REVUE DU S&P500 30/09/2022
(EN PRINCIPE, JE RÉDIGE CETTE REVUE TOUTES LES 3 SEMAINES)
PREAMBULE
Ce qui est exposé ci-après représente une "mise à plat" de mes réflexions concernant le marché boursier US. Je ne prétends absolument pas définir l’orientation du marché et, d’ailleurs, pour mes propres opérations boursières, je peux parfois prendre le contrepied de ce qui est présenté ci-dessous.
La principale utilité de ce travail est de poser des garde-fous qui m’éviteraient de prendre des décisions trop radicales en nuançant la vision que l’indécrottable bull que je suis depuis toujours pourrait avoir.
Enfin, je rappelle que je suis un investisseur "value" qui, s’il trouve des opportunités, les achètera quelles que soient les conditions de marché. Je ne peux plus pratiquer le DCA car l’épargne sur mes revenus professionnelles est devenue symbolique par rapport à la taille de mon patrimoine. Des investissements réguliers n’ont plus beaucoup d’impact pour permettre de "moyenner". De là découle mon obligation de tenter de "timer" un tant soit peu le marché.
Je commence par les conclusions afin de faciliter la lecture, le détail et les explications se trouvent à la suite.
EN RESUME
Tendance de marché LT : bearish
Récession : neutre
Valorisation du marché : neutre (anciennement : bearish)
Sentiment du marché : légèrement bull (anciennement : neutre)
Sentiment des analystes : légèrement bearish
Bilan de la Fed : bearish (anciennement : légèrement bearish)
Smart Money : neutre (anciennement : légèrement bearish)
D’une manière générale, le mois de septembre aura généré un certain stress sur les marchés et ramené, enfin, les valorisations générales à des niveaux plus "normaux. Je remarque aussi une certaine peur dans le marché, peur que je n’avais pas encore perçu depuis le début de cette année.
I. TENDANCE DU MARCHE
Marché baissier : le seul outil que j’utilise pour déterminer si nous sommes en marché haussier ou baisier sont les placements des moyennes mobiles à 50 et à 200 jours. Quand la MM50 se situe au-dessus de la MM200, nous sommes en marché haussier. Quand elle se situe en dessous, nous sommes en marché baissier. Ca ne signifie pas que j’achète ou je vends en fonction de ce critère, ça signifie juste qu’il faut éviter de prendre des positions franches contre la tendance. Ce qui n’empêche pas de se montrer raisonnablement contrarian comme en mars 2002 ou en novembre 2008.
Aujourd’hui, la MM50 se situe sur la MM200. De mon point de vue, nous sommes toujours en marché baissier. (inchangé par rapport au 08/09/2022)
II. RECESSION ?
1. Courbe des taux : l’inversion de la courbe des taux 2 ans et 10 ans a toujours été annonciatrice d’une récession dans les 6 à 18 mois (oui, je sais, c’est vague :-) ).
Ce phénomène a eu lieu 2 fois en 2022, une première fois, brièvement, le 1er avril et durablement depuis le 5 juillet. La courbe se redresse depuis un mois mais est toujours en zone négative. Ca situerait un début de récession entre le 1er octobre 2022 et le 5 janvier 2024 (oui, je sais, c’est encore plus vague 😊 ) (inchangé par rapport au 08/09/2022)
2. Demandes initiales de chômage : Si on excepte la récession et le chômage de mars 2020 volontairement créés par les pouvoirs publics, on constate que les récessions commencent toujours APRES que les demandes initiales de chômage aient commencé à augmenter.
Après une hausse relativement importante le 2Q2022, elles ont commencé à décroître le 16/07. La décroissance se poursuit et même de manière assez vigoureuse. Je dois avouer que je ne m’y attendais pas : le marché du travail me semblait tellement tendu qu’il me semblait qu’une augmentation du taux de chômage était la seul suite logique.
3. Total des heures travaillées : chaque récession depuis 60 ans a débuté avec une diminution des heures totales travaillées aux US. Les chiffres T3 ne sont pas encore dispo.
4. Heures prestées en travail intérimaire
Lors des derniers marchés baissiers, la courbe des heures prestées en intérim prenait une tendance baissière quand le marché était toujours haussier et elle a permis d’anticiper les bears markets. Les chiffres du mois de septembre ne sont pas encore disponibles.
