Bonjour à tous,
Rien de très spectaculaire dans l’évolution de mon portefeuille : à +11% YTD, il évolue à peu près en ligne avec les indices. Dans le détail, je sous-performe légèrement en Europe et aux USA, tandis que mon PEA-PME, orienté value, surperforme légèrement son indice de référence.
La prime de risque du marché actions américain étant désormais proche de ma cote d’alerte de 4%, je n’ai toujours pas effectué d’apports cette année, préférant stocker des liquidités sur mon compte bancaire aux USA (désormais 50k$), dans l’attente d’une éventuelle correction. Si cette correction n’arrive pas, ce n’est pas très grave : garder des liquidités est une manière de faire baisser indirectement mon levier (mon utilisation de la marge IB étant désormais de 317k€).
J’ai dû liquider quelques actions AXA (à l’équilibre) sur mon CTO France pour financer mes dépenses de vie, le timing de mes flux de dividendes n’étant pas optimal (et je ne souhaite pas virer de l’argent des USA vers la France). Mais je vis essentiellement comme "rentier" sur mes dividendes français, alors que mes revenus professionnels sont épargnés intégralement et conservés aux USA dans l’attente de la prochaine bataille.
Sur mon PEA, j’ai renforcé (à l’occasion d’un réinvestissement de dividendes) ma position sur Burelle, une valeur à la fois cyclique et value, pour profiter de l’éventuel retour en vogue (temporaire) de ces facteurs cette année sur fond de sortie de récession.
Sur mon CTO Europe, j’ai réinvesti mes dividendes en créant une petite ligne Evolution Gaming (je rentre très tardivement sur la valeur).
Aux USA (CTO IB), je continue d’orienter mes renforcements principalement vers des valeurs de croissance, mais en essayant de diversifier sectoriellement, notamment en ciblant l’industrie traditionnelle : WD-40, Silgan Holdings, Aptiv, Mettler-Toledo, Arcosa, Automatic Data Processing, Conmed, CSW Industrials, Dover, Ensign Group, ESCO Technologies, Fabrinet, Helen of Troy, Rush Enterprises, National Storage Affiliates, Old Dominion Freight Line, Houlihan Lokey, Apollo Global Management, LPL Financial, Kirkland Lake Gold (renforcement), Trimble (renforcement). Toujours bien sûr des valeurs d’ultra-croissance (avec les risques que ça implique) : ThredUp, Coursera, Futu Holdings, SelectQuote, BioNano Genomics, PyroGenesis Canada, Olo, Roblox, Coupang, ContextLogic, Bloom Energy, Butterfly Network, Intrusion, Coinbase.
J’ai financé ces achats par la marge IB. J’essaie de maintenir un levier à peu près constant sur ce portefeuille IB, entre 1,3 et 1,4, dans le contexte macroéconomique actuel de sortie de récession sur fond de très fort stimulus budgétaire et monétaire. Mais si la prime de risque du marché actions américain devait descendre nettement en deçà de 4%, je réajusterais ma cible de levier à 1,2, voire 1,1.
Actuellement mon levier est de 1,46 sur mon portefeuille IB et 1,23 sur mon portefeuille global. Si j’intègre mes liquidités américaines, le levier tombe à 1,36 sur le portefeuille IB (soit à peu près ma cible) et 1,19 sur le portefeuille global.
Donc ma gestion de ce portefeuille quasi-indiciel et buy & hold est très simple (presque ennuyeuse) : je vais continuer à accumuler des liquidités aux USA pour piloter mon levier autour de sa cible, et j’ajuste simplement cette cible selon le niveau de la prime de risque du marché actions.
Je suis "agnostique" quant à la direction des marchés : s’ils continuent à monter, tant mieux ; s’ils évoluent dans un range, ça me permet d’accumuler des liquidités pour le grand jour ; s’ils corrigent, je serai prêt à agir comme je l’ai fait lors du krach de février/mars 2020.
