2 #1 23/02/2023 15h59
- Jbpv
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Entre les diffuseurs de contenus audiovisuels HD et les écrans des utilisateurs (via ADSL, câble, satellite, 3 à 5G, …) la transmission des données est le goulot d’étranglement.
Heureusement il est possible d’utiliser aux deux extrémités des logiciels pour compresser le flux de données, le transmettre puis le décompresser pour l’afficher, en temps réel ou avec un petit délai de latence(*) et en minimisant l’impact sur la qualité visuelle de la vidéo.
Il est également possible de compresser un flux vidéo pour en créer un fichier qui sera ensuite exploité pour une diffusion ultérieure ou un enregistrement sur un support (vidéo à la demande, DVD, etc …).
Dans ce dernier cas, le logiciel de compression "a le temps" d’optimiser le taux de compression, qui, à vitesse égale du hardware utilisé, sera plus élevé qu’en temps "réel ou pseudo réel avec petit délai de latence".
Au delà de la transmission des données, la compression réduit alors aussi les coûts de stockage.
(*) l’utilisation d’un petit délai de latence de quelques secondes permet, par l’analyse du contenu des images (ou frames) qui sont déjà disponibles mais non encore diffusées d’augmenter le taux de compression des données (utilisation de la corrélation temporelle entre images successives d’un même plan vidéo).
Cela peut être visible si l’on passe d’une chaîne TV à une autre diffusant en "temps réel" le même contenu ou si l’on regarde un match de foot à proximité immédiate du stade où il se déroule: la clameur du public à la suite d’un but (son transmis à seulement 300m/s) vous parvient avant que le but ne soit marqué sur votre écran de TV (images transmises à la vitesse de la lumière mais en très léger différé !).
Ces logiciels sont soient câblés dans des puces (très efficaces mais non évolutifs) soient programmés (très efficaces également compte tenu de l’évolution des CPU disponibles et évolutifs (améliorations logiciels, nouveaux standards de compression / décompression, etc…).
Depuis 40 ans environ, de nombreux standards de format de compression ont été développés, un des derniers en date étant le HEVC (auquel ATEME a contribué)
A titre d’exemple, la diffusion en 4K avec les derniers standards (environ 8 millions de pixels par image) utilise à peu près le même débit, de l’ordre de 5 mégabits par seconde que l’affichage en 400.000 pixels par image du vieux MPEG-2 (facteur 20) pour une qualité incomparable.
=> Avec le développement actuel du streaming et de la vidéo à la demande, ce secteur est en plein essor.
Il est maintenant aussi présent en vidéosurveillance, défense (images satellites), médecine, dans l’automobile, etc…
Fondé en 1991 par deux ingénieurs, Michel Artières et Dominique Edelin, ATEME a d’abord été une petite société de services (Assistance Technique et Etudes de Matériels Electroniques) spécialisée dans l’imagerie puis progressivement dans l’encodage vidéo.
ATEME vend alors ses logiciels en tant que sous traitant.
Ces logiciels sont à l’époque, soit intégrés dans des processeurs spécialisés embarqués dans des boxes (Texas Instruments, Altera, Xylinx, …) soit vendus à des spécialistes de l’encodage / décodage vidéo (Thomson, Harmonic, Snelle & Wilcox, Digital Rapid, …).
A partir du milieu des années 2000, ATEME commence à diffuser ses propres produits, des encodeurs KYRION et des transcodeurs TITAN, mais la clé de voute de ces matériels reste les logiciels développés par ATEME.
=> Le nombre d’acteurs dans ce secteur est encore très important, mais la concentration a commencé.
Par rapport à ses concurrents, ATEME me semble bien placé, mais le futur est difficile à prévoir (!), le marché mondial de ce secteur est estimé à 2 milliards (la moitié pour la partie traitement et compression vidéo et la moitié pour la partie diffusion de contenus). La part d’ATEME est de 5%.
En 2014, les deux fondateurs ne détenaient déjà plus que 44,4% du K, des investisseurs (dont Banque Populaire, Etoile ID, X-Ange Private Equity, Ventech, A plus finance, Xavier Niel, …) étant déjà monté au capital via des AK pour financer le développement.
