sur (ii) et (iii) que sur (i).
La plupart des indicateurs de risque (calculés par IB) sur le portefeuille depuis ses débuts (fin juin 2018) sont à l’avantage de mon portefeuille, en comparaison avec les indices : le ratio Sharpe du portefeuille n’est que légèrement supérieur au S&P500 et le maximum drawdown légèrement inférieur, mais le ratio Sortino et l’information ratio sont eux nettement en faveur de mon portefeuille.
De façon surprenante, le beta est inférieur à 1 : 0,96 par rapport au S&P500, 0,97 par rapport à un ETF Monde - j’espère que je lis correctement la table - donc la surperfomance correspond bien à de l’alpha et non à une prise de risque supérieure à l’indice (concentration, levier, valeurs volatiles etc.).
Ce beta proche de 1 traduit l’une de mes principales convictions : la technologie est un secteur défensif - car elle est devenue indispensable dans la vie des entreprises et des particuliers. Jusqu’ici ce portefeuille a encaissé les corrections plutôt bien (en gros en ligne avec l’indice).
En 2019, mon levier moyen sur ce portefeuille IB était environ 1,02 : je n’utilise le levier que pour renforcer mes principales convictions lors de corrections significatives, en l’occurrence Visa, avant de réduire le levier en injectant du cash. A l’échelle du portefeuille total, le levier moyen en 2019 était d’environ 1,005 (je n’utilise jamais le levier sur les autres poches).
Actuellement mon levier est de 1,10 sur ce portefeuille IB et de 1,04 sur le portefeuille total. Je ne prévois pas de l’augmenter car j’anticipe une correction ces prochains mois et je souhaite garder au sec la poudre que constitue la marge (notamment sur mon portefeuille IB). C’est l’un des avantages cachés d’un portefeuille diversifié à l’extrême : les plafonds d’utilisation de la marge sont très supérieurs à ceux d’un portefeuille concentré. Actuellement mon pouvoir d’achat sur IB est de 860k€ (pour une taille de portefeuille de 332k€) - et il augmente chaque fois que j’injecte du cash sur de nouvelles lignes. Conformément à l’adage, je sais que c’est à l’occasion des krachs que l’on devient riche, et je garde ces munitions au sec jusqu’à ce que les Barbares soient à nos portes.
Enfin, la distribution des returns depuis les débuts de ce portefeuille IB reflète sa forte orientation croissance : la distribution est beaucoup plus "plate" que celle de l’indice : j’ai davantage de lignes légèrement dans le rouge - signe probable que j’achète beaucoup de valeurs trop cher ; mais cet inconvénient est largement compensé par une "queue de distribution" beaucoup plus "épaisse" "à droite" : une forte surpondération des hauts returns, typique d’un portefeuille orienté croissance. La proportion de gros plantages n’est pas significativement différente de celle de l’indice.
@Johntur : La plupart des lignes n’ont pas vraiment besoin d’être "gérées" - en tout cas, quand tout se passe bien ! ;-) Je ne regarde presque jamais l’évolution du cours ou des fondamentaux de LVMH, Air Liquide, L’Oréal etc. : je leur fais confiance et je les laisse faire leur chemin. Je ne regarde ces belles valeurs que si j’envisage éventuellement de renforcer, typiquement lors d’une correction générale de marché.
Pour répondre à vos 2 questions :
1) Je crois au principe de symétrie entre la décision d’achat et la décision de vente. Si je me définis comme un investisseur fondamental de long-terme, alors j’achète sur la base des fondamentaux, et je dois vendre sur la base des fondamentaux - et non du prix ! Je n’ai jamais de prix-cible (cela m’épargne beaucoup de travail) : au contraire, je souhaite accompagner le plus longtemps possible des entreprises de qualité. Vendre une entreprise que j’ai achetée pour des raisons fondamentales, quelques mois après, pour une raison X ou Y (mauvaise nouvelle ponctuelle, valorisation "élevée" etc.) ne serait pas cohérent avec mon approche. J’investis sur le long-terme et je donne à ces entreprises le temps de me démontrer leur qualité. Du coup, je n’ai pas le nez collé sur leurs résultats trimestriels - je ne les regarde que si j’envisage de renforcer.
Je ne regarde de près que mes plus gros plantages (MV supérieure à 50%), via mon fichier "Désastres", d’une part, pour apprendre de mes erreurs, d’autre part, pour liquider des lignes éventuellement (mais j’ai du mal).
De façon générale, je crois que la suractivité est l’un des principaux biais destructeurs de performance (sans parler du temps et de l’énergie perdus, et du stress éventuel) et je m’en prémunis par une approche délibérément passive proche de celle d’un investisseur en ETF.
A mon sens, la question de "maîtrise" du portefeuille ne se pose vraiment que dans 2 situations spécifiques :
- les opérations sur titres du type OPA/OPR me forcent à prendre des décisions, et à me replonger dans des dossiers : mais sur un portefeuille de 600 valeurs, cela ne représente environ qu’une dizaine de décisions à prendre chaque année (en général je vends en cas d’OPA car je n’aime pas trop les "situations spéciales" où une OPA/OPR peut traîner en longueur, pénalisant parfois la croissance du portefeuille).