De façon générale, je suis de plus en plus convaincu que c’est bien lors des krachs et corrections majeures que l’on peut s’enrichir : cela a été clairement le cas pour moi, lors de mon entrée massive sur les valeurs américaines du SaaS lors de la correction du 4e trimestre 2018, et lors de mes renforcements massifs dans la jambe descendante du "V" en février/mars 2020. Mon plan est de répliquer exactement cette stratégie ad infinitum, en ajustant évidemment le plan de renforcement selon ma compréhension macro. Si je peux faire une performance similaire à l’indice le reste du temps (quand le soleil brille, comme actuellement), ça me va très bien. C’est lors des krachs et grosses corrections que je peux battre nettement l’indice.
Un petit zoom sur la performance de mon portefeuille IB, en comparaison avec le S&P500 "total return" (SPXTR), le NASDAQ Composite (COMP) et un ETF World (VT) :
Cette année, après un début fantastique, mon portefeuille IB a subi de plein fouet la forte correction sur les valeurs spéculatives d’ultra-croissance et la rotation vers des valeurs plus solides, à partir de mi-février. Il a remonté la pente depuis, mais reste bien en-deçà de ses plus hauts (pas loin de 70k€ encore à rattraper !). Je vois cela comme une saine correction après une année 2020 incroyable sur les valeurs de croissance. Ce genre de corrections permet de "nettoyer" les portefeuilles et de séparer le bon grain de l’ivraie. J’ai eu pas mal de déchet sur mon stock-picking de fin 2020 / début 2021, mais j’ai au moins la satisfaction d’avoir bien calibré mes positions sur ces valeurs spéculatives.
Depuis les débuts de ce portefeuille IB en juin 2021, sa surperformance face aux indices (y compris le NASDAQ) reste très nette. Pas loin de 350k€ de valeur créée en moins de 3 ans.
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@Peakykarl : Mon scénario macro est simple :
1) Les tendances économiques de fond entamées au début des années 2000 - digitalisation, globalisation des échanges etc. - ont été accélérées par la pandémie et elles sont là pour rester. Ces tendances structurelles sont déflationnistes.
2) La pandémie a renforcé d’autres forces déflationnistes : notamment le vieillissement démographique (cf. le récent recensement américain qui montre un net ralentissement de la croissance démographique américaine et une baisse du taux de fécondité à 1,84 enfant / femme, en dessous de la France).
3) La forte augmentation de la dette publique à l’occasion de la pandémie peut aussi être un facteur déflationniste (ça se discute) - en tout cas c’est un facteur qui risque de contribuer au maintien ad infinitum de QE par les banques centrales.
4) A court-terme (6 mois / 1 an), l’inflation remonte naturellement, en raison du retour de la confiance en sortie de pandémie et du très fort stimulus monétaire et budgétaire. Mais les anticipations d’inflation devraient rester bien ancrées, dans ce contexte structurellement déflationniste.
5) Les marchés financiers ont un biais systématique à être trop optimistes en sortie de récession, et à anticiper beaucoup trop des hausses de taux par les banques centrales. Cela a été le cas en 2001-2002 et en 2009-2010 : le marché a eu tort en croyant à des montées de taux rapides par les banques centrales. Beaucoup de participants de marché croient à tort que les banques centrales réagissent à l’inflation (naturellement volatile), alors qu’elles sont focalisées sur les anticipations d’inflation (qui elles, sont beaucoup plus stables). Je pense que le marché fait exactement la même erreur aujourd’hui, et qu’avec un US Treasury à 1,63% (soit +115 points de base par rapport aux plus bas de 2020), le marché price déjà des hausses de taux précoces - qui n’auront pas lieu.
Donc ma stratégie boursière dans ce contexte est de :
a) Continuer à renforcer mes valeurs de croissance, portées par de forts vents structurels, en utilisant à mon avantage les trous d’air qui ne manqueront pas de se présenter (comme en février 2021), sur fond de valorisations élevées. Les valeurs de croissance bénéficient structurellement d’un environnement déflationniste, où la croissance est rare (donc chère) et où les taux d’intérêt sont bas (ce qui permet un moindre lissage des cash-flows de long-terme dans les valorisations DCF). Néanmoins ces valorisations parfois très optimistes doivent me conduire à plus de sélectivité dans mes choix et une plus grande diversification sectorielle.
b) Renforcer avec modération mes valeurs cycliques et value, qui bénéficient temporairement de la rotation. Mais là aussi en essayant d’être sélectif, donc plutôt GARP que value.
c) Piloter mon levier selon le niveau de la prime de risque du marché actions US (cf. explications ci-dessus).