ATEME a été introduit en Bourse en 06/2014, la capital passant alors de 5 millions de titres à 7 millions.
A partir de 2016, ces investisseurs de la première heure ont revendu leurs participations … avec une confortable PV, le seul qui aurait, à ma connaissance conservé sa participation de 5% étant Xavier Niel (NJJ Capital).
Cette même année le cofondateur Dominique Adelin a quitté la société.
La croissance du CA et des résultats a été au rendez vous mais depuis 2021 les résultats de la société ont déçu ce qui s’est traduit par une division par 2 du cours de l’action qui est passé d’un PH de 19€ en 03/2021 à un cours actuel à 9,1€ environ.
A cela, à mon avis plusieurs raisons:
- ATEME a acquis, à partir de 10/2020, la société ANEVIA, éditeur de logiciels pour la distribution de la télévision et de la vidéo en direct, permettant de compléter l’offre d’ATEME.
Cette acquisition s’est faite directement auprès des actionnaires d’ANEVIA pour 87% du K, complétée par une OPA sur le reliquat, l’achat de cette petite société cotée sur Euronext Growth ayant été effectué pour un montant de plus de 22 millions d’Euro sur la base de 2 à 3 fois les derniers cours moyens et environ 2 fois le CA 2020, la société étant par ailleurs déficitaire (RN de -3,4M€ pour un CA de 9,4M€ pour la période du 01/01 au 31/10/2020, voir page 236 du DEU 2020).
Anevia avait été fondé en 2003 par quatre anciens élèves de l’ECP, à l’origine de la création de l’excellent VLC Media Player et avait été introduit en Bourse en 2014, la même année qu’ATEME.
Sans remettre en cause la pertinence de cette acquisition qui permet maintenant à ATEME, grâce aux logiciels NEA d’être présent sur la totalité du marché déjà cité, on notera qu’ATEME a décidé en 01/2021 de se séparer de l’activité "Hôtellerie et Entreprise" d’Anevia, ce qui s’est traduit par une MV de 899K€ (cession pour 800K€ avec un éventuel complément de prix d’un maximum de 1200K€ selon les résultats 2022 et 2023).
En 2021, Anevia est toujours en perte (CA de 10,2M€ et perte de 1,8M€).
- difficultés d’approvisionnement de composants retardant la mise en oeuvre des projets comprenant une composante matérielle.
- basculement en cours depuis 2019, d’un modèle de facturation "vente" vers un modèle SAAS ou abonnements:
Je pense qu’il s’agit de l’élément le plus important qui a obéré les résultats de l’entreprise en 2021, 2022 et le fera également en 2023.
Il s’agit d’une décision de "riches" (cf. par exemple basculement par Microsoft de ventes de licences à la location mensuelle).
Sur le cours terme, pour les mêmes investissements marketing la société n’enregistre la première année d’une vente d’abonnement qu’une fraction (20% ?) du CA qui serait généré par la vente d’une licence perpétuelle.
Sur le long terme, ce système, une fois amorcé, génère un CA et une profitabilité par client bien supérieurs.
Je suis en train de recalculer des comptes de résultats 2020, 2021, etc.. comme si les ventes par abonnements (MRR et AMR dans le jargon ATEME soit Monthly or Annual Reccuring Revenue) avaient eu lieu sous formes de ventes de licences ou de valider les promesses faites par ATEME pour 2024 à 2026 (voir page 20 de la présentation powerpoint du CA 2022 le 26/01/2023).
ICI le téléchargement
Nota:
- il existe un fil Anevia sur ce forumFil Anevia
- je compléterai ce premier post… bientôt
20h50 edit: orthographe "en tant que …"
Déontologie : je détiens une position acheteuse/vendeuse sur une ou plusieurs société(s) listée(s) dans ce message.
Dernière modification par Jbpv (23/02/2023 20h51)
Mots-clés : ateme, compression video, informatique, logiciel
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