Bonjour,
Pas mal d’erreurs et de mauvais conseils dans les réponses précédentes à ce post.
1°) Loi du Talion
Se faire justice soi même n’a pas sa place dans un état de droit. Si vous envoyez des "gros bras" pour "expulser" votre locataire, vous risquez des poursuites civiles et pénales qui peuvent conduire à:
- amende,
- peine d’emprisonnement,
- réintégration du locataire,
- dommages et intérêts à verser au locataire.
2°) La procédure
S’il s’agit d’une location nue (loi du 06.07.1989) et que votre bail est bien rédigé (il comprend une clause résolutoire):
a) Adressez vous à un huissier de justice du ressort du TGI de l’immeuble. L’huissier signifiera un commandement de payer visant la clause résolutoire et/ou de présenter l’attestation d’assurance.
S’il y a des cautions, l’huissier dénoncera le commandement à la caution dans les 15 jours. A défaut, vous ne pourrez pas poursuivre la caution pour les intérêts de la créance.
b) Deux mois après le commandement pour les loyers et un mois après le commandement pour l’assurance, votre bail se trouvera automatiquement résilié. Cependant, cela n’est pas suffisant. Vous devez faire CONSTATER la résiliation par un juge (le juge est tenu et n’a pas de pouvoir d’appréciation). Si votre bail ne comporte pas de clause résolutoire, le juge POURRA PRONONCER la résiliation du bail.
Pour cela, vous devrez l’assigner devant le Tribunal d’Instance. Soit vous allez voir un avocat, soit vous demandez à l’huissier de le faire. La deuxième solution vous coutera bcp moins cher mais vous devrez vous présenter à l’audience (ou vous faire représenter par conjoint, concubin, parents, enfants…). Dès l’assignation délivrée, l’huissier en adressera copie à la Préfecture qui ouvrira un dossier et prendra contact avec votre locataire. La loi prévoit un délai de deux mois entre la dénonciation au Préfet et l’audience.
Cela nous fait:
Commandemennt ---2 mois---> Assignation + Dénonce Préfecture ---2 mois---> Audience
c) l’Audience. Votre avocat ou vous vous présentez au TI. Le juge va tenter de vous concilier avec votre locataire. A défaut de conciliation, il rendra un jugement ou une ordonnance suivant que vous alliez au fond ou en référé.
Vous devrez faire signifier cette décision par huissier. La signification ouvrira le délai de recours au débiteur (1 mois pour un jugement, 15 jours pour une ordonnance). Le délai d’appel est suspensif pour le jugement sauf si vous avez demandé l’exécution provisoire. Il ne l’est pas pour l’ordonnance. A près ce de délai de recours, la décision est définitive et ne peut plus être attaquée.
S’il s’agit d’une ordonnance ou d’un jugement avec exécution provisoire, l’huissier commencera la procédure d’expulsion avant la fin du délai de recours.
Ca nous fait:
Commandement ---2 mois---> Assignation + Dénonce Préfecture ---2mois--->Audience ---(délai variable suivant les juridictions, moins d’un mois généralement)---> Jugement ---> Signification du Jugement --- délai d’appel: 15 jours ou 1 mois ---> Certificat de non appel = décision définitive.
d) L’exécution
Elle commence immédiatement après "Signification du Jugement" de la frise précédente (généralement le meme jour).
L’huissier adresse un commandement de quitter les lieux au locataire. Cet acte lui laisse deux mois pour déguerpir. Il est dénoncé par l’huissier à la préfecture.
A défaut, et si l’on est pas en période hivernale [1er novembre-15 mars], l’huissier tentera l’expulsion immédiatement après les deux mois de la dénonce au Préfet.