- en cas de krach / forte correction, j’imagine que cela doit être stressant de voir beaucoup de lignes basculer d’un coup dans le rouge : mais je suis (i) conscient que mon portefeuille est un quasi ETF Monde "à ma sauce" et (ii) confiant dans la qualité globale de mes valeurs - donc je ne vendrai pas au fond du gouffre et au contraire je renforcerai (plus facile à dire qu’à faire, évidemment, mais psychologiquement j’avais bien passé la correction de fin 2018, qui m’avait coûté 85k€).
2) Aucun événement de vie ne doit me forcer à toucher en urgence à ce portefeuille boursier. Si c’est le cas, c’est que mon allocation du patrimoine n’est pas appropriée. Je ne prends des risques en bourse que parce que mon patrimoine global est bien diversifié et comprend des couches de protection multiples (pour moi et mes proches) en cas d’événement de vie :
a) J’ai 3 ans de dépenses annuelles en liquidités / monétaire (PEL, essentiellement), auxquelles je ne touche jamais - mais qui me serviraient en cas d’accident de vie.
b) J’ai en outre 10 ans de dépenses annuelles en fonds €, qui ne serviront jamais à renforcer mon portefeuille boursier, mais qui me servent d’"assurance" face aux événements de vie (possible apport pour un achat immobilier etc.). J’applique un principe clair de segmentation de mon patrimoine : la bourse sert à capitaliser, alors que les fonds € servent d’assurance face aux événements de vie. Je ne mélange pas les 2.
c) J’ai plusieurs maisons, au calme en Aveyron, si tout va mal. Je peux ainsi passer facilement d’un train de vie actuel d’environ 30k€ / an à moins de 10k€ / an, tout en vivant bien (peut-être mieux qu’aujourd’hui en Afrique…). J’ai même des "annexes" utiles en cas d’effondrement général (auquel je ne crois pas, hein) : potagers, forêts, collines. Je n’ai pas de souci à retourner à la vie que la plupart de mes ancêtres ont connue ;-)
C’est parce que j’ai ces couches de sécurité que je peux prendre des risques en bourse. Je serais beaucoup plus prudent si je ne les avais pas.
J’ai aussi l’expérience d’"accidents" de vie (en l’occurrence, des âmes généreuses y ont bien aidé), où j’ai tout perdu d’un coup (sauf mon épargne, c’est vrai - cela aurait pu être encore pire). Je suis revenu auprès des miens, en mode "survie", en Aveyron, et j’ai pu rebondir (cela dit à l’époque mon exposition boursière était très faible : j’imagine qu’un krach, s’ajoutant à des difficultés personnelles, doit être difficile à gérer psychologiquement). Cela donne une certaine résilience et confiance en l’avenir.
@CroissanceVerte : Oui, la croissance "grise" est aussi un thème intéressant : j’ai l’incontournable Orpea et Amplifon, je vais regarder Demant.
Je vais regarder Advance Nanotek, et probablement vous suivre si les feux sont au vert.
J’ai peine à croire que vous êtes un pré-retraité de la fonction publique, qui gère paisiblement son parc LMNP sur la côte d’Azur… Votre stock-picking, vos analyses et vos décisions de renforcement me semblent remarquables, et me font plutôt penser à un jeune loup de Goldman Sachs spécialiste de ces secteurs ;-) En tout cas, bravo et merci de vos apports sur le forum !
D’accord pour dire que ma comparaison avec les "micro bulles" des cryptos, du cannabis et des steaks vegans n’est pas flatteuse et est assez injuste pour les valeurs de croissance du secteur de l’environnement, où il y a effectivement un vrai besoin sur le long terme. Mais il y a quand même 2 similarités :
- la croissance parabolique de certains cours, trop rapide par rapport aux fondamentaux. Même si le potentiel est immense, il y a de multiples chausses-trappes comme on l’a vu dans le passé dans les secteurs de l’énergie solaire et éolienne, et peut-être que ces risques sont parfois sous-estimés sur certaines nouvelles valeurs du secteur.
- la "panique morale" (pour reprendre un concept anglo-saxon) autour de l’environnement : que les risques environnementaux soient bien réels je n’en doute pas, mais le matraquage médiatique incessant, la tonalité millénariste et religieuse des discours (avec Greta comme nouvelle Jeanne d’Arc) sont aussi bien réels. Ils sont caractéristiques d’une certaine irrationalité collective, qui peut pousser des investisseurs (même pros), sous la pression sociale ou par FOMO, à investir excessivement dans des entreprises certes éventuellement prometteuses, mais sans doute risquées. Je me demande si certains gestionnaires ne sont pas forcés à "verdir" leurs fonds…
S’agissant des fondamentaux économiques et financiers, je vous rejoins pour dire qu’il faut une analyse nuancée (comme celle que vous conduisez), selon les entreprises et selon les micro-secteurs.
Ma vision, grossièrement, et sans avoir autant étudié ce secteur que vous, est un peu la suivante (selon le "cycle de la hype") :
Je considère que certains micro-secteurs environnementaux - l’éolien, le solaire - ont passé, dans la douleur, l’épreuve de la réalité (je suis comme vous actionnaire d’Eolus Vind, par exemple), et j’y vois désormais du potentiel avec moins de risque qu’aux débuts de ces industries. Sur d’autres micro-secteurs environnementaux d’avenir, les courbes paraboliques me font penser que l’on est pas encore à un point de maturation. C’est à ce titre que je perçois mes (petites) prises de positions comme assez "spéculatives". Mais je vais continuer à observer le secteur et je renforcerai éventuellement, selon l’évolution des fondamentaux économiques et financiers.
Dernière modification par Scipion8 (20/01/2020 13h36)