Bonsoir Maximus,
Merci pour vos commentaires, c’est exactement ce genre de questions qui me font réfléchir et pour lesquelles je sollicite l’avis des membres du forum. J’attends notamment avec impatience le commentaire d’Ursule qui je l’imagine va débarquer avec la cavalerie lourde comme d’habitude
Quel est l’horizon de ce plan d’investissement ?
J’en comprends qu’il s’agit d’un plan "contextuel" pour tirer partie d’un possible futur redémarrage des marchés que vous anticiper ?
auquel cas quel est votre plan d’action si rien ne se passe comme prévu (surtout sur vos "paris") dans les 3 prochains mois ? 6 prochains mois ? 1 an ?
dit autrement, avez vous envisagez un worst case et comment anticipez vous de limiter la casse dans ce cas ?
Il s’agit de mon allocation stratégique, donc plutôt axée long terme.
Pour le pari sur l’Europe et l’Euro, j’attends la reprise du mode risk-on sur les marchés, qui pourrait propulser l’Euro à moyen terme (horizon 6-12 mois), et une accalmie sur le front Ukrainien au plus tard en 2025, avec une potentielle victoire de Trump aux USA qui calmerait un peu les Russes. Bien entendu, il est hasardeux de faire quoique ce soit comme prévision en matière de géopolitique surtout avec les dirigeants actuels, donc je me base sur ce qui me paraissent être des scénarios plausibles qui soutiendraient un "retour à la moyenne". J’ai donné mes niveaux dans le message précédent, j’ai donc un horizon 6-12 mois pour l’Euro et 3 ans pour les actions zone Euro. La menace du "cygne noir" (nuke) est bien réelle, c’est donc un pari risqué mais potentiellement rémunérateur.
Pour les small caps US, il s’agira de jouer un demi-cycle, soit la reprise et l’expansion suite à la probable récession. Ensuite, il faudra sûrement arbitrer ce compartiment sur un autre support plus défensif.
Pour les biotechs, les énergies renouvelables, l’ETF innovation, si ma théorie des nouveaux leaders se réalise, ce sera sur 5-10 ans, donc plutôt du long terme.
Pour le high yield, il est géré activement par Pimco, donc je leur fais confiance, horizon d’investissement infini sauf erreur de parcours. Idem pour UPRO/TMF et surtout pour les titres vifs, sauf que dans ce dernier cas, c’est moi le gérant. J’ai des stop-loss "line in sand" sur la plupart de mes titres, que j’arbitre au doigt mouillé, n’ayant qu’une confiance partielle dans l’analyse fondamentale.
Les titres vifs sont statistiquement perdants contre un ETF, mais l’adrénaline et l’envie d’être actif sont pour moi un réel besoin, donc je m’autorise ce petit bac à sable cantonné à 8% du portefeuille. Là aussi, horizon infini, mais je ne pense pas rééquilibrer si je me plante : je ne jouerai qu’une seule "partie".
Ce dernier point me sert également à répondre à votre question concernant ma réaction en cas de worst case scenario, c’est plutôt simple en réalité, je ne rééquilibrerai pas le portefeuille. La "nature" fera son travail, les mauvais placements seront sanctionnés et les bons prendront automatiquement le dessus. Je m’autoriserai évidemment des arbitrages au sein de la partie "titres vifs" mais pas d’apports supplémentaires. Si, au cours de la vie du portefeuille, il devait y avoir des apports externes, je ferai le point le moment venu.
Concernant vos 2 poches "US Biotech" et "clean energy"
N’est-ce pas contre-productif d’investir sur des ETFs ?
par exemple, pour les ETF biotech, on doit être dans les 300-400 lignes.
J’ai du mal à imaginer que tout le secteur des biotech US explose en même temps. A moins d’un engouement (provisoire) type COVID2 le retour. Mais peut-être est-ce ce sur quoi vous pariez.
Habituellement, pour 1 biotech qui décroche la lune, Il faut compter un gros pourcentage de casse (comme pour du capital risque).
Sur quoi vous basez-vous pour estimer que cette poche biotech va surperformer un world (on en revient au point 1, quel est votre horizon ?) ?
Je dis cela, car j’ai été moi-même trop souvent leurré par ce que Taleb, dans l’excellent Antifragile, appelle "l’amalgame entre un évènement et l’exposition à cet évènement".
Exemple :
On part souvent d’un ressenti, d’une idée qui est "cette tendance XXX c’est l’avenir" (remplacez XXX par ce que vous voulez: l’asie, la chine, la clean energy, la biotech, l’IA, les batteries).
De ce point de départ, on fait un raccourci (trompeur) qui est : tendance d’avenir = beaucoup d’argent pour moi en m’y exposant directement.