III. VALORISATION DU MARCHE AMERICAIN
1. Price to book : 3,57
Repères :
Moyenne 2000-2022 : 2,95
Plus bas crise covid (mars 2020) : 2,92
Plus bas crise de l’euro (août 2011) : 1,85
Plus bas crise des subprimes (mars 2009) : 1,78
Plus bas éclatement bulle internet (septembre 2002) : 2.43
2. PER de Shiller : 26,84
Repères :
Moyenne 2000-2022 : 26,99
Plus bas crise covid (mars 2020) : 24,82
Plus bas crise de l’euro (août 2011) : 19,70
Plus bas crise des subprimes (mars 2009) : 13,32
Plus bas éclatement bulle internet (septembre 2002) : 21,96
Plus bas 1ere guerre du golf (octobre 1990) : 14,82
Plus bas « choc Volker » (aout 1982): 6,64
Plus bas stagflation année 70 et choc pétrolier (décembre 1974) : 8,29
3. Prime de risque (per de Shiller inversé – taux des t-bond 10 y) : -0,10 %
Elle vient de passer négative. Le marché n’a donc pas corrigé dans la même proportion que les taux sont montés (ce qui n’est pas nécessairement anormal).
Repères :
Moyenne 2000-2022 : 0,70 %
Plus bas crise covid (mars 2020) : 3,20 %
Plus bas crise de l’euro (août 2011) : 2,12 %
Plus bas crise des subprimes (mars 2009) : 1,78 %
Plus bas éclatement bulle internet (septembre 2002) : 0,61 %
4. "Buffet Indicator" (capitalisation boursière US / (PIB+bilan Fed) : 106,3 %
Repères :
Plus bas crise covid (mars 2020) : 96,6 %
Plus bas crise de l’euro (août 2011) : 69,7 %
Plus bas crise des subprimes (mars 2009) : 45,8 %
Plus bas éclatement bulle internet (septembre 2002) : 66,6 %
Conclusions : De mon point de vue, les marchés ne sont plus significativement surévalués. Ce ne sont pas encore des prix d’aubaine, une période de longue récession/stagflation ne me semble pas encore pricée mais l’exubérance irrationnelle de 2021 semble, enfin, gommée.
IV. PSYCHOLOGIE DES INVESTISSEURS
1. Ratio S&P500/WTI : 44,99
L’économie est de l’énergie transformée, quand le pétrole est cher (la courbe brune vers le bas) par rapport aux actions, on anticipe un ralentissement futur et donc le marché n’est pas trop euphorique. Pour le moment, le niveau du ratio est relativement élevé mais il se trouve depuis presque 2 ans dans un canal descendant.
Moyenne 2000-2022 : 34,47
Plus bas crise covid (mars 2020) : 86,95
Plus bas crise de l’euro (août 2011) : 14,90
Plus bas crise des subprimes (mars 2009) : 17,57
Plus bas éclatement bulle internet (septembre 2002) : 26,77
Plus bas marché baissier actuel (28/06): 34,22
2. Ratio S&P500/Gold : 2,13
Quand l’or est chère, les investisseurs ont peur et privilégie la sécurité. Le marché n’est alors pas trop euphorique. Petit-à-petit, le ratio se rapproche de sa moyenne historique même si nous sommes encore loin de ses valorisations "de panique".
