Dans ce cas, sachant qu’il vaut mieux investir dans ce qu’on comprend, il vaut mieux se demander si vous êtes prèts à investir dans ce genre de produit! De toute évidence, il semble que non pour certains.
A Wawawoum : concernant le domaine des "j’ai vu", oui, j’ai vu de façon répétée, le fait que des gens réagissaient plus aux placebos qu’à des molécules qui vous auraient mis par terre. Si je l’ai vu et que ça contrevient aux données des bouquins, je ne vais pas faire comme si je ne l’avais pas vu.
J’ai vu des gens me dire que la médecine leur donnait tant d’espérance de vie, et ils l’ont fait mentir. J’ai entendu plein de témoignages du genre. Où je pense que des gens s’en sont sortis car ils ont refusé de croire le pronostic qui leur était fait. Oui, l’esprit a un impact sur la vie du corps, et la façon de parler d’un médecin et d’un soignant, a autant voire parfois plus d’impact, que le produit qu’on va administrer.
La médecine est pensée au sein de l’hôpital, ce lieu clos où l’on maîtrise l’observation clinique pendant un temps donné, et ce n’est plus tout à fait pareil une fois sorti de ce lieu clos.
Que penser quand je tombe sur un patient qui me dit, alors que ça fait huit ans que je le vois, qu’il prend la moitié du bétabloquant que lui prescrit son généraliste? A moi il me le dit, car j’ai pour parti de ne jamais juger ce que me disent les gens, alors un jour ils se lâchent. Par contre, quand le médecin prescrit, en croyant qu’il en prend un entier, pendant des années le médecin décide en fonction de la croyance que le patient fait ce qu’il lui indique! Donc pendant des années, sur des bases totalement faussées! A l’hôpital, forcément, l’infirmière préparant la dose, cela ne se passerait pas ainsi.
Mais la plupart des patients ne vivent pas à l’hôpital. C’est juste un fait.
Donc on est croyance contre croyance, sauf que dans ce cas, le médecin a la croyance qu’il prescrit en fonction de fait objectifs qui correspondent à sa théorie clinique selon les études hospitalières! Qui sont en fait faux!
Sachant que, comme je l’avais entendu il y a quelques années, environ 50 pour cent des gens ne prennent pas leur traitement pour maladies chroniques comme il a été prescrit, je vous laisse déduire ce que ça signifie concernant l’exactitude scientifique des données collectées, et donc de la validité de toute information scientifique concernant la médecine une fois sorti de l’hôpital!
Et, foi d’infirmier libéral, je peux vous dire que les gens font ce qu’ils veulent, et je peux vous dire aussi qu’on peut faire comme si ce n’était pas vrai, ne pas vouloir le voir, les engueuler en espérant qu’ils feront comme sur la notice d’emploi, qu’ils feront comme le docteur a dit car le docteur a raison plus qu’eux! Mais ne vous détrompez pas : quand la porte se referme, derrière, ils font comme ils ont envie! Libre à chacun de l’admettre ou pas. Et d’en tenir compte ou pas.
Donc pour moi, il n’y a qu’une seule chose qui marche : observer la réalité telle qu’elle est!
Et avoir l’humilité qu’on ne comprend pas tout, et qu’on ne maîtrise pas tout, loin de là. Et bientôt vingt ans de carrière m’emmènent de plus en plus à penser ainsi.
Tout le reste, c’est du discours, et concernant ce dont je parle, je ne parle que de ce que j’ai vu, et le relate comme tel. Oui, je vois, j’ai vu, j’ai vécu des choses, de cela je parle, et je ne prétends détenir aucune vérité. Par contre je ne m’en laisse pas conter concernant qui prétendrait détenir une vérité qui vaudrait mieux que ce que j’observe.
Ce que je constate, c’est que les gens qui croient aux thérapies alternatives, ont la dent moins dure vers la médecine conventionnelle que l’inverse.
J’ai eu une patiente qui refusait de montrer à son médecin généraliste qu’elle consultait un homéopathe parce qu’il critiquait vertement ce fait en disant que c’était n’importe quoi. Sauf qu’à une autre, un jour il lui a dit qu’il était obligé de convenir que ça marchait pour elle. Quel respect a-t-il pour la liberté de son patient, quand il critique sa démarche parce qu’elle sort d’une convention, d’une norme? Peu, voire pas. Et je n’ai jamais vu l’homéopathe qu’on consulte une fois tous les trois ans, critiquer ses confrères non-homéopathes ou la médecine conventionnelle. C’est révélateur d’un état d’esprit, c’est tout ce que je constate. Et en général toujours dans le même sens.
Quand je dis que ça a marché pour mon fils, c’est que pendant un an on a essayé plein d’autres trucs, on a même eu un homéopathe qui a prescrit un antibiotique, ce qui contrevient un peu à l’usage dans la profession…et à la fin, c’est une préparation prescrite par un homéopathe uniciste qui a marché.
C’est factuel, c’est clinique, c’est comme ça, et je parle de ça, sans rien généraliser, mais ça existe, et c’est comme ça! Point!
Après c’est clair qu’on a un apriori à éviter les traitements conventionnels. Mais même en les essayant, car on n’est pas obtus, ça n’a pas marché. Donc je nomme juste les faits.
Après, je n’ai aucun problème à admettre que mes biais de pensée influent sur ma façon de voir, mais cela est également valable pour quiconque pense à l’inverse de moi.
En tous cas en France, on a un biais super rationaliste que les autres pays francophones n’ont pas du tout (je connais un acupuncteur qui a pensé s’expatrier en Suisse, tellement il ne s’est pas senti bienvenu par la communauté médicale conventionnelle), car là-bas il y a collaboration entre les différents types de médecine.
J’ai des amis belges qui nous voient comme un pays ultra-sectaire au sujet de l’acceptation des médecines parallèles. On peut donc se poser des questions sur notre culture à ce sujet.
Mais revenant aux faits, ce que je vois, ce que du Boiron, j’en vois dans les pharmacies, ça se vend tout le temps, j’en vois chez les gens…j’en ai même trouvé chez moi, et je ne l’ai pas acheté (je suis un très mauvais consommateur de médicaments)! Et de plus en plus puisqu’il n’y a même plus de concurrent direct dans le secteur.
Et qu’en pharmacie, l’homéopathie, a une demande soutenue qui ne faiblit pas, là où la défiance pour les médicaments chimiques, particulièrement génériques, est de plus en plus grande.
Et la politique de sécu n’améliore pas cette perception concernant les produits conventionnels, ce qui à mon sens plaide pour un plus grand désir d’utiliser l’homéopathie ou d’autres produits alternatifs aux traitements conventionnels.
Si tout le monde trouvait que ça ne marche pas, ou si peu il est fort probable que ça ne se vendrait pas autant. Quand ça ne marche pas, les gens se le disent, et ça va vite dans les campagnes (et les villes).
Et c’est cette croyance subjective qui fera que Boiron sera profitable ou pas.
En tous cas, je n’ai pas de chiffres à fournir, de données statistiques, mais c’est ce que j’observe à voir évoluer depuis dix ans la médecine et la pharmacie sur le terrain en milieu rural.