D’où l’explosion de nombreux ETF "tendances". Or il y a plein de sociétés qui sont 100% clean energy, mais qui ne gagnent ou ne gagneront jamais d’argent ou bien qui répondent à d’autres facteurs, ou des cycles bien spécifiques (matériaux de base, commo…).
Quel est votre raisonnement sur ce point ? qu’est-ce qui forge votre conviction personnelle pour penser que la tendance va se traduire en gains selon l’approche que vous choisissez (ETF) ?
C’est un excellent point et il est bon de le souligner.
Je crois même que Buffett expliquait qu’il était facile de spotter les grandes tendances (à l’époque, l’aviation) mais difficile de capitaliser dessus. Un excellent exemple : le nombre hallucinant de constructeurs automobiles ayant fait faillite, alors qu’en parallèle le nombre de voitures a explosé (liste des constructeurs automobiles disparus).
--Sur le fond, il est clair qu’encore une fois, je défie les statistiques. C’est un parti pris, issu du raisonnement suivant :
L’extrême concentration en termes de poids du top 5 dans le SP500 : 22%, c’est beaucoup, et à l’échelle historique c’est une anomalie. Il est peu probable que ces entreprises, qui ont été les véritables locomotives du SP500, continuent à tirer les indices vers le haut dans la prochaine décennie. Si on prend le top 10 des années 80, on se rend compte que les leaders ont bien changé :
1 Exxon Mobil 79,106.5 4,295.2
2 General Motors 66,311.2 2,892.7
3 Mobil 44,720.9 2,007.2
4 Ford Motor 43,513.7 1,169.3
5 Texaco 38,350.4 1,759.1
6 Chevron Texaco 29,947.6 1,784.7
7 Gulf Oil 23,910.0 1,322.0
8 Intl. Business Machines 22,862.8 3,011.3
9 General Electric 22,460.6 1,408.8
10 Amoco 18,610.3 1,506.6
Le pétrole et l’automobile étaient sur-représentés dans la décennie 80, TMT dans les années 90, l’IT dans la décennie 2010. J’ai envie de parier que la décennie qui s’annonce sera celle de la révolution médicale et des énergies nouvelles.
Je pense que l’investisseur audacieux a tout intérêt à essayer de chercher les leaders de demain, à condition bien entendu, d’accepter les risques qui vont avec. Les thématiques biotech et énergies renouvelables me paraissent les plus prometteuses à ce jour, c’est donc un risque que je suis prêt à supporter.
--Sur la forme, j’ai justement sélectionné ces ETF car ils sont relativement concentrés :
> Seulement 30 positions "equal weighted" pour l’ETF biotech,
Capi supérieure à 1 milliard (exit donc les petites biotech spéculatives), et prix de l’action supérieur à 3 USD (on coupe les positions perdantes)
> 121 positions pour l’ETF World clean energy,
Plutôt concentré, avec les 10 premières positions qui représentent +50% du portefeuille, un espèce de "Nasdaq vert" en quelques sortes.
Le mieux est l’ennemi du bien
Par rapport à ce que vous avez martelé un bon moment sur le forum, à savoir que vouloir surperformer le marché était illusoire, et que le bon sens, voire la sagesse était de se limiter à un ETF world. N’êtes vous pas en train de trop complexifier et de vous éloigner de cette "sagesse" qui a été votre stratégie ces dernières années ?
N’êtes vous pas en train de remettre la main dans de la gestion active ? … ok, c’est sur une petite partie, mais vous êtes vous fixé une limite sur ces poches "tactiques / actives" ?
Il est vrai que j’ai été (et je suis toujours) un véritable ayatollah du 100% ETF World. Je reste convaincu que c’est ce qu’il y a de mieux à faire pour 99% des épargnants.
Il est sûrement présomptueux de ma part de penser que je ferai partie des 1% qui réussiront à surperformer le marché soit par le timing (pour l’instant, j’ai eu de la chance - cf. Brexit, Covid, vente de mon immobilier et attente pour le réemploi des fonds, short du rallye août 2022), soit par une allocation différente, en l’occurrence un beta plus élevé, un tilt innovation et contrariant sur les trades les plus populaires.
En réalité, si je devais sous-performer, cela ne changera pas grand chose à mon quotidien car je consomme moins que ce que je produis, même sans avoir d’activité professionnelle (pas d’enfants, propriétaire de ma RP, etc.). Je finirai sûrement par jeter le tablier et arbitrerai tout sur le World.
En revanche, si j’arrive à générer un réel alpha sur le long terme, j’aurais moins de scrupules à me payer des extras que je me refuse encore aujourd’hui, ou financer plus facilement des projets autour de moi qui me tiennent à cœur.
Qu’en pensez-vous ?