Deux possibilités:
- Le locataire se soumet à la procédure: vous récupérez votre logement,
- Le locataire n’ouvre pas sa porte ou ne se soumet pas: l’huissier dressera un procès verbal de tentative d’expulsion et procédera à une réquisition de force publique. Il demandera à la Préfecture le concours de la force publique. (Il faut savoir que l’expulsion est très protectrice du locataire et que c’est la seule procédure d’exécution que l’huissier ne peut réaliser sans la police si le locataire ne se soumet pas à celle ci). La Préfecture a deux mois pour l’accorder. Son silence au terme vaut refus.
Dès lors:
- Elle accepte dans les deux mois: vous récupérez votre logement.
- Elle ne répond pas: vous êtes obligé d’attendre un accord de la Préfecture. Ca peut durer des mois et des mois surtout depuis la loi Boutin. La Préfecture ne vous accordera la Force Publique que quand elle aura trouvé une solution de relogement même temporaire. MAIS, ce refus tacite de concours (au bout des deux mois) vous ouvre droit à indemnisation: la Préfecture vous versera une indemnité mensuelle généralement égale à l’indemnité d’occupation. Il faut la demander, ça tombe pas tout seul. L’huissier pourra faire la demande en votre nom si vous lui faites un mandat spécial. Si vous estimez que votre préjudice est supérieur, vous pouvez aller devant le Tribunal Administratif pour faire condamner l"Etat. D’ailleurs, si vous faites la demande, vous risquez d’obtenir plus rapidement l’expulsion des locataires.
On résume:
Commandement de quitter + dénonce préfecture --- 2 mois ---> Tentative d’expulsion [hors trève hivernale] ---> Réquisition de force publique --- 2 mois ---> Expulsion ou indemnisation par l’Etat puis Expulsion.
3°) Les délais accordés au locataire
Ils peuvent être demandés au juge d’instance lors de l’audience. Le juge SUSPENDRA alors les effets de la clause résolutoire en autorisant votre locataire à se libérer de son arriéré sur X mois en plus du loyer courant. Cependant, pas de panique, si il n’y parviendra, vous n’aurez pas à reprendre toute la procédure. Le jugement rendu permettra l’expulsion sans autre formalité.
Le locataire peut demander des délais de grace au Juge de l’Exécution sous certaines conditions. ça n’arrive presque jamais en pratique.
4°) Nuances
a) Ce que je vous ai expliqué, c’est dans le pire des cas. Dans un cas sur deux le locataire part avant la fin de la procédure.
b) Le coût de la procédure est presque entièrement à la charge du locataire. Mais, vous devrez faire l’avance de tous les frais. Si votre locataire est totalement insolvable, l’huissier vous retournera le dossier complet à la fin de la procédure et vous n’aurez pas récupéré l’avance des frais que vous avez effectué. Cependant, pas de panique, la décision de justice se prescrit par dix ans. Attendez quelques mois ou quelques années qu’il se refasse une santé, et réengagez la procédure de recovurement. S’il est salarié, vous pourrez directement saisir son salaire à la sourcE. ça prendra du temps, mais vous récupérerez votre argent.
De plus, si vous avez pris des cautions solvables, vous récupérerez toute votre créance assez rapidement.
5°) Moralité
A titre personnel, je dis "vive les SCPI". Notamment en ces temps de crise: risque mutualisé et dilué.
A moins d’avoir un patrimoine immobilier important, le risque d’impayé peut être une catastrophe pour un propriétaire, a fortiori pour celui s’étant endetté pour acquérir son bien. Faites très attention au dossier, et prenez des cautions très solvables. Ne rédigez pas n’importe quoi comme bail (j’ai vu des baux 1948…): les modèles Tissot vendus en papeterie sont impeccables, et faites confiances aux huissiers qui sont les professionnels de la matière. Ce ne sont pas des voleurs comme on peut le lire entre les lignes dans les Posts. La preuve, je viens de faire une consultation complète et totalement gratuite! Ils sauront vous conseiller même si ce travail a un coût relativement élevé, c’est vrai, qui viendra s’ajouter au fait que les loyers ne rentrent pas.
Dernière modification par sapcal (12/12/2012 21h36)