Repères
Moyenne 2000-2022 : 2,11
Plus bas crise covid (mars 2020) : 1,62
Plus bas crise de l’euro (août 2011) : 0,68
Plus bas crise des subprimes (mars 2009) : 0,75
Plus bas éclatement bulle internet (septembre 2002) : 2,52
Plus bas marché baissier actuel (16/06) : 1,98
3. Ratio S&P500/consummer staples (comparaison de l’évolution du S&P500 avec le secteur le plus défensif de la quote, le secteur des produits de consommation de base (parmi les poids lourds de ce secteur, on trouve Procter and Gamble, Coca Cola, Pepsico, Walmart, Costco, Philip Morris, …) : 5,25
Repères
Moyenne 1998-2022 : 4,78
Plus bas crise covid (mars 2020) : 5,06
Plus bas crise de l’euro (août 2011) : 4,03
Plus bas crise des subprimes (mars 2009) : 3,54
Plus bas éclatement bulle internet (septembre 2002) : 4,13
Plus bas marché baissier actuel (16/05) : 5,17
4. Ratio junk bonds/obligations sans risque (attrait du risque) : 0,85
Repères :
Moyenne 2007-2022 : 0,97
Plus bas crise covid (mars 2020) : 0,51
Plus bas crise de l’euro (août 2011) : 0,86
Plus bas crise des subprimes (mars 2009) : 0,75
Plus bas marché baissier actuel (04/03) : 0,73
5. EPCR 5 jours (mesure le rapport entre les options put et les options call) : 0,80
Plus haut atteint depuis le début de ce marché baissier (29/09) : 0,85
Un nouveau plus haut en YTD a été atteint cette semaine. Si ce plus haut n’est pas encore tout-à-fait de ce qui a été atteint en période de "gros stress", il traduit malgré tout une anxiété certaine sur le marché.
Repères :
Plus haut crise de l’euro : 0.93
Plus haut crise du covid : 1.05
Marché baissier 2008-2009 :
Pic le 22/01/08 : 0,93
Pic 17/03/09 : 1.01
Pic 16/07/08 : 0.91
Pic 17/09/08 : 0.97
Pic 10/10/08 : 0.98
Pic 21/11/08 : 1.01
Pic 16/01/09 : 0.95
Pic 23/02/09 : 0.88
Pic 06/03/09 : 0.84
6. Vix : 31,62
Plus haut atteint depuis le début de ce marché baissier (07/03) : 36,45
Le plus haut atteint cette semaine a été de 34.88, toujours sous le plus haut YTD. Le marché est certes volatil mais il se situe toujours significativement sous les niveaux de "panique totale".
Repères :
Plus haut crise covid (mars 2020) : 66,04
Plus haut crise de l’euro (août 2011) : 43,05
Plus haut crise des subprimes (novembre 2008) : 79,13
Plus haut éclatement bulle internet (septembre 2002) : 42,66
7. Pourcentage d’actions dont le cours se situe au-dessus de sa moyenne mobile à 200 jours : 16,60 %
Repères :
Plus bas crise du covid : 10,2 %
Plus bas crise de l’euro : 14,9 %
Plus bas crise des subprimes : 7,1 %
Plus bas éclatement bulle internet : 25,2 %
Plus bas atteint depuis le début de ce marché baissier : 18 %
Conclusions : même au pire moment de ce marché baissier, on n’a manifestement pas atteint les phases de "désespoir" et de "capitulation". Peut-être ne serons-nous pas obligés de passer par ces phases … ? Néanmoins, mes indicateurs semblent montrer un sentiment de peur d’un niveau jamais atteint depuis le début de ce bear market.
V. Optimisme des analystes et normalité des résultats des entreprises
1. Prévision des bénéfices (yardeni.com)
Les prévisions des analystes conservent leur trend baissier même si elles semblent toujours optimistes
2. Bénéfices prévus et réalisés, écart par rapport à l’exponentielle de régression
Les bénéfices du S&P500 réalisés jusque 2021 et prévus en 2022 et 2023. Manifestement, depuis 2021, ils prennent un courbe qui s’écarte de manière exponentiel de leur courbe de régression. Néanmoins, comme je l’avais exprimé lors des revues précédentes, ces prévisions ne me semblaient pas réaliste et, au cours de ce mois de septembre, elles ont ont été revues à la baisse, ce qui a mécaniquement réduit l’écart par rapport à la moyenne et les projections commencent à devenir un peu moins déraisonnables. Pour tenir compte de remarques dans une autre file, j’utilise à présent une échelle logarithmique même si, dans le cas présent, ça ne change rien aux conclusions.
VI. LIQUIDITES
Le QT se poursuit.
VII. SMART MONEY
Les insiders (CEO, CFO et actionnaires de + de 10 % de sociétés cotées) sont réputés anticiper les cycles boursiers. Légère hausse des achats d’insiders par rapport aux ventes mais ils ne semblent pas encore considérer que les sociétés qu’ils gèrent soient actuellement proposées à prix d’aubaine.