2 #751 17/09/2020 02h15
- Scipion8
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@Nemesis : Effectivement, qu’une entreprise soit la cible d’une offre publique ou pas, elle continue à travailler et à créer de la valeur pour ses actionnaires, voire à en distribuer par des dividendes.
Mais, de mon point de vue :
1) Le cours de l’offre intègre généralement une prime de contrôle, donc est en principe avantageux pour un petit porteur comme moi. J’ai donc un biais favorable pour apporter aux offres publiques en général (ou vendre avant le lancement des offres), si elles me semblent raisonnables (= si la prime par rapport au cours pré-offre est suffisante).
2) Je ne raisonne pas en termes de valeur intrinsèque : pour moi, la meilleure estimation disponible de la valeur intrinsèque, c’est généralement le cours actuel (qui est formé par la confrontation des estimations des valeurs intrinsèques de l’ensemble des participants de marché, notamment des professionnels et des insiders bien mieux informés que moi). En revanche, je raisonne en termes probabilistes, selon différents scénarios. En simplifiant, il y a 3 types de scénarios après l’annonce d’une offre publique :
a) Avec une probabilité x, l’offre va réussir et le prix va rester à long-terme, voire à perpétuité (par exemple en cas de retrait forcé), au niveau de l’offre. Cela me semble le cas le plus fréquent sur le marché français (il faudrait vérifier ça empiriquement).
b) Avec une probabilité y, l’offre va échouer car jugée insuffisante par une proportion significative d’actionnaires minoritaires. Le cours devrait augmenter au-dessus du cours de l’offre, et/ou on pourrait voir une nouvelle offre à un cours supérieur à l’offre initiale. Exemple : IGE+XAO (belle entreprise, j’ai apporté à tort à l’OPA de Schneider).
c) Avec une probabilité z, l’offre va être retirée (défaut de l’acheteur ou autre raison), ou échouer et être suivie de mauvaises nouvelles pour l’entreprise. Exemples : LVMH/Tiffany, Oeneo.
x+y+z = 1
Les scénarios (a) et (c) présentent des coûts d’opportunité importants, et d’autant plus importants que :
- les probabilités x et z sont élevées (et en France, à tort ou à raison, je les juge élevées)
- les délais réglementaires pour les offres sont longs (et en France, je les trouve très longs)
- l’argent ainsi immobilisé pourrait être placé ailleurs à un TRI élevé (et pour moi, le différentiel de performance entre mon portefeuille américain et mon portefeuille français est très important)
Tout cela me conduit à vouloir me débarrasser rapidement de mes valeurs françaises en situation de pré-offre publique, sauf si l’offre paraît vraiment insuffisante.
3) Je n’aime pas avoir de "situations spéciales" ou de "drama queens" en portefeuille : ça ne m’intéresse pas, et ça mobilise mon attention pour pas grand’ chose. Malgré, peut-être, les apparences, j’ai une conception très "lazy" de l’investissement : je souhaite acheter des entreprises de qualité et les garder à perpétuité, idéalement, sans devoir même les surveiller. Avec des valeurs de grande qualité comme LVMH, Visa ou Microsoft, c’est possible. A contrario, des situations spéciales demandant mon attention, des offres publiques à répétition nécessitant mon arbitrage, réclament une certaine "charge mentale" dont je me passerais bien. ça ne m’intéresse tout simplement pas.
4) C’est un point secondaire, mais les entreprises en situation de pré-offre que je viens de vendre ne sont pas de grosses productrices de dividendes. Or, je souhaite augmenter la capacité distributrice de mon CTO France, pour couvrir mes frais fixes en € en France (pour le moment je n’ai pas de revenus professionnels, et quand j’en aurai, en toute probabilité, ils seront en $, aux USA).
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Un point rapide sur une approche croissance sur la base de mon nouveau screener.
J’utilise comme indicateur principal pour la croissance d’une entreprise la croissance de son chiffre d’affaires. Je préfère utiliser le chiffre d’affaires (le "haut" du compte de résultat) pour (i) éviter la volatilité excessive des résultats (opérationnel et net) quand on "descend" dans le compte de résultat et (ii) différencier nettement la croissance de l’activité de la rentabilité (qui est pour moi un facteur distinct).
La distribution des croissances annualisées des chiffres d’affaires (calculées sur 3 ans) dans mon univers de screening (principalement US) fait apparaître une médiane à 8,5% : d’un point de vue européen, c’est très élevé ! Le choix de valeurs européennes croissant plus rapidement est très limité. Quand on achète un ETF Monde, on achète ainsi pour une bonne part des entreprises croissant très rapidement, principalement aux USA. Cela explique à mes yeux en grande partie la bonne performance de long-terme des ETF Monde, par rapport à un stock-picking français ou européen. C’est pourquoi je suis très exigeant sur le dynamisme de la croissance du chiffre d’affaires dans mon stock-picking.
Néanmoins, l’utilisation d’un filtre unique sur la croissance du chiffre d’affaires présente de nombreux inconvénients, notamment le fait qu’elle conduit à sélectionner beaucoup d’entreprises très jeunes, avec un chiffre d’affaires faible et incertain (biotechs, par exemple), et qu’elle ignore si ces ventes se font de façon profitable.
Pour pallier ces difficultés, je combine (i) mon filtre sur la croissance annualisée du chiffre d’affaires avec (ii) un filtre sur la croissance annualisée du résultat opérationnel (également calculée sur 3 ans) et (iii) un filtre sur le ROIC. Avec des seuils minimaux de 20% / an pour la croissance du chiffre d’affaires et du résultat opérationnel, et de 10% pour le ROIC, on obtient la sélection suivante :
Évidemment, avec mon approche fortement orientée croissance et qualité, je suis déjà actionnaire de la plupart de ces entreprises (valeurs en bleu), avec de beaux succès sur des géants comme Amazon, Facebook ou Adobe, mais aussi quelques gros plantages (Momo, PaySign, eHealth).
On peut remplacer le ROIC (indicateur de rentabilité) par l’earnings yield (indicateur value), pour obtenir une sélection GARP à forte croissance. Avec des seuils de 20% /an pour la croissance et de 3% pour l’earnings yield, voici la sélection que l’on obtient :
Dernier exemple de sélection : on abaisse à 10% / an le seuil pour la croissance et on remonte à 6% le seuil pour l’earnings yield - donc une sélection GARP moins dynamique mais plus "raisonnable" :
Dernière modification par Scipion8 (07/03/2021 04h14)
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