Le contexte boursier me rappelle à la fois 2010 (sortie de récession, fort stimulus monétaire/budgétaire, surperformance temporaire du value) et 1998 (climat de bulle en formation). C’est l’évolution de la prime de risque du marché actions US qui va déterminer quel sera le scénario : 2011-2013 ou bien 1999-2001. Ce sont mes 2 scénarios principaux :
- Scénario "2011-2013" : les marchés boursiers continuent de progresser, mais de façon "raisonnable", avec des violentes corrections en réponse à des surchauffes "localisées" (comme la correction de février 2021 sur les SPAC). La prime de risque du marché actions US se stabilise autour de 4%, c’est-à-dire que le principal facteur de la croissance des indices devrait être les résultats des entreprises (et non une hausse des multiples de valorisation déjà élevés). Probabilité 60%. Dans ce cas-là ma stratégie décrite plus haut devrait bien fonctionner (avec un levier cible autour de 1,3).
- Scénario "1999-2001" : les bulles localisées (actions "vertes", cryptos, SPAC etc.) se multiplient et les multiples de valorisation s’envolent. La prime de risque du marché actions US baisse à 2-3%. Probabilité 30%. Dans ce cas-là, il me faudrait abaisser ma cible de levier à 1,2, puis 1,1, voire 1 (voire moins).
- Scénario inflationniste : c’est le scénario où je me trompe sur l’environnement macroéconomique. Des pressions inflationnistes forcent les banques centrales à cesser leurs QE et à remonter leurs taux d’intérêt. Les États trop endettés rentrent en crise. Probabilité 10%. Dans ce cas-là, je ne crois pas qu’une simple stratégie value soit suffisante, il faut aussi avoir des couvertures contre l’inflation, comme l’or.
Ma conclusion, c’est que des investisseurs exposés aux (bonnes) valeurs de croissance ne doivent pas trop s’alarmer de la rotation sectorielle, et qu’il faut raison garder dans la réorientation vers les valeurs cycliques, les matières premières et le value. Dans l’environnement actuel de valorisations élevées, les valeurs "pas chères" ont toutes les chances d’être des entreprises sans avenir.
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Quelques nouvelles : je traverse une période professionnellement très chargée (et très intéressante), je n’avais plus travaillé autant depuis la crise de la dette souveraine de la zone euro en 2011-2015 ! Mes "clients" sont au 4 coins du monde, ce qui m’oblige à des journées de travail à rallonge. Par exemple, cette semaine, j’ai travaillé pour une banque centrale en Europe de l’Est (Paris +2 heures) et une autre en Amérique Centrale (Paris -8 heures), tout en collaborant évidemment avec mes collègues à Washington DC (Paris -6 heures)… Épuisant ! Il me tarde de pouvoir reprendre les missions sur le terrain, qui me laisseront au moins quelques moyens de "pause" dans les vols long-courrier (et me permettront aussi des échanges plus chaleureux avec mes collègues locaux).
Je suis toujours en Aveyron (encore non vacciné, j’étais assez réticent à voyager en pleine vague épidémique en France), mais je viens de me porter volontaire pour faire partie de la première "vague" de retours au bureau pour mon organisation, donc il est bien possible que je m’installe enfin à Washington DC ce mois-ci. En attendant, comme beaucoup de confinés, ma vie sociale est absolument trépidante, comme en témoigne cette photo du point culminant de ces 13 mois épouvantables :
Bref, vivement le retour à une vie normale !
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@Etzanas : je répondrai à votre question dans un autre message.
Dernière modification par Scipion8 (02/05/2021 